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mardi, 09 novembre 2010

Etincelles d’un lundi

 

(Il faudrait en terminer de ces petits exercices d’écriture frustes, en ça frustrants. Mais ne serait-ce pas en terminer, déjà, de l’écriture, de sa reprise ?)

 

Infiltrations du 2ème sous-sol. Université de Tours, site Tanneurs, lundi 8 novembre 2010.Hier, patraque, rentrant de la fac plus tôt que prévu : la pluie torrentielle du matin se déversait au parking du 2e sous-sol [insérer litanie : avec l’argent dépensé pour les ridicules commémorations du 40ème anniversaire, on aurait pu colmater etc.], avec quatre heures de décalage, alors que brillait au-dehors, étincelant sur la statue dorée du monument aux morts comme sur les moindres hideurs de la ville, un magnifique soleil d’éclaircie automnale.Monument aux morts, quai Anatole-France, Tours, lundi 8 novembre 2010

 

Le soir, guetté par l’insomnie, glandouillant : passé presque une heure à écumer l’œuvre récent du duo des frères Mael, Sparks, le seul groupe anglo-saxon (avec Talking Heads) que j’aie vraiment aimé dans mon enfance.  Revient alors la fureur grise des circonflexes, vous vous en doutez : journées de novembre passées près du gramophone (qui n’en était pas un, mais le mot n’est-il pas poussiéreusement désuet ?), à me passer les toasts noirs de Charlélie Couture ou de Sparks, justement, dont les chansons, avec leur rose vivacité ou leur violette mélancolie, donnaient un cadre sonore à mes plus banales imaginations. Dans le sous-bois, après (disons que j’avais neuf ans ?), ou pataugeant dans la rivière, plus loin (onze ?), je pouvais soit me taire pour observer tel ou tel troglodyte en chantonnant That’s Not Nastassia in petto, ou chanter à voix douce, audible de tous les oiseaux qui allaient alors s’enfuir, Tips for Teens (juste un exemple : je ne possédais qu’un vinyl de Sparks, que mes parents ont ramené d’Angleterre, je m’en avise maintenant, en avril 1985 – donc mes années Sparks furent forcément pré-adolescentes, comme on ne disait pas (aujourd’hui, l’adolescence ne dure-t-elle pas vingt ans au bas mot, de la prépré à la post-post ?)).

 

Méandres du circonflexe, certes. Soyons perplexes. Je ne connaissais que l’album Whomp That Sucker ! – qui, incidemment, fut ma première introduction à la nuance entre les déictiques this et that, puisque l’index des morceaux des deux faces figurait sur une seule étiquette : j’avais donc appris, avant d’apprendre l’anglais, que les morceaux de « this side » étaient du côté de l’étiquette écrite, alors que les morceaux de « that side » étaient du côté non écrit. Ce seul album, noir (oxymore après la synesthésie, 2010 est une année trop laborieuse). Cet unique recueil de 10 chansons. Pendant vingt-cinq presque trente ans. Les chansons de Sparks, toutefois, ont mené, dans mon existence, dans ma mémoire, une course souterraine. (Et je m’en ravise, en fait, mes parents avaient ramené l’album de notre périple familial en caravane, été 1982. [Très vague souvenir d'une de leurs amies, Edna (?), qui tenait (?) un magasin de musique. Où ? Dans le nord de l'Angleterre ?] J’avais donc raison en me revoyant enfant, vraiment pas grand. D’où le barré dans la phrase pénultième.) À peine plus tard, ma tante maternelle m’avait parlé, peut-être parce que j'avais chanté Wacky Women (j'adore, surtout la rime Russell / muscle)), de « Pineapple », que je n’ai entendu qu’hier. Course souterraine : j’ai mis plus de vingt ans à avoir la curiosité minimale de chercher la version originale de « Pineapple », dont je me rappelle très précisément comment ma tante l’avait chanté, cette seule et unique fois.

Curieuse chose, livide mais aussi bien vive, soudainement passée à la flamme, la mémoire.

Je ne vais pas en faire fromage. (Il faudrait etc.) Quel âne à nasse.

 

Divers verts. Tours, lundi 8 novembre 2010.En tout cas, hier soir, j’ai découvert certaines chansons des derniers albums de Sparks, années 2000, et j’ai décidé de me faire un petit cadeau, automne oblige, en commandant 3 albums, soit anciens soit récents. Assumant un héritage compliqué de mon enfance. M’assommant sous de diffus souvenirs. Les panthères rugissent, pas les félins. Et pour le reste, il y a le vert de la sérénité.


lundi, 08 novembre 2010

Résister au sublime

Vallée de l'Escandorgue, Hérault. 7 août 2010.

 

       Clive kept on because the shrinking and apprehension were precisely the conditions – the  sickness – from which he sought release, and proof that his daily grind – crouching over that piano for hours every day – had reduced him to a cringing state. He would be large again, and unafraid. There was no threat here, only elemental indifference. There were dangers of course, but only the usual ones, and mild enough; injury from a fall, getting lost, a violent change of weather, night. Managing these would restore him to a sense of control. Soon human meaning would be bleached from the rocks, the landscape would assume its beauty and draw him in; the unimaginable age of the mountains and the fine mesh of living things that lay across them would remind him that he was part of this order and insignificant within it, and he would be set free.

Today however, this beneficent process was taking longer than usual. He had been walking for an hour and a half and was still eyeing certain boulders ahead for what they might conceal, still regarding the sombre face of rock and grass at the end of the valley with vague dread, and still pestered by fragments of his conversation with Vernon. The open spaces that were meant to belittle his cares, were belittling everything: endeavour seemed pointless. Symphonies especially: feeble blasts, bombast, doomed attempts to build a mountain in sound. Passionate striving. And for what? Money. Respect. Immortality.

 Amsterdam, III, iii

Coup de rabot

 

"Dans son acariâtre passage l'auto produit l'effet d'un coup de rabot sur la planche de la route d'où les piétons s'épivardent, recroquevillés en boule comme des copeaux, vers les bords et le fossé." (La Randonnée. 1932. Rougerie, 1978, p. 10)

 

 

Salut

"Ce matin, les lourds menhirs de Lagatjar n'arrivant pas à temps pour maîtriser notre escadron-vapeur, nous voilà déjà loin de l'ample salut de mon camarade Ping-Ping, le fossoyeur ancien qui vit tant de Camarétois partir pour le pays littéraire d'Hamlet."

(Saint-Pol Roux. La Randonnée. 1932. Rougerie, 1978, p. 8)

 

Vendredi soir, aussi, encore, je me trouvais au Petit Faucheux. Marc Ducret, embarqué entre Hamlet et bitumaisons, était encore mieux qu'égal à lui-même ; les compositions jouées par l'ensemble Cairn, en revanche, m'ont ennuyé - trop d'avant-gardisme, ou deviens-je vieux con plus regardant ?

dimanche, 07 novembre 2010

Pourquoi lire Dantzig ? (pas inspiré, je n'ai pas trouvé mieux, comme titre)

Longtemps, j'ai hésité à lire Charles Dantzig.

Lorsque son Dictionnaire égoïste l'a propulsé au sommet de la gloire, tant ce qui nous était rapporté de sa vision de la littérature que cette soudaine gloriole me semblaient l'identifier à une sorte de Jean-François Zygel de la littérature, ce qui était, déjà, rédhibitoire. Dans la foulée, l'équipe du Magazine littéraire a sollicité le nouvellement fameux pour écrire les Epilogues de plusieurs dossiers spéciaux ; à chaque fois, j'ai trouvé ce qu'écrivait Dantzig soit totalement plat et rebattu, soit franchement démagogique, confirmant ainsi mon premier préjugé.

Jeudi soir, en zappant avant le match de foot sur W9 (cette précision devrait suffire à convaincre Dantzig, s'il tombe sur cette page, que mon point de vue est celui d'un beauf inculte), je suis tombé sur l'émission littéraire La Grande Librairie. Les invités étaient, notamment, Danièle Sallenave et Charles Dantzig. J'avais déjà entendu parler du dernier essai de Dantzig, Pourquoi lire ? Son argumentaire, tel que l'avaient présenté certains médias en insistant sur le côté provocateur et innovant, consistait à démontrer que lire de la littérature ne sert à rien. Comme il s'agit là d'un argument totalement frelaté à force d'être rebattu depuis un demi-siècle, je n'avais pas eu envie d'y voir de plus près. Or, ce que disait Dantzig jeudi soir (sa conviction, ses gestes mesurés, sa distinction, les exemples qu'il donnait) est allé à l'encontre des préjugés que j'avais accumulés à son égard. (Précision annexe pour les amateurs d'événementiel : j'ai aussi écouté Danièle Sallenave et Stanislas Dehaene, et j'ai raté la première demi-heure du match de foot.)

 

Vendredi, à Angers, C. a acheté Pourquoi lire ?

Je l'ai lu hier.

 

Séduit par de nombreux passages, profondément amusé par certaines formules spirituelles et bien trouvées, j'ai passé un moment agréable en compagnie de ces quelque 250 pages. Ce que Dantzig dit de Duras, de Beckett, de la lecture à haute voix, de Stendhal ou des romans de vampires (pour ne citer que quelques exemples) est très fin, très juste aussi. Toutefois, je dois, une fois la nuit passée, constater que ce livre m'a indigné. Va encore pour son côté terriblement superficiel, de bric et de broc : l'absence de structure, la faible cohérence du discours ne sont pas gênantes en soi. Ce qui l'est plus, c'est que Dantzig est très donneur de leçons, d'une manière très adolescente. Or, il est plaisant de recevoir des leçons de quelqu'un qui cite le vers le plus célèbre de Heine (le début de la Lorelei) en l'attribuant à Goethe (p. 31), et ce sans que ni lui ni son éditeur ne se soient aperçus de cet affreux pataquès...!

Tout d'abord, Dantzig a l'art de la généralisation abusive : tout en disant continuellement je, et en faisant ainsi comprendre que ce qu'il dit de la lecture relève de sa propre expérience, il n'en tire pas moins des conclusions générales et tout à fait contestables, sur la lecture annotante par exemple. Inversement, il attribue à la lecture de littérature des propriétés qui ne lui sont pas nécessairement propres : ce qu'il écrit de l'isolement dans lequel se plonge un lecteur, et de l'hébétude, la rupture par rapport au monde qui découle d'un certain temps passé à lire, peut tout à fait se transposer au domaine de l'écoute de musique classique, d'opéras, à l'amateur d'art qui sort d'une galerie ou d'une exposition pas trop bondée, etc.

L'exemple le plus cinglant de cette tendance à la généralisation hyper-abusive est ce que Dantzig dit des universitaires. Selon lui, tous les universitaires sont de stériles frustrés vainement fiers de leurs petits scribouillages ennuyeux que personne n'a envie de lire. Pis même, ils se rendent tous coupables, selon lui, de plagiat et de pillage : ils font travailler leurs étudiants pour mettre ensuite leur nom sur les textes qui ne sont pas d'eux. Bien sûr, comme toute généralisation, celle-ci a son fond de vérité. Avant d'entrer à l'Université, j'avais entendu parler des professeurs qui s'approprient le travail de leurs thésards ; en onze ans, tant comme doctorant que comme enseignant-chercheur, j'ai rencontré en tout et pour tout deux cas de cet ordre, soit une infime minorité, fort heureusement.

Dantzig a sans doute des comptes à régler avec telle ou telle institution, avec tels ou tels universitaires. Qu'il les cite, qu'il attaque de manière précise, et qu'il lâche la grappe à l'immense majorité d'universitaires qui n'écrivent rien, ou dont les recherches sont vraiment bien écrites et intéressantes, ou qui savent pertinemment que les écrivains, contrairement à eux, sont des créateurs. Pour ne prendre que mon exemple, j'ai quasiment arrêté toute forme de recherche (ou de mise en forme de mes recherches sous forme écrite) depuis cinq ans car je suis de plus en plus frappé par le caractère absolument vain des publications universitaires, l'absurdité de tout ce cirque "publish or perish ?", la médiocrité de certains collègues qui, après une habilitation à diriger des recherches aussi creuse que prolifique en pages, deviennent des professeurs imbus de leur petit pré carré ; surtout, j'ai mis un frein à mes recherches car mes doutes concernant ce que je peux avoir encore à dire, de la littérature africaine et de la théorie post-coloniale (mon "domaine"), vont croissant. Ainsi, je partage la plupart des analyses de Dantzig ; ce que je ne comprends pas, c'est sa haine des universitaires. Sans doute n'est-elle pas compréhensible, comme toutes les phobies ou toutes les aversions. Même en admettant que Dantzig puisse avoir des raisons personnelles d'en vouloir à l'Université, et donc qu'il insulte tous les universitaires, quelque chose m'a profondément troublé dans son discours.

En effet, Dantzig consacre deux pages aux raisons qui l'ont poussé à refuser de continuer à lire Céline. (Pages 236-238. C'est une argumentation similaire à celle de Laurent Evrard, telle qu'il m'en avait fait part lors d'une conversation en juillet dernier.) De même, il reproche à Orhan Pamuk d'avoir écrit, au sujet de Maxime du Camp, qu'il était "efféminé mais fiable" (p. 219). Dantzig a tout à fait raison de souligner la contradiction scandaleuse entre un écrivain qui se dit "persécuté par les intégristes" et de tels propos homophobes. En revanche, il fait exactement la même chose quand il décrit les universitaires comme "des mites, bouffies, expirant dans l'ombre" (p. 222). Céline, qu'il cite, traitait les Juifs de termites, dans le contexte et avec les conséquences que l'on sait. Dantzig, lui, crache sur les mites universitaires, les "propriétaires de la littérature", ses Juifs à lui. Peut-être n'est-ce pas entièrement délibéré ; dans ce cas, Dantzig n'est pas un salaud à la Céline, mais une sorte de pilier de comptoir qui écrit, au fil de la plume, tout ce qui lui passe par la tête sans prendre garde.

Voyons ces deux hypothèses. Si c'est un salaud à la Céline, et si je suis son argumentation à propos de Céline, je n'ouvrirai plus aucun de ses livres. Si c'est un post-adolescent qui dit n'importe quoi pour épater la galerie, je ne perdrai plus non plus mon temps à le lire : sur ma table de chevet m'attendent Roberto Arlt, Hans Henny Jahnn, Pessoa, d'autres livres encore de Thierry Beinstingel, Balzac, Ian McEwan, Jonathan Frantzen... de vrais écrivains.

 

Charles Dantzig. Pourquoi lire ? Paris : Grasset, 2010.

 

vendredi, 05 novembre 2010

Prolepse II : paysage de l’âme & intime requête

Occasionally, as the train gathered speed and they swung further away from London, countryside appeared and with it the beginnings of beauty, or the memory of it, until seconds later it dissolved into a river straightened to a concreted sluice or a sudden agricultural wilderness without hedges or trees, and roads, new roads probing endlessly, shamelessly, as though all that mattered was to be elsewhere. As far as the welfare of every other living form on earth was concerned, the human project was not just a failure, it was a mistake from the very beginning.

If anyone was to blame it was Vernon. Clive had travelled this line often in the past and had never felt bleak about the view. He couldn't put it down to chewing gum, or a mislaid pen. Their row of the evening before was still sounding in his ears, and he worried that the echoes would pursue him into the mountains and destroy his peace. And it was hardly just a clash of voices he still carried with him, it was growing dismay at his friend's behaviour, and a gathering sense that he had never really known Vernon at all. He turned away from the window. To think, only the week before he had made a most unusual and intimate request of his friend. What a mistake that was, especially now that the sensation in his left hand had vanished completely. Just a foolish anxiety brought on by Molly's funeral.

Amsterdam, III, i

jeudi, 04 novembre 2010

Prolepse, I : adjectifs toponymiques, avaler la ciguë

His proper business in life was to work, to finish a symphony by finding its lyrical summit. What had oppressed him an hour before was now his solace, and after ten minutes he put out the light and turned on his side: there was always work. He would walk in the Lake District. The magical names were soothing him: Blea Rigg, High Stile, Pavey Ark, Swirl How. He would walk the Langstrath Valley, cross the stream and climb towards Scafell Pike and come home by way of Allen Crags. He knew the circuit well. Striding out, high on the ridge, he would be restored, he would see clearly.

 

 He had swallowed his hemlock, and there'd be no more tormenting fantasies now. This thought too was comfort, so that long before the chemicals had reached his brain, he had drawn his knees towards his chest, and was released. Hard Knott, Ill Bell, Cold Pike, Poor Crag, Poor Molly…

 

Amsterdam, I, ii

mercredi, 03 novembre 2010

Let's Get to the Nitty Gritty

Bientôt midi, bientôt l'heure d'essayer, dans la douceur automnale, d'aller chez le coiffeur. Mais enfin, je ne suis même pas rasé, j'ai une tronche de décavé. Une vache lancée à plein galop, un couple d'amoureux, un Christ en croix : les téléchargements simultanés provoquent des effets de contiguïté intéressants. Trop précieuse, l'écriture d'Hélène Grimaud m'éloigne de son expérience. Un quintette qui sonne exactement comme un medium band, ce pourrait être l'une des définitions du hard bop, encore que Horace Silver n'appartienne ni au hard bop ni au cool jazz. Sorte de mixte des deux. Naguère (presque jadis), ce genre de texte trouvait naturellement sa place dans mon autre blog carnétoile. Il est des mots bannis, je peux taxer les autres de préciosité... Et aller se raser au lieu d'ennuyer tout le monde ? C'est assez poil à gratter, ça agace, et les pétales givrés sur un océan bleu dévisagent le pianoteur (pinailleur), lui demandant encore et encore de se lever de son fauteuil, et d'aller une bonne fois pour toutes se raser avant d'essayer d'aller chez le coiffeur. Curieuse expédition, que semblent décourager les brassées vives de feuilles d'un jaune éclatant, envahissant de leur lumière la bibliothèque (les deux néfliers, un roman sans cesse à recommencer). Et si j'y allais ? Les boules parfaitement sphériques, juste évasées, brunes et plombant les branches entre les feuilles d'un or terne étincelant, sont pareilles à des yeux exorbités, m'interrogent, ou m'exhortent, ou me fusillent. Il faut bien embrayer, se lancer à corps perdu dans la jungle (pianotements têtus vers 5'15") jaune, roussâtre, d'albâtre vous mettrez l'adjectif ou le qualificatif que vous préférez. Au point où j'en suis (même pas rasé en plus (il a fallu, ici, se baisser au ras du carreau pour vérifier le minutage (et plus qu'une minute pour clore l'écriture de ce texte))), je peux vous laisser les clefs. La porte fermée. Le coiffeur ne m'attend même pas ; il prend sans rendez-vous. Et ça résonne, au ralenti, comme un medium band de foire du mercredi, en attendant la sirène du début du mois : bientôt midi.

 

W.M. 12 : R.B. pas par R.B.

Le Jour ni l'Heure : maison de Roland Barthes (1915-1980) à Urt, Pyrénées-Atlantiques, Aquitaine, jeudi 3 juillet 2008, 19:06:32

Certain grand écrivain d'Urt

Prononçait "yaourt" ya-urt.

"C'est juste pour la rime,

Et non point pour la frime."

(Pourtant, Kurt Weill n'était pas Kurt.)

 

Urt (64) tombe de Roland Barthes

 

Divers plagiats par anticipation (ou simultanéité involontaire) de la série "France" de Raymond Depardon

"L'étape à pâtes", Tours, 29 janvier 2010.Boulangerie de Champigny-sur-VeudeAgri-service14 mars 2008, Jardin des Prébendes (Tours) : banc, kiosque et jeunes gensContiguïté malencontreuse. Tours, samedi 19 décembre 2009.

mardi, 02 novembre 2010

Rôti, lampes

She thinks of how the newly buried remain all night in their graves, after the mourners have recited prayers, laid down wreaths, and returned to the village. After the wheels have rolled away over the dried mud of the road, after the suppers have been eaten and the bedcovers drawn down; after all that has happened the grave remains, its flowers tossed lightly by the wind. It is frightening but not entirely disagreeable, this cemetery feeling. It is real; it is all but overwhelmingly real. It is, in its way, more bearable, nobler, right now, than the beef and the lamps. She descends the stairs, walks out onto the grass.

(Michael Cunningham. The Hours. Picador USA, p. 165)

lundi, 01 novembre 2010

Le ciment, décidément

Ces derniers jours, j'ai lu plusieurs livres, ou achevé la lecture de plusieurs livres qui avaient été "entamés" simultanément. Dans l'un de ces livres, une famille de quatre enfants devenus brusquement orphelins de père, puis de mère, enterre cette dernière sous une chape de ciment, dans la cave de leur maison. Dans un autre, le ciment tient un rôle important, au point de donner son titre à l'un des premiers chapitres ; dans l'un des courts chapitres décrivant la vie, et surtout la survivance et la mort, dans le camp de concentration soviétique qui est le "décor" (mot inapproprié : le cadre ? pas mieux) du roman, une prisonnière est ensevelie sous un flot de mortier.

Suicide ou accident ?

Le ciment n'est pas si souvent motif central d'un texte littéraire. Il donne son titre au roman d'Ian McEwan, The Cement Garden. Il donne son titre - ainsi que je l'ai dit - à l'un des chapitres du roman de Herta Müller, Atemschaukel. Côté français, je ne vois que le roman de François Bon, Décor ciment, et la chanson de Matthieu Boogaerts. (Moins sinistre.)