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mercredi, 01 décembre 2010

Fidélité aux goûts d’enfance, bis

 

« Plus de choses à dire en matière de musique. »

En effet.

 

Vers l’âge de vingt-trois ou vingt-quatre ans, j’ai eu la curiosité – à l’époque où je faisais des razzias chez Gibert – d’acheter en CD le premier disque des Talking Heads, qui faisait partie de mes cassettes favorites vers l’âge de neuf ou dix ans (avec, pour m’en tenir à la pop de langue anglaise, Sparks et Manhattan Transfer*). J’avais été surpris de trouver aussi bon et aussi original ce disque, après quinze ans et de nombreuses découvertes dans cette zone (Bo Diddley, Zappa, les Yardbirds, les Clash)**. Bien sûr, il est difficile de savoir ce qui relève de la nostalgie, du souvenir d’enfance, et ce qui tient le coup, malgré tout, résiste à un jugement plus « adulte » - j’allais écrire objectif, ce qui serait une belle ânerie.

Même chose récemment avec les Sparks (j’en ai déjà touché un mot), dont je viens d’acheter 5 albums ; cela ne m’étonne pas du tout que ce duo fraternel ait poursuivi sa carrière et écrit des chansons comme ‘How Do I Get to Carnegie Hall’ ? (2002) ou ‘Let the Monkey Drive’ (2008). Deux hypothèses : soit j’ai toujours des goûts aussi pourris qu’à huit ans, soit mes goûts ont évolué, mais des îlots de mes goûts d’enfance surnagent car j’avais eu quelques intuitions.

 

Le plus surprenant est que, en général, le temps a pour effet de me conduire à aimer des chanteurs ou des genres musicaux que je trouvais inaudibles quelques années auparavant. Ainsi de l’opéra : adolescent, j’aimais bien (ce qui veut dire que je n’aimais pas, mais pouvais écouter) la musique symphonique, mais pas du tout l’opéra – mon goût a changé peu après mes vingt ans, par le truchement des Noces et de Don Giovanni, puis de Britten (Gloriana). Ainsi de Léo Ferré ou, plus récemment, de Claire Diterzi (dont le second album m’agace tout de même prodigieusement). Ainsi de la musique baroque, voire Renaissance, qu’Alpha, avec son goût très marqué, plus jeune, pour les châteaux du Moyen-Âge tardif et de la Renaissance et pour tout ce qui s’y rapportait, m’a fait entendre.

À ce stade de la réflexion, je ne sais pas si l’affection durable pour le premier album de Talking Heads (mais guère pour les suivants, d’ailleurs) relève de l’exception, ou d’une règle contradictoire dans un système complexe mêlant formation progressive du goût, mémoire, nostalgie, paradoxes internes.

 

 

* Il y a le cas particulier d’Ian Dury & the Blockheads. En effet, mes parents n’avaient que le 45-tours de ‘Hit Me With Your Rhythm Stick’. Quand j’ai acheté le CD correspondant à l’album Do It Yourself, j’ai découvert toutes les autres chansons, dont la plupart sont bien meilleures, et plus complexes, plus résistantes à de multiples écoutes que « Hit Me… », qui est rigolo et bien fait, sans plus.

** … et sans parler des découvertes musicales d’un autre ordre, dans le domaine du jazz (depuis l’âge de 19 ans, sous l’influence très marquée et heureuse de mon beau-père) ou de la musique-classique-comme-il-ne-faut-pas-dire (découvrir vraiment Bach et Alban Berg, ça vous change un homme).

 

 

Commentaires

Vers l’âge de vingt-trois ou vingt-quatre ans : trop tard, t'étais foutu.

Écrit par : VS | mercredi, 01 décembre 2010

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