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mardi, 19 juillet 2005

Alain Lestié : Séquence en noirs

Je n’ai pas vu l’exposition d’Alain Lestié, Séquence en noirs, mais je feuillette ce matin le catalogue (Mollat, 2005), qui ne permet guère de s’en donner une idée précise. Ce sont tous des dessins crayonnés sur papier.

Beaucoup de motifs sont empruntés à Magritte (la porte en bois, la fenêtre avec personnage de dos), mais dans une série entièrement en noirs et gris, avec des allusions aux portulans, une passion pour les spirales. «Hiver», avec son panneau central représentant une sombre forêt d’arbres dépenaillés et majestueux, doit faire un très bel effet. «Alphabet» semble jouer sur une logique de la décomposition assez conventionnelle. «Lever du jour dernier…» est, comme bien d’autres dessins, un triptyque, dont le très large panneau central représente une route en ligne droite, avec des bas-côtés réduits à la plus simple expression ; le panneau gauche représente une montre (une boussole ?), tout en bas, sur un fond noir percé d’un halo gris clair ; sur le panneau droit, de même fond, figure une feuille où est crayonné un portrait en fils.

Le rôle des inscriptions ne saute pas aux yeux, ni à l’intellect : formules savantes pour inviter le spectateur à marquer son adhésion à un projet conceptuel ? dépassement de ce rôle de pure référence pour s’échapper vers la pure jouissance du signe ? autre chose encore ? Difficile de trancher.

Ce qui est tout à fait consternant, comme souvent dans un catalogue d’art contemporain et plus encore quand l’on n’a pas vu, au moins, les œuvres exposées, ce sont les textes. La préface, signée d’une certaine Françoise Garcia, affiche une belle cuistrerie en citant Mallarmé de manière à transformer un alexandrin en vers de treize syllabes, supprimant la rime into the bargain. Aussi, rappelons-le, le distique qui ouvre le premier tercet du sonnet «Mes bouquins refermés sur le nom de Paphos» est comme suit :

Ma faim qui d’aucuns fruits ici ne se régale
Trouve en leur docte manque une saveur égale.


Il y a deux autres articles, l’un de Jean-Didier Vincent, qui n’a pas l’air inintéressant, et l’autre d’un certain Patrick Lacoste, qui semble se gargariser de Lacan, et se repaître d’un certain nombre de poncifs sémiotiques (l’indice) ou cognitifs (la translation) pour “happy few” du milieu artistico-philosophique.

On préfère vitement en revenir aux reproductions des dessins, de belle qualité, et où il y a, à tout le moins, matière à mirer, et à s’interroger, à réfléchir, par-delà les écueils de la doxa lacostienne.

13:05 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

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