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vendredi, 31 décembre 2010

Portées sylvestres

Symphonie des baskets, Saintes, 19 décembre 2010.

mardi, 14 décembre 2010

Un peu, mon neveu

Le Prix National de l'Euphémisme Journalistique vient de trouver son candidat favori.

En effet, après avoir expliqué que des députés finiens et des députés de la Ligue du nord s'étaient bagarrés dans l'enceinte du Parlement lors du vote de confiance, puis que l'incompréhension avait entouré le vote favorable à Berlusconi de certains élus de gauche, et qu'enfin tout cela se déroulait sur fond d'une enquête du parquet de Rome relativement à des voix "achetées" (et donc à un véritable système de corruption allant au-delà du clientélisme), l'envoyé permanent de France Infos à Rome a enchaîné en parlant de "climat un peu délétère".

lundi, 13 décembre 2010

Button => Bouton

Une fois n'est pas coutume, voici la traduction d'un limerick "classique" (d'Edward Lear) :

 

There was an Old Person of Dutton,

Whose head was as small as a button;

So to make it look big

He purchased a wig,

And rapidly rushed about Dutton.

 

A Capbreton, un vieux croûton :

Sa tête tout comme un bouton !

Pour qu'on oublie sa nuque

Il s'acheta perruque,

Ce vieux coureur de Capbreton !

 

 

Denis au Maroc

10 et 12 décembre 2010.

Il étoit d'usage aussi que les opérateurs eussent avec eux un Marocain, nègre vrai ou faux, plus souvent faux que vrai, qui remplissoit les fonctions de valet et leur servoit à attirer la foule.


 Alors, Denis ne dort plus. Il ne s’agit pas de Denys, qui avait fait construire une prison en forme d’oreille, mais de Denis, l’ancien patron des Transports Denys. Il ne dort plus, pour des motifs que l’on pourrait qualifier de carcéraux.

(On ne compte pas ici. Pourquoi, se demande le scripteur, Dialogue de mères Noëlle correcteur de grammaire intégré souligne-t-il qualifier en vert, et pourquoi ne pas mettre « ici » en italiques ? On ne compte pas, ici, les points, signes de ponctuation, comme des mots.)

Denis compte pour rien, ici. A certaines périodes de ma vie, je me suis demandé ce que je serais devenu si j’avais fréquenté la famille de mon père. Ce n’est pas un homme qui dort, mais un homme pétri de douleur. 

Denis n’est pas Denis Roche. Si l’on suit la légende, Maurice Roche appréciait particulièrement l’ossuaire de La Roche-Maurice, ce qui n’empêche pas d’en venir aux gilets, aux ligueurs. Denis et Maurice Roche n’étaient pas frères, et ne le sont toujours pas.

Pourquoi s’intéresser aux fratries, alors ? Justement, j’essaie de vous expliquer, ce ne sont pas les Ferronnerie & store en PVC (!)fratries qui m’intéressent. Le style haché de l’entretien témoigne autant du fait que le journaliste n’avait pas lu mes livres que de ma mauvaise santé d’alors.

Plus souvent faux que vrai. Plus souvent faux que vrai, qui est donc Marco Mahler ? (il nous échappe).

Qui est Marco Mahler ? Cette page d’homonymie répertorie Couleurs mélangéesles différents sujets et articles partageant un même nom. Pour accéder aux articles homophones, veuillez consulter les entrées Roches, Roch, Rausch (homonymie), Rauch, Roesch, Roche (pierre) et Rush, ainsi que La Roche.

dimanche, 12 décembre 2010

(presque) Comme un lundi

---- comme toujours, il suffit de cliquer sur les miniatures pour voir les photographies dans toute leur majesté ]

 

Au bureau même le dimanche ? Non, au travail chez moi. Mais, en me rendant en ville (afin de visiter in extremis l'exposition "Juifs de Touraine"), je n'ai trouvé, pour garer ma voiture, qu'une seule place : juste devant mon bureau, rue des Tanneurs. Vraiment pile en face (ou en dessous). Ironie.

Mon fils aîné m'a photographié, non sans ricaner :

 

G. Cingal, devant le store fermé de son bureau (Tanneurs 49ter). Tours, dimanche 12 décembre 2010.

Ce que l'on voit, tout en haut de l'image, c'est la partie inférieure des deux stores qui, de mon Série de 8 autoportraits, au retardateur, appareil posé sur divers supports de fortune, bureau 49ter, site Tanneurs. Université François-Rabelais, Tours, 5 novembre 2008, six heures du soir, viii bureau, donnent sur la rue. Comme on le voit, l'appellation de rez-de-chaussée est, pour ce bureau 49ter, plutôt fallacieuse, puisque les fenêtres se trouvent quatre bons mètres au-dessus du trottoir. Il vaudrait mieux parler de rez-de-jardin (car il y a, au sein du bâtiment, des sortes de quads tout à fait sous-oxoniens, puits de lumière et cadavres de verdure) ou, plus joliment sans doute, de rez-de-fleuve, dans la mesure où le niveau où se trouvent ces fenêtres (donc : mon bureau, si vous me suivez) donne, de l'autre côté, directement sur les bords de Loire, à la faveur de quatre marches en pente douce seulement.

 

En fait, je Série de 8 autoportraits, au retardateur, appareil posé sur divers supports de fortune, bureau 49ter, site Tanneurs. Université François-Rabelais, Tours, 5 novembre 2008, six heures du soir, i triche : les vraies rives de la Loire sont encore dix mètres en contrebas. Mais il y a bien, au niveau du susnommé (et mal nommé) rez-de-chaussée une promenade de parapetBords de Loire 092. Soyez pas plus pinailleurs que moi, hein, comme je dis toujours à mes étudiants quand ils s'aperçoivent que je suis en train de leur raconter n'importe quoi m'embrouiller dans mes explications.

 

Corbeille essore

--- billet écrit à 20:20 et publié, en fin de compte, à 21:21, le 12.12

 

Hier soir, vers onze heures, après avoir travaillé pendant deux heures sur un document dont j'ai impérativement besoin pour mardi matin (et sur lequel je devais donner encore un joli coup de collier ce soir), je l'ai envoyé en pièce jointe, par mail, à mon collaborateur (et ami (et cinéphile (et jazzolâtre (et...)))) avant de passer à de plus divertissantes occupations : lecture des Inachevés, Flickr, billet sur Summertime...

Cet après-midi, mon collègue (et ami (et fin lettré (et humoriste (et...)))) me signale que le document en PJ n'est pas le bon. Il s'avère qu'après une confusion entre deux fichiers Word, je lui ai envoyé le mauvais document avant de supprimer le bon du dossier "Mes documents". Comme de bien entendu, j'ai aussi, à un moment donné, vidé la corbeille.

Ce soir, donc, je m'apprête à refaire tout le travail stupidement perdu, et je ne sais ce qui me fait enrager : le temps perdu, le travail perdu, mon idiotie, ou le fait que c'est, à ma connaissance, la première fois... et que je trouve que c'est très mauvais signe. Si ma seule qualité (la capacité d'organisation, alliée à l'esprit de synthèse) me fuit, c'est pis que le début de la fin.

Allez, au travail...

D'une résurgence de Canâtre

Oméga (coloriant) - Comment il s'appelle, ce chien ?

Son père - Je ne sais pas.

Oméga - Moi, je vais l'appeler Canâtre.

Summertime / L’été de la vie

 

Il ne m’est pas possible de revenir ici en détail sur les raisons qui font que je lis chaque nouveau livre de Coetzee, alors que cet auteur me laisse généralement sur ma faim, voire qu’il m’agace (son côté scalpel, sa forme froide et quelque peu osseuse (voire en arêtes), son éloignement de tout dérapage). Peut-être y reviendrai-je, si tant est que j’en éprouve le besoin (ici, ce me semble, je suis un peu mon seul lecteur).

Plus que les précédents, ce qui n’est pas peu dire, le troisième volet de l’autobiographie du Prix-Nobel-sud-africain-exilé-en-Australie me semble fade, bien peu de chose. Ça ne démarre pas mal, en un sens. Il nous est donné de lire quelques fragments de carnets avant les transcriptions de cinq entretiens entre un biographe fictionnel et des personn(ag)es ayant compté dans la phase 1972-77 de la vie de John Coetzee, le grand écrivain désormais décédé (double ou décalque morbide de J.M. Coetzee). C’est là une très bonne idée, dans la perspective de distanciation autobiographique (soit = pas du tout l’autofiction) qui est celle de Coetzee. Ce qui est regrettable, c’est que Coetzee n’en fait rien. Il reste à mi-chemin de tout. Aucune envolée, ou alors pas assez de sécheresse. Bizarrement, on frôle l’autocomplaisance, peut-être le seul reproche qu’on n’eût pu jusqu’alors formuler.

J’avais commencé à griffonner quelques bribes dans les marges de mon exemplaire de Summertime, tandis que C. en lisait la traduction (L’été de la vie. Seuil, 2010, traduction de Catherine Lauga du Plessis). Et je n’ai pas envie d’en faire quoi que ce soit. D’autres, beaucoup, écriront au sujet de ce petit texte bien terne. Aussi ai-je décidé de reprendre certains des passages que j’avais annotés, et de voir comment Catherine Lauga du Plessis les a traduits. Après tout, Coetzee est un fabricant de petits mécanismes textuels tellement rôdés qu’on n’y sent plus la moindre fibre ; autant le prendre à son jeu, et décortiquer des micro-fragments dans une perspective ultra-décorticante (la traductologie, dira-t-on pompeusement).

 

Agenbite of inwit. (Summertime. Vintage, p. 4).

Agenbite of inwit, remords de conscience. (L’Eté de la vie, p. 10).

Je ne savais pas du tout ce que c’était que cette expression ; je constate que la traductrice choisit de la garder telle quelle. Il doit s’agir d’une citation. La Wikipedia me permet prestement de combler mes lacunes : il s’agit en effet du titre d’un texte en prose en moyen anglais, de genre confessionnel. La traduction en anglais contemporain que propose la WP (Prick of Conscience) me confirme ce que je pensais : il doit y avoir, dans l’allusion de Coetzee, un jeu sur les connotations sexuelles (bite, wit = morsure, bite, vit). Pour lui, aussi, ce doit être une reprise de Joyce, puisque, comme nous en informe doctement la WP : « In the 20th century, the work gained some recognition when its title was adopted by James Joyce, who used it numerous times in his novel, Ulysses. In Joyce's spelling, agenbite of inwit, the title has gained a limited foothold in the English language. » On peut supposer que la traductrice française est allée fouiner du côté des traductions du texte médiéval, et des traductions d’Ulysse. Passons.

 

As for the fate of Christian civilization in Africa, they have never given two hoots about it. (Summertime, p. 6)

Quant au sort de la civilisation chrétienne en Afrique, ils s’en sont toujours moqués comme de l’an quarante. (L’été de la vie, p. 12)

L’équivalence trouvée est judicieuse – on aurait pu songer aussi à « leur première chemise », mais l’an 40 est bien vu, dans le contexte. Pouvait-on conserver une tournure négative ? Ils n’en ont jamais eu cure. Jeu de mots assez fin, mais niveau de langue trop soutenu.

 

Breytenbach […] queered his pitch… (Summertime, p. 8)

il a brûlé ses vaisseaux… (L’été de la vie, p. 15)

Elle n’a pas beaucoup cherché, là. Equivalence, oui, mais d’un autre niveau de langue. L’idée est légèrement différente : en anglais, il s’agit plutôt de quelqu’un qui met à mal une situation idéale par irréflexion, sans les connotations bravaches du français (jeter son bonnet par-dessus les moulins ?). Souvent, d’ailleurs, l’expression ne s’emploie pas de façon réflexive. On pourrait envisager : il s’est mis dans le rouge / il a franchi la ligne jaune / il s’est tiré une balle dans le pied / il a scié la branche sur laquelle il était assis. En quelque sorte, dans le texte français, Coetzee-le-narrateur est beaucoup plus admiratif du geste de Breytenbach que dans le texte anglais. En anglais, Coetzee-le-narrateur intègre le point de vue raciste de l’opinion afrikaner officielle. C’est beaucoup plus intéressant.

 

… he swarthily handsome, she delicately beautiful… (Summertime, p. 8)

… lui séduisant et basané, elle d’une beauté délicate… (L’été de la vie, p. 15)

Un cas d’école. Adverbes qu’il est impossible de calquer, qui appellent des transpositions. La traduction est un modèle.

 

… the muzak… (Summertime, p. 21)

la musique d’ambiance… (L’été de la vie, p. 29)

Pas d’autre choix, sans doute, que cet étoffement. Quoi d’autre ? La musiquette ? La soupe ? NON. C’est frustrant, quand même.

 

Mister Prod (Summertime, p. 22)

Il est trop long d’expliquer pourquoi l’interlocutrice du biographe surnomme ainsi John Coetzee. Toujours est-il que la traduction

… ce picador à la manque… (L’été de la vie, p. 31)

est absolument enthousiasmante. Coetzee tiendrait-il, en Catherine Lauga du Plessis, une traductrice si bonne qu’il ne la mérite pas ?

 

… nothing but a clumsy accident, the act of a Schlemiel (Summertime, p. 25)

… rien d’autre qu’un accident, une maladresse de Schlemiel (L’été de la vie, p. 34)

Pas d’autre choix que de conserver le xénisme, le terme yiddish. Contre ce choix, il y aurait l’argument suivant : la littérature en langue française n’est pas traversée par le yiddish dans les mêmes proportions que la littérature en langue anglaise (surtout avec les textes américains). Mais cet argument ne tient pas, pour deux raisons clairement repérées :

  1. Le texte français est une traduction, ce qui est connu du lecteur.
  2. Le yiddish est une des langues de référence possible de tout texte littéraire, quelle qu’en soit la langue.

Il y a une autre raison, plus spécifique : --- 3. Il y a un écho sémiotique évident avec le célèbre conte (ou bref roman) d’Adalbert von Chamisso, Peter Schlemihl (une histoire de double).

Aussi, sur un plan linguistique : --- 4. Coetzee fait dire ce mot à Julia car il s’agit aussi d’un terme afrikaans (et même néerlandais).

“Only something that, being a schlemihl, he'd known for years: inanimate objects and he could not live in peace.” (Thomas Pynchon. V. 1963, p. 37)

 

Excitement all around, an envelope of libidinous excitement. From which I purposely excised myself. (Summertime,pp. 26-7)

Tous baignaient dans l’excitation, tous pris dans une excitation libidineuse. Quant à moi, je me tenais à l’écart. (L’été de la vie, p. 36)

Dans la première phrase, l’étoffement au moyen d’un verbe conjugué n’était peut-être pas évitable. Il était possible de risquer une dilution, plus proche stylistiquement du texte-source : Partout tout n’était qu’excitation, la gangue libidineuse impudique de l’excitation.

L’adjectif impudique serait bien meilleur ici, d’un point de vue rythmique. Mais le rythme n’est pas tout.

 

Ce qui est regrettable, c’est d’avoir effacé, dans la deuxième phrase, l’adverbe purposely (qui n’est pas purposefully), mais surtout de n’avoir pas conservé la paronomase excite/excise. Quand c’est une femme qui dit s’être tenue à l’écart d’un système social proche de l’échangisme, le recours au verbe excise myself (« m’exciser ») n’est pas banal. Il s’agit d’ailleurs d’un emploi très « limite » par rapport à l’usage en anglais.

 

‘Once,’ he repeated, cementing the lie. (Summertime, p. 29)

« Une fois », a-t-il répété, s’enferrant dans son mensonge. (L’Eté de la vie, p. 39)

Outre mon obsession très récente pour le ciment – qui est un motif agissant de ce chapitre, la 1ère interview – je m’étais demandé comment traduire cela. Il s’agit d’une parole qui scelle un mensonge : le mensonge est en béton, au moins pour celui qui le profère (et, d’une manière performative assez habituelle chez Coetzee, pour son interlocutrice aussi). L’expression française s’enferrer dans son mensonge (modulation avec changement d’image : ciment è fer) a d’autres connotations, me semble-t-il. A tout prendre, j’aurais opté, moi, pour scellant ainsi son mensonge.

(Remarque tout à fait annexe : a-t-on oublié, aux éditions du Seuil, les règles typographiques de base pour la présentation des dialogues en français ??? Il semble que tout le roman soit imprimé selon les conventions typographiques anglo-saxonnes, avec multitude de guillemets ouvrants et fermants en tous sens. Du grand n’importe quoi. Mais il est vrai que je cherche peut-être la petite bête, vu que j’ai de bonnes raisons d’en vouloir au Seuil, et notamment à la grande chamane et brasseuse de vent Anne Freyer.)

 

[Je me suis arrêté là, pour le moment, de l'exploitation traductologique de mes annotations. Il y a moins de petits ticks dans les pages qui suivent, de toute façon. J'ai lu pour lire, pour finir, pour voir, pour m'agacer encore de cette médiocrité froide.]

 

samedi, 11 décembre 2010

Chypre, l'île aux mille mines

Samedi 11 décembre 2010. Au petit matin.

Contre toute attente, la visite se poursuit ici. N'oubliez pas le guide. N'oubliez pas le guide. (Il ne bégaie plus il radote : déjà une parenthèse. Refermons-la.)

C'est non loin d'ici qu'est morte, il y a déjà dix-sept ans, Jacqueline Lamba. Cannes, Capri, Corfou, Port-Saïd, Aden, Colombo, etc. Elle a beaucoup voyagé, pas mal peint aussi. Toutefois, si la vérité de Xenakis est sa femme, si vulgaire, que dirait-on alors de la vérité d'André Breton ? Mieux vaut laisser la question sans réponse, et remonter sur la selle, parcourir les quelques kilomètres qui restent avant le château de Tours.

Ostinato est un livre de Louis-René des Forêts. Ma mémoire me joue des tours. Rouge et vert (le salpêtre ?), les couleurs saturées. Accroché près du bénitier, à un porte-manteau, trône, à la vue de tous les fidèles, un pardessus jaune à larges revers, en faux poil de chameau, ou est-ce de dromadaire, qui ne laisse pas de surprendre et de pousser la vieille dame qui se signe à se demander in petto quelle est cette incongruité dans une chapelle si exiguë, ou de contraindre le garçonnet craintif vêtu comme un des triplés du Figaro à détourner le regard avec un tremblement de toute l'âme. On est loin du compte. La sacristie a été détruite et se trouve désormais entièrement à ciel ouvert.

Ma mémoire me joue des tours. J'entends encore la toccata, sur des orgues lointains. La sacristie est une belle grande pièce, très majestueuse. Il recommence, avec ses ratures ! ---Chapelle Saint-Georges, XIe-XVe siècles. Rochecorbon (Indre-et-Loire), 18.09.2010.--- Oui, le scripteur inlassablement reprend ses feuilles, presque peintes à force d'être recouvertes de gribouillis (des faux cils, je vous jure !) et hachurées, couvertes de flèches et de signes cabalistiques (les heures passent, monotones). Or, le scripteur se soucie comme d'une guigne des critiques, poursuit ses ratures, quelle obstination. J'ai perdu le fil. Ma femme encore absente ce soir, elle a des cointes tous les soirs. (Ce n'est pas toi.) Or, le scripteur... Or, le scripteur se soucie comme de sa première chemise des censeurs qui pointent du doigt ses zébrures, flèches, hachures, remords, pâtés et ratures. Il poursuit ses travaux d'écriture, petite fourmi obstinée (dans quelle forêt sommes-nous ?) qui noircit des pages. Un jour, le livre publié ressemblera à ce gros pavé d'Onuma Nemon. Tiens qu'est-il devenu ?

Les gens d'ici l'appellent La Fougère. Il est fou, tout de même, de donner à traduire des passages tirés des Aventures d'une automobile des époux Williamson (Alice Muriel et Charles Norris). Au bord du cratère, oisif, tranquille, il devrait se méfier des pichenettes du scripteur (qui n'est pas je).

Nous rentrons tout juste de La Flèche. La maison plus propre que jamais. On ne pourra pas dire : C'était un vrai nid à poussière. Un des livres qui m'a le plus marqué, ces dernières années, malgré mes réserves, c'est Wittgenstein's Mistress ; pourtant, je ne me suis pas précipité sur les autres livres de David Markson, quoique j'aie offert ensuite la traduction française pour C. (et j'ai perdu, encore, le fil). MAIS VOYONS... Un massacre de huguenots....... (Sept d'un coup !) Dans cette même direction, Brown me montra de la main une forme étrange, qui ressemblait à un doigt effilé tendu vers le ciel : la Lanterne de Rochecorbon. Tiffany pense avoir tout inventé de la transgression, et Emily croit tout découvrir du travestissement : Trevor les assomme, à juste titre, en leur rappelant qu'on n'invente jamais rien (une définition restreinte du post-modernisme). C'est l'heure où s'anime le parc de la station thermale, au bout de la ligne de tramway venant de la ville. Et, ayant perdu le fil, lassé de tant de ratures (de tant de parenthèses, de tant de diversions, de tant de monologues, de tant de citations, de tant de niveaux, de tant de fadeurs), lassé, oui, et juste au moment où je commençais à me demander quand je pourrais citer (placer ?) Moon over Kentucky, je suis tombé sur cette chapelle dont le bénitier est fait, non de marbre ou de tuffeau, mais de sélénite (metallum gypsinum, précise doctement le guide rouge), avec les couleurs Chapelle Saint-Georges, XIe-XVe siècles. Rochecorbon, 18.09.2010 : Cène, détail.saturées, rouge et vert se disputant les faveurs de l'oeil. Fou, j'erre près du cratère, dictait l'helléniste à ses étudiants embarrassés. Le Nu rouge de 1953 a tout d'un Matisse, la laideur criarde en moins.

Nous sommes loin d'avoir là quelque peintre lambda, que même défriseraient les croix gammées, de sorte que l'on peut aisément lui porter, à titre posthume, un toast au blanc limé. Dans le verre, on décèle, à l'oeil, puis au palais, juste un soupçon de grenadine. Elle n'est pas anodine.

He seems an Aran fisher, for he wears

The flannel bawneen and the cow-hide shoe.

J'ai toujours un franc succès avec mes étudiants quand je leur enseigne les vertus de l'anadiplose.

Pourquoi vous êtes-vous hasardés sur ces chemins de traverse, alors que Racan ou la Vénus de Brassempouy devaient, presque essentiellement, constituer vos prochaines étapes ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Je n'aime pas Fidelio, les rôles, les films tchèques. Encore des ratures. A quoi bon des ratures. Le scripteur lève les yeux, aperçoit le visage austère. il regrette le temps des jeunes filles (Il y avait encore, grâce à vous, même au cœur de nos villes, de possibles rencontres sur la margelle des puits, dans les déserts de la sotte raison.), rature plus vigoureusement que jamais, s'étripe avec lui-même. Est-ce que cette toile, dont la matière s'est formée par carrés, représente une église, une tour, une lanterne ? En attendant, je vais tenter de préciser et de désemberlificoter mon propos. Bernard, bien malheureux, s'envole et tombe, crevé d'un coup de vent . Et près du cratère, je distinguais le cheval de Golo. Le scripteur habite au coin de la rue du Haut-Moulin. Il a eu l'idée de tuer le personnage en apprenant un samedi soir que sa femme (sa femme à lui, le scripteur : toujours des cointes !) s'était promenée sur les rampes de la falaise avec un inconnu. Son mouchoir sur les lèvres, la voici qui reparaît, et il lui avoue son inquiétude. Avons-nous dîné à Rochecorbon, près de la Lanterne ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Après les Aventures d'une automobile, le collègue du fier helléniste avait eu l'idée saugrenue de faire traduire du Yeats à ses étudiants de première année. De première année, vous imaginez.

Il est allé à Rochecorbon ; à Rochecorbon, mais jamais à Corcomroe.

 

11.12.2010. En fin Vitrail du XIIIe s. Chapelle Saint-Georges. Rochecorbon (Indre-et-Loire), 18.09.2010.de matinée, et le soir.

Saint Georges, à moi ! Le honk des oies se trouve dans une page d'Anglomania. Un si beau livre ! Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir. Le cri des grues est plus proche du roucoulement.

Je ne sais plus pourquoi (rythme ternaire mis à part) j'ai intégré ce honk des oies après Oloron et Pau. Les volutes ou arabesques dans la pierre sont le signe fort du toponyme (= Rochecorbon). La petite ville : mon fils cadet. La préfecture : mon fils aîné. (Au moment où le scripteur est tout ouïe, Gilles Teulié évoque le dragon ottoman.)

Pau et son frère ? J'ai perdu le fil. Glauber Rocha ? je ne crois pas. Bribes, phrases courtes, lapidaires. Antonio n'est pas Anatole. Phrases lapidaires. Le Brésil n'est pas un paquebot. Lapidaires, énigmatiques. Pénibles. (Il se rappelle n'avoir jamais rencontré le mot dinghy avant de devoir traduire Hier, demain, et s'être dûment chapitré sur le monde "la paille et la poutre", tant il est vrai que tout un chacun a ses travers.)

Epuisement des phrases lapidaires, énigmatiques, petering out (les vagues, le phare, la roche). Pénibles. Arabesques, d'où le dragon ottoman. Même épuisé, écrire. Phrases brèves, sèches, asséchées, crevant à l'air jaune du désert. D'où le dragon. La rature demande un geste vif. Même plus la force de raturer. Ce n'était pas Glauber Rocha. Ce n'était pas Glauber Rocha. La force de bégayer, on l'a toujours. L'épuisement du bégayeur ne s'arrête qu'avec la mort. L'épuisé est vivant. L'épuisement, c'est la vie. Lapidaires, phrases. Mais molles, donc pas lapidaires. D'où le dragon. Je bafouille parfois. Arabesques, he wrote. Alors, quoi ? QUOI (hurlement dans les dernières forces) ??? Pau (aîné) et son frère (cadet). Un boutre chinois, une épave, et la légende de Sindbad.

Obnubilé par les paires fraternelles, les fratries, le scripteur s'enferme dans une prison de mots, sans se laisser emporter par le vent

lui-même épuisé.

Gusts have eventually petered out. ============= Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.

Ce n'est pas un oxymore ; c'est un paradoxe. ====== Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.

Rue du Bercail, 1

Cet écran est d'une saleté... (Ces douleurs intercostales ne sont pas cardiaques.) Du haut de la tour où se trouve la B.U., on voit les nuées brumeuses (smog ?), avec, tout juste à l'est, une longue strie orangée. Il crâne avec les captures d'écran.

BERCAIL = IL-CRABE => CANCER (le C de CRÂNE, le M des MERES)

Tant de textes, si peu de temps. Tant de mois de stérilité. Et devant soi ? La vie ? (Ces douleurs intercostales ne sont pas cardiaques.) Reste à creuser, toujours, la question des ornières : il me semble qu'adolescent déjà je souhaitais écrire un roman dont le titre serait Ornières (ou y avait-il le mot "ornières" dans le titre ?).

Ce qui suggère => Santiago A. Un adulte mutique.

Oloron, Pau, le honk des oies

Je me gave de café, moins pour me réveiller, me réchauffer ou atténuer l'effet de l'oreiller trop volumineux sur ma nuque, que pour me donner une contenance. Un samedi qui commence bien. Déjà un long texte écrit en hypographe à une photographie récente de la chapelle Saint-Georges à Rochecorbon. (J'ai raté une occase : Lamba / lambda. Il faut aussi que je trouve ma voie.)

Bientôt aux Tanneurs pour la soutenance de thèse de Stéphanie.

Longs textes.

Pourtant, choses à faire : sujets d'oral pour le M1 (marathon de mardi) ; placer les 56 groupes de tutorat Asiaco dans les emplois du temps du deuxième semestre ; faire les listes des étudiants pour ces mêmes séances. (WAW.)

Côté écriture : je me tâte pour l'autre texte. Celui que j'ai commencé par pochade me stimule plus. (Le scripteur, quelle forfanterie !) Il n'est pas anodin que cela permette, par recoupements citationnels, de récupérer tels quels (ou presque) un nombre presque infini de textes déjà écrits sur l'un ou l'autre blog carnétoile.

Même côté, presque : billet sur quelques phrases de Summertime (et regarder leur traduction) ; billet sur l'un des récits brefs de Mia Couto ; billet sur Herta Müller ; billet sur le journal 2009 de Renaud Camus. Chantiers, toujours, et dans une semaine plus de connexion Internet. (WAOW !) Et aussi, cette phrase lue hier soir, ou plutôt cette nuit, phrase idéale pour Le Livre des mines (dans Les Inachevés).

Nouveaux limericks (à l'ancienne) attendront (désolé, Valérie).

 

Louv(r)e à la b(r)asse

Traversé le Louvre à la brasse, quel cirque ! Aujourd'hui, Edmond et Jules se reposent. Ron et Mael discutent de Derrida. Denis et Maurice évoquent de vieilles photographies jaunies (le temps, à peine, d'un clignement de paupières, tant et tant que le phraseur bataille), par-dessus la ligne imaginaire du tropique du Cancer. C'est Michael qui est mort. Château de La Roche Courbon (Charente-Maritime), 15 juillet 2008, vue du château et des jardins depuis le haut de l'escalier d'honneurLa trompette est-elle veuve ou orpheline. (Pour le frère, il n'y a pas de mot. Le sujet du roman de Vassilis Alexakis est pourtant ce veuvorphelinage, deuil, insurrection tendre des spectres, et poème brusqué la Vénus de Brassempouy. Au moins, nous saurons où diriger nos pas, dans la galerie de portraits, pour la prochaine notule. Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse.)

Escalier. Escalier somptueux. Escalier somptuaire. Manquent les majuscules d'usage. Escaliers. Grand miroir d'eau à la versaillaise. Traversé les douves à la brasse ; mouvement, immobilité, blanches courbes.

Bien des jeux de mots. Peu de ratures. Pas de ratures. Phrases courtes, blanches courbes dans le ciel. Château en Saintonge, songes creux. (Pourtant, pensait-il, ces petites phrases sèches dont on pourrait penser que le scripteur les a tirées de sa manche comme au jeu des kyrielles sont tout simplement de fades enchaînements, sans contrainte, pure suite sèche, pas même énigmatique. Qui en dit trop ne dit rien.)

 

MAIS VOYONS (bon sang, mais c'est bien sûr !!) :::: IL S'EST AFFRANCHI ----- de QUOI ??? des culs obliques ? (blanches courbes, bon sang mais c'est bien sûr !)

Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse. Le revoilà qui bégaie. Qui en dit trop ne dit trop rien. Château de La Roche Courbon (Charente-Maritime), 15 juillet 2008, statue XVIIè siècleLe revoilà qui bégaie. Mais tout de même, cette silhouette pataude (fermière d'été ? veuvorpheline de comédie larmoyante ?) ne manque pas de se diriger, d'un mollet agricole mais décidé, vers les marches inférieures d'un escalier du haut duquel se donne à voir, dans toute sa splendeur, le grand miroir d'eau, puis, dans sa perspective mieux encore que cavalière, le château de La Roche Courbon lui-même. Château de La Roche Courbon (Charente-Maritime), 15 juillet 2008, l'escalierIrons-nous porter nos regards vers Racan, ou vers la Vénus de Brassempouy ? Décidément, nous ne savons rien. le scripteur ne nous aide pas. Il faut refermer la parenthèse, retrouver la perspective mieux que cavalière du haut de laquelle -- n'y avait-il pas là quelque glougloutante fontaine ? -- nous pûmes admirer le grand miroir d'eau et au-delà, altier mais épars, le château de La Roche Courbon. Et de là rebondir

(le grand mot des médias ; le grand mal du début de siècle )

et rafraîchir notre regard, si cela est possible.

 

Oh oui, cela est possible, même aisé. (Il bégaie, il zézaie. Réjean Ducharme m'ennuie : pourquoi fais-je pire ?) Possible de rafraîchir le regard, d'aligner les phrases, de se rappeler même les sept fois où vraiment je suis passé près de la chapelle des Carmes en la regardant pour de bon, non inattentif (si je peux risquer cette double négation), ne songeant pas à quelque maroquin, maudit rond-de-cuir ! Château de La Roche Courbon (Charente-Maritime), 15 juillet 2008Possible de rafraîchir le regard sans être obnubilé de l'obturateur, dératé du déclic (pourtant, sans ces clichés par milliers, aurais-je matière à tant de phrases ? ils sont le déclic), et d'échapper aux culs obliques (hardly a savoury phrase, quite a sorry sight too). Et, à la lisière du vendredi et du samedi, après avoir trimé sur les petits rectangles roses, bleus, jaunes ou verts du logiciel ADE (tels qu'ils apparaissent, sur les pages individuelles des emplois du temps, dans l'Environnement Numérique de Travail), le scripteur (qui n'est pas je : les instances importent) se repose-t-il vraiment à colorier des pattes-de-mouches ?

(Trop de questions, trop de parenthèses. A quoi bon, alors, se passer des ratures ?)

 

vendredi, 10 décembre 2010

Mort d'un personnage.

Un autocar vénérable, jaune et gris, au terme de son parcours s'est garé au bord de la piste, et va faire demi-tour. Je ne peins palettes, je peins l'épaisseur. (Ce pourrait être l'aphorisme désignant au monde ébahi (ébaubi ?) la folie de mon père pour les palettes de chantier, bois dont il se chauffe ?? non !!bois dont il fait ni!!choirs pour les OISEAUX.) Et ce car à palindrome, alors ? Un dromadaire s'enfuit, trop hâtivement, comme s'il volait au-dessus de la ligne interminable du sable saharien. Car marocain à Tours (détail)Droit comme un i, Bernard soulève un peu la tête, mèche furibarde et regard en billes de loto. Il me fixe, il est fou. Car c'est une chose que je sais, car c'est un matin. Il n'y a pas le feu, écrit-il avec son stylo quatre couleurs (comme si les points de suspension...). Bernard est-il vraiment heureux de cartonner ? D'envoyer paître ? (L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek. L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek.) Alors, Bernard se ravise, change son fusil d'épaule, franchit le feu rouge sans regarder ni à droite ni à gauche ; il change aussi (M. Swann, le père, était agent de change.) de direction, et même de rythme de marche ; ne dirait-on pas qu'il change d'allure, et, qui sait (M. Swann, le père, était agent de change.) de taille, de démarche, au point qu'on pourrait finir par s'imaginer, que s'il faisait demi-tour (vénérable, jaune et gris), il n'aurait plus même cette rectitude (droit comme un i) et cette folie qu'il exsude par tous les pores. A quoi servent toutes ces ratures ? (Vous êtes fort comme un Turc.) Car marocain à Tours (détail)Bernard est au bord du cratère.

False eyelashes made out of dead fly legs ? Unsavoury indeed. Bernard est au bord du cratère.

Reprenons autrement, voulez-vous ? Sur un banc, vers le fond du jardin, est assise une femme très âgée. Reprenons autrement, voulez-vous ? Bernard, furibard encore mais ayant changé de démarche, droit toujours mais comme un palindrome, se tient, droit toujours, au bord du cratère. Qu'est-ce qu'il vase. Il ne vacille pas. Il ne vacille pas. Penser à Anatole l'aide à tenir bon. D'où (parti de l'université, en pleine cité) peut-il se retrouver au bord d'un cratère ?

Reprenons autrement, voulez-vous ? Le scripteur, alignant des pattes de mouche sans saveur, a fini par se livrer différemment (Reprenons autrement, voulez-vous ?) à son petit jeu de collages, et choisit la phrase la plus proche (juste avant, juste après), de sorte que la référence à la suite de lettres (ORC, COR, ROC) n'est pas immédiatement (ni même médiatement) trouvable --Car marocain à Tours (détail)-- si j'ose risquer ce vilain adjectif. Tout de même, ils exagèrent. D'où ce cratère ? A quoi ces ratures ? Et ce palindrome près du dromadaire ? N'a-t-il pas l'air d'un Romain ? (Pourquoi voulez-vous qu'il soit étranger ?)

Fragments de mains, de bras soulevant les rideaux : le scripteur, les voyant, se ravise encore (comme Bernard, le fou, j'y songe), et trouve une échappatoire au triangle infernal que forment le palindrome, le dromadaire s'envolant au-dessus de la ligne de sable et l'ombre portée du feu tricolore. Il multiplie les couleurs, les flèches dans la marge du manuscrit, les ajouts et les ratures. Il écrit une phrase de cent quarante-trois mots (j'ai compté) pour décrire ces mouvements furtifs de bras, qui donnent plus de pesanteur à la démarche aérienne du dromadaire. Car marocain à Tours (détail)Puis, jetant un dernier regard au banc où la femme très âgée lit un vieux volume des Jalna (ce n'est pas un palindrome), il pose la pointe du stylo quatre couleurs sur la tête maintenant éméchée de Bernard (au bord du cratère), et le pousse d'une légère pichenette qui, le faisant vaciller, le condamne à ne plus fulminer.

Alors, le scripteur repose le stylo et inspire profondément, fermement décidé à se reposer au gré d'un vent léger, où flottent les senteurs vives des lilas blancs.

jeudi, 09 décembre 2010

..... composer chastement mes charmes .......

9 décembre 2010.

Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Eglise des Carmes, dite aussi Saint-Saturnin, Tours, 29 janvier 2010.Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.

?!titre =titre

Le temps d'une escapade funèbre dans les Landes chaleureuses, le grand beau soleil de décembre a enfin envahi le ciel de Touraine, et nous voici à le saluer, comme un dimanche (tout le planning de travail chamboulé, et les enfants ayant manqué l'école - nous ne pouvions être certains d'être rentrés à une heure de l'après-midi), Alpha inventant, dans le jardin, les différentes expositions temporaires d'archéologie qui se succéderaient au Château de Tours s'il en était le directeur (ou le commissaire permanent = un terme qui fleure bon les jolis temps de l'U.R.S.S.), et moi à poursuivre ma lecture des Inachevés de Reinhard Jirgl. Tout le planning bouleversé, un vendredi très lourd se profile. Et nos /visages\ tenteront de retrouver ?!éternellement des sourI!res (=fugaces).

 

mardi, 07 décembre 2010

Frimas à Florence

La grand-mère paternelle de C. est morte dans la nuit de dimanche à lundi. In memoriam.

 

 

Cadran solaire à Versols (Aveyron), 7 août 20107 décembre 2010. Il ne lisait ni Sols, ni Cape Cod, ni Capitaines courageux. Il ne m'a pas répondu d'une moue dubitative, ni avec un ton mitigé, ni en pleurant à chaudes larmes. (Elle s'écrit, je m'écrie.) Ce n'était pas rue Cardan, ni boulevard Bourdon, ni à Montrouge. Ce n'était pas en avril (the cruellest month) ni en juin ni en septembre. Il n'était question ni de gaspillage ni de déchets ni de perdre son temps : à quoi, d'ailleurs ? à quoi bon ? Il pleuvait à torrent, et dans les Landes aussi, mais dans un air plus doux. Les heures passent. Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Etait-il de bonne foi, sa moue non dubitative (mais quoi ? agacée ? non, pas même), son ton pas mitigé (perplexe, peut-être), ses larmes pas chaudes (ses yeux secs) ? Pourquoi photographier toujours les plaques portant les noms de rues, boulevard Bourdon écrasé par la chaleur ? Jacob fait un blocage, son Panasonic se bloque. Ce n'était pas dans la rue Traversière, où les heures s'égrènent plus lentement. Une éponge à nettoyer les calamars, je vous jure ! (D'ailleurs, squid n'est-il pas invariable ?)

Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Et Denys qui fit construire une prison en forme d'oreille ! En forme d'oreille, je vous jure ! (Si vous le dites.)

J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, sinon comment trouver une aiguille dans une botte de foin, et le Relais de la Poste ------ à Versols, peut-être ? Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir Honzak. Faute de calamar, ils se servaient d'un crapaud-buffle, ou de petites grenouilles ligotées ensemble, en guise d'appât. Michal Tokaj prend le relais. Les heures passent, plus lentement dans la rue Traversière, au rythme galeté de la Sorgues. Ce n'était pas à Paris ni à Rouen. So far I'm sure. Ce n'était ni en avril (le mois le plus rude, le plus amer) ni en juin, ni en septembre; Ce n'était pas dans un roman de Laurent Cohen, ni dans Le sourire d'Achille. (Volent les corneilles.) Lukasz Zyta accompagne Piotr Baron et Christian Rover. Faute de calamar, ils prenaient comme appât un crapaud-buffle.

Flûte !!! De la chair pour vos vers ! Od šesti let navštěvoval hodiny piana a ve čtrnácti začal hrát na kontrabas. Si vous le dites. Si vous le dites. Ce n'était pas à... Si vous le dites. Ce n'était pas en avril. Si vous (le mois le plus barbare) le dites... Jacob fait un blocage invariable rue Traversière. Si vous le dites. Les heures passent, en avril comme en juin comme en septembre. Après vérification, c'est la grammaire de Le Prieux qui est exagérément normative ; l'OED est plus cool. Les heures passent, au fil du rasoir. Si vous le dites.

Quatre mois seront passés. Lorca le sait. Lukasz Zyta lui souffle. While Baranski and drummer Lukasz Zyta play a sprightly romp, Maupin coaxes wistful phrases from his soprano. Ce n'est pas ce disque, mais Present Past. Quatre mois auront passé. Si vous le dites. Si vous le dites. Chaleur, canicule, temps de chien sur le boulevard Baron. Les heures passent, se muant en mois (quatre) puis ans (cinq). Il m'est aussi impossible d'être sérieux. Quelle chaleur ! (Ce n'était ni un sergent ni un amiral. Il ne faisait ni le poirier ni la roue.) Quelle chaleur ! Si vous le dites : quelle chaleur ! Et le Relais de la Poste, une aiguille dans une botte de foin, une alouette rôtie dans le bec (ce n'était pas rue Carvès, à Montrouge ( le lieu le plus amer ?)), une moue claire comme de l'eau de roche (pas dubitative). If : si vous le dites.

La prochaine étape passe par Hermilix. Passent les heures. J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Si vous le dites.

 

lundi, 06 décembre 2010

L'Aube naît (à minuit)

Bourdon butinant des fleurs de troène. Tours, 21 juin 2009.5 décembre 2010, encore (en dernier recours). Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Il y a un Travers dans Le Moyen de parvenir. Tout y est, c'est une farcissure. Il n'en demeure pas moins que, si fin esprit fussiez-vous, vous ne parvîntes jamais à trouver le Relais de la Poste, à Tavers, de sorte qu'il vous fallut prétexter que c'était au diantre vicomte (un de vos insupportables maniérismes) et que même les militaires qui avaient fini par localiser Ingrid Bétancourt n'auraient pu vous venir en aide. Verville n'est pas le nom du chien de traîneau, ni le boustrophédon de vauvert. Que diable allait-il faire dans cette galère ?

Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, mais à Troarn, of all places. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Comment se nomment alors ces feuilles, et aussi ces troupes de terroristes dont on parlait quotidiennement à la radio quand la photographie d'Ingrid Bétancourt ornait les frontons de tant d'édifices publics ? Il se peut à ce stade qu'il faille resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer, car l'auteur s'aperçoit qu'il confond Ingrid Bétancourt avec cette journaliste également otage et de ce fait célèbre qui a ensuite fait un reportage dans les bas-fonds sans jamais être reconnue. Pourtant, vos indications étaient très précises. Ce n'est pas à Troarn, ni à Roanne. Son regard vert s'est un peu voilé, les feuilles sont comme de laurier, les tours jumelles se sont effondrées. Ce n'est ni Troarn ni Trébeurden ni (non plus) cette bourgade que l'on traverse en descendant vers Rouen, en venant de l'est, et dont le nom, pourtant, commence par la lettre T. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Les noms nous échappent.

What's his latest fad ? Les noms nous échappent, le temps file, les grimaces sont légion. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Dans Tavers désert, je n'ai pas même entendu de grimpereau. Pourtant, vos indications étaient très précises. Etait-ce la canicule (33 degrés -- il préfère le substantif chaleur) ou le temps à la pluie ? La bouteille à l'encre (verte : note, encerclée au crayon-feutre vert) ? La plainte, bruissement du feuillage ? Le laquais était-il en frac, ou laissait-il entrevoir son froc ? Les noms toujours nous échappent, et cela ne sert à rien d'avoir le cafard (weemoed dans le texte). Pourtant, vos indications étaient très précises. What's his latest fad ? Je triomphe.

 

dimanche, 05 décembre 2010

Some Skunk Funk

Guillaume Duparc, hétéronyme improductif. Saint-Cyr sur Loire, samedi 27 juin 2009.

mercredi, 01 décembre 2010

Grignes

Aujourd'hui, en lisant l'emballage d'une baguette de pain, j'ai découvert l'existence, et le sens, du mot grigne. Techniquement, et d'après le Robert culturel, c'est la "couleur dorée du pain bien cuit", ainsi que la "fente que le boulanger fait sur le pain". Typiquement le genre de mot que quasiment personne ne connaît, mais dont tout le monde pratique le référent (pour cuistriser)*.

Ce substantif est dérivé d'un terme régional, grignon, attesté dans les poèmes de Ronsard (toujours dixit le Robert culturel), terme lui-même dérivé du verbe grigner (qui signifie : plisser, tirer les lèvres, faire la grimace). Comme il arrive, le verbe dérivé de grigner, "grignoter", a survécu, alors que grigner est bel et bien, et pour le moins, un archaïsme.

Cette découverte est l'occasion de redonner vie à la rubrique des Mots sans lacune, et doublement encore : avec la citation du poème paillard de Ronsard (cf infra) ; avec une citation, si possible littéraire, pour illustrer le sens boulanger de la grigne (à suivre, un jour ???).

[Grignon]

Helas ! dit Jaquet, ma doucette,
Si plus cher ne t'est ton grignon
Que moy, Jaquinot, ton mignon,
Approche-toy, mignardelette,
Doucelette, paillardelette,
Mon pain, ma faim, mon appetit,
Pour mieux te chouser un petit.

(Les gayetez et les épigrammes de Pierre de Ronsard. 1573.)

 

 

* Une brève recherche sur Google indique que la grigne est aussi une sorte de godemiché, d'où il devient évident que l'analogie paillarde du poème de Ronsard a de beaux jours devant elle !

 

Des confituriers figurés

 

Mercredi 1er décembre, six heures du matin.

 

Comme C., mais différemment d’elle, j’ai mon confiturier.

Le confiturier, dans notre maison, n’est pas un meuble servant à stocker les confitures, mais le dépositaire des lectures imminentes ou un peu moins qu’imminentes. La table de chevet de C., de son côté du lit conjugal, est un confiturier dans lequel il est possible d’entreposer, et même de ranger, une petite trentaine de livres. Par habitude, c’est là qu’elle garde les livres qu’elle veut lire dans un futur proche (ou moins proche. Ainsi, jetant un œil par hasard, il y a quelques jours, je me suis aperçu qu’au moins l’un des livres qui s’y trouve (trouvent ?) a été acheté il y a deux ans sans doute, ou à peine moins – or, je voulais le lire : il s’agit de La Symphonie du loup).

Et donc, j’ai moi aussi mon, et même mes confituriers… Il y a tout d’abord l’une des étagères du petit meuble qui sert de discothèque et de partition entre le salon et la salle à manger. Nommons-là Confiturier 2. (Le 1er, le vrai confiturier, celui qui sert de table de chevet à C., est d’évidence premier, et hors compétition.) Il y a aussi les deux petites étagères de ma propre table de chevet, une sorte de meuble d’angle en bois de pin, absolument pas fonctionnelle, mais passons… : nommons cela Confiturier 3. Plus subtil, il y a les micro-piles qui se trouvent sur (ou sous le plateau de) mon bureau. Confiturier 4, of course.

On l’aura compris, mes confituriers sont les lieux où j’entrepose les livres à venir (i), ou en cours de lecture (ii), mais aussi les livres déjà lus mais que je ne veux pas encore ranger dans la bibliothèque (iii), soit que j’en aie besoin pour mon travail (a), soit que je compte écrire une recension à leur sujet (b – ah, ah, j’en ris encore), soit par un scrupule indéfinissable (c). Certains de ces ouvrages sont des emprunts à la Bibliothèque Universitaire ; dans la mesure où j’ai toujours aimé les livres de bibliothèque (à condition qu’ils ne soient pas de poche, et soient dans un bon état) et dispose de conditions d’emprunt assez idéales (20 ouvrages pour 3 mois), il y en a toujours en transit.

Avant de tenter de dresser ici la liste des livres qui se trouvent dans chacun de ces confituriers au sens figuré, je veux dire, à titre d’exemple significatif, que j’ai reçu hier, par la Poste, Summertime, le troisième volet de l’autobiographie de J.M. Coetzee, et que, voulant le lire immédiatement (en dépit des déjà x ouvrages en cours de lecture) je l’ai emporté directement au lit à l’heure du coucher, sans passer par la case confiturier (et sans toucher mes vingt mille balles, il va sans dire). Il est indispensable que j’en commençasse la lecture au plus vite, car C. a commencé à le lire en traduction, et, dans ces cas-là, j’aime bien : i) pouvoir discuter avec elle d’un même livre lu à peu près simultanément  ii) ne pas risquer d’être découragé par elle de l’envie de lire un livre (ce qui s’est produit naguère avec Choir d’Eric Chevillard).

 

 

Confiturier 2.

 

  1. Demeures de l’esprit VI (France III) de Renaud Camus - i
  2. Collected Poems de John Ashbery (American Library) - ii
  3. La convocation de Herta Müller - i
  4. Anglomania - i 
  5. Nils Holgersson de Selma Lägerlof (dans la traduction exhaustive Actes Sud) - iii, c
  6. Amor & Furor de Günter Brus - iii, b
  7. L’Histoire des vers qui filent la Soye de Béroalde de Verville - ii
  8. Le renard était déjà le chasseur de Herta Müller - iii
  9. Le fil des missangas de Mia Couto - iii, b
  10. Homesickness de Murray Bail - i
  11. Steam Pigs de Melissa Lucashenko - i
  12. Récits 1971-1982 de Thomas Bernhard - i
  13. Le Secret de Caspar Jacobi d’Alberto Ongaro - i
  14. The Hours de Michael Cunningham - iii, a
  15. Der Spaziergang de Robert Walser - i
  16. Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau de Laszlo Krasznahorkai - i
  17. Voyage au pays des Ze-Ka de Julius Margolin - i
  18. Les Inachevés de Reinhard Jirgl - i
  19. Renégat, roman du temps nerveux de Reinhard Jirgl - i
  20. Et si les œuvres changeaient d’auteur ? de Pierre Bayard - ii
  21. Paysage et portrait en pied-de-poule de Thierry Beinstingel - iii, b
  22. Les sept fous de Roberto Arlt - iii, b
  23. Sämtliche Werke de Franz Kafka - i (ii)

 

Il est trop tôt dans la journée pour aller farfouiller dans la bibliothèque ou la chambre à coucher et dresser la liste des ouvrages se situant dans les confituriers 3 et 4.

 

Fidélité aux goûts d’enfance, bis

 

« Plus de choses à dire en matière de musique. »

En effet.

 

Vers l’âge de vingt-trois ou vingt-quatre ans, j’ai eu la curiosité – à l’époque où je faisais des razzias chez Gibert – d’acheter en CD le premier disque des Talking Heads, qui faisait partie de mes cassettes favorites vers l’âge de neuf ou dix ans (avec, pour m’en tenir à la pop de langue anglaise, Sparks et Manhattan Transfer*). J’avais été surpris de trouver aussi bon et aussi original ce disque, après quinze ans et de nombreuses découvertes dans cette zone (Bo Diddley, Zappa, les Yardbirds, les Clash)**. Bien sûr, il est difficile de savoir ce qui relève de la nostalgie, du souvenir d’enfance, et ce qui tient le coup, malgré tout, résiste à un jugement plus « adulte » - j’allais écrire objectif, ce qui serait une belle ânerie.

Même chose récemment avec les Sparks (j’en ai déjà touché un mot), dont je viens d’acheter 5 albums ; cela ne m’étonne pas du tout que ce duo fraternel ait poursuivi sa carrière et écrit des chansons comme ‘How Do I Get to Carnegie Hall’ ? (2002) ou ‘Let the Monkey Drive’ (2008). Deux hypothèses : soit j’ai toujours des goûts aussi pourris qu’à huit ans, soit mes goûts ont évolué, mais des îlots de mes goûts d’enfance surnagent car j’avais eu quelques intuitions.

 

Le plus surprenant est que, en général, le temps a pour effet de me conduire à aimer des chanteurs ou des genres musicaux que je trouvais inaudibles quelques années auparavant. Ainsi de l’opéra : adolescent, j’aimais bien (ce qui veut dire que je n’aimais pas, mais pouvais écouter) la musique symphonique, mais pas du tout l’opéra – mon goût a changé peu après mes vingt ans, par le truchement des Noces et de Don Giovanni, puis de Britten (Gloriana). Ainsi de Léo Ferré ou, plus récemment, de Claire Diterzi (dont le second album m’agace tout de même prodigieusement). Ainsi de la musique baroque, voire Renaissance, qu’Alpha, avec son goût très marqué, plus jeune, pour les châteaux du Moyen-Âge tardif et de la Renaissance et pour tout ce qui s’y rapportait, m’a fait entendre.

À ce stade de la réflexion, je ne sais pas si l’affection durable pour le premier album de Talking Heads (mais guère pour les suivants, d’ailleurs) relève de l’exception, ou d’une règle contradictoire dans un système complexe mêlant formation progressive du goût, mémoire, nostalgie, paradoxes internes.

 

 

* Il y a le cas particulier d’Ian Dury & the Blockheads. En effet, mes parents n’avaient que le 45-tours de ‘Hit Me With Your Rhythm Stick’. Quand j’ai acheté le CD correspondant à l’album Do It Yourself, j’ai découvert toutes les autres chansons, dont la plupart sont bien meilleures, et plus complexes, plus résistantes à de multiples écoutes que « Hit Me… », qui est rigolo et bien fait, sans plus.

** … et sans parler des découvertes musicales d’un autre ordre, dans le domaine du jazz (depuis l’âge de 19 ans, sous l’influence très marquée et heureuse de mon beau-père) ou de la musique-classique-comme-il-ne-faut-pas-dire (découvrir vraiment Bach et Alban Berg, ça vous change un homme).