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lundi, 21 avril 2025

21042025

Quand Donald Trump, qui n’était pas à cette époque-là une figure politique au sens classique du terme, s’est fait le principal relais de la théorie conspirationniste selon laquelle Barack Obama n’était pas né sur le sol états-unien et donc ne pouvait pas être candidat à la présidence, beaucoup ricanèrent, pensant (à juste titre) que la Constitution, les tribunaux et, tout simplement, la vérité suffiraient à contrer ces allégations délirantes et fascistes. Et puis Trump était un guignol, qu’il ne fallait pas prendre au sérieux ; on a vu où ça a conduit, d’abord avec les primaires républicaines en 2016, puis avec l’élection, puis avec le fantasme que « Trump, même président, n’aurait jamais la mainmise sur le Grand Old Party ».

Foutaises et euphémisations qui ont empêché la lutte antifasciste, ou réduit son angle d’attaque. D’ailleurs, il aurait fallu que les vrais démocrates américains se mettent en ordre de bataille antifasciste dès Sarah Palin et son Tea Party : le fascisme était déjà là, il y a vingt ans, et même avant, sans doute.

 

Pendant tout son premier mandat, Trump, ne disposant pas des pleins pouvoirs, a fait tout ce qu’il a pu pour continuer d’avancer les pions de son idéologie fasciste, avec la notion de “post-truth” (post-vérité) pour maître mot. Et désormais, on voit le plein aboutissement de la théorie du complot dite “birther”, qui a marqué l’entrée de Trump en politique : par-delà les révocations de visas, ou l’accord avec le Salvador (qui sont déjà des atteintes aux droits fondamentaux et à la Constitution américaine), des citoyen·nes né·es aux Etats-Unis se voient signifier l’expulsion du territoire.

Et qu’on ne me dise pas que le régime fasciste états-unien sera affaibli par la chute du dollar, l’inflation, l’incapacité de Trump devenu POTUS-47 à tenir ses promesses de campagne sur le plan géopolitique, ou encore par la façon dont l’ingérence autocratique de l’Etat fédéral dans le secteur privé (enseignement supérieur notamment) est en contradiction fondamentale avec la promesse de « défédéraliser ». La leçon de novembre 2024, c’est que même en ayant soutenu un mouvement dissident insurrectionnel, même en ayant menti effrontément sans jamais obtenir de réels résultats pour les classes populaires ou moyennes, même en étant sous le coup de x affaires judiciaires, Trump, à grandes lampées de désinformation et de campagnes publicitaires dignes de Midas (le roi richissime, pas le garagiste), a conquis le vote populaire en devenant majoritaire dans le pays.  C’est le principe même du fanatisme : on adhère à ce que dit le gourou même, et surtout quand il se contredit.

 

Par ailleurs, j’observe que, même lorsque la résistance semble s’organiser — au vu des publications de féministes qui dénoncent les obstacles juridiques montés de toutes pièces pour empêcher le vote des femmes, ou des personnes LGBTQIA qui organisent leur déménagement dans un État “plus sûr” – elle reste fragmentaire, communautaire presque, tout sauf intersectionnelle, disons, et surtout incapable d’articuler la collusion entre pouvoir fasciste et puissance financière capitaliste : par exemple, dans les rassemblements Hands Offlimités pour l’instant au one-shot du 5 avril, ce qui en dit long — peu de pancartes en appelaient au boycott des soutiens financiers de Trump, pour ne rien dire de la réticence généralisée à dénoncer comme fasciste la politique du gouvernement fédéral. D’ailleurs, pour s’en tenir au slogan « hands off » lui-même (la meilleure traduction en serait pas touche), il euphémise et minimise la portée du véritable combat à mener. En d'autres termes, l'individualisme (qu'on le colore du concept clinquant de self-reliance ou pas), le consumérisme et enfin la conviction profonde que le système des checks and balances suffira toujours à contrer un gouvernement fasciste sont ce qui empêche toute forme de résistance : pour organiser la résistance contre le fascisme, il faudrait déjà savoir le nommer.

 

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