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jeudi, 23 mai 2013

13021 — 18060

Que cela soit décousu ne lui importe pas, du moment que ses lectures (Guillevic, Thackeray, Chevillard, John Cowper Powys, Kafka) le tiennent éveillé, et maintiennent, dans une certaine forme de cohérence abrupte et effilochée, l'ensemble du texte, ce qui ne manquera pas d'advenir s'il se contraint à écrire un peu chaque jour, ou chaque semaine, mais, pour cela, il faudra disposer d'une connexion, même pendant l'été. Il ne s'en inquiète pas, toutefois, et pianote, va creusant son chemin en pianotements, tapotements, piaillements, pépiements dont inévitablement il finit par songer que ce sont des trilles, et comme il s'ennuie atrocement en écoutant la Rapsodie espagnole de ce raseur de Ravel, il poursuit ses pianotages, tapotages, pinaillages dont inévitablement il finit par s'aviser que ce sont des babillements au bord du ratage. Il lui a fallu cinq heures, et non vingt-huit minutes comme l'indique erronément l'afficheur du site, pour laisser décanter cette pauvre phrase, ou était-ce une pause stratégique, on ne le saura pas, et on le regarde désormais tapoter sur les touches du clavier avec ferveur, avec deux doigts mais avec ferveur, les lèvres pincées par un ridicule qui ne tue pas mais avec ferveur, presto ma non troppo mais avec ferveur. Tout de même, il va parvenir (le jour même où il s'est surpris, pour avoir trouvé (chemin (mal)faisant) une allusion à Trouville, à regarder ses photographies de l'hôtel Flaubert) à reprendre ce texte, lequel, n'en doutons pas (nous qui disons alternativement «nous» et «on» pour ne pas brusquer le lecteur tapi dans les buissons), finira par s'étendre sur des dizaines de pages, un véritable et définitif texte sur rien.

Donc ce texte ne raconte rien, ou, parlant de tout et de rien, n'est un texte de rien, une fatrasie même pas drôle, mots jetés au vent, en pâture aux pourceaux (lesquels n'aiment rien tant que les perles et rien moins que la fange dans laquelle, grognassant d'une humide narine, ils cherchent ces mêmes joyaux d'un air mi-fouailleur mi-querelleur), envolées de harpes qui n'ont pas la moindre finalité, foirade pour rien. Le lecteur, donc, décrit comme un fauve tapi dans les fourrés (à moins qu'il ne s'agisse d'un timide oiseau caché là pour échapper à la vindicte de la harpie comme aux serres de l'autour), sent le livre le happer, ou, pour mieux dire, il ne peut se retenir, ensorcelé par une musique sinueuse et envoûtante, de jeter les bras hors de son abri, voici tout son corps qui s'extirpe de la terre nourricière, son sort réglé. (Dans la précédente phrase, on ne manquera pas (on n'a pas manqué) de remarquer que les accents debussystes ont appelé le glissement du faune vers le fauve, et, quoique la reprise du texte sur rien (texte pour rien (nommez-le comme vous voulez (son titre provisoire n'est-il pas 420*420?)) ou «de rien») ait eu lieu au petit matin, la continuation de cette reprise en matinée aussi, de noter la prégnance d'après-midi.)

Et qui est donc ce lecteur qui, c'est bien le diable (quoi? le lecteur est-il le diable? voilà qui ne manquerait pas de piquant (comme la ronce: elle fronce ses mûres pour mieux vous cueillir dans sa toile)), accepterait même, ou c'est du moins ce que prétend l'auteur du texte, de lire, si longue et pesante (piquante?) soit-elle, la description minutieuse de la mug dans laquelle il (l'auteur) boit ses cafés matinaux? À raison de trois minutes pour chaque phrase, le pianiste (on tente ici une sortie, une diversion, même) était tout à fait prolifique dans son minimalisme, tant et si bien que, son vaste appartement désert finalement surpeuplé de silences abstraits absolument sublimes de densité et d'extraordinaire majesté, il suffoqua, et qu'on le trouva, étouffé, la tête écrabouillée contre son clavier, comme dans un mauvais polarIl existe, à Angers, un magasin de bijoux fantaisie, dans lequel je n'ai jamais mis les pieds, mais dont le nom me frappe à chaque fois que je me rends à mon travail (je suis libraire (c'est le lecteur qui écrit ceci (le lecteur est donc un libraire qui se tapit dans les buissons), mais qui dénoncera l'auteur des parenthèses?) à Angers), parce que le premier terme du nom ne me semble avoir aucun sens: Mars'O & Inès.—Peut-on gager, juger, supputer que le pianiste est mort, comme dans un mauvais polar (on l'a retrouvé étouffé, la tête écrabouillée contre son clavier), d'en avoir trop su, et, notamment, d'avoir deviné le sens caché, farouchement énigmatique, du premier terme (Mars'O), de sorte que, tout en écoutant (tapi) les Sirènes de Debussy, le lecteur comprendrait que ce texte pour rien, cette foirade est bel et bien un polar?

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle embrouille, abrase et noie tout le bastringue dans son murmure de bruyante cascade, pensait le lecteur réfugié (tapi) dans son buisson certes épineux ou piquant (piquant), et tout en niant être happé (envoûté) par ce récit sur rien, texte pour rien, il se plaignait de l'embrouillamini (allons, douze phrases!) et des douleurs buissonneuses (hé, c'est du fragon, pas du houx!).

04:58 Publié dans 420 * 420 | Lien permanent | Commentaires (0)

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