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vendredi, 18 avril 2025

18042025 (Theft, d'Abdulrazak Gurnah)

J’ai profité du voyage retour pour finir de lire Theft d’Abdulrazak Gurnah. Il demeure le plus britannique des écrivains africains : ce qui l’intéresse, ce sont des situations complexes qu’il effleure à petites touches. Il parle de masturbation, mais à peine – de masculinité toxique, mais en douceur – du néocolonialisme des ONG, mais en passant – de stratégies environnementales, mais c’est presque un gimmick pour “moderniser” une trame qui est, par ailleurs, celle de ses grands romans des années 1990-2000. Même l’agentivité des jeunes femmes au tournant du siècle reste en permanence à la marge, avec quelques affleurements aussi brusques qu’isolés : « She did not want to seem malleable and obedient, without an opinion or volition, just another mute daughter laid out for deflowering. » (p. 141)

Et pourtant le charme opère, car il en revient toujours à ses thèmes de prédilection, au monde des petits commerçants, à la question des relations entre pères et fils, au silence et aux personnalités taciturnes, à la puberté dans le monde musulman si particulier (et si multiculturel) de Zanzibar.

La structure est intéressante, car la manière dont il introduit brusquement certains personnages, sans que le lien entre les différentes histoires ne soit évident, permet de s’intéresser à chacun de ces parcours de vie de façon presque autonome, comme s’il s’agissait de fragments nouvellistiques, en quelque sorte. (Il faut que je relise Paradise, presque en priorité : le programme d’agrégation externe a été publié il y a une semaine, et ce roman est, sans originalité, au programme de l’option A.)

 

Theft, donc. Et bien sûr, je ne peux pas m’empêcher de penser à la traductrice qui doit déjà à être à l’œuvre : comment va-t-elle tenter de convaincre la maison d’édition française (Denoël, qui n’en a rien à faire de Gurnah et n’en a acheté les droits que par principe, sans envie de le défendre) de choisir un titre qui rende compte de la polysémie du titre anglais ? Il s’agit du vol, des voleurs (avec le « péché » originel du père de Badar), mais aussi de la dissimulation, et peut-être de la confiscation coloniale. Un des personnages les plus ambigus reste Karim, dont on ne sait s’il a « hérité » de l’insouciance, c’est-à-dire au fond de l’égoïsme, de sa mère, ou s’il y a une sorte de résurgence des traumas de la petite enfance, vu que, sans s’en souvenir, il a été le témoin de violences conjugales très marquées.

 

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