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mardi, 25 octobre 2011

Exister est un plagiat : 19 et 54

19

 

Ce n’est qu’hier, seulement, que j’ai raconté douze journées partiellement imaginaires de ma dix-neuvième année. Qu’attend-on de moi ? que je recommence ? n’en ai-je pas assez fait ? n’ai-je pas déjà assez de paragraphes, de palimpsestes aux basques ?

Hein, que veut-on que je raconte ? Pourquoi tel regard noir me donne-t-il à penser que je n’ai pas assez parlé, dans ces pages, de ma famille ? Dois-je vraiment raconter cette journée du 14 février 1993 où nous avons enterré mon arrière-grand-mère, qui était atteinte depuis deux ans, la pauvre, de sénilité (elle si intensément tout au long de mon enfance – ce regard absent !) ? Non.

Ou le 21 janvier, quand j’ai appris, par téléphone, la mort de ma grand-tante, Thérèse, la sœur aînée de ma grand-mère paternelle, pieuse et aveugle ? Pour cette fois-là, je me souviens précisément de toute la soirée, car C*** m’a raconté des choses très belles et très dures, sur ses deuils à elle.

La mémoire est une bête curieuse.

Et ce n’est pas un animal.

Ni un supplément d’âme.

Juste un ressort.

 

 

54

 

Novembre 1991. Il y a eu, ce mois-là, un des très rares week-end où je ne suis pas rentré chez mes parents. En un jour, tantôt sur le lit, tantôt dans l’un des confortables fauteuils orange mais recouverts d’un drap blanc, j’ai lu Vous m’avez fait former des fantômes, que mes parents m’avaient offert pour mes dix-sept ans.

Pas sérieux. Décembre. Avant le Nouvel An, j’ai écrit un texte en fragments, La Mort d’Hervé. Décembre. Avant. Un soir, au Jean-Vigo, cinéma avec Laurence (Lady for a Day de Capra).

Janvier et ses ardeurs. Coup de chauffe, malgré l’hiver bordelais : me voilà premier au concours blanc. Quelle blague. — Février. En dix-huit mots, je ne retiendrai rien. Si : L’Inquisitoire. Que je n’ai pas lu en un jour. — Mars. Je vais au cinéma avec Stéphanie, ris bruyamment, comme un gros rustaud (Delicatessen, revu depuis, trouvé mauvais). — Avril. Nos nouveaux cours de philosophie – sur l’esthétique, l’art et les questions de la représentation – sont un choc. — Mai. Tout le mois, je me gave de cerises, entre autres, et j’écris Sempiternel, quand je fus mort. — Juin. Tout est parti d’une passoire et d’un prétexte fallacieux, emprunter un Gaffiot je vous demande un peu. — Juillet. Est-ce fin juin que je lis Fiesta (The Sun Also Rises) de Hemingway – fancy a coupla drinks? — Août. J’écris des textes de chansons, le ridicule ne tue pas, et j’ai toujours très bien survécu. — Septembre. Les deux chansons qui marquent, à tout jamais pour moi, cette rentrée, sont Sacré géranium et L’Antéchrist. — Octobre. Faut l’accepter, c’est pas surprenant, tout de même, la vie, eh bien la vie n’est pas facile.

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