Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 24 octobre 2005

Surgir, disparaître, formuler

Peut-être est-ce là un effet du "genre journal": la consignation et le choix de ce que l'on y dit comptent, de facto, parmi les thèmes essentiels d'un journal intime. Toujours est-il que je trouve, sous la plume de Harry Laus, dans son Journal absurde, une analyse contradictoire ou complémentaire du paragraphe que je citais hier, de Julien Green:

25 juillet

J'ai souhaité écrire dans ce carnet bien des choses qui me sont arrivées durant ce mois de juillet, mais il s'est toujours produit quelque événement pour m'empêcher de réaliser ce souhait. Aussi, comme elles avaient surgi, ces choses ont disparu, je crois, faute d'avoir été formulées.

(Journal absurde, traduit par Claire Cayron, Corti, pp.113-4)

Malédiction

Ce doit être une joyeuse malédiction. M'apprêtant à rendre, à la bibliothèque d'anglais sise au troisième étage de la tour du S.C.D. (Service Commun de Documentation), un volume de The Library of America reprenant les trois premiers romans publiés de Paul Bowles, écrivain dont je n'ai jamais lu une ligne et dont j'avais emprunté ces textes à l'intention de ma mère, qui les a d'ailleurs lus tous trois au cours de l'été, j'ouvre une page presque au hasard (en fait, il s'agit du début de The Spider's House) et, lisant ce prologue, je me sens attrapé, capturé, apprivoisé déjà par les phrases de l'écrivain... et j'aimerais maintenant garder le livre pour le lire. Oui, ce doit être une forme de malédiction, l'épuisant désir de ces choses.

Romanse

Je tenais seulement à informer mes fidèles lecteurs que les romans interactifs que je dois commencer à écrire d'ici peu ne sont pas encore commencés. Ils sont en gestation. En attendant de pouvoir lire le premier chapitre d'Avril déjà dérape, toutefois, il vous est possible de réfléchir au concept même de romanse.

Il y a palindromiquement...

Quel effet de curieuse nostalgie, d'incompréhensible opacité, de tenace envie de saisir, à la lecture d'un article du Saint John Morning Telegraph d'il y a 141 ans.

Le Vrai Parisien m'envoie une partie de ses oeuvres complètes

Ce matin-là, le Vrai Parisien s'est senti pétri d'euphorie et nourri d'une profonde vénération à l'égard de l'écrivain qu'il admire par-dessus tout. Il s'est levé, et d'un pas fringant, a dirigé ses pas mélancoliques et sa face qu'illuminait un doux soleil automnal vers le bureau de poste le plus proche, afin d'expédier avec la plus infinie célérité la liasse constituée de plusieurs notes écrites au cours des dernières semaines. Il avait enté chaque liasse d'une dédicace de sa main, car il voulait que le génial écrivain prêtât attention à son envoi et lût chaque ligne avec délectation (ce que le génial écrivain fit, nous narrateur omniscient pouvons le dire sans détours). Ah, Vrai Parisien, que tu es heureux, de compter ainsi parmi tes lecteurs cet admirable Tourangeau que nous envie l'humanité!

Abbaye de La Clarté-Dieu, II

medium_hpim0609.jpg

Nous nous y promenâmes un jour sombre et presque froid de juillet. Qui vive, il n'y avait pas âme. Juste notre reflet dans les branches des arbres, et le clapotis d'eau que font les nuages, sans fin. C'est une propriété privée, et nous ne nous sommes pas avancés. Visiblement, le lieu est plus ou moins à l'abandon. Quel dommage. Retournons sur nos pas, sans froisser les fragrances du chèvrefeuille et de la badiane.

 

Harry Laus, le 3 août 1950

Ce n'est pas seulement pour écrire "3 août" que je me suis assis à ma table et que je viens d'ouvrir ce carnet. mais ce n'est pas non plus pour parler d'un sujet précis. C'est pourquoi je suis resté plusieurs minutes en suspens, sans savoir quoi dire, et craignant de n'avoir à écrire, finalement, que la date.

En ce moment, je ne sais pas davantage ce que je vais dire, mais cette indécision ou cette ignorance, ou absence de projet se reflète souvent dans mes actes. A force de vouloir trouver les origines de ce comportement, j'en viens à le justifier par le fait d'avoir toujours dû chercher et découvrir, par moi-même, tous les mystères et lieux obscurs de la vie. De n'avoir jamais eu personne pour me guider: ni mère, ni père, ni frère.

(Harry Laus. Journal absurde. Traduit par Claire Cayron. Paris: Corti, "Ibériques", 2000, p. 120)

Bureau 38

Je me prépare (non sans avoir au préalable fait, dans le cagibi éloigné qui tient lieu de toilettes pour messieurs, la vaisselle des mugs) un thé dans mon bureau, rue des Tanneurs, et, ayant répondu à plusieurs courriers électroniques de nature professionnelle, je commence à butiner de blog en blog, m'arrêtant au moment où j'allais, en cette oisive occupation, passer le peu de temps qu'il me reste, d'ici neuf heures, pour vaquer aux affaires courantes (et, pour certaines, urgentes). Je prends toutefois une poignée supplémentaire de minutes pour m'insurger contre ce que j'ai envie d'appeler une véritable insurrection, et dont Livy, comme il se doit, est la meneuse: comment ça? ne lire qu'une note sur trois? z'allez voir de quel bois je me chauffe...

***

Note de 17 h 43: J'ai ajouté le complément d'objet direct qui manquait dans la première parenthèse et qui avait, de fait, prêté le flanc à quelque triviale mais juste remarque d'une fidèle lectrice. (La remarque a été supprimée.)