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vendredi, 03 janvier 2014

Le Jardin d'hiver

Au tréfonds du Jardin d'hiver, sorte de long estomac déformé, gros intestin pas grêle, boîte ou conteneur équivoque, deux fillettes faisaient un boucan de tous les diables, se couraient après, aucun adulte, et tandis qu'une paparazza me flashait (ma célébrité ne connaît plus de limites dans le monde de l'art), je méditais sur les trapèzes et losanges, sur ce long texte même pas géométrique, amorcé il y a si longtemps, désormais boursouflé, ténu intense et délavé comme une texturologie sur laquelle serait tombée la pluie des mois durant, les fillettes couraient, ça tapait fort, ça résonnait, peut-être que cette attitude peu muséographique aurait foncièrement plu à Dubuffet, peut-être aurait-il détesté ça, il n'avait pas non plus cette espèce de cucuterie que l'on trouve dans certaines déclarations de Picasso, et puis la pose, il s'en foutait, seul comptait l'agencement des bosses (parfois des tavelures), des losanges cabossés, des trapèzes tordus, Dubuffet (que j'ai le sentiment de mieux comprendre et de moins étreindre au fur et à mesure que je fréquente ses oeuvres comme ses textes (si beaux, si forts)) avait tout du prestidigitateur en somme, mais travailleur sans être besogneux, je l'entrevois désormais tenant la petite baguette d'un triangle et faisant résonner le toc plâtreux de tant d'édifices admirables ou prétendus tels, les fillettes se poursuivent encore, je suis peut-être dans un film où le ralenti se prolonge, le flash suspend son vol, bref je m'y abrutis.

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