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samedi, 25 juillet 2009

Avenirs d'égotisme

.   .   .   .   Voiture doublement en panne : autant dire, des liasses et des liasses de billets dans le caniveau. Le séjour, toutefois, continue (et je continue de n'écrire pour personne).

Hier matin, outre l'achat d'un panachage de textes contemporains traduits de langues diverses pour ma mère à "Brouillon de culture" (quel nom de librairie, et quelle piètre librairie d'ailleurs*), j'ai acheté plusieurs livres de poésie dans une merveilleuse librairie d'occasion, près de la place Saint-Sauveur -- notamment L'Âge de craie de Pieyre de Mandiargues, en NRF-Poésie : j'en ai beaucoup lu hier, et je me demande si ça ne me plaît pas plus encore que ses textes plus tardifs (Porte dévergondée par exemple). Du point de vue des proses poétiques, en voici un qui, comme Gracq, a subi l'influence de Rimbaud et Breton, mais s'en est affranchi de manière beaucoup plus joueuse, et tout simplement moins ennuyeuse (sujets et rythmes). Bon, je n'ai jamais été très adepte de Liberté grande, mais tout de même, je crois ne pas écrire n'importe quoi, pour le coup. C. a acheté une anthologie de poésie espagnole contemporaine, et, rien qu'à la feuilleter, il me prend des frénésies de découvertes, des boulimies d'achats, des regrets de ne pas connaître l'espagnol.

Sinon, cela fait plus de deux jours que j'ai fini de lire Le Miroir qui revient et que je voudrais, sans l'avoir fait encore, noter dans ces carnets quelques passages marquants. Au reste, voilà quelque chose que je songe souvent à faire et ne fais presque jamais. Velléité**, tel est mon maître mot. On pourra inscrire sur ma tombe le distique fameux (ou est-ce fumeux ?) :

Lui qui fut si velléitaire

Désormais va devoir*** se taire.

 

 

Pour me faire mentir, autant que me secouer la couenne, je copie ci-après, tout de même, un passage du Miroir qui revient (p. 208) :

Tout cela c'est du réel, c'est-à-dire du fragmentaire, du fuyant, de l'inutile, si accidentel même et si particulier que tout événement y apparaît à chaque instant comme gratuit, et toute existence en fin de compte comme privée de la moindre signification unificatrice. L'avènement du roman moderne est précisément lié à cette découverte : le réel est discontinu, formé d'éléments juxtaposés sans raison dont chacun est unique, d'autant plus difficiles à saisir qu'ils surgissent de façon sans cesse imprévue, hors de propos, aléatoire.

 

 

* Sujet de composition philosophique : comment un libraire qui appartient à un réseau de librairies dites "de qualité" peut-il afficher des posters vantant Anne Gavalda ?

** Une prime coquille donnait à lire : "Veilléité". Le veilleur velléitaire, voilà qui m'irait assez bien (avec la pointe de grandiloquence auto-ironique que les sots ne comprendraient pas ?).

*** (Ou est-ce "pouvoir" ?)

 

mercredi, 22 juillet 2009

Coupesarte

Je n'y suis

Manoir de Coupesarte, Calvados, lundi 20 juillet 2009.(hélas) pour personne.

lundi, 20 juillet 2009

De l'importance des italiques

Le Passé m'attend sur ma table de chevet.

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Fendaison

Lors de l'un des trois ou quatre séjours que je fis à Cambridge entre novembre 1995 et mai 1996, l'émotion esthétique la plus forte fut, sans conteste, la visite de St John's, avec ses couloirs mi-obscurs, ses enfilades de quads, ses grenadiers, ses voussures. À l'époque, je pris peut-être huit ou neuf photos, le comble de la débauche en ces temps argentiques.

En lisant les pages que Valery Larbaud consacre dans son Journal, en octobre 1919, à son bref passage (dans le cadre de ses recherches sur Samuel Butler), "a peu que le coeur ne me fend"*.

"Bon, mais il faut partir." **

 

* Villon

** Larbaud, p. 541

dimanche, 19 juillet 2009

Centon caennais

La Madone du futur.  ¤ Patti Smith, land 250. Canisy. Picasso et les maîtres. Qu'est-ce que l'art abstrait ?  ¤¤¤¤¤ Nous qui désirons sans fin. L'invention de la nature. Les Jardins. La porte des Larmes.  ¤¤¤¤¤¤¤¤¤ Emaux du Moyen-Âge occidental. Alfred Hitchcock.  ¤  Nouvelles du monde.  Adios. Chronique de la ville de pierre. ¤ Avec le temps. Léger. Walter Benjamin, une vie dans les textes. Entrée en matière. ¤¤¤¤¤ Les étoiles froides. Les cinq sens. Lipstick traces. L'hérétique. ¤¤¤ Journal. Jane Austen et le révérend. Avedon An Autobiography. ¤ Picasso et les maîtres.

Nourri, parcimonieusement

L'an 2000 appartient au présent.

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Dans le salon de la maison caennaise, attablé assez inconfortablement à une grande table qui sert de bureau et où sont empilés en vrac documents, papiers et ouvrages divers (dont une demi-douzaine de catalogues raisonnés qui me font sérieusement de l'oeil), je pianote, tandis que la sieste des uns suit son cours, et les élucubrations fantasmatiques de tel autre.

(Longtemps, j'ai aimé les hyperbates : Il est mort, et ma mère.)

 

Je n'ai plus de lecteurs, donc je n'ai plus à me contraindre, à me sentir forcé de rien. Un faible rayon de soleil perçant la froidure, je lézarde en hibernation normande, et me laisse aller. Sur ma gauche, il y a trois livres : deux que je lis en ce moment (Le miroir qui revient et La fille qui hurle sur l'affiche), et un dont je n'ai toujours pas découpé les pages : Canisy de Jean Follain.

(Longtemps, j'ai hésité à accumuler plusieurs séries de deux-points dans une seule et même phrase. Longtemps, je n'ai pas su que couper les pages d'un livre se disait "découronner". Je n'ai plus de lecteurs, à quoi bon me forcer.)

 

Propositions relatives ! Mais tout est relatif, surtout les craquements de l'escalier, l'encombrement de l'évier, le noisetier quasi centenaire qui fait se disjoindre les briques de la murette. Tout relaie, tout dilue. Tout se dilate, les yeux défalqués en flaques quand on pleure pour rien (pour ne rien dire). Caen est une ville attachante, mais mes maigres souvenirs de l'été 1983 (peut-être) ne m'y avaient-ils pas soudé ? Faut-il être soiffard, tout de même... Toi, là-bas, tu rigoles. (Eden, Hadès, même combat.)

Souhaiter que la sieste d'Oméga dure. Qu'Alpha en marchant élucubre.

(Longtemps, j'ai aimé les rimes internes.)

((Les assonances.))

 

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Le jeu n'en vaut plus la chandelle, l'an 2000 est encore loin.

 

 

Tempus fugit

Cadran solaire. Abbaye de l'Epau. Le Mans, 18 juillet 2009. & pas vraiment,

pourtant..........................

jeudi, 16 juillet 2009

Sans fard

.         .        De temps à autre, les grêlons viennent nous rappeler que l'éphémère aussi dure.

 

21:41 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 15 juillet 2009

What's in a name ?

.        Dans l'exemplaire de La Reprise que je vais rendre aujourd'hui à la B.U. se trouvaient, outre la classique fiche de format A6 portant mon nom et les conditions de prêt, deux fiches semblables, l'une entre la couverture et la page de faux-titre, l'autre entre les pages 108 et 109, et toutes deux au nom de Kasereka Mutisyano.

Sur ces fiches de format A6, qui ne sont insérées que dans les ouvrages archivés en magasin et commandés par voie informatique, je gribouille souvent des notes prises en cours de lecture, des numéros de pages, tout un système d'abréviations dont je ne fais rien en général, si ce n'est garder les dites fiches dans un autre livre une fois restitué l'ouvrage emprunté. Ainsi, il peut m'arriver de retrouver, dans un volume de poèmes italiens, une fiche attestant que j'ai lu -- et même griffonné quelques notes à ce propos -- telle pièce de théâtre russe du dix-neuvième siècle.

Trouver, dans un roman qui n'est (assez pesamment d'ailleurs, à sa lynchienne façon) que sosies, doublures, échanges, transferts de personnalité et surtout vertigineux dédoublements narratifs, deux fiches signalant que la même lectrice (car le nom de Kasereka Mutisanyo me semble indubitablement féminin, quoique plus douteusement japonais) a emprunté ce livre consécutivement les 21 février et 6 mars 2003, a de quoi troubler un pauvre dément de mon espèce. Cela m'a aussi rappelé un épisode de mes premières années tourangelles : au printemps 2004, interrogeant un trinôme de classes préparatoires (activité dans laquelle je m'étais laissé embarquer pour dépanner une amie mais que j'ai abandonnée après dix mois, tant les "colles" sont répétitives et ennuyeuses), j'avais échafaudé tout un univers romanesque formel autour du seul nom d'une des candidates : elle se nommait Silithone Phothirath, et était, de surcroît, très jolie.

Les noms Kasereka Mutisyano et Silithone Phothirath ont en commun (outre leur caractère censément évident d'étrangèreté orientale) leur léger déséquilibre numérologique, qui est ce qui les rend particulièrement obsédants pour moi :

Silithone Phothirath : 9 + 10 = 19 (nombre premier de rang 8)

Kasereka Mutisyano : 8 + 9 = 17 (nombre premier de rang 7)

 

Il se trouve, après quelques rapides recherches, que le nom trouvé en double exemplaire dans La Reprise ne serait ni japonais (ce qui, effectivement, me paraissait sujet à caution), ni féminin : il s'agit, selon toute probabilité, d'un nom d'homme africain, peut-être congolais ou rwandais. Ce qui complique l'enquête, c'est que Kasereka, placé sur les deux fiches en position de prénom, semble plutôt être un patronyme : c'est notamment le nom du garde du corps qui assassina, en 2001, Laurent-Désiré Kabila. Le Service Commun de Documentation s'est-il trompé en inscrivant l'étudiant aux nom et prénom trop exotiques pour être distingués l'un de l'autre ? Pas forcément : il existe au moins un chercheur africain, spécialiste d'ailleurs de Valentin Mudimbe (qui est auteur d'un roman que j'iame beaucoup, intitulé L'Ecart (ça ne s'invente pas)), et dont le prénom est Kasereka (le patronyme Kavwahirehi).

Nul doute que Robbe-Grillet aurait pu tirer un roman fort habile d'un tel écheveau...

 

mardi, 14 juillet 2009

Faire (toujours) l'épître

Les coups du feu d'artifice claquent dans le ciel, & j'essaie d'imaginer ce que voient d'autres yeux que les miens, là bas près du pont Wilson.

Je me suis relevé, ai installé l'ordinateur (dont la batterie a une autonomie de plus en plus restreinte) au salon, près du bouquet de roses apporté hier par les D***, et, après avoir lu quelques-uns des poèmes en prose d'Abbas Beydoun (dont le volume fait partie de mes emplettes de jeudi dernier et de l'une des piles que je n'ai pas décrites), je m'imagine, comme des coups de vent qui claquent sous les nuages, les ondées de couleurs et les fontaines sur la Loire de ce feu d'artifice du 14 juillet, me demandant ce que voient d'autres yeux que les miens, là bas près du pont Wilson.

Toujours pas eu de calme "isolé" pour écouter les trios de Dvorak -- en revanche, j'ai vu (vingt ans après sa sortie, mais sur le petit écran) Un monde sans pitié, dont Christoph H. (mon meilleur ami des années de lycée), très sous influence Jarmusch, disait alors le plus grand bien. Jadis et naguère...

 

(À tel propos, je "revivifie", en la ressuscitant, une rubrique qui n'avait aucunement cette fonction.)

 

Elle a 24 heures

Arrivée le 13, avec

l'

immense joie d'

élaguer la

neige

roulent les sourires.

 

16:02 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 13 juillet 2009

Chair de poule

Dimanche matin, le sax de Griffin s’envole sous les nuages.

 

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Elle avait « un véritable tempérament d’artiste », comme disent de certaines pianistes et mezzo-sopranos les rédacteurs de certains journaux mondains, à la suite de certains concerts de bienfaisance. (J’en ai la chair de poule rien que d’y songer.)

Carlo Emilio Gadda. La Madone des philosophes, traduction de Jean-Paul Manganaro. Seuil, 1993, p. 119.

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Vendredi soir, le livre de Gadda (un autre livre de Gadda) était tombé dans le gravier, cour du musée du Gemmail. Les martinets s’en donnaient à cœur joie, et désormais il fait lourd dehors. Ni merles ni martinets.

dimanche, 12 juillet 2009

Zi/ ni/ ka

Pluie fraîche d'été, qui réveille la verdure des néfliers.

 

Ce dimanche (trois semaines après avoir écrit ici la dernière fois (décidément, un ressort s'est, depuis longtemps, rouillé, sinon brisé)), j'aurais voulu faire l'inventaire des piles de livres en cours de lecture ou à lire sous peu : trois piles à la chambre, une au bureau, une dans le salon -- sans compter les ouvrages que nous ont offert C. et D. le 30 mai pour éveiller en nous le goût des choses normandes, et aider à préparer le bref séjour que nous allons faire dans le Calvados, berceau de mes ancêtres, comme le veut la formule.

En fait, le Calvados n'est pas seulement le berceau de mes ancêtres, de toute ma famille paternelle jusqu'à la génération de mes grands-parents (qui sont encore en vie, mais demeurent à Saintes). De Tours à Caen, nous passerons par la forêt du Cinglais, qui doit son nom à un village d'où est issu mon patronyme.

Malheureusement, le manque de temps m'a empêché de trouver à lire certains des écrivains ou poètes qui ont marqué cette région, et, plus particulièrement, pour ce qui est du Cotentinois, Jean Follain (Canisy, acheté depuis plusieurs années, traîne autant qu'il trône sur l'une des piles sus-mentionnées), Michel Besnier, Alexis Salatko et Loïc Herry. Pour ce dernier, les délais d'acheminement des ouvrages via la fière Amazone sont trop longs pour espérer combler les lacunes.

 

------ Je dois me retenir pour ne pas faire dériver cette notule vers la rubrique William At Work (WAW), tant les divers soucis professionnels m'obsèdent encore ces jours-ci ; je ne prendrai officiellement congé de l'université que le 16 au soir, et dois passer une bonne partie des trois jours ouvrables aux Tanneurs. -------

 

Il pleut encore un peu. Larges flaques sur la table carrée de métal. Les ombellifères reverdissent. Larges flaques sur le couvercle du bac à sable. Il pleut encore un peu. Regardant la pluie, se plonger dans la poésie d'Elisabeth Barrett Browning, la photographie, les discussions douces, la lecture, l'écriture -- dans quoi se perdre ce dimanche ?