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jeudi, 08 février 2024

Lowitja O’Donoghue (1932-2024)

Vous n’allez pas en entendre trop parler, donc je vous invite à aller lire cet article au sujet de Lowitja O’Donoghue, militante des droits des Aborigènes, qui vient de mourir à l’âge de 91 ans. Lowitja fait partie de la nation Yankunytjatjara, dont les territoires de sédentarité se situent entre Adelaide et Alice Springs. Surtout, elle fait partie des “Stolen Generations”, c’est-à-dire de ces générations d’enfants aborigènes qui ont été enlevés à leurs familles afin de les placer dans des pensionnats, mais plus souvent dans des familles européennes/blanches. L’article de la WP anglophone est très détaillé et documenté.

Il faut savoir que le plan était un programme orchestré d’“assimilation”, c’est-à-dire d’extermination culturelle. Voici comment en parlait son principal instigateur, Cecil Cook.

 

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Langage de génocidaire, et d’ailleurs la pertinence de la notion de génocide est souvent discutée dans ce contexte. N’oublions pas qu’en 1849, à peine 50 ans après le début de la colonisation de l’Australie, le dernier Aborigène de Tasmanie était tué. Si on considère les différentes “nations” composant les premiers peuples d’Australie, il s’agit bien ici d’un génocide.

Lowitja O’Donoghue, arrachée à l’âge de deux ans à sa famille, ne les a retrouvés qu’à 30 ans passés, par hasard, et ne pouvait même pas communiquer avec sa mère : pas de langue commune. (Cf concept d’épistémicide.) En théorie, les enfants aborigènes étaient censés être “civilisés” par ce processus, donc éduqués à l’européenne. En réalité, ils/elles étaient souvent employé·es comme domestiques sans recevoir de salaire (“Stolen Wages”).

Ce processus d’“assimilation” (et en fait d’extermination culturelle ou d’ethnocide) est semblable à celui mis en place au Canada. Cf cet article de Tony Buti.

 

From a working life that began as a 16-year-old servant, O’Donoghue went on to become the first Aboriginal person named a Companion of the Order of Australia, and the first chair of the now defunct Aboriginal and Torres Strait Islander Commission.

Après toute une période au cours de laquelle les autorités ont cherché, en accord avec les représentant·es des Aborigènes, à compenser (faiblement) les conséquences de 200 ans d’expropriation et de marginalisation, il y a depuis qqes années un backlash Déjà en 2008, Anne Summers écrivait dans le Sydney Morning Herald, que les décisions de compensation pour la tragédie / le crime des “Stolen Generations” n’étaient pas à la hauteur. Le récent référendum par lequel les Australien·nes (très majoritairement d’origine européenne — la quasi-extermination a fonctionné) ont refusé de reconnaître davantage de droits est un exemple de ce backlash.

 

Pour en revenir à Lowitja O’Donoghue, je vous recommande aussi cette interview de 2008, à l’occasion de l’inauguration de son portrait à la National Portrait Gallery. Sur les “Stolen Generations”, si vraiment vous ne pouvez pas lire l’anglais, je vous recommande cette émission excellente avec l’anthropologue Barbara Glowczewski.

 

16:20 Publié dans 2024 | Lien permanent | Commentaires (0)

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