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vendredi, 06 janvier 2006

La laïcité, on l'applique surtout aux musulmans...

Aujourd'hui, lors de la galette des rois, à l'école maternelle laïque, mon fils a eu la fève. (Ou plutôt, l'une des fèves, mais là n'est pas le propos.)

La figurine est une Vierge Marie. "C'est la mère de Jésus", lui ont tout naturellement expliqué les dames de la cantine. J'aimerais rappeler que, même si la galette des rois est une manière plutôt séculière de fêter un événement religieux qui compte surtout dans le monde chrétien, l'Epiphanie, il doit être possible de conserver ce rituel culinaire en le vidant de son iconicité la plus catholique. J'aimerais aussi rappeler que le culte marial fut jadis (et même naguère), comme le voile et le foulard de nos jours, une bonne manière de renforcer l'inégalité de principe entre hommes et femmes dans nos sociétés européennes si bonnes donneuses de leçons aujourd'hui.

Qu'un enfant de quatre ans puisse être non catholique, et que la Vierge Marie n'ait pas la moindre importance pour lui, qu'il soit protestant, juif, musulman, mormon, ou, comme mon fils (jusqu'à ce qu'il puisse réfléchir à ces questions par lui-même) sans foi religieuse, cela ne traverse pas l'esprit du service de restauration. Il me semble que, dans la foulée des polémiques récentes autour du renforcement des lois sur la laïcité, ce genre de petit symbole de rien du tout est une provocation bien inutile. Comment convaincre que tout le ramdam de l'automne 2004 et d'après n'était pas dirigé surtout contre l'Islam si les écoles laïques balancent allègrement petits Jésus, Vierge Marie et autres mannequins du folklore catholique...?

J'ai déjà eu l'occasion de dire ici que j'ai dû subir, enfant, de nombreuses avanies parce que certains de mes camarades catholiques étaient embrigadés par les officiants du catéchisme qui leur demandaient de harceler les incroyants et leur donnaient le mode d'emploi. Plus tard, je n'ai pu manquer d'être surpris de voir, dans toutes les classes de collège et de lycée que j'ai fréquentées, des dizaines de petits crucifix, médailles de la Vierge, etc., ostensiblement arborés par les uns et les autres, et que pas un professeur ne se serait avisé de faire dissimuler à l'intérieur des vêtements, de peur d'une probable cabale parentale. Que dire des aumôneries, rattachées à chaque établissement public, avec des créneaux horaires spécifiques pour la propagande d'obédience strictement catholique.

Que d'affectation et de forfanterie, comme dit Dorine.

 

Commentaires

Les aumôneries dans les établissements scolaires ne sont pas exclusivement catholiques. Elles ne sont d'ailleurs pas assurées partout. Une anecdote : j'avais un chef d'établissement très laïcard qui refusait à l'évêque le droit à une aumônerie. Lorsqu'il est parti, l'aumônerie a été créée sur le papier, mais il n'y avait personne pour les permanences. La guéguerre était ridicule, d'autant plus ridicule que le collège et le lycée chics de la même ville où il y avait eu des aumôneries voici trente ans ne les abritaient plus du tout. L'église réformée, celle de la confession d'Augsbourg et le consistoire juif n'ont jamais réclamé elles d'aumônerie pour leur part alors qu'elles en avaient parfaitement le droit. J'en parle d'autant plus à l'aise que j'ai reçu une éducation protestante en Alsace avec enseignement religieux obligatoire (et que je décrochais ensuite les crucifix dans les salles de classe). Je ne pense pas qu'il faille accabler les catholiques.

Écrit par : Dominique | vendredi, 06 janvier 2006

Guillaume, tu notes : "comme mon fils (jusqu'à ce qu'il puisse réfléchir à ces questions par lui-même) sans foi religieuse". C'est là que tu te trompes, sans vouloir te blesser. Je veux dire par là que tu as CRU que ton fils pourrait demeurer sans éducation religieuse jusqu'à ce qu'il puisse y réfléchir par lui-même. C'était compter sans les autres. En fait, ton pitchoun aura vécu sans foi religieuse jusqu'à ce qu'il ait été confronté à la foi des autres. C'est-à-dire qu'à cet instant, il commence déjà à t'échapper, peut-être pour la première fois, je ne sais pas, mais il commence. C'est très difficile à vivre. C'est à la première escapade que font ainsi, et très très jeunes, nos enfants, que nous commençons à nous poser des questions sur les idées éducatives que nous avions -- en un mot, que nous commençons à vieillir. Pardonne cette profession de foi (!) d'un vieillard de 53 ans, mais dans certains cas, il peut être bon que je te rappelle notre différence d'âge (la communication par Internet a tendance à gommer ça). Tes emportements me rappellent mes colères à ton âge. Tu n'as pas fini de devoir relativiser, mon Wilhelm.

Je précise que mes deux filles ont été élevées, elles aussi, sans éducation religieuse.

Fin du sermon.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 janvier 2006

Je commence par répondre à Jacques.
Cela ne me gêne pas, que mon fils soit confronté à des fois, des idéologies, etc., qui ne sont pas les miennes.
C'était le sens de ma parenthèse : j'espère qu'un jour, au lieu d'épouser les convictions de ses parents, il y réfléchira par lui-même. Peut-être qu'il trouvera la foi, peut-être même d'une façon qui m'horrifiera. Mais peu importe : éduquer, c'est apprendre aussi à laisser l'enfant s'échapper.
Ce que je trouve plus que discutable, c'est cette évidence perpétuée du catholicisme comme seule et unique référence par défaut. La laïcité, cela consiste à dire que, par défaut, la religion est absente de l'échange scolaire.

A ce propos (et je me tourne vers Dominique), je n'invente pas ce que j'ai écrit : dans ma ville, l'aumônerie du collège, par exemple était tenue par un abbé Coucouron qui, à ce que j'en ai compris, ne faisait pas aussi office de rabbin et de pasteur. A l'école primaire, les enfants embrigadés se tournaient vers moi et les (très rares) autres à ne pas aller au catéchisme, en nous poursuivant de propos choisis comme (je cite EXACTEMENT) "tu crois pas en Dieu, t'es protestant, t'iras en enfer". C'était en 1981, dans les Landes.

N'oublions pas que, si les catholiques ont maintenant l'impression d'être un tantinet contestés dans leur foi, cela est bien récent. Ce sont tous les non-catholiques de ce pays qui ont dû subir la loi d'airain des persécutions et du prosélytisme catholiques pendant des siècles. Alors oui, ça peut paraître infantile, mais, quand je vois une Vierge Marie dans la galette des rois d'une école maternelle laïque, je vois rouge, parce que je me dis qu'on ne s'est pas encore vraiment débarrassés des curés, et que c'est bien dommage.

Écrit par : Guillaume | vendredi, 06 janvier 2006

J'ai eu la chance et la malchance de vivre dans une région où des croyances diverses étaient très présentes, plus fortes encore qu'à l'Intérieur, je ne me souviens que d'une chose : la curiosité envers les autres.

Écrit par : Dominique | vendredi, 06 janvier 2006

Cela étant, ce n'est pas le service de restauration qui a fabriqué la galette, je suppose. Si ? Ce doit être un pâtissier, qui met dans la pâte ce qu'on s'attend à y trouver. Attention aussi, en effet, au poids du conformisme. On met Marie dans la galette, parce que ça se fait. C'est comme ça. Il y a toutes les chances pour que le pâtissier s'en fiche complètement. Mais à mon avis, s'il mettait un crapaud dans son gâteau, il perdrait ses clients. L'aspect commercial a depuis longtemps supplanté toute considération religieuse.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 06 janvier 2006

Message précédent : Jacques et non Martine.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 janvier 2006

Et que voulez-vous qu'elles leurs disent les dames de la catine ? C'est la stricte vérité ! Plaignez-vous plutôt, si vous souhaitez vous plaindre, auprès des services municipaux qui ont passé commande d'une telle galette !

Quoi qu'il en soit, un peu d'instruction religieuse - et particulièrement Catholique, dans un pays qui vomit tout ce qui l'a précédé - ne peut pas faire de mal.

Si vous voulez que votre fils comprenne un tant soit peu la littérature (par exemple), offrez-lui du savoir.

Écrit par : N.O. | samedi, 07 janvier 2006

Guillaume, tu as raison de A à Z. Je n'ai rien contre la foi (celle des autres), c'est le pouvoir des Eglises qui m'insupporte...

Écrit par : fuligineuse | samedi, 07 janvier 2006

Je rejoins assez ce que dit N.O : j'ai reçu une éducation religieuse, catholique, même si je ne suis pas catholique maintenant (l'ai-je jamais été ?). Je me dis qu'un enfant ne peut vraiment *choisir* sans connaître. C'est parce que je connais les dérives de la religion, que j'ai posé les questions qui zoomaient sur des contradictions, des injustices vécues, que j'ai été en contact avec des religieuses, que j'ai pu choisir de m'éloigner de la religion. Cela m'a aidé aussi à cultiver cette curiosité envers les autres, dont parle Dominique : qu'est-ce qui différencie les catholiques des protestants ? qu'est-ce que le bouddhisme ? à quoi croyaient les Grecs ? J'étais à même de comparer, j'avais un point de comparaison : la religion catholique.
Je suis aussi contente de pouvoir saisir la plupart des références bibliques dans bon nombre de textes littéraires qui en sont cafis.

Écrit par : Papotine | samedi, 07 janvier 2006

Je suis d'accord avec vous, N.O., sauf pour le "s" à "leur", qui est une faute de grammaire. Les dames de la cantine ont donné la bonne réponse, mais c'est la situation à laquelle elles ont dû faire face qui me choque. Sans vouloir me vanter, j'ai plus de culture religieuse, et notamment concernant le catholicisme, que bien des catholiques pratiquants - et mon fils aura accès à tous les savoirs qui pourront faire de lui un honnête homme, je l'espère.

Je soulevais un point de principe sur la laïcité : si on veut être exigeant avec les musulmans, ne faisons pas deux poids et deux mesures.

Papotine et Dominique > bien entendu, il faut être curieux de la religion ou des convictions des autres ! Quand les responsables du catéchisme apprennent aux enfants que "protestant" et "athée" sont deux termes synonymes., je doute que leur motivation soit l'ouverture aux autres.

Écrit par : Guillaume | samedi, 07 janvier 2006

Cela me rappelle ma note du 11 mars 2005 sur la bonbonne à bonbons de mon ancien lycée, vidée pour cause de carême ...

Écrit par : bloguette | samedi, 07 janvier 2006

La note et ses commentaires sont très intéressants :
http://diantremaisquisuis-je.hautetfort.com/archive/2005/03/11/l_ecole_laique.html

A méditer...

Écrit par : Guillaume Cingal | samedi, 07 janvier 2006

Plusieurs remarques aux nombreux commentaires que je viens de lire. La laïcité ne fait pas de la religion un sujet tabou, bien au contraire. Ainsi, je rejoins absolument Guillaume sur son analyse de la fève-vierge qui n'avait rien à faire, non pas dans une galette, mais dans une cantine d'une école publique. J'aimerais croire que le choix du symbole était celui du patissier, mais vu le nombre de fèves présentes dans la dite galette, je ne peux m'empêcher d'y voir la main bienveillante de l'institutrice, voulant multplier le nombre des rois de sa classe, à défaut de multiplier les galettes...
Toutefois, je rejoins aussi N.O : l'éducation religieuse a du plomb dans l'aile, force est de le constater. Comment étudier la littérature, en effet, sans une once de culture religieuse ? Même à Tours, où la culture religieuse reste assez vivace, les classes de lycée sont peuplées d'élèves qui ne connaissent rien de la Bible, par exemple. Cela dit, combien de croyants ont-ils de leur religion une connaissance raisonnée et approfondie ?
L'Education Nationale est face à ce qui semble un paradoxe : tout en clamant haut et fort sa laïcité, elle se doit, aujourd'hui plus qu'hier, d'éduquer aux religions.

Écrit par : Cété | samedi, 07 janvier 2006

A l'université, les classes sont peuplées d'étudiants qui écarquillent les yeux et roulent d'impressionnants cocards si on évoque des sujets aussi simples que la Trinité ou les Evangiles, des concepts tels que la transubstantiation ou la transcendance. Il m'est arrivé, une fois, de devoir expliquer la différence entre l'Ancien et le Nouveau Testament à un groupe d'une trentaine d'étudiants, dont un nombre non négligeable portaient de petits crucifix.

Il faut : 1) éradiquer les signes d'appartenance religieuse
2) renforcer l'enseignement de la culture religieuse

Écrit par : Guillaume | samedi, 07 janvier 2006

En dehors du fait qui me semble assez choquant, qui pose question en tou cas, je voulais rappeler l'origine non religieuse de la galette des rois. Au moyen age, il était de tradition, juste avant le début du carème, d'élire le roi des fous, grand maître de la fête pendant laquelle tout était permis, entre autre de se moquer du pouvoir et de la religion, pour peu qu'ils fussent distingables.
Peut être faudrait il restaurer cette tradition, le maître des fous nous conduisant, peut être, à aller bruler quelques voitures... (je plaisante, bien sûr).

Écrit par : berlioz | samedi, 07 janvier 2006

Autre précision : la petite vierge trouvée dans la galette des rois de la cantine est d'autant plus polémique que nombre de galettes aujourd'hui se trouvent pourvues de personnages de Walt Disney (ou autres) en guise de fèves (je suis certaine que beaucoup d'entre nous aurons risqué de se casser une dent sur un infâme chicken little ou sur une petite créature de Madgascar, voire sur un minuscule Kirikou). Bien entendu, dans ce cas là, on reprochera à l'école de favoriser les inégalités en faisant la promotion des derniers films sortis au cinéma, que seuls certains enfants auront eu "la chance" de voir. Mais la laïcité, principe fondateur de notre société, sera sauve. Il me semble que l'Ecole publique peut (et doit) encore garantir cela; mais combien de ses acteurs en sont-ils encore convaincus ?

Écrit par : Cété | samedi, 07 janvier 2006

Guillaume : Je soulevais un point de principe sur la laïcité : si on veut être exigeant avec les musulmans, ne faisons pas deux poids et deux mesures.

Je reviens au sujet de mon ancien chef d'établissement très laïcard et de gauche pur jus. Il refusait qu'il y ait des plats sans porc à la cantine du collège, cela au nom du principe de laïcité. Surtout il y avait presque systématiquement du porc dans l'entrée unique ou le plat principal (la surveillance des menus par le médecin nutritionniste est une plaisanterie). Mais il y avait un problème : avec 25 % d'élèves de culture musulmane, cela voulait dire qu'aucun d'entre eux ne venait à la cantine. Comme la plupart habitaient dans un quartier périphérique, cela signifiait qu'ils passaient l'essentiel de la pause dans le trajet à pied ou en bus. Cela voulait dire aussi qu'ils ne participaient pas aux différentes activités périscolaires et que cela simplifiait la surveillance de la cour ou des études. Cela voulait encore dire que le prix du ticket était plus élevé que dans les autres établissements de la circonscription. En revanche, il ne tiquait pas du tout sur le rituel poisson du vendredi parce que c'était l'habitude et que le poisson il faut en manger une fois par semaine. Ce fait dépasse les cas individuels. Il est très répandu.

Écrit par : Dominique | samedi, 07 janvier 2006

Il faut surtout distinguer l'esprit et la lettre, je crois.
Cette histoire de porc est aussi ridicule (mais avec des conséquences plus graves) que la malheureuse mini vierge en céramique dans la galette des rois ou la bonbonne de bonbons fermée pour cause de carême.
Clamer la laïcité en s'attachant aux détails du petit bout de la lorgnette ne résoudra pas le problème des femmes considérées comme des sous-êtres humains sous leur linceul de voile noir, ni celui des jeunes filles irlandaises qui viennent avorter en Angleterre.

Écrit par : Papotine | samedi, 07 janvier 2006

Cela ne résout peut-être pas les problèmes d'observer strictement les règles de la laïcité ; mais cela ne les résout certainement pas de les violer régulièrement en faisant d'une des religions la plus tolérée ou la moins exclue...

Écrit par : Guillaume Cingal | samedi, 07 janvier 2006

Dans beaucoup d'établissements scolaires du second degré, il y a une alternative au porc (les selfs présentant en général deux plats), interdit alimentaire qui touche deux religions. Pour moi, porc et vierge Marie ne sont pas des détails. La religion (comme la laïcité d'ailleurs) se fonde sur des symboles; lesquels sont donc à éradiquer à l'intérieur des murs de l'école.

Écrit par : cété | samedi, 07 janvier 2006

C. > je ne suis pas certain de comprendre ton argument, sur ce coup-là. Les figurines de la Vierge sont faciles à éviter. En revanche, s'il est contraire au pluralisme idéologique ne pas proposer d'alternative au porc, on a également (et en sens inverse) pu interpréter l'adaptation des menus aux religions qui présentent des interdits alimentaires comme une entorse à la laïcité.

La question pourrait se poser prochainement, comme dans les pays anglo-saxons, avec une autre forme de religion : le végétarianisme. Les végétariens ne sont-ils pas exclus d'office de la quasi totalité des réfectoires d'établissements publics, dans la mesure où s'envoyer une double ration de lentilles pour compenser la côte de porc non prise ne saurait constituer un plat équilibré ? (Et je ne dis rien des végétariens qui ne supportent pas les lentilles, et à qui le cuisinier n'aurait pas prévu de proposer des lunettes...)

Écrit par : Guillaume | samedi, 07 janvier 2006

Cété : Dans beaucoup d'établissements scolaires du second degré, il y a une alternative au porc (les selfs présentant en général deux plats),

Non. Justement, beaucoup d'établissements ne présentent jamais deux plats et certains ne présentent même pas deux entrées (c'était le cas de mon collège rural l'an dernier). Et dans l'exemple que je citais il y avait une mauvaise volonté évidente avec une fausse interprétation de la laïcité. D'ailleurs, un repas sans porc ne veut même pas dire que la viande est alors hallal, je me serais insurgé si le principal avait déclaré alors qu'il y aurait des repas hallal puisque là ce serait rentrer totalement dans les catégories mentales d'une religion et lui abandonner le pouvoir de décision.

Cété : interdit alimentaire qui touche deux religions.

Les interdits de la kacherout sont beaucoup plus complexes et longs que ça et puis cela dépend du niveau d'orthodoxie de la personne. Si on commence à vouloir faire de la nourriture cachère dans les cantines, on n'a pas fini de se gratter le front afin d'être dans la norme ! Il y avait simplement une réalité sociale : un quart d'élèves qui vivent dans des cités et qui ont des habitudes alimentaires plus culturelles que religieuses.

Cété : Pour moi, porc et vierge Marie ne sont pas des détails.

Mais exclure (sans le dire formellement) des élèves de la vie de l'établissement sous prétexte qu'ils ne mangent pas tout à fait la même chose que les autres, c'est un acte qui est profondément anti-laïque.

Écrit par : Dominique | samedi, 07 janvier 2006

J'aimerais savoir comment ton fils lira les Mémoires d'Outre-Tombe quand dès les premières pages l'auteur est habillé de bleu et de blanc. "Marie? Oh ce n'est rien, une vieille coutume gauloise conservée en Bretagne, ils étaient encore très archaïques en ce temps-là".

La dame de cantine a dit quelque chose de tout à fait utile à ton fils pour comprendre le monde.

Écrit par : VS | samedi, 07 janvier 2006

VS > Mais bien entendu. Tu n'as peut-être pas lu tous les commentaires (et je te comprends), mais je suis certain, pour ma part, d'avoir dix fois plus de culture religieuse et de connaissance du catholicisme que la majorité des 90% de catholiques que compte notre pays... (Ce n'est pas trop dur, il faut dire.)

Si tu veux vraiment connaître l'intérêt que mon fils manifeste déjà depuis longtemps pour l'histoire, je te raconterai comment nous lui avons expliqué les guerres de religion, les croisades, la Révolution française, et même Saint Louis ou la conversion de Clovis. Donc la Vierge Marie est dans le tableau.

Le problème n'est pas celui de la culture religieuse, indispensable - et en profondeur. Pas de malentendu, je t'en prie (ah! ah!).

Écrit par : Guillaume Cingal | samedi, 07 janvier 2006

Guillaume, sans vouloir te vexer, ce message, m'a rappellé, très vaguement certes, la véhémence de certains de mes camarades de classe qui en classe de seconde, ont refusé d'admettre que Jésus avait existé -historiquement-, et ont crié au bourrage de crâne catholiquissime, alors qu'on évoquait seulement en cours l'existence de chrétiens au premier siècle ! Bien sûr, en lisant les nombreux commentaires, j'ai compris que ton point de vue eétait mille fois plus nuancé. Mais je pense tout de même que c'est exagérer de blâmer la représentation d'un personnage religieux SUR UNE FEVE ! Je pense que que la laïcité est la meilleure des choses qui puisse arriver à une civilisation pluri-religieuse, mais qu'elle ne voit pas faire l'effet d'un white-spirit sur une tache de peinture (tiens ? mais c'est nul comme métaphore, ça !) : sinon, il faudrait interdire de pouvoir apercevoir un minaret dans la rue, ou interdire les croix sur les pierres tombales ... Pour moi, la laïcité doit permettre l'existence des religions, en considérant que l'athéisme ou l'agnosticité (?) en soit une. Il ne faudrait pas vivre dans un monde épuré de tout symbole. Si c'était le cas, il faudrait apprendre aux enfants, non pas qu'il y a des étoiles dans le ciel, mais des astres, et ne plus manger de croissants, seulement des viennoiseries. Une vierge sur une fève n'a rien de choquant, pour moi. Si la fève avait été un Mahomet (enfin, ou autre symbole musulman, j'y connais pas grand chose (quel dommage)), qu'est-ce que ça aurait changé ? Pour répondre à Cété, croquer un Mickey pour fève pourrait être aussi choquant que tu as été choqué, Guillaume par une Marie. On ne peut pas arreter toutes ces petites aggressions qui nous rappellent que des gens sur Terre pensent différemment, et si l'école de la république n'est pas totalement purifiée de toute trace de culture, et ici, de signification pour nos fêtes, tant mieux ! Avais-tu entendu parler de cette école publique dans le Sud, ou tous les ans, les élèves montaient une crèche vivante ? Elle a été interdite au non de la laïcité, en même temps que tous les foulards par le recteur d'académie. Je trouve ça dommage, car il y a des moments ou la religion a rejoint la culture. J'imagine que des fils d'immigrés arabes, peut-être musulmans jouaient dedans. Quel problème ? C'est la culture, comme faire jouer du Molière. (Ah zut j'avais un dernier argument et il m'a echappé, mais bon j'en ai assez dit !). Conclusion : Pour un enfant, c'est encore plus important de découvrir par lui la religion, et bien sûr pas forcément la religion catholique, dont les prêtres t'ont donné, Guillaume, une image si bêtement fausse.

En fait je ne sais même pas si je pense tout ce que j'ai écrit (mais ça m'a permis de me rattrapper, ça fait bien longtemps que je n'ai pas commenté par ici). En tout cas le débat est passionnant !

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

C'était un peu de la provoc, Guillaume, comme tu t'en es douté puisque tu n'as pas pris le mors aux dents (et non, je n'ai pas lu les commentaires, j'ai pris ce train-là avec trop de retard).
Simplement, quoique tu es totalement raison sur le fond (certaines religions sont plus égales que d'autres), je suis toujours un peu surprise de rencontrer de nos jours des résurgence d'anticléricalisme digne de la Troisième République: "notre" (la mienne) pauvre Eglise a perdu tant de forces qu'il me semble qu'elle ne vaut même plus la peine qu'on se donne ce mal.

Pour le reste... Sur le fond, cette idée de "culture religieuse", même si elle aussi est totalement exacte, m'attriste ou me désole. Les personnes qui parlent religion aujourd'hui (la commentent, donnent leur avis, les journalistes, les professeurs), sont le plus souvent voire toujours des personnes qui n'ont pas la foi. Il manque quelque chose dans ces discours, un attachement, une chaleur. La foi est une dimension spirituelle. C'est une façon de penser et de vivre la mort et la finitude humaine. On ne m'ôtera pas de l'idée que si la civilisation occidentale devient aussi folle, c'est aussi ou surtout à cause de cette fuite devant la mort.
En résumé, tout cela manque de spirituel. Mais on s'éloigne un peu de la galette et de la cantine... Tant pis.

Écrit par : VS | dimanche, 08 janvier 2006

Ne peut-on penser et vivre la finitude humaine sans avoir la foi ? Certains athées sont plus chaleureux et fervents devant la vie que de tristes bigots, et bien sûr on entend aussi la foi rayonner dans la voix de gens très religieux.
Alors il n'y a pas lieu de s'attrister devant ceux qui défendent la culture religieuse sans avoir eux-mêmes la foi : je trouve ça plutôt sain au contraire, plutôt joyeux même !

Écrit par : Papotine | dimanche, 08 janvier 2006

Oui s'il n'y a pas que eux qui s'expriment. Cela manque d'équilibre dans la représentation des opinions, tout simplement.

Écrit par : VS | dimanche, 08 janvier 2006

Tout à fait d'accord avec VS : j'ai moi-même assisté, au collège, à un "forum des religions", c'est-à-dire que des représentants des religions sont venus parler de leur propre religions (y'en avait quatre ou cinq, de religions). Evidemment, c'est ainsi que le "fait de croire" (pour des élèves) prend sens : le discours de notre documentaliste improvisée en professeur de culture religieuse était à côté bien fade ! La culture d'une religion, ce n'est pas que ses rites, ses symboles, ses fèves (pour faire un lien avec le sujet) ; c'est fort heureusement bien plus que cela, avec la foi.

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

Simon > il faut plus d'histoire des religions ET plus de laïcité dans les écoles laïques ; loin d'être incompatible, cette combinaison est nécessaire. Evidemment, tes camarades de seconde qui jetaient l'enfant Jésus avec l'eau du bain étaient à côté de la plaque.

On assiste souvent à cette inversion curieuse : ma compagne, professeur de lettres en lycée, et comme moi non-croyante, évoque souvent des éléments de culture chrétienne. Plusieurs fois déjà, des élèves (catholiques d'ailleurs) lui ont dit qu'elle enfreignait le principe de laïcité. Comme quoi la confusion règne. Il faut parler de religion, en bannissant de l'école publique les symboles religieux individuels. C'est tout simple.

Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi ton trackback ne mène vers aucun message, aujourd'hui à 15 h 20 en tout cas.

Écrit par : Guillaume Cingal | dimanche, 08 janvier 2006

Tu as raison Guillaume : en tout cas, les aits sont là : les gens ont PEUR quand on parle de religion chrétiens : prosélytisme, ou illégalité, c'est comme ça, on en a peur : on barre plus volontiers la route aux cathos, parce que l'ignorance est bien plus facile, et parce que, certes, les gens ont beaucoup souffert de ceux qui ont mal compris la Bible (cf. tes abominables histoires d'enfer ...).

Pour mon trackback : la note a été publiée ce matin, mais j'ai changé d'avis : elle sortira ce soir ! Donc le rétrolien a dû passer quand même mais sera actif ce soir à 22 h 45 !

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

Simon > c'est une sorte de retour de manivelle. Les catholiques de 2006 ont l'impression qu'il est difficile de vivre publiquement leur foi, que l'aveu en est mal vu, mais c'est aussi que l'Eglise catholique s'est comportée d'une manière intolérante et antichrétienne dans ce pays pendant des siècles, et jusqu'à récemment. Je regrette toutefois que certains catholiques sincères puissent vivre de semblables avanies à celles que m'ont fait subir leurs correligionnaires.

Je ne publierai pas, pour ne pas relancer la polémique, un courriel que m'a adressé ma mère, à qui j'avais envoyé ma note et les premiers commentaires. Catholique pratiquante et fervente jusqu'à son adolescence, je peux t'assurer qu'elle a bien changé... et que la teneur de ses propos aurait fait s'envoler les commentaires... ce qui n'est pas mon but !

Écrit par : Guillaume | dimanche, 08 janvier 2006

Pour le trackback : suspense ! suspense !

Écrit par : Guillaume | dimanche, 08 janvier 2006

Oh, ne te fais pas trop d'illusions, c'est une petite note de toute fin de ouiquenne qui invite à participer au débat sur tes pages.

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

Hum hum... Il nous faudrait donc un comité de contrôle de féves de galettes dans chaque école selon vous Mr Cingal ?

Respecter la laïcité, oui, mais la, j'ai l'impression qu'on tombe dans la psychose !

Écrit par : Marione | dimanche, 08 janvier 2006

Au fait.
Je pense en effet que Simon a raison à propos de la peur des religions. Moi même j'avoue que certaians mots par exemple me font vite peur (du style "seigneur, "péchés"..).

Je pense que ça vient surement de l'éducation.

Moi même, j'ai un peu l'impression d'avoir vécu la même chose -ou quelque chose de ressemblant- que vous, Guillaume.

Le passage "certains de mes camarades catholiques étaient embrigadés par les officiants du catéchisme qui leur demandaient de harceler les incroyants et leur donnaient le mode d'emploi. Plus tard, je n'ai pu manquer d'être surpris de voir, dans toutes les classes de collège et de lycée que j'ai fréquentées, des dizaines de petits crucifix, médailles de la Vierge.." me parle beaucoup.

Voila, sur ce..

Écrit par : Marione | dimanche, 08 janvier 2006

[Colloque "Les lumières médiévales"] : A partir du mardi 17 janvier
2006 à
13h : Diffusion intégrale du colloque "les lumières médiévales" sur le
site
web "Les chemins de la connaissance" de France Culture.
L'équipe du Parlement des philosophes
www.parlement-des-philosophes.org
13:00 > COLLOQUE
Les lumières médiévales
A l'heure de la montée des intégrismes, des communautarismes, il est
nécessaire, pour la salubrité même de la pensée - par-delà les prises
de
positions passionnées - de faire retour ou tout au moins de réfléchir
sur ce
qui est souvent nommé " valeurs occidentales " ou " monde occidental ".
Sur
quel socle reposent-t-ils ? Les Lumières modernes semblent en être
aussi
bien l'origine que le fondement, accordant une place centrale à la
raison,
militant pour une égalité de tous, tout au moins quant aux instruments
de
connaissance, pour le recul de l'obscurantisme en faveur du savoir. Or,
notre modernité n'est-elle pas par-là même hantée pas d'autres
lumières, non
pas celles du seul savoir mais de la foi ? Les lumières médiévales,
fondant
la raison sur la Révélation, qu'elle soit juive, chrétienne ou
musulmane, ne
viennent-elles pas hanter notre modernité et par-là même interroger son
idéal de transparence, comme en creux de ses " valeurs " trop souvent
insues
?
Ce sera le projet de ces journées : comment articuler foi et savoir,
rationalisme et religion en tenant ferme leurs distinctions, sans
abolir
l'une des deux branches de la tension ? Quelle place peut avoir la
religion
dans la cité ? Comment articuler laïcité et pratique d'une religion ou,
plus
généralement d'une croyance, sans verser dans l'intransigeance ou le
fanatisme ?
Ces journées tenteront d'apporter des pistes de réflexion au travers
d'un
questionnement, par des philosophes, sociologues et psychanalystes
autour de
trois thèmes : qu'entendre par " lumières juives médiévales " à partir
principalement de la figure de Maïmonide ; l'influence des " lumières
d'Orient " autour d'Al-Fârâbî, d'Avicenne et d'Averroès ; la question
de la
mystique rhénane, avec Strasbourg au coeur de son apparition. Chaque
journée
sera suivie d'un débat ancrant ces réflexions aussi bien dans nos
interrogations contemporaines que dans la cité.
Nous écoutons :
- "L'invu des Lumières modernes", Jean-Luc Nancy (Strasbourg)
« Qu'est-ce que les Lumières ? » Comment reprendre aujourd'hui la
question
de Kant, aussi bien en remontant en arrière des Lumières modernes qu'en
avançant jusqu'à notre temps, qui nous demande de « nouvelles lumières
» ?
- "L'idéal d'une croyance rationnelle ?", Géraldine Roux (Strasbourg)
- "Logos et Révélation chez Grégoire de Nysse", Alain Durel (Paris)
- "Sans comment. Ibn Taymiyya et le problème des attributs divins",
Souheil
Sayoud (Strasbourg)
- "Du langage religieux au dire sacré chez Maître Eckhart ?"
Avec Benoît Beyer de Ryke (Bruxelles), Marie-Anne Vannier (Metz),
Wolfgang Wackernagel (Genève)
Comment dire l'indicible ? Le langage religieux, tentant d'exprimer ce
qui
le
déborde de toutes parts, ne doit-il pas être relayé par une autre
approche,
la voie négative, lui donnant sens par tout un travail de « déboîtement
» et
de fêlure ? La négation de toute approche positive du nom sacré
est-elle
dénuement total ou seule voie de « connaissance » du sacré chez Maître
Eckhart ?

Écrit par : Papotine | lundi, 16 janvier 2006

"Pour moi, porc et vierge Marie ne sont pas des détails. "

Mon Dieu, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils disent !

(J'arrive après la bagarre, évidemment, mais entre nous, Guillaume, je vous trouve bien léger de faire COMME SI le catholicisime et l'islam étaient deux religions interchangeables et strictement équilaventes dans ce coin du globe. Comme si la laïcité, décrétée ex cathedra il y a seulement un siècle, avait rayé d'un trait de plume 1500 ans d'histoire...)

Écrit par : Didier Goux | dimanche, 06 janvier 2008

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