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mercredi, 14 septembre 2005

Réponse à Claire (du Collectif de soutien aux demandeurs d’asile)

Il semble y avoir un malentendu, à en croire le commentaire récent de Claire : je n’ai jamais remis en cause le bien-fondé des demandes d’asile spécifiques de chacune des familles « accueillies » sur le site Tanneurs. En revanche, oui, dans ce billet d’humeur pas très mesuré, parfois excessif, j’émets des doutes sur la stratégie du collectif (et non du comité, c’est noté, même si ce “collectif”-là a paru, à nombre de collègues et d’étudiants, bien sectaire et peu enclin à s’ouvrir à la collectivité de ceux qui auraient voulu soutenir les demandeurs d’asile) et sur le rôle réel des vrais étudiants de l’université dans cette instance.

J’ai eu l’occasion, entre début avril et la mi-mai, de discuter à trois reprises avec des membres du dit collectif. La première discussion a eu lieu le lendemain du concert de clôture de Marc Ducret, en lever de rideau duquel nous, les spectateurs, avions applaudi le petit laïus de l’un des responsables du collectif, qui avait fort bien parlé, et dans la plus grande justesse. Ce premier entretien, avec le responsable en question et une jeune fille qui n’avait pas l’air très bien renseignée* sur le statut des demandeurs d’asile et la Convention de Genève, mais pleine de bonne volonté et de détermination. Discussion intéressante.

Plus tard, tout début mai, passant près de l’amphithéâtre Thélème, dans la rue, me rendant directement au département d’anglais par l’extérieur, je fus interpellé par un des membres du collectif, qui, me voyant en cravate, ce qui apparemment, était un crime, me lança « Eh toi, le PDG, t’arrêtes pas surtout pour t’informer ». Vous l’avouerai-je ? je ne fus pas surpris du tutoiement ni de cet amalgame entre mon habit et l’idéologie que l’on me supposait**, mais j’allai vers le “jeune” en question (de cinq ans, au bas mot, plus âgé que moi), à qui j’expliquai ma position très modérée sur le sujet, à qui je racontai que j’avais déjà eu une longue discussion avec deux de ses acolytes, et à qui je déclarai aussi qu’il me semblait qu’avec le blocage des négociations, il y avait peut-être moyen de passer à d’autres modes d’action, au lieu de poursuivre une occupation qui avait pour principale conséquence d’irriter et de s’aliéner des personnes (agents, professeurs et étudiants) qui soutenaient au départ, pour la majorité,  la cause des demandeurs d’asile et dont la patience s’effritait. Le vociférateur n’eut rien à me dire, qu’un espèce de bafouillement assez incohérent que j’interprétai comme un laissez-passer (ou un refus de discuter?) ; je vaquai donc à mes occupations.

La troisième discussion eut lieu quelques jours plus tard, car je voulais m’informer directement de l’évolution de la situation, assurer le collectif de mon soutien, à quelques restrictions que j’ai ensuite (plus d’un mois plus tard) explicitées et aggravées dans la note qui a provoqué votre courroux.

Pas d’incident cette fois-là, mais, si vous y tenez, je vous signalerai qu’une étudiante que je connais depuis deux ans et qui avait voulu s’informer semblablement, avait été (je cite) « branchée par un type qui puait le shit » (moi, je ne pourrais pas confirmer, c’est une odeur que je ne parviens pas  identifier) et qu’elle « n’avait rien pu lui tirer d’autre » et « avait filé vite fait ». Comme le collectif me semble avoir vécu isolé dans sa bulle pendant deux mois, plus ou moins contraint (et je le regrette, et en veux, de ce point de vue-là aussi, à la préfecture***) à une radicalisation des discours et des actes, je pourrais vous citer de nombreux autres exemples, pour ne rien vous dire de certains propos que m’ont tenu certains agents, qui étaient excédés par la situation.

Enfin, si je comprends votre indignation à la lecture de ma note, sachez que, contrairement à ce que vous affirmez :

1)      je ne me suis pas tenu à l’écart de ces “événements”

2)      je ne suis pas ignorant en matière de droits des demandeurs d’asile*

3)      je n’ai pas de leçon de civisme, d’humanisme ni de morale, ni surtout de militantisme, à recevoir de vous

4)      je n’ai jamais douté que les étudiants du collectif étaient capables d’être admis à leurs examens, et je ne vois pas où vous êtes allée pêcher une idée pareille

Je conçois que votre erreur et votre véhémence viennent en grande partie d’un malentendu ou d’une mauvaise interprétation de mes propos, qui, très partiels et partiaux, se prêtaient effectivement à cette mauvaise interprétation. J’espère que c’est plus clair maintenant.

 

* contrairement à moi, si vous me permettez un peu d'orgueil (et je pourrai vous expliquer en long, en large et en travers, pourquoi je maîtrise assez bien le sujet)…

** Non seulement il est interdit d’exprimer le moindre désaccord avec les dogmes le plus radicaux d’un mouvement d’extrême-gauche, sous peine d’être aussitôt soupçonné de fascisme, mais ne pas être en jeans troué revenait, de même, à être aussitôt étiqueté «anti-collectif».

*** La seule (mais importante) rectification que j’aimerais apporter à la note En quoi se perdre est relative à ma trop grande véhémence, qui est d’ailleurs directement responsable de la vôtre : évidemment, je pense que la préfecture a laissé pourrir la situation, selon une stratégie bien connue, en profitant d’ailleurs de la perche que lui a tendu le collectif. Une fois que presque tous les personnels et les étudiants, exaspérés par l’escalade des provocations du collectif, furent d’avis que cette occupation avait perdu une bonne part de sa légitimité, l’évacuation devenait possible.

Commentaires

Je me rends compte, à relire le commentaire de Claire, que j'ai été plutôt gentil avec elle. C'est elle qui traite mes propos d'"injurieux" (sans doute par méconnaissance du sens du mot) et qui multiplie, à la fin de son commentaire, les procès d'intention à mon égard. Je crois que la note d'explication ci-dessus montre assez que je ne suis pas resté "enfermé dans mon ignorance" et que j'ai, comme tout un chacun, des problèmes de conscience, en premier lieu parce que je doute souvent de moi, de mes positions, ce qui ne semble pas être le cas de cette déjà professionnelle de l'invective.

Addendum, donc: Claire, vous aurez bien du mal, de votre côté, à justifier la gueulante qui clôt votre commentaire.

Écrit par : Guillaume Cingal | mercredi, 14 septembre 2005

Décidement, que déchaufement autour de toi cher Guillaume.

Écrit par : Perplexe | jeudi, 15 septembre 2005

Je viens de decouvrir votre blog par hasard. En temps normal je suis etudiante en Anglais a Tours mais j ai pris une annee sabbatique au Royaume Uni. C est etrange de decouvrir le blog d un prof, meme si je ne vous ai jamais eu (peut etre a mon retour??!!). Je tenais a vous dire que j aime beaucoup votre page personnelle. Et de savoir ce que vous pensez des divers evenements qui se deroulent/qui se sont deroules a Tours.
Pour ce qui concerne l occupation de la fac par les demandeurs d asile, j etais plutot de votre avis. J adherais completement au combat mene par les etudiants mais il est vrai qu au bout de plusieurs mois, la lutte s est essoufflee et elle avait plutot tendance a agacer les etudiants parce que rien n'evoluait, les partiels arrivaient et c etait un "joyeux" bordel. Malgre tous les incidents qui ont pu arriver pendant l occupation de l universite et le derangement que cela a pu causer pendant quelques partiels et cours, je suis fiere de faire partie des Tanneurs. Il y a un petit quelque chose que je ne retrouve pas en fac de Droit par exemple. Il y a cet esprit de solidarite que j aime beaucoup... Bref j aime ma fac, bien que le batiment soit hideux, et il me tarde de la retrouver...
Bonne continuation. Je souhaite longue vie a ce blog.
Poppy

Écrit par : Poppy | mercredi, 07 décembre 2005

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