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jeudi, 05 janvier 2006

Un rauque avenir

Hier après-midi, ayant déposé l'une de nos deux voitures au garage pour la vidange annuelle, mû sans doute par la crainte de devoir trop longtemps poireauter une fois mes cheveux coupés [cette admirable brachylogie doit être comprise comme suit : faisant d'une pierre deux coups, je dépose la voiture au garage puis je me fais couper les cheveux en attendant], j'achetai Les Inrockuptibles, faute d'avoir trouvé mieux ou plus à mon goût au bureau de presse de l'avenue *** [il s'agit de l'avenue le long de laquelle, entre le n° 1 et le n° 61, je capturai les images qui composent l'énigme du jour]. Il se trouve que le numéro des "Inrocks" de cette quinzaine inclut un CD sur lequel sont enregistrées vingt chansons de vingt artistes ou groupes encore inconnus, que les lecteurs du journal sont invités à départager, jusqu'au 11 janvier, par le biais d'un site Web. Le Vrai Tourangeau, toujours curieux et prêt à enrichir sa culture déjà impressionnante, a écouté ce disque. A deux ou trois morceaux près, tous les titres sélectionnés, sur 7 000 maquettes envoyées au jury de présélection (à en croire les explications du magazine), appartiennent à la même catégorie, que je suis tenté de qualifier de "rock fortement électrique d'influence britpop".

 

En d'autres termes, dix-sept des "artistes" sélectionnés sont des clones (imparfaits) ou de pâles copies de, disons, Bowie, The Clash et Placebo. (Je sais que les trois références que je cite appartiennent, pour les experts, à des styles musicaux assez différents, mais n'entrons pas dans les débats byzantins sur le sexe des anges, voulez-vous...)

 

Je veux bien imaginer que les méfaits de l'uniformisation culturelle soient tels que 85% de la jeune génération musicale française soient composés de perroquets sans cervelle ni imagination mélodique ou lyrique, mais j'ai tendance à penser plutôt (ce qui, dans le fond, est une hypothèse optimiste) que ce sont les Inrocks qui ont choisi des artistes du genre musical qui leur agrée le plus.

 

Autant dire que je serais très curieux d'entendre les artistes qui ont été rejetés unanimement par le jury de présélection ! Dans les sociétés standardisées (comme celle que les intransigeants des Inrocks doivent appeler de leurs voeux tout en n'ayant que la diversité et le pluralisme à la bouche), ou dans celles où règne une forme de censure plus autocratique, le plus intéressant, c'est souvent ce qui atterrit dans les poubelles des commissions de censure...

Commentaires

La brachylogie, c'est une grosse ellipse ? j'aime bien celle de la première phrase : on se fait plusieurs hypothèses avant de lire l'explication crochetée. D'ailleurs elle doit bien vous plaire aussi car vous l'avez mise en gras, cette grosse ellipse.

Écrit par : Papotine | jeudi, 05 janvier 2006

D'après le site langue-francaise.org, "la brachylogie est une ellipse de plusieurs mots entraînant un style concis". Mais je ne suis pas entièrement d'accord avec cette définition, car la brachylogie entraîne surtout, dans la quasi-totalité des cas, un malentendu ; elle nécessite un lecteur vigilant qui rétablit le sens à partir de ce qui manque. En d'autres termes, je préfèrerais la définir comme une "ellipse qui fait disparaître un élément essentiel à la compréhension de l'énoncé".

Écrit par : Guillaume | jeudi, 05 janvier 2006

"qui rétablit le sens à partir de ce qui manque", et qui comble le manque à partir de ce qu'il y a...
C'est ce qui est intéressant, ça demande une lecture attentive, active, prenante, vivante... la poésie exige cette qualité de lecture.

Écrit par : Papotine | jeudi, 05 janvier 2006

Tout à fait d'accord : tout se ressemble. Tu devrais écouter un peu plus de M ! (Et éviter ces pâles copies, à l'avenir ; la référence au haut-de-contre etant purement provocatrice)

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

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