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jeudi, 20 février 2025

20022025 (Bétharram)

Toute la polémique – totalement justifiée – autour de la responsabilité de l’immonde Bayrou dans la silenciation des victimes et le soutien à un établissement catholique récidiviste dans les violences sexuelles et les brimades à l’encontre des adolescents qui y étaient scolarisés trouve, pour toute personne qui, comme moi, a été scolarisée dans les Landes dans les années 80, un écho particulier. En effet, l’établissement privé de Bétharram était tout à fait connu, ce en dépit du fait qu’il y avait facilement deux heures de route à l’époque : les parents y envoyaient les enfants qui commençaient à devenir « difficilement gérables », à moins même que le choix de cet internat ne vienne d’une simple défiance à l’encontre du collège public de secteur.

En en reparlant avec ma mère, la semaine dernière, je me rappelais qu’un camarade d’école primaire, Claude D., y avait été envoyé, je dirais à partir de la cinquième, car il « faisait n’importe quoi », et aussi – sans doute – car ses parents ne faisaient pas confiance aux équipes pédagogiques du collège public (le seul de Dax) où nous étions scolarisés. Ma mère m’a soutenu qu’un autre camarade de primaire, Gonzague R., y avait été envoyé (on en parlait vraiment un peu comme d’un truc hors du temps, un peu comme on parle d’envoyer quelqu’un au bagne). Ma mère se rappelle clairement avoir croisé la mère de Gonzague un jour, et que cette dernière lui avait dit qu’elle mettait fin à l’expérience, sans indiquer de raison.

 

Pour Gonzague, il est vrai que je ne me rappelais pas du tout qu'il y était passé mais ça devait être pendant les années de collège où nous n'étions plus du tout amis, encore moins camarades. Pour tout dire, au début du collège, ce garçon était devenu un vrai harceleur : après pas mal de petits sévices, il m’avait collé un jour du chewing-gum dans les cheveux ; je me revois en larmes pendant le cours d’allemand, réduit finalement à couper les mèches en question avec des ciseaux ; ni le prof ni la CPE que j’avais alertée le jour même n’avaient rien fait. C’était comme ça : les enfants faisaient des bêtises… on n’allait pas donner suite aux pleurnicheries d’un gamin un peu intello qui s’était retrouvé avec du chewing-gum dans les cheveux hein…

Rétrospectivement j’interprète très différemment des choses qu’il m’avait racontées quand nous étions en CM1 ou CM2, au sujet des deux fils plus âgés de la seconde épouse de son père. Je pense qu'il a vu, ou participé à, ou subi des choses qu'un enfant de dix ans ne devrait pas voir ou subir, ce en étant contraint de partager la vie de deux adolescents de 13 ou 14 ans. Il s’est mis à vriller juste après, à l’entrée en sixième. De mémoire, l’incident du chewing-gum date de l’année de sixième ou de cinquième. Quand je me suis retrouvé à nouveau en classe avec lui, uniquement pour le sport, en troisième, il avait déjà dû faire ce séjour à Bétharram et il était plus que jamais totalement obsédé sexuel. L’hypothèse forte est donc que les fils de sa belle-mère avaient dû, au minimum, l’initier un peu trop tôt à des pratiques sexuelles d’adolescent, voire, au pire, lui faire subir des violences sexuelles ; de là, possiblement, ce comportement de harceleur qui a fini par conduire ses parents, tout divorcés qu’ils fussent, à le placer d’un commun accord dans un établissement explicitement vanté pour redresser les cas difficiles. À l’époque, on ne parlait pas du tout des violences familiales, encore moins des violences sexuelles à l'intérieur des familles ou des établissements scolaires, sinon j'aurais peut-être fait 1+1=2.

 

Ce que je retiens, c’est qu’il m’arrive encore d’entendre des parents dire : on a décidé de le mettre au Christ-Roi (ou à Notre-Dame de Machinchose (ce sont tout le temps de établissements catholiques)) pour le materlà, il/elle va prendre du plomb dans la cervelle… je peux vous dire que là-bas il va comprendre la musique… Je pourrais multiplier les métaphores extrêmement graves, au fond, et qui disent qu’un parent admet que son enfant mérite de subir des sévices ; je suis certain que toustes nous avons entendu des parents tenir des propos de cet ordre. Ce qui est évident, c’est que tout le monde savait ce qui se passait à Bétharram : personne n’y envoyait ses enfants pour qu’ils y soient violés, bien entendu, mais les mauvais traitements faisaient partie du plan pédagogique.

 

12:42 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

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