mercredi, 14 mai 2025
14052025
Il y a deux jours, quelqu’un écrivait, sous un billet de Fabrice Riceputi annonçant la publication du livre de Pierre Tevanian, Soyons woke : « Retournement du stigmate ».
Ce n’est pas du tout un retournement du stigmate puisque le terme woke a été inventé et diffusé à l’époque du mouvement des droits civiques : il désignait les militant·es pour les droits humains qui se considéraient comme « éveillés » et donc progressistes face aux ségrégationnistes. Cela fait moins de dix ans que ce terme a resurgi avec une connotation péjorative. Je n’ai pas lu le livre de Pierre Tevanian, mais je suppose qu’il s’agit d’un retour au sens littéral et à l’usage originel du mot, pas d’un retournement du stigmate. Ce qui m’inquiète un peu, c’est que le site de l’éditeur parle « d’assumer franchement le stigmate », ce qui laisse entendre que l’ouvrage ne revient pas sur toute cette riche histoire philologique (et idéologique).
Il est à remarquer que l’article du Merriam-Webster’s qui est consacré au mot n’évoque quasiment pas le sens négatif ; or, il a été mis à jour en 2017. L’article précise d’ailleurs que l’adjectif woke (qui est formé à partir du prétérit du verbe wake et constitue donc, au départ, un solécisme délibéré) a connu un regain depuis 2014 et le mouvement Black Lives Matter : il a donc été « relancé » par des militant·es qui se décrivaient ainsi de façon positive.
06:00 Publié dans 2025, Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
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