vendredi, 06 avril 2007
Ma vie sur un coin de table
Franchement rarement été aussi crevé de ma vie, en plus je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de prendre les photocopies pour l'atelier de demain à la Reprographie. Faudra faire sans, quel innocent ! La force de rien, je colle ici, tout benoîtement, mon ébauche de traduction (inachevée) de My Life in a Stolen Moment de Dylan.
Ma vie sur un coin de table
Duluth c’est une ville du Minnesota qui vit du transport fluvial de minerai
Construite sur une falaise rocheuse au bord du Lac Majeur
J’y suis né – mon père y est né
Ma mère venait d’une région plus au nord le pays du Fer
Le Pays du Fer est une longue traîne de villes minières
De Grand Rapids à Eveleth
Nous avons déménagé pour aller y vivre dans la famille de ma mère
À Hibbing quand j’étais jeune
À Hibbing il y a la plus grande mine de forage du monde
À Hibbing il y a des écoles, des églises, des épiceries – et une prison
Il y a un cinéma et au lycée il y a une équipe de football américain
À Hibbing le vendredi soir il y a des bagnoles trafiquées qui roulent à fond la caisse
À Hibbing il y a des petits bistrots où on joue des polkas
Si on se trouve à un bout de Hibbing on voit parfaitement l’autre côté de la ville
Hibbing c’est une bonne petite ville
J’ai fugué à dix, douze, treize, quinze, quinze ans et demi, mais aussi à dix-sept et dix-huit ans
On m’a chopé on m’a ramené presque à chaque fois
J’y ai écrit ma première chanson, pour ma mère, et ça s’appelait « À ma mère »
J’ai écrit ça quand j’avais dix ans et l’instit m’a mis un 15
J’ai commencé à fumer à onze ans et j’ai arrêté juste le temps de reprendre mon souffle
Je ne revois pas trop chanter mes parents
En tout cas je ne me revois pas échanger des chansons avec eux
Plus tard j’ai étudié à l’Université du Minnesota avec une bourse bidon que je n’ai jamais touchée
J’étais en fac de sciences et je me suis fait recaler car j’avais refusé de voir mourir un lapin
Je me suis fait virer du cours d’anglais pour avoir injurié le professeur dans un devoir
J’ai échoué à l’examen de communication parce que j’appelais tous les jours pour dire que je ne pouvais pas venir
En espagnol j’ai réussi mais ça je le savais d’avance
Je traînais dans un foyer et j’y étais si bien
J’y suis resté jusqu’à ce qu’on me demande de devenir membre
Alors je me suis installé chez deux filles qui venaient du Dakota du Sud
Deux nuits juste dans un F2
J’ai traversé le pont gagné la 14ème Rue et ai emménagé au-dessus d’une librairie qui vendait aussi des hot dogs infects des maillots de basket et des statues de chiens
Je suis tombé amoureux d’une petite actrice qui m’a cogné dans le bide
Et je me suis retrouvé à l’est du Mississippi avec une dizaine de potes dans un squat juste en dessous du pont Washington au sud des Sept Carrefours
Voilà à peu de choses près mes années d’étudiant
Après ça en stop je suis allé à Galveston, dans le Texas, en quatre jours
À chercher un vieux copain dont la mère m’a ouvert la porte
M’a dit il s’est engagé
Le temps qu’elle referme la porte de la cuisine
J’étais déjà en Californie, et presque dans l’Oregon
Dans la forêt je suis tombé sur une serveuse qui m’a pris en stop
Et m’a laissé quelque part dans l’état de Washington
En dansant j’ai quitté la fête des Indiens à Gallup, Nouveau Mexique
Le Carnaval de la Nouvelle Orléans, en Louisiane
Le pouce tendu, tombant de sommeil, le chapeau relevé, la tête bien enlevée
J’errais j’en apprenais des tonnes
Je me faisais ma petite Dépression
Ça m’éclatait de voyager en train de marchandises
Ça me faisait marrer de prendre des gnons
Je touchais quelques dollars à couper de l’herbe
Et quelques cents avec mes chansons
J’ai fait du stop sur la 61, la 51, la 75, la 169, la 37, la 66, la 22
La Gopher Road, la 40 et la HJ Turnpike
On m’a soupçonné de vol à main armé – jeté en prison
On m’a gardé quatre heures en cabane pour une histoire de meurtre
On m’a chopé parce que j’ai une drôle d’allure
Et j’avais rien fait d’ tout ça
Dans tout ça j’ai pris le temps d’apprendre à jouer d’ la guitare
Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à chanter
Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à écrire
Mais jamais j’ai pris le temps de savoir pourquoi
J’ai pris le temps de faire ça – quand on me demande
À moi pourquoi et où j’ai commencé, je secoue la tête j’esquive des yeux et je m’en vais sans dire un mot
Après Shreveport j’ai atterri à Madison, dans le Wisconsin
De Madison on s’est fourrés à cinq dans une petite Pontiac
Et on a filé droit vers le sud direct vers l’est et 24 heures après on était encore sous le tunnel de l’Hudson
On partait dans une tempête de neige on disait adieu de la main aux trois autres, on s’est baladés sur MacDougal St avec cinq dollars en tout – mais on n’était pas pauvres
J’avais ma guitare et mon harmonica
Et lui il avait les fringues de son frère à mettre au clou
Au bout d’une semaine il est reparti à Madison et moi je suis resté
[...]
18:35 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Traduction, Ligérienne
Commentaires
Bon courage pour demain, avec Zimmermann (ou man ?)...
Écrit par : Didier Goux | vendredi, 06 avril 2007
je suis prem's pour compte rendu
http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article109
mais merci à tous, c'était vraiment une très rare et très chouette journée
me semble que ça a duré 5 minutes
photos à télécharger : me demander adresse par mail si message pas passé - à part ça : on attend les textes en retour, important !
et merci G pour ton rôle et énergie
Écrit par : F | samedi, 07 avril 2007
Très belle journée, et très vanné, d'où inécriture ! Merci beaucoup à toi & aux 30 tradacteurs. Je vais envoyer un courriel collectif aux participants qui, pour la plupart d'entre eux, ne connaissent pas Touraine sereine !
Écrit par : G | dimanche, 08 avril 2007
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