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mercredi, 30 août 2006

Plus de salle Internet

Qautre heures du matin. Vous vous défiez même des bruits, des chuintements et des bâillements. C'est quand même, un beau jour, le moment de passer à l'attaque. Les cybercafés sont fermés, les escargots sont mouillés, et il pleut comme vache qui pisse. Quelle idée de s'être laissé enfermer dans la fac !
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Deuxième sous-sol de l'Université François-Rabelais, site Tanneurs.

Commentaires

J'ai trop attendu... Tous ces jours qui se sont succédé sans la moindre réaction m'ont causé une souffrance chaque fois plus aiguë. Ce « commentaires (0) » m'a effectivement semblé, durant tout ce temps, nous narguer, ma douleur et moi, au-delà de ce qui était humainement supportable... Un mois ! Cela a duré un mois ! Où étaient-ils donc tous ? N'étaient-ils donc pas revenus de ces plages du Midi (pardon, du Sud, où avais-je la tête ?), vers lesquelles ils étaient sans doute partis, comme tout le monde, se faire griller la couenne ? Ou bien estimaient-ils, habituels visiteurs de ce blog envers lequel leur fidélité avait été prise en défaut durant l'été, que ce qui avait été écrit en leur absence appartenait irrémédiablement à un passé auquel ils ne pouvaient raisonnablement ajouter quoi que ce fût sans donner la pénible impression de vouloir racheter une improbable faute que nul, semble-t-il, ne songeait pourtant à leur reprocher ?

Moi-même, me direz-vous, pourquoi me suis-je donc tu ? J'ai pourtant été là durant ce mois d'août où (je sais, je sais : hou ! hou ! – seuls s'irriteront toutefois de ce sinistre ululement ceux qui, comme moi, s'obstinent à ne pas prononcer « oute ») ce mois d'août, disais-je, où a été mis au jour ce crime impardonnable commis contre l'esprit au sein même (ou, dirons-nous plutôt, pour plus de précision, dans les entrailles mêmes) de ce temple du savoir qu'est la faculté de la rue des Tanneurs, à Tours. C'est que, voyez-vous, n'appartenant pas à la blogosphère, et quelque peu échaudé, qui plus est, par de précédentes interventions intempestives sur des blogs voisins, je ne m'estimais pas forcément le plus fondé à ajouter mon grain de sel là-dessus.

Et pourtant, elle était là, la faute grossière, inscrite dans toute sa laideur sur le béton brut d'un poteau du parking souterrain de la fac : « PLUS de SALLE INTERNET ». Peut-être même y est-elle d'ailleurs encore. Écartons d'emblée l'hypothèse selon laquelle cette inscription malhabilement tracée à la craie se contenterait de dresser le constat qu'il n'y aurait plus de salle Internet sur le site des Tanneurs, ce que pourrait certes faire penser l'absence de point d'exclamation final, mais ce dont je doute pour ma part (pourquoi diable sous cette forme, le message, et pourquoi à cet endroit ?), même si j'ignorais encore dans les secondes précédant la vue du cliché reproduit ci-dessus l'existence d'une telle salle (ou de telles salles) à l'université de Tours, existence dont je ne saurais, du reste, mettre en doute le bien-fondé. Non, cette inscription semble bel et bien être rien moins qu'une revendication courroucée en vue de la création de salles Internet supplémentaires. Bon, je n'insiste pas : il aurait bien entendu fallu dans ce cas mettre un S à la fin de « salle », en vertu de la règle usuelle du pluriel des noms, règle que, si je ne m'abuse, on doit apprendre en classe de CE1.

Oui, je sais, j'ai beau jeu de débusquer une faute aussi primaire. Mais bon, avouez que, en l'exposant ainsi à la vue de tout un chacun dans votre blog et en la reproduisant dans le titre même de votre note, vous n'attendiez que ça : que quelqu'un la relevât (ce qui est emmerdant, avec l'imparfait du subjonctif, c'est que, dès qu'on commence à l'employer, on se sent obligé, au risque de passer pour un affreux pédant, de continuer à suivre la règle de la concordance des temps tout au long de son texte et d'en employer par conséquent les tournures communément jugées les plus ridicules, sous peine de se voir montrer d'un doigt triomphal par celui – ou celle – dont on a, par exemple, stigmatisé l'oubli d'un S final, et de devoir subséquemment essuyer d'icelui – ou, pareillement, d'icelle – un pénible : « Pis d'abord, toi aussi qu't'en fais, des fautes », ce en quoi notre ami(e) qui hante les sous-sols n'aura d'ailleurs pas tort en l'occurrence, puisque, j'ai un peu honte à en faire l'aveu mais, moi qui vous parle, je me suis pas plus tard que ce matin encore gouré dans l'orthographe de « ptérodactyle »).

Et puis, merde, celui qui a écrit ça est quand même étudiant, pas anseur de pots ou vertugadier (j'espère d'ailleurs qu'aucun représentant caché de ces professions, à ce qu'on m'a dit disparues, ne viendra me chercher noise de l'avoir quasiment traité d'analphabète). Un étudiant, c'est quand même la moindre des choses, devrait quand même pouvoir aligner quatre mots sans faire une faute aussi ridicule, surtout lorsqu'il entend faire passer un message revendicatif auprès des personnes qui fréquentent un parking souterrain de fac de lettres. Sinon, mon pauvre Monsieur, où va-t-on ?

Cela, à vrai dire, n'est pas sans me rappeler une inscription que je vis il y a maintenant sans doute près de dix ans sur le mur du couloir sur lequel débouchent les trois petits amphis de ladite faculté, dans laquelle je ne sais d'ailleurs trop ce que je venais faire (sans doute voir, sur le panneau d'affichage du secrétariat d'italien, si M. Balota prodiguait toujours des cours de roumain, en vue, le cas échéant, d'y assister après le travail, ou, plus vraisemblablement, pour soulager ma vessie dans les toilettes du premier étage, dont je savais qu'elles n'avaient pas été déplacées – pardon : qu'elles n'avaient pas bougé – depuis l'époque déjà un peu lointaine de mes piètres études). À peine avais-je monté les escaliers à partir du hall du grand amphi (l'appelait-on déjà Thélème à l'époque ? Je n'en suis pas sûr mais je suis en tout cas d'accord avec vous : on s'en fout) que je tombai sur un « ON VEUT + DE MOYENS » d'un bon mètre cinquante de longueur, bombé (car l'usage des graffitis au pinceau, avec leurs lettres bien droites, s'est perdu depuis belle lurette) dans un jaune pisseux sur le gris clair du mur du couloir repeint à neuf. Bien que l'orthographe ne fût pas ici en cause, je me souviens que je ne pus m'empêcher de déplorer (intérieurement, bien sûr, car je ne saurais faire mon numéro de vieux con avant l'âge dans un endroit essentiellement dévolu à la jeunesse, et dans lequel je n'avais, en l'espèce, plus rien à faire) ce relâchement langagier incompatible, selon mon humble personne, avec une perception favorable du message par ceux à qui il était destiné (ce en quoi je me mettais sans doute une fois de plus le doigt dans l'œil jusqu'au coude). Passons sur le « on veut », qui fait tout de même un peu enfant gâté, pour ne pas dire gosse de riches. Soit, mais le « + de moyens », là, quand même... Je veux bien que la police de Pinochet était sans doute aux trousses de l'intrépide étudiant qui avait tracé cette ferme revendication dans cette graphie mollement décadente propre aux bombages, mais je pense quand même sincèrement que ce dernier n'aurait perdu que quelques secondes en écrivant « plus » en toutes lettres.

Est-ce à dire qu'à ma propre époque les étudiants faisaient moins de fautes ? J'aurais tendance à le penser, même si je dois reconnaître que la situation n'était déjà pas très brillante... J'avoue que j'étais cependant plus attentif alors au fond qu'à la forme de ce que je lisais sur les murs de la fac. Cela dit, ne vaut-il pas mieux parfois se tromper sur la forme plutôt que sur le fond ? Je n'ai pas spécialement l'impression d'avoir vécu à une époque antédiluvienne mais le fait est que je me rappelle quand même avoir vu des affiches de l'UNEF alors plus que communisante, car pas encore réunifiée, appeler à la fin des années 80 à un grand rassemblement mondial de la jeunesse à Pyongyang, dans la Corée du Nord de feu Kim Il Sung (avouez qu'il fallait quand même oser, surtout en pleine période de glasnost chez l'allié soviétique), ou celles, en 1991, au moment de la « première » guerre du Golfe (qui était en fait à l'époque la seconde, après la terriblement meurtrière guerre Irak-Iran, mais bon, passons), de gauchistes qui, au moment de l'invasion américaine, proclamaient leur solidarité avec « le peuple irakien » et qui, après la terrible répression du bon Saddam contre « ses » Kurdes et les chiites appelés à la révolte puis aussitôt lâchés par Papa Bush, dénonçaient les conséquences sur « les peuples d'Irak » de l'intervention occidentale. Mais bon, comme toujours, mon anti-stalinisme bon teint et ma kurdophilie naturelle me font quelque peu m'éloigner de mon sujet...

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 01 octobre 2006

Vous êtes vraiment inimitable, impayable... et toujours aussi désopilant !

Merci de votre tribune,

Écrit par : Guillaume | dimanche, 01 octobre 2006

Merci à vous pour le compliment de « désopilance » (que la police du langage, dont je donne parfois l'impression de faire partie mais dont je crains en fait constamment qu'elle ne me tombe dessus au cours d'un contrôle inopiné de ma prose, me pardonne ce néologisme), qui est sans doute l'un de ceux auxquels je suis le plus sensible. Le fait est que ce n'est pas la première fois que l'on me reconnaît de l'humour mais il n'empêche que j'ai surtout donné l'impression, au cours de ma morne existence, d'être plutôt spécialisé dans le comique involontaire...

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 01 octobre 2006

De retour d'une courte escapade qui m'a permis de m'oxygéner les neurones (habile euphémisme pour qualifier le raid que je viens d'effectuer au ATAC du Sanitas pour y faire quelques emplettes, en contradiction totale avec mes grands principes progressistes censés m'interdire de fréquenter les commerces le dimanche, mais bon, je n'avais plus de yaourths nature pour la semaine, ce qui me donne quand même quelques excuses), de retour, donc, de cet insensé périple, je m'aperçois une fois de plus, à la relecture de mes écrits nocturnes, que je me dois de faire un léger rectificatif à mon texte. C'est moins en effet de glasnost que de perestroïka que je voulais parler dans mon avant-dernière parenthèse pour évoquer l'époque, riche en espérances, des réformes gorbatchéviennes, encore que l'une allait de pair avec l'autre. Aussi convenait-il de lire « en pleine période de perestroïka chez l'allié soviétique » ou, si l'on veut, « en pleine période de glasnost et de perestroïka chez l'allié soviétique »).

Voilà qui, je pense, vient clore définitivement ce passionnant chapitre consacré au manque de salles Internet à l'université François-Rabelais de Tours.

Bonne journée à vous et longue vie à Gorbi.

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 01 octobre 2006

Il vaut mieux être désopilant que d'avoir des os pileux.

Écrit par : Spectrateur | dimanche, 01 octobre 2006

Certes... Oserais-je pour ma part qualifier une improbable fable de Marie de France intitulée « De la Tortue qui vouloit mengier le Colimaçon et de la course qui s'ensuivit » d'isopet lent ? Non point, il y a quand même des limites aux jeux de mots approximatifs...

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 01 octobre 2006

Je viens juste, en passant, m'enquérir de l'évolution de la situation concernant le manque cruel de « salles Internet » à la fac et, plus encore, vous demander si le -S final a enfin été ajouté sur la colonne (car, voyez-vous, mon bus ne passe pas souvent dans ce parking).

Écrit par : Chieuvrou | vendredi, 31 août 2007

Je pense que le message à la craie n'est plus, et que les nombreuses salles Internet payées par le Conseil Régional satisfont les étudiants...

Écrit par : Guillaume | vendredi, 31 août 2007

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