dimanche, 30 juin 2013
Notes, à la table carrée de métal noir
J'écris dehors. Il fait encore (bien) jour.
J'écris dehors, pour la première fois de la saison, si peu avant de partir, à la table carrée de métal noir.
La ville est un raffût.
La ville (même ici — surtout ici (dehors)) est un chambard. Merles, certes, grenouilles, mais surtout grondement ininterrompu de véhicules dont le son me parvient de la deux fois deux voies.
Vivre en ville me semblait quelque chose d'atroce, enfant ; je ne suis pas certain d'avoir tout à fait changé d'avis.
Omissions. Le prunier a beaucoup forci. Quand le réverbère s'allumera, je ne pense pas pouvoir, comme les autres années, lire à sa lumière, sous le prunier.
La ville (même ici) a ses verdures, contraint de faire, autant que possible, pousser arbustes, buissons, arbres.
Trille du merle à l'instant, bonsoir.
La ville est un raffût. ——— Questions. Ce matin, en surveillant Oméga cycliste, j'ai lu, sur le rond-point, les quatre premiers chapitres des Lieux-dits.
Bergounioux aussi me raccompagne (ses carnets (: son journal)).
22:23 Publié dans Moments de Tours, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
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« De tout temps, l’homme s’est penché sur la femme. »
Ainsi ironisait le professeur de philosophie de C***, pour se moquer de certains débuts de dissertation à proscrire.
17:09 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans la mire !
Dans la mire.
Dans la mine.
Pleins feux sur les yeux du cyclone !
Je bois mon café (réchauffé) à une tasse pseudo-bosselée (cabossée ?), que mes fils — elle porte une inscription en lettres bleues près de l'anse porte-cuillère — ont gagnée lors de la kermesse, vendredi.
Ça scintille dans la mire !
Ça luit dans la mine !
Un regard reluit-il, l'œil reluque, tant pis pour le père Paul.
On fouille dans les vieux papiers avec des humeurs de fouine, des gestes empressés de furet, le poil blond à refléter d'anciens soleils.
Dans la mire... dans la mine !
Au fond du trou, et pour longtemps.
09:07 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 juin 2013
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Au moment où, les soucis ayant cerné de toutes parts cet homme velléitaire, s’enfoncer dans la tourmente lui parut le geste le plus noble, il se souvint qu’on ne retient jamais, des naufragés, que leur visage bleu aux rides hideuses, leur face de schtroumpf malveillant.
16:50 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 juin 2013
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Jeunesse enfuie. Cut dans les bus. Cut de cinéma, cut de folie. Moments bondés. Presse étrange des citrons humains. Foire d’empoigne. Moignons aux centaines de peaux, lourdes, épaisses, un hiver de saignements. Foire encore. Une terrible nuit s’abat sur le monde, mais ça ne dure que quelques secondes. Le reste du temps, l’allégresse, la joie, la liesse. On cuit les concepts au bain-marie. Cut de cinéma dans les bus bondés. Cut de cinéma dans le bus désert. Couinements du sac jaune. Un cut. Une averse. Des rafales de passants fades. Enseignes des coiffeurs sur le cours de la Somme.
16:50 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 juin 2013
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Les fâcheux prirent la tangente, mais pour monter sur le trône. Lente procession filmée. Ne resta qu'un amas calciné de cendres, mon corps et mon esprit anéantis.
22:03 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 juin 2013
╔
21
Dans son Journal, aux années d'homme jeune, Pierre Bergounioux raconte les maux de l'enfance, les maladies des enfants, garçons tout le temps malades, temps et énergie perdus à cela, va-et-vient incessants chez le médecin, le pharmacien, l'inquiétude, souffrance et souffretosités — pages du volume jaune dans lesquelles, faut-il dire, je me reconnais le plus.
22:04 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 juin 2013
╚
20
Les mots se sont échappés. Comme souvent. Le temps de quelques gestes intermédiaires, sans importance, habituels, la formule s'est évanouie. Il se retrouve face à l'absence d'aphorisme.
21:51 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 juin 2013
¶
19
Relisant depuis quelques jours (en vrai garde-malade d’un début d’été totalement hivernal — entre les fioles, les nausées de l’un, les vomissements de l’autre) Ponge, Gracq et Michaux, dont certains textes que je n’avais en fait jamais lus (L’Ecrit Beaubourg de Ponge, par exemple, ou Emergences-Résurgences de Michaux), je m’avise d’une véritable parenté — par-delà les différences de façade et de phrasé — entre leurs démarches respectives, ce que l’on pourrait nommer, au tréfonds, leur style. Et je m’avise de ce qu’une telle parenté a de fâcheux, dans mon domaine. La messe dite.
13:29 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (2)
Tchernobylisation
Le fier Buffalo Bill
Avait l’esprit rebelle.
C’est vraiment Tchernobyl
Autour de la poubelle !
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dimanche, 23 juin 2013
∟
18
Le Minotaure entre toujours, tôt ou tard, dans l’arène, et, foulant le sable du labyrinthe de buis, détruit tout, déchire les topiaires, se fraye un chemin, a toujours partie gagnée d’avance, de sorte que le mythe n’a plus rien à envier aux pires calamités de bastringue, aux opéras gavottes dénués de toute signification que jouent, dans la rue, les mendiants aveugles sur leur orgue de Barbarie, ni à ces devantures éclatées, vitres désespérément sales, où l’on vend, pour de faméliques quidams confits dans leur anonymat, de sales vestes rapiécées en reps et des habits en serge brune de Dorchester.
17:26 Publié dans À neuf les terres inondées, Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
Retour aux quatrains
Ô que ma plume altière
Embrase cet Oronte...
— Où est donc mon Ghesquière ?
— Pas dans le mastodonte !
15:23 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 22 juin 2013
←
17
Pour qui l’on se trouve à jouer le rôle du fâcheux, il y a des dégâts à redouter, en contexte anecdotique comme dans les relations de travail.
17:26 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 21 juin 2013
→
16
Pour qui on se trouve en situation de fâcheux…
17:26 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 juin 2013
↓
15
Peut-être que je confonds tout, mais, si j’ai bien lu cette pièce à l’âge de huit ou neuf ans, c’est dans la foulée que j’ai joué moi-même des pièces inventées on the spot, toujours improvisées en alexandrins. (Très impressionné, au sens photographique du terme, par les films que l’on regardait en famille par la grâce du magnétoscope Betamax, je découpais aussi les journées les plus banals, dimanches dehors ou mercredis pluvieux, en séquences cinématographiques.) — J’ai le souvenir très précis d’avoir, là encore vers huit ou neuf, ans, tapé à la machine à écrire (la petite Lettera 32 que mon père nous avait prêtés, ne se servant plus que d’un plus colossal appareil) quelques scènes en alexandrins d’une sorte de comédie sans queue ni tête. Seule véritable réminiscence, un des quatre cinq personnages se nommait Deffailles.
17:27 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 juin 2013
↑
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Les Fâcheux se trouve être, je pense, avec Dom Garcie (j’espère ne pas estropier le titre – la tragi-comédie en question n’était jamais mentionnée que pour en souligner l’échec cuisant), la pièce de Molière la plus inexistante : jamais jouée, jamais étudiée, jamais commentée, jamais même évoquée au passage. Or, dans les années quatre-vingts, on pouvait trouver, dans une maison d’instituteurs, un exemplaire bon marché, scolaire, de cette pièce… et un gamin n’y comprenant goutte, lire ces alexandrins. Ce fut pourtant déterminant.
17:28 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
La surnotation au bac (épisode Orléans-Tours)
Pour ceux qui n'ont pas suivi le film, voici l'“affaire” dont la presse nationale fait ses choux gras depuis hier :
En raison des piètres résultats de leurs élèves au bac 2012, les professeurs de lettres de l’académie d’Orléans-Tours sont appelés à surnoter l’édition 2013… Quitte à trafiquer le barème en notant l’épreuve orale de français sur vingt-quatre points au lieu de vingt.
Des enseignants ne décolèrent pas à ce sujet, leur agacement se ravivant à l’approche de l’épreuve de français de première programmée mercredi. Dûment chapitrés dans leurs lycées par leurs inspecteurs pédagogiques régionaux entre octobre et novembre, ils se voient reprocher leurs notes de l’année précédente jugées «trop mauvaises»: «Vous allez devoir faire preuve de davantage d’indulgence pour le bac 2013» et votre «attitude de notation est négative» leur lance-t-on.
Pour les inspecteurs, c’est un problème de correcteurs qui expliquerait - au moins en partie - les «piètres» résultats au bac de l’académie d’Orléans-Tours. En 2012, avec 83,3 % de réussite à l’examen, elle se classe 22e académie de France, juste avant Nancy-Metz, Amiens et Créteil, un point et demi en dessous de la moyenne nationale.
(Source : Le Figaro)
Plusieurs remarques (copiées-collées de mes interventions sur Facebook) :
1) Je suis surpris que la presse nationale monte cette histoire en épingle, étant donné que cela fait 20 ans que tous les instructions, consignes et barèmes vont dans ce même sens. Les profs de maths ont des barèmes sur 23 ou 25 depuis des années. Les profs d'histoire sont tenus de mettre 4 points sur 10 à une question préparée en 2 heures même si la réponse fait 3 lignes et contient 1 des 5 concepts censés être maîtrisés. En LV, on met la moyenne à des lycéens qui ne savent pas construire une phrase de niveau 5ème. Etc., etc.
2) La réunion d'harmonisation de l'académie d'Orléans-Tours dont toute la presse nationale fait ses choux gras n'est qu'une des centaines de réunions annuelles dont le seul objectif est de donner le bac ou la Licence à tous ceux qui la passent.
3) Tout est question de moyenne. La seule chose qui importe, pour le système, c'est qu'il n'y ait pas plus de tant de % en-dessous de 10, qu'il y ait bien tant de % au-dessus de 14 etc. Si un nombre suffisant de correcteurs se mettaient d'accord pour respecter, à l'excès même, les barèmes, mais en inversant totalement (c'est-à-dire en mettant 6 aux copies qui méritent 16, et 18 aux copies qui méritent 4), on aurait un beau foutoir, avec tous les gentils fils de nantis collés au bac et tous les bolosses avec mention TB. Franchement, ça vaut le coup d'essayer.
Je garde pour la bonne bouche le commentaire d'un « fils d'inspecteur académique » anonyme sur le site du Point :
« Que de la gueule
Arrêter de faire vos indignés. Le Bac n'est plus comme il y a 10 ans, de nouveaux programmes font leur apparition. Des lois de probabilité qui il y a 10 ans encore n'existaient pas. Mais cela est dans l'éthique et dans la conscience propre du professeur à critiquer tout le temps. Vous critiquez même vos supérieurs hiérarchiques. Vous critiquez tout de A à Z. Vous critiquez tantôt le bon fonctionnement de notre ministère de l'éducation nationale, tantôt les programmes, les élèves etc. , cela n'en finit jamais. Vous déballez votre désarrois et tout ce qui en passe, or devant les inspecteurs académiques vous ne ferez rien, vous ne direz rien, car vous n'aurez jamais le dernier mots car vous devez appliquerez ce que l'on vous demande. On ne discute pas les ordres d'un supérieur hiérarchiques, car vous votre mission n'est encore une fois QU'APPLIQUER ce que l’on vous demande. Il faudrait parfois vous remettre chères professeurs à votre place mais des gens qui eux font leur travail correctement comme mon père qui lui-même est inspecteur académique a d'autre chats à fouetter et lui au moins fais ce qu'on lui demande et cela correctement. Merci.
Un fils d'inspecteur académique. »
C'est cohérent. À force d'appliquer les règles de la déculturation généralisée, les IPR et les IA ont des fils qui confondent infinitif et indicatif, et qui peuvent écrire "vous devez appliquerez".
En résumé, il faut arrêter de feindre la surprise. J'enseigne à l'Université depuis 1997, et cela fait au moins quinze ans que l'on attribue le diplôme de Licence d'Anglais à des étudiants incapables d'aligner trois phrases en anglais, et pas seulement pour parler de la Guerre de sécession ou d'un roman de Dickens: la plupart d'entre eux ne parviendraient pas à demander leur chemin dans une ville du Royaume-Uni. Pourquoi ? parce que la compensation totale entre les matières (et entre les semestres) a été imposée ; parce qu'il est interdit d'avoir des notes éliminatoires ; parce que les autorités de tutelle ne cessent de faire pression sur les équipes pédagogiques pour augmenter le taux de réussite. Au bilan, seuls les étudiants qui ont une mention à leur Licence ont un diplôme qui signifie quoi que ce soit ; les autres ont un joli chiffon de papier dont seuls leurs parents ou les journalistes de la presse nationale pensent qu'il a une quelconque valeur.
09:47 Publié dans Chèvre, aucun risque, WAW | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 18 juin 2013
↨
13
Il m’est difficile de le dire – car, vers huit ans, je fus embringué par ma sœur dans une réécriture très brève et futile de L’Avare (que nous avions vu en film, dans la version avec Louis de Funès) – mais je crois que le premier Molière que j’ai lu n’est autre que Les Fâcheux. Je revois fort nettement le petit livre, une sorte de clone approximatif (brun ou sépia) des vieux Classiques Larousse, et me revois lire cette pièce, en n’en comprenant que très partiellement le langage, la situation et l’enjeu, dans la maison de mes grands-parents, à Saint-Pierre-du-Mont.
Item.
17:28 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 17 juin 2013
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12
Item. Je me fâche, bien sûr, et ne décolère pas. Ça n’a pas le sens commun, mais ainsi suis-je fait, me dis-je. Maudit je.
Donc la fâcherie serait mon élément substantiel ? Je ne le crois pas, toutefois.
Prendre des gants, comme je le fais, n’est-ce pas le signe d’une gêne qui en dit long ?
17:29 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 16 juin 2013
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11
Et aujourd'hui, pour la fête des pères, j'étais tout de gris vêtu, mais, en ville, sans que ce soit trop incongru, avec mes souliers en daim bleu.
18:17 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 15 juin 2013
Dix distiques ribéryens “culturels”
Les dix mots-rimes imposés proviennent du jeu
proposé chaque mois par le Ministère de la Culture.
Si que Zahia ça n'a pas vraiment ma fiancée
Qu'à la braguette elle est bonne pour ambiancer.
Retraite qu'il est depuis longtemps Luis Figo
Qui me courit le poil à tire-larigot.
Roux qu'être le Paul Scholes plus encore un vari
Et public mancunien on a charivari.
Golri que Hugo m'ont dit ç'a s'a dit rigole
Et j'ont lui a dit ç'a été la faribole.
Endroit que j'aime bien soutenir les Merlus,
J'ai allé à Lorient peuplé d'hurluberlus.
J'avons dit Hugo qu'il a totalement ouf
D'achetir son iPod Darty pas de Surcouf.
On a dur journaleux dire que s'enlivrer
Je ne pas risque trie le long grain et l'ivraie.
L'autre jour que je suis la télé éteint Bré
-sil/France et que trouvu ça foot nul et timbré.
Qu'à Knysna nous le bus qu'avoir grosse cohu
Et des vuvuzelas faisir tohu-bohu.
Golri-je que vanné et bogoss et que gag
Si mon art poétique il a bien en zigzag.
.
21:33 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
§
10
Les chaussures noires bon marché de chez Labarrière, à Dax, que j'y avais achetées au printemps 1995, peut-être, étaient quasiment les protagonistes du premier chapitre du roman que j'écrivis à Oxford à partir de janvier 1996, dont j'ai déjà parlé, je crois, qui s'intitulait Frasques, et dont je crois avoir perdu le tapuscrit, non sans l'avoir pourtant, au préalable, interrompu et fondu dans un ensemble hétéroclite, Feuilletons !, dont les différents fragments portaient des titres commençant par la lettre F.
18:17 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 14 juin 2013
↕
9
Le jour où, à six ou sept ans peut-être (c'était “à la préfecture”), je sortais du magasin avec mes chaussures neuves (beige), je n'en ai aucun souvenir.
18:18 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 13 juin 2013
◄
8
La nostalgie n’est rien, si elle n’est pas constitutive d’une forme.
(J’écris cette phrase tandis que je me débats dans le pire chaos professionnel d’une carrière accaparante qui a connu quelques soubresauts et qui n’a rien d’une carrière.)
Pourtant, sans une forme exigeante, la nostalgie ne peut pas avoir de sens, ni permettre d’élan.
21:39 Publié dans À neuf les terres inondées | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 juin 2013
►
7
Que les textes, comme les années, se constituent par l’accumulation de structures figées (31 jours, 13 lunes, cinq années valant un lustre, etc.) que seules les ambiguïtés (parfois délibérées) de la langue peuvent rendre plus mobiles, et, à ce titre, émouvantes, je l’ai toujours su, même sans l’exprimer ainsi, même sans le comprendre, y compris cette année-là, tapant à la machine dans l’obscurité du studio et la douceur moite des nuits de mai.
Quoique… une journée ne compte pas neuf heures.
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mardi, 11 juin 2013
☼
6
Un jour, étant descendu du bus trois ou quatre arrêts avant la résidence Coppélia (grand ensemble blanc dont l’allure n’évoquait guère, contrairement à son nom, entrechats et pirouettes), je marchai, passai d’ailleurs devant une pharmacie un peu à l’écart, et que je n’avais jamais vue avant, même en observant le trajet depuis mon siège ou ma station debout, et composai in petto, ou en fredonnant discrètement, toute une chanson, dont le refrain, constitué du seul vers « Dans les rues de Bordeaux », devenait, à la fin, et répété ad lib. « Dans les rues de Talence ».
Le nom de la petite ville, tout autant que certains de ses quartiers ou certaines de ses rues, m’a toujours beaucoup plu : sept lettres, deux syllabes, un final mélancolique, des échos à la fois obscènes et chevaleresques, et cette attaque abrupte, brutale (TAL), qui en latin évoquerait la valeur ou l’analogie, tandis qu’en allemand on serait plutôt du côté de l’églogue, des riantes vallées de la pastorale. À l’époque, je me sentais pleinement exister dans cette petite ville, qui n’était pourtant pas du tout « mon lieu », et où, hormis étudier (c’est-à-dire travailler tard le soir à mon bureau, près des grandes baies donnant sur le balcon, mais aussi écrire) et prendre le bus, je ne faisais pas grand-chose de spectaculaire. La première année à Talence fut toutefois une des plus essentielles de ma formation, et si, bien entendu, cours ou rencontres, le drame se jouait à Bordeaux, il n’en demeure pas moins qu’il se cristallisait dans le studio de Coppélia, et donc que, le plus fort du sens se situant au terme, comme dans la chansonnette, l’année n’a valu que par les rues de Talence.
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