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lundi, 18 juillet 2005

Dax, la ville de rien

La pluie fine qui s’épanche sur Dax, hélas ne dura pas. Le vent aura vite séché ces quelques larmes, et assoiffé les prés, les champs, les bocages. Il est toujours curieux de constater, à chacun de mes retours dans ma ville natale, non seulement les changements de structure, les nouveaux bâtiments, les modifications du plan de circulation, les brusqueries de l’urbanisme, mais aussi, sur le chemin vicinal qui conduit de Cagnotte à Dax, en passant entre fermes et bois, telle maison en construction, tel carrefour dûment « rectifié »… pour le dire en paraphrasant, la forme d’une campagne aussi change plus vite que le cœur du mortel.

Entre autres motifs de tristesse, la librairie Campus, qui, sans être un haut lieu de culture, s’efforçait d’être le dernier endroit où pouvaient s’exhiber, s’afficher, se lire et se vendre des textes véritablement littéraires, a connu une refonte totale de ses rayonnages et même de son organisation, depuis notre dernier passage en février (où j’avais acheté Autoportrait en vert, le remarquable dernier opus de Marie Ndiaye), au point que ne s’offrent plus aux regards que les guides touristiques, les ouvrages d’ésotérisme, et les “bouquins dont on parle à la télé” (Souad, Pierre Perret, Frédéric Mitterrand et l’effroyable Marc Lévy). Il reste bien, pour qui cherche assidûment, un rayonnage d’où j’ai extirpé l’un des derniers textes parus de Dominique Fourcade, mais aussi le dernier roman d’Alain Mabanckou… mais je les ai reposés, car je refuse de cautionner ce genre d’entreprise de saccage volontaire. A mon côté jusqu’au-boutiste se substituera peut-être un état d’esprit plus positif demain, dans le genre « au contraire, il faut les encourager et leur montrer qu’il reste une “clientèle” pour Fourcade et Mabanckou ». Pour aujourd’hui, pas d’affaire. Nihil obstat. No pasaran.

J’avais sans doute eu l’esprit échauffé de voir, juste auparavant, ce à quoi les travaux de mise en valeur de l’Atrium Casino avaient fini par aboutir, à savoir : une couleur indéfinissable ; un centre culturel Leclerc vide de tout effort vers, ou de prétention à la culture (une horreur, puisqu’il faut parler net) ; une brasserie que l’on devine, à lire les menus, pour curistes ou touristes en tongs…

En bref, une promenade agréable dans les rues piétonnières de ma ville natale, avec quelques moments de doute ou de douleur, mais enfin, ce qui m’a frappé le plus, c’est le vide, le désert entre deux et quatre. D’ordinaire, les jours de petite pluie ou de fort vent, tout ce que la côte landaise compte de plaisanciers ou plagistes se retrouve à hanter et arpenter les rues de Dax. Ainsi allaient mes souvenirs des années 1980, et de, plus récemment, tous les étés passés en partie dans ces parages.

Ah si, ultime note sucrée, ne passez jamais à Dax sans acheter ne serait-ce qu’un palmier ou une suissesse (ou tout autre friandise) à La Tourtière, connue surtout et à juste titre pour ses remarquables « tourtières » (spécialité gasconne sans aucun équivalent ailleurs, quoique l’homonymie puisse vous laisser penser) mais où se cuit un attirail de pâtisseries fort bon marché et fort bonnes…

Commentaires

Malgré les regrets de ce qui n'est plus par rapport à Dax de ton enfance, les "brusqueries de l'urbanisme" et la librairie Campus qui n'est plus ce qu'elle était, tu en parles tellement bien qu'on a envie d'y aller.
C'est comme pour Laurrent, eh bien j'ai eu envie de le lire pour savoir jusqu'à quel point il n'avait "rien de transcendant". Il faudrait faire un petit effort pour avoir un moins joli style William.

Écrit par : Livy | lundi, 18 juillet 2005

Guillaume, depuis l'apéroblog, je musarde sur les sites des tourangeaux, et je m'attarde sur ceux qui me touchent le plus : notamment le vôtre (ou le tien, j'imagine qu'on finira par se tutoyer ce qui m'est très facile). Je vois que nous avons des goûts communs : moi aussi j'ai adoré Autoportrait en vert de Marie Ndiaye et moi aussi j'excècre Marc Lévy car ses fantômes manque d'humour... Et puis cette nostalgie de la ville natale, émotion que je connais bien, moi charentaise exilée, me paraît couler de ma plume (ou de mon clavier).
Je vais continuer ma balade... j'en profite car j'ai du temps libre en ce moment... A bientôt.

Écrit par : Claudine Chollet | mardi, 07 mars 2006

Merci beaucoup. Je lis irrégulièrement vos textes, depuis la découverte via le portail, en janvier. Si ce n'est pas indiscret, d'où exactement es-tu originaire, en Charente ?

(Un vous et un tu. À voix, ou à toux.)

Écrit par : Guillaume | mardi, 07 mars 2006

Je suis née dans le village de CELLEFROUIN, non loin de LA ROCHEFOUCAULT, berceau de ma branche paternelle, ma branche maternelle est de LA ROCHELLE et de l'ile d'Oléron. Cellefrouin était dans mon enfance un patelin très vivant, plein de gens et de commerces où mon grand-père était brasseur (une petite fabrique de bière et de limonade). Il y a une très belle église romane et une lanterne des morts, mais jamais aucun élu n'a su mettre ce patrimoine en valeur.
Mes parents ont vendu la maison de famille pour une bouchée de pain ce qui m'a beaucoup attristé. J'ai peint cette maison qui est dans mon album sur mon blog...
Si des charentais lisent ces lignes, je serais curieuse de les connaître.

Écrit par : Claudine Chollet | jeudi, 09 mars 2006

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