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mercredi, 30 avril 2014

Limericks meurthois, 15 et 587

▬ 15 ▬

Un paysan d’Anderny

Se fit une méchante erny

En hissant son tracteur.

(Tel voisin détracteur

Affirme que c’est en se mettant du verny.)

 

▬ 587 ▬

S’il y avait, à Vitrey,

Un évêque, il serait mitrey.

Or, il n’y a qu’un prêtre

Au teint de vieux salpêtre

Et aux sermons enchevêtrey.

 

mardi, 29 avril 2014

Limericks meurthois, 14 et 588

▬ 14 ▬

À Ancerviller, le chanoine Fiel,

Tout en levant les yeux au ciel,

Fit rebâtir l’église

Sous le vent et la bise,

Les lèvres engluées de miel.

 

▬ 588 ▬

Un poète de Vitrimont

Veut que nous, dans son lit, trimons

— Nous, les jeunes filles

Qui sommes ses pupilles

Et aussi sur son vit rimons.

 

lundi, 28 avril 2014

Limericks meurthois, 13 et 589

▬ 13 ▬

Un lycéen d’Aménoncourt

Obstinément amène en cours

Son rat domestique,

Tandis qu’il mastique

De couscous de la graine en cours.

 

 

▬ 589 ▬

Quand on s’en va de Vittonville,

On n’est pas vraiment vite en ville.

Ici, “Louis Vuitton”

Se dit Louis Vitton

Et on dit ui devant le maire, à Vittonville.

 

dimanche, 27 avril 2014

Limericks meurthois, 12 et 590

▬ 12 ▬

Un fin lettré d’Amance,

Féru de Stendhal, aime Armance

Et Le Rouge et le noir

Qu’il déclame en peignoir,
Enthousiasmé par la romance.

 

▬ 590 ▬

Le lavoir de Viviers-sur-Chiers,

Entouré de deux pistachiers,
Plus jamais femme n’y trime.

(Quelque lecteur attend la rime

Infâme pour Viviers-sur-Chiers.)

 

samedi, 26 avril 2014

Limericks meurthois, 11 et 591

▬ 11 ▬

Allondrelles-la-Malmaison,

Octosyllabe sans raison,

On y trouve des forges,

De l’avoine et des orges

Et un ange gardien, oui, en toute saison.

 

▬ 591 ▬

Le vieux prêtre de Voinémont,

Dont nous, bigots, la voix n’aimons

Pas, beugle pour tout quando

Quelque vieux dégueulando

À faire danser les démons.

 

vendredi, 25 avril 2014

Conques

Voyant le reliquaire on a beaucoup émuce 

Admirir l'Ombilic et puis le Saint Prépuce.

 

Limericks meurthois, 10 et 592

▬ 10 ▬

Un vieux paysan d’Allamps

Aux champs se rend, plein d’allamps,

Quoique l’arthrose

Aux doigts de couperose

Rende plus chaque année son pas lamps.

 

▬ 592 ▬

Vroncourt, ton musée de tracteurs

Ne connaît pas de détracteurs !

Pour égaler l’honneur

De tes fiers moissonneurs,

Il faudrait, au moins, être acteur.

 

jeudi, 24 avril 2014

Limericks meurthois, 9 et 593

▬ 9 ▬

Pas de tam-tam ni de gorille à Allamont —

Pourtant, on y vit débouler Marcel Amont

Un beau jour d’octobre.

Le concert fut sobre,

Bien qu’à Laval on appelle l’aval « l’amont ».

 

▬ 593 ▬

Lassé de voir qu’à Waville

Les chiens pullulaient – dans sa ville ! –

Le maire, ainsi attisé,

A voulu rebaptiser

Waville, en l’orthographiant Ouah-ville.

 

 

/ La couleur orange signale une diérèse obligatoire.

mercredi, 23 avril 2014

Limericks meurthois, 8 et 594

▬ 8 ▬

N’ayant trop rien à dire à ton sujet, Allain,

Village lorrain, ici je salue Allain

Bougrain-Dubourg, ce

Protecteur des oiseaux, des ours,

Insectes, ballaines, poullains.

 

▬ 594 ▬

L’église Saint-Clément, à Xammes,

Eût fait la joie de Francis Jammes.

Dans quelque cabanon,

Il eut soigné l’ânon,

La veuve et l’orphellain, tout en faisant ses gammes.

 

mardi, 22 avril 2014

Limericks meurthois, 7 et 595

▬ 7 ▬

Dans le hameau d’Aingeraie,

On appelle linge-raie

Les sous-vêtements.

Lecteur, tu crois que je te mens ?

J’avoue : Aingeraie s’écrit Aingeray.

 

 

▬ 595 ▬

Quand je dis être né – où ? – à Xermaménil,

Les gens, sous l’influence du Bi-profénil,

Croient que c’est une drogue.

Même les crocs de mon dogue

Ne les font pas démordre… Allez, ouste, au chenil !

 

lundi, 21 avril 2014

Limericks meurthois, 6 et 596

▬ 6 ▬

Un gentil gamin d’Agincourt

Dit que l’arrière d’Agen court

Plus vite que les

Avants rochelais,

Eux qui ratent (j’enrage !) un cours.

 

 

▬ 596 ▬

Le beau village de Xeuilley

En deux mil neuf fut endeuilley :

Le sacristain, René Bajot,

Qui n’était pas du tout barjot,

Mourut —— cercueil couvert d’œilley.

 

dimanche, 20 avril 2014

Limerick 5/585/597

Un jardinier d’Affracourt

Est amoureux d’une fille de Xirocourt.

Préférant la pêche

À la pelle ou la bêche,

Elle lui préfère un pêcheur de Virecourt.

samedi, 19 avril 2014

Limericks meurthois, 4 et 598

▬ 4 ▬

Un vieux poivrot d’Affléville

Mit un jour à son épouse une raclée vile.

(Ce limerick lorrain

Ne vaut mais rin de rin,

Car les rimes n’abondent pas, pour Affléville.)

 

▬ 598 ▬

Cyrano, à Xivry-Circourt,

S’écrierait-il “C’est un peu court !”

Ou écrirait-il à Roxane

Attablé au café de Saulxures-lès-Vannes,

Sans perdre long ni tenir court ?

 

vendredi, 18 avril 2014

Limericks meurthois, 3 et 599

▬ 3 ▬

Le maire d’Aboncourt, Joël Baudy,

Est très féru des Rois maudy.

Pour lui, Jean Piat

N’est pas un galapiat,

Même avec ses grands yeux de fou tout esbaudy.

 

 ▬ 599 ▬

Un brave éleveur de Ch’onvelle *

Dit toujours “quand la vache vèle,

Ça fout l’boucan

Jusqu’à Saint-Baussant,

Et tout l’ mon’e i sait la nouvelle !”

 

* Xonville, en français

jeudi, 17 avril 2014

Limericks meurthois, 2 et 600

▬ 2 ▬

À Abbéville-les-Conflans,

Les sermons sont vraiment gonflants.

L’abbé, dans son église,

Les paroissiens lui disent pliiiise

(Sauf les poivrots, qui vont ronflant).

 

▬ 600 ▬

Un pauvre adolescent de Xousse

Écoute en boucle Hier à Sousse

De Gaétan Roussel.

Il n’y a pas de carrousel

Ni de YMCA à Xousse.

 

mercredi, 16 avril 2014

Limericks meurthois, 1 et 601

▬ 1 ▬

Un collégien d’Abaucourt

A apporté un crabe au cours

De SVT.

Les employés des PTT

Se déplacent à pinces, même à Abaucourt.

 

▬ 601 ▬

Un vieux forgeron de Xures

A les paumes calleuses, dures.

« Ça ne sert vraiment à rien

De frotter, il me semble bien,

Sur mes paumes des pommes sures. »

 

vendredi, 11 avril 2014

Sur un maillot de rugby de l'Aviron bayonnais

Gosse-je ne dont pas renversi le coca

Le t-shirt court avec doublure pottoka.

 

samedi, 05 avril 2014

Descente des médiums (Quintane)

Entre Aristote qui propose la lecture organique, et mon enfance qui, pelucheuse, se complut à taquiner les acariens en bouquinant sur une descente de lit, le dernier livre de Nathalie Quintane est plus titillant que jamais. Descente de médiums, dont le titre parodie ou poursuit le célèbre texte de Breton (Entrée des médiums), est, dans la foulée des précédents livres de Quintane, un bricolage — creusement & accumulation.

Un mot, d’abord, sur l’effet réel de ces livres que je nomme bricolages. Le premier livre de Quintane, Chaussure, je l’ai découvert par hasard, à la médiathèque de Beauvais, en 1998, soit un an après sa sortie, et je l’ai lu soit dans mon salon à la moquette berbère (on vivait en appartement), soit dans les rues, souliers crevés, paletot pas mieux. Écriture titillante, qui agace, stimule, Quintane est du côté de la composition. L’effet réel de ses compositions (qui sont, tout autant, et largement, des juxtapositions) est d’irriter, de pousser à la marche. Je n’ai jamais réussi à poursuivre la lecture sans poursuivre mon ombre, ou, pourrais-je dire, me mettre en branle, me déplacer. Par exemple, ce déplacement signifie que, pour la troisième fois, j’aurai lu une bonne partie d’un livre de Quintane au Petit Faucheux. (Hier soir, en l’espèce, les pages 86 à 132. Le croisement Ygranka / Quintane est quasi idéal. J’y reviendrai.) Et donc : dans le hall, dans mon fauteuil d’orchestre, et aussi dans la rue, et même (ce fut le cas pour Tomates) en marchant place Gaston-Paillhou. (Et le faucheux est un insecte qui se déplace curieusement, si je tire sur ce fil vous n’avez pas fini de tirer la tronche.)

 

Descente des médiums, donc. Le déplacement se fait ici vers le bas : descente. L’accumulation, concept à garder dans un coin de la bobine. Dans le prologue, Quintane explique d’où part ce livre : d’une demande (commande) de l’amie qui lui avait demandé d’écrire Crâne chaud. On voit donc, selon un principe de révolution (qui lorgne du côté de Tomates) ou de palimpseste (Jeanne Darc), mille lecteurs décider d’un même mouvement de descendre dans la rue. Et commence alors l’accumulation de ces vingt-huit chapitres sur les médiums. Plus j’avance dans cette œuvre (l’ensemble des livres, pas ce seul fragment), plus je trouve que la méthode de Quintane est apparentée à celle de Ponge :

1.      Il s’agit d’aller voir du côté intérieur de ce qui est extérieur.

2.      Il s’agit d’agir par la composition (accumulation).

3.      Il s’agit de donner à voir, au moins en partie, la fabrication de l’œuvre (l’œuvre en fabrique).

 

Ici, peut-être par la collusion des signifiants, le propos de Quintane [propos → Alain relisant Montaigne → Quintane et l’humanisme ? ou alors, si je tire sur un autre fil : rédaction → Robert Walser] rejoint la médiologie de Debray. Mais alors, attention ! assez de name-dropping ! plus un seul nom ! une aspirine ! et vite ! Mais alors : une médiologie drôle, une médiologie foutraque, une médiologie bricolée. [Tout sauf une médiologie ? Soit. Qu’il me soit permis de citer la page 128 : « En 62 on était gaulliste, maintenant on est parapsychologue. »]

Ce que Quintane appelle la radio, c’est l’ouverture aux voix, l’entrée des médiums, ici sous forme de glissement vers le bas, catabase ?? parturition ??? Les pages dans lesquelles elle reprend les propositions de mort de l’auteur (pp. 76-85) sont parmi les plus sidérantes et profondes que j’ai lues sur le sujet ►postuler la mort du lecteur ║appuyer sur la volatilité (gaz/gaze) de l’écriture. Je veux dire par là qu’il vaut mieux donner ces dix petites pages à lire que trois thèses sur le sujet. Ne parlons même pas des narratologues. [Ni aux narratologues, ils sont bien trop occupés à s’écouter eux-mêmes.]

Volatilité. L’auteur gazéifié est donc celui qui s’affirme paradoxalement dans l’accumulation d’hypothèses, de fictions, de jeux (dramatisés), ici quant à la spectralité vocale, l’expérience médiumnique, avec quelques solides fantômes en rayon (Christine de Pizan, Fitzgerald, Hugo, William James). La radio (voix) se heurte à l’un des points de départ évidents du livre, la photo (les polaroïds du thoughtograph Ted Serios). Cette série de descentes est donc aussi à fouiller, creuser (le noyau est-il sous nos pieds ?) l’extérieur du texte (le son et l’image), de sorte qu’une lecture possible de ce nouveau livre de Quintane est une lecture de l’impossible : impossible de dire la parole médiumnique, impossible de creuser en douceur, impossible de fabriquer durablement en bricolant, impossible de composer en accumulant… Où l'on en revient à l'effacement de la rationalité par la radio, voix intérieures débordant le cadre.

 

Bref, bref, bref (on n’en finit pas de diluer ce phatique BREF), qu’en ressort-il ? Allez-y voir vous-mêmes, dirai-je, paraphrasant Lautréamont. C’est un peu facile, tout de même. C’est un peu bref, jeune homme. Ce qu’il ressort aussi de Descente des médiums, c’est l’accès, par l’accumulation en écriture, à diverses pistes philosophiques. Le livre n’est ni tout à fait médiologique, ni du tout médiumnique : la parole gazéifiée [et intense ▲ elle pousse encore et toujours aux déplacements (ne vais-je pas aller relire quelques pages le long de l’avenue du Danemark empuantie par la merde de la station d’épuration qui a dû exploser ?)] de Quintane ne descend pas sur le lecteur, qui doit la creuser, plutôt comme une taupe. Or, on le sait : rien de moins évanescent qu’une galerie de taupe ——— rien de moins souterrain, non plus. On bute sur les pages comme sur des taupinières.

 

Descente immédiate, mind the gap.

 

 

Points laissés en suspens : les acariens — berbère — poursuivre mon ombre — le Danemark merdique — la fabrique — parturition [?] — Ted Serios

mercredi, 02 avril 2014

L'Immonde d'Aldébaran

Monstre du Loch Ness qu'il a tout en noir ivoire,

Über-hideux trouvu-je trop bien le Grégoire. 

 

Je m'a presque étouffu avec mon dentifrisse

Où que je suis visu trop moche la Mantrisse.

 

Dégueulu-je que de remplir un ramequin

Si l'on voyons dessinée la harpie-requin.

 

Golri-je komeme que le gros paracelse

Ressemblut drôlement à une raie de felse.