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mardi, 05 juillet 2005

Cimetière de La Salle (TOURS-NORD)

Lu, au retour de l’université, les prénoms Omerine et Athénaïse, sur deux tombes du cimetière de La Salle. J’ai aperçu aussi le patronyme Bourdaloue ; il faudra vérifier si le célèbre sermonneur était de la région. (Contributions bienvenues.) Enfin, le mausolée de Victor Laloux se trouve aussi dans ce cimetière de Tours-Nord, que je compte prendre l’habitude de traverser à chacun des voyages pédestres de mon domicile à mon lieu de travail, puisque les trottoirs de la rue qui descend vers le quartier Paul-Bert sont quasi inexistants, et non en raison d’un quelconque goût morbide.

J’ai pris plusieurs photos, le matin, à l’aller (et donc sous un soleil radieux et un ciel céruléen (cet après-midi, il faisait sombre, et la pluie menaçait)), de tombes militaires. Un panneau indiquant, en bilingue, des tombes de guerre de soldats issus du Commonwealth, avait depuis longtemps attisé ma curiosité ; mais je n’ai pas su trouver de tombes américaines ou britanniques dans le cimetière. En revanche, toutes les sépultures militaires que j’ai observées datent de la guerre de 1914-18.

Les photographies que j’ai prises sont très émouvantes, car les tombes sont celles de soldats venus de l’Empire colonial français. Imaginez-vous, pour n’en citer que quatre, les destins de Tchan Hou San, travailleur chinois «mort pour la France» le 25 janvier 1919, de Dalmane ben Amar ben Ismael, travailleur colonial «mort pour la France» le 6 mai 1918, d’Amerrou Aoumallah, tirailleur algérien «mort pour la France» le 16 août 1918, ou enfin du soldat Ari, tirailleur sénégalais «mort pour la France» le 24 octobre 1917, et dont l’identité se trouve réduite à trois lettres ? Figurez-vous que, si ces tombes s’égarent dans l’alignement et la litanie des nombreux «Français de souche» (comme il ne faut pas dire et comme on ne saurait plus dire), elles sont toutefois rassemblées, séparées, de fait, des autres, ce qui montre à quel point, même en servant le colonisateur et en mourant pour lui, ces hommes ne pouvaient prétendre à une quelconque égalité…

Dire qu’une récente loi votée par le Parlement veut encourager professeurs d’histoire et auteurs de manuel à se concentrer sur l’enseignement de l’héritage positif du colonialisme ! Quel charlatanisme ! Quelle mascarade ! Quelle ignominie ! Pourquoi n’a-t-on jamais eu un vrai débat de fond, dans ce pays, sur l’héritage du colonialisme, qu’il soit bon, mauvais, pendable, que sais-je… ?

L’indignation qui parcourt ces lignes était plus mesurée, en mon for, tandis que je «visitais» le cimetière, car je n’ai pas besoin de me convaincre de ce que j’ai écrit ci-dessus. L’émotion, le sentiment toujours ambigu que j’éprouve, dans un cimetière, à ressentir la douceur de l’air, la chaleur de la vie, au milieu de tant de cadavres… voilà ce qui l’emportait.

Mais j’ai pris ces photos, car je veux témoigner.

Commentaires

Les « oublis » officiels de la mémoire coloniale française? I won’t even go there mais je mentionne tout de même le remarquable travail de quelques historiens pour pallier ces « trous » de mémoire. Je pense par exemple au fascinant Pascal Blanchard.
http://www.bibliomonde.com/pages/fiche-auteur.php3?id_auteur=1074

Tellement de questions : Pourquoi un cimetière coloniale là précisément ? Le lien que la ville avait avec les colonies ? Les sentiments des habitants sur ce cimetière ? Etc.
Pour les cimetières et le sentiment de paix, il me semble que c’est l’une des particularités de ces endroits. Ce sont aussi des lieux de vie (?) dans lesquels les vivants vont se recueillir, pleurer, rire, parler aux morts, faire des pique-niques. Si, si, manger, assis dans l’herbe ou sur les nombreux bancs que l’on trouve parfois en plein milieu des cimetières des petits villages britanniques. Cimetières construits pour la majorité à l’extérieur des églises. Il existe même des randonnées qui passent par les cimetières, visites guidées incluses et ce n’est pas par manque de respect mais car ils racontent une multitude d’histoires, belles, drôles, tristes, cocasses comme l’attestent parfois les pierres tombales.
Tu mettras les photos sur le blog ?
Toujours pas d’info sur les abbayes dans la région…

Écrit par : Livy | mardi, 05 juillet 2005

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