Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 22 décembre 2005

Dit de mémoire

« Nous croyons parfois avoir tout oublié, que la rouille et la poussière des ans ont désormais complètement détruit ce que nous avons un jour confié à leur voracité. Mais il suffit d’un son, d’une odeur, d’un contact furtif et inopiné pour que soudain, les alluvions du temps tombent sur nous sans compassion et que la mémoire s’illumine avec la brillance et la fureur de l’éclair. » (Julio Llamazares. La pluie jaune. Traduit par Michèle Planel. Verdier, 1990, p. 33)

 ...


 

“I want to look forward, but I always find myself looking back, poking about in times so long ago and so diminished by other events since then, tyrant events which loom large over me and dictate every ordinary action. Yet when I look back, I find some objects still gleam with a bright malevolence and every memory draws blood. It’s a dour place, the land of memory, a dim gutted warehouse with rotting planks and rusted ladders where you sometimes spend time rifling through abandoned goods.” (Abdulrazak Gurnah. By the Sea. Bloomsbury, 2001, p. 86)

Commentaires

La mémoire, cette marchande de spleen, la mémoire, Guillaume ! Ah là là, si tu savais… Rappelle-toi Baudelaire : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans / Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans / De vers de billets doux de procès de romances / Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances / Contient moins de secrets que mon triste cerveau ». Je te cite ça… de mémoire, je suis sûr qu’il manque un vers. Tu vois, la mémoire, Guillaume, ah là là… C’est un coffre à mélasse, la mémoire, il faudrait aller au-delà de ses reflets trompeurs, c’est un lac ridé, la mémoire, qui nous attire, hein. C’est le chant des sirènes, la mémoire, Guillaume. Si tu la rencontres, fuis, fuis très loin, elle va te promettre du miel et puis tu verras, elle ne te le donnera pas et tu seras là, enchaîné, à ses pieds, dévoré par elle et buvant son regard, oui, mais le miel, tu l’attendras longtemps, Wilhelm. Tiens, souviens-toi de l’autre Wilhelm, celui qui s’appelait Apollinaris de Kostrowitsky. Apollinaire, quoi. Eh bien, Annie Playden, son grand amour de 1903, celle qui lui a inspiré La Chanson du mal-aimé, eh bien, Annie, elle est partie vivre aux États-Unis avec son mari. Deux journalistes littéraires l’ont retrouvée en 1967, elle ne savait même pas que celui qu’elle appelait toujours Kostro était devenu célèbre, elle ne savait pas qu’elle aussi l’était, à travers son chef d’œuvre. Alors tu vois, la mémoire, Guillaume, ah, la mémoire ! Un tourne-disques.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 22 décembre 2005

La lumière et l'ombre en elle, et dans vos textes. Et puis aussi : on ne peut se défaire d'elle volontairement, elle est tapie au coin du bois, au fond de soi, on ne peut pas lui dire de s'en aller, elle s'en va toute seule, quand bon lui semble... On peut la convoquer, au pied, ici, tout de suite, quand elle est de bonne humeur, mais pas toujours. Mais alors, mais alors, qui est le maître ??

Écrit par : Papotine | jeudi, 22 décembre 2005

C'est trés beau.
J'aime beaucoup l'extrait que tu as choisi.
Je suis content que tu sois de retour, il y a tant de jolies choses que tu nous fais découvrir !
Bon courage pour la suite.
Moi aussi j'ai un peu le blues aujourd'hui.

Écrit par : steph | jeudi, 22 décembre 2005

Les commentaires sont fermés.