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dimanche, 02 septembre 2007

Miracles arachnéens

Le Miracle de l'araignée (détail)

(Chapelle du château de Valmer, Indre-et-Loire.)

 

Ma culture biblique ou chrétienne laissant à désirer, je ne parviens pas à savoir de quoi il retourne dans ce (beau) vitrail.

Le seul "miracle de l'araignée" dont Dame Google consent à m'informer concerne un hadith et se rapporte donc à une tradition islamique post-coranique. C'est aussi, sans surprise, le titre d'un ouvrage du théologien turc anti-évolutionniste Haroun Yahya.

Rien à se mettre sous la dent côté Bible ni hagiographies chrétiennes. Si quelqu'un, parmi mes lecteurs érudits, veut bien éclairer ma lanterne, j'en serai ravi.

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Merci à Astolphe Chieuvrou d'avoir une fois encore suppléé les encyclopédies les plus puissantes et de m'avoir signalé ce passage de Jacques de Voragine consacré à Saint Conrad :

Saint Conrad naquit en Allemagne de parents nobles, et y fut élevé. Comme c'était un personnage, de vie et de moeurs irréprochables, Nothing, évêque de Constance, l’appela pour le faire auditeur des causes du ressort de tout son évêché. Plus tard il fut élu prévôt de la cathédrale. Nothing étant mort, on manda saint Udalric, évêque d'Augsbourg, qui célébra les funérailles du prélat et qui ordonna au clergé et au peuple un jeûne de trois jours pour obtenir de la bonté de Dieu un chef qui lui fût agréable. Au jour fixé pour l’élection ou plutôt pour s'entendre unanimement, saint Udalric fit le portrait d'un évêque tel que l’apôtre le trace à Timothée et à Tite. « Il faut que l’évêque soit irréprochable... » Après la lecture de ces divers passages, l’accord fut unanime pour choisir Conrad qui fut pris, traîné de force et institué évêque, malgré ses résistances. Après son élévation, saint Conrad enrichit de précieuses reliques et de riches ornements la principale église dédiée à la sainte Vierge. Il fit bâtir trois églises, l’une dans l’intérieur de la ville et les deux autres au dehors. La première dédiée à saint Maurice était la reproduction exacte de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Il y fonda douze prébendes à perpétuité pour les clercs qui devaient la desservir; ce qui ne l’empêcha point d'augmenter le nombre des chanoines de sa cathédrale avec ses revenus propres. Ce saint homme, plein du désir de châtier réellement son corps avec l’apôtre, passa trois fois la mer pour aller en la sainte cité de Jérusalem où il visita, avec une extrême ferveur, les lieux témoins de la passion, de la sépulture, de la résurrection et de l’ascension de J.-C. Etant un jour avec saint Udalric au château de Laufen, il vit des oiseaux entrer et sortir d'un' gouffre dont les eaux agitées étaient écumantes : le saint comprit intérieurement que sous la forme de ces oiseaux étaient deux âmes qui subissaient là leur purgatoire en punition d'une multitude de. crimes qu'elles avaient commis. Touchés tous les deux de compassion, Udalric s'empressa de dire une messe pour les morts, et le même jour Conrad en célébra de suite une seconde à la même intention : après quoi ils ne virent plus cette espèce d'oiseaux Un excellent jeune homme appelé Gebhard s'était assis, sans penser à rien, sur le trône épiscopal. Conrad lui adressa cette prophétie : «C'est trop tôt t'asseoir sur mon siège, Gebhard; mon successeur sera celui qui occupera ma place avant toi, savoir :  Gamelon. Le saint jour de Pâques, pendant la messe solennelle, une araignée tomba après la consécration dans le calice, et saint Conrad l’avala. Les saints mystères, étant achevés, on se mit, comme de juste, à table, mais le saint ne mangea pas, comme si c'eût été le carême ; tout exténué qu'il fût. On lui demanda pourquoi il ne mangeait point : « C'est, dit-il, que (508) j'attends l’arrivée prochaine d'un hôte », puis baissant, la tête, sur la table, il rendit l’araignée par la bouche.. On peut penser quelle joie ce fut pour tous ceux qui se trouvaient là, a cette occasion, ou plutôt, à ce miracle. Saint Conrad, consommé dans l’exercice de toutes les vertus, mourut le 6 des calendes de décembre, l’an du Seigneur 976, après un épiscopat de 442 ans, dans une vieillesse avancée.

Commentaires

Il semble qu'au Moyen-Age l'araignée ait été le symbole de l'impiété ou de la perfidie. Elle peut aussi représenter un symbole féminin : le tracé de la toile d'araignée s'inscrit dans le travail de la dentelle, dont la réalisation permet à la femme de construire et maîtriser symboliquement son destin.
Je ne sais pas ce que cette toile et son habitante représentent en l'occurence, mais cette araignée n'est pas là par hasard. Tout est symbole dans l'art du Moyen-Age. Et ce vitrail est très original. Je suis sûre que j'aurais essayé de le prendre en photo moi aussi. Il s'agit de quel édifice ? le nom du saint est-il visible ? Je suis intriguée ...

Écrit par : Ellie | dimanche, 02 septembre 2007

N'ai pas encore vérifié dans dictionnaires des symboles ni armoriaux, mais c'est le récit précis de ce miracle qui fait ici défaut. Ce vitrail se trouve, comme indiqué, dans la très jolie petite chapelle du château de Valmer, à côté de Vouvray, en Touraine.
Merci beaucoup de votre aide... (Pensé aussi, sans aucun lien, au *Château de l'araignée*, le merveilleux film de Kurosawa d'après MACBETH.)

Écrit par : Guillaume | dimanche, 02 septembre 2007

Oui, dans le ton de l'époque, il y a aussi Louis XI, l'"universelle araigne"... mais rien de cela ici, si ?

Écrit par : MuMM | dimanche, 02 septembre 2007

Enfin, Guillaume, voyons, tout le monde sait ça, c'est bien entendu notre cher Conrad qui est représenté là. Oui, oui, Conrad (ach ! Konrad, si vous préférez, du germain « kon » – courageux – et « rad » – conseil), prélat allemand, qui, devenu évêque de Constance en 934, construisit des abbayes et des églises, distribua ses biens aux pauvres, fit trois fois le pèlerinage en Terre Sainte et mourut à Constance en 975 ou 976, je ne sais plus trop.

Il est traditionnellement représenté avec un calice et une araignée car, une araignée étant tombée dans son calice alors qu'il célébrait la messe, il l'avala sans hésitation. Certains écrits apocryphes ajoutent qu'il fut, le lendemain, doté de super-pouvoirs : une force et une agilité hors du commun ainsi qu'un « sens d'araignée » l'avertissant des dangers imminents. Une chose est sûre en tout cas : malgré sa chasuble rouge et bleue avec un motif de toile noire et une araignée de même couleur sur la poitrine qui ne passait pas inaperçue, aucun sauvageon ne venait l'emmerder quand il célébrait la messe.

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 02 septembre 2007

Et une assiette vide en est la preuve, comme disait une pub de mon enfance vantant de la nourriture pour chat à base de viande de kangourou :

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/186.htm

L'évêque Conrad, y apprend-on, est mort le 6 décembre 976 (précision venant dissiper l'insoutenable incertitude dans laquelle je vous avais laissé).

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 02 septembre 2007

Bon, je vois que personne n'a rien compris et qu'il faut encore que je m'en mêle. Ce qui est représenté ci-dessus, c'est le mur du bureau d'un professeur agrégé APRÈS ingestion complète d'une bouteille de Bartissol.

J'avais prévenu, que c'était du brutal...

Écrit par : Didier Goux | dimanche, 02 septembre 2007

et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
vient tendre ses cerveaux au fond de nos filets..

Écrit par : F | dimanche, 02 septembre 2007

Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Nous sert du mou de veau au lieu du faux-filet.

(L'araignée étant elle-même une savoureuse partie du boeuf.)

Écrit par : Didier Goux | dimanche, 02 septembre 2007

Merci mille fois à Chieuvrou de sa gigantesque culture, once again (comme disent les Scorpions (et non les araignées) (désolé, on a la culture qu'on peut)), et à François Bon et à Didier Goux de leurs contributions post-baudelairiennes. Je précise par ailleurs que François Bon et Didier ont un autre point commun, qui est que leur dernier ouvrage paraît ces jours-ci. Pour François, il s'agit de son *Bob Dylan*, chez Albin Michel, que je ne me suis pas encore procuré mais dont je conseille la lecture à ceux des lecteurs de ce blog ayant suivi la saga Dylan [http://tourainesereine.hautetfort.com/residence_avec_laloux/].

Écrit par : Guillaume | dimanche, 02 septembre 2007

Je suis content que l'ouvrage de François bon ait été cité, LUI (ici, petit air pincé).

Écrit par : Didier Goux | dimanche, 02 septembre 2007

Vous avez compris, je l'espère, que je ne citais pas votre ouvrage car vous avez mentionné, au moins une fois sur votre blog, le fait qu'il ne fallait pas que l'on sache que vous étiez le "nègre" de Michel Brice, et, à ce titre l'auteur (notamment) du *Maître de Plieux* et du *Prédateur des blogs* (qui vient de paraître).

Écrit par : Guillaume | dimanche, 02 septembre 2007

Pour répondre à votre affirmation me concernant, que je me suis bien gardé de démentir jusqu'à cette heure tardive, histoire de voir quel effet ça faisait de de goûter à une gloire usurpée, je me dois quand même de préciser, au bout de quelques heures d'une béatitude condamnée, de toute façon, à n'être qu'éphémère, que ma gigantesque culture s'appelle en l'occurrence Gougueule ou AltaVista.

En tapant « saint », « araignée » et « calice », on tombait en effet immanquablement sur ce bon vieux Conrad.

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 02 septembre 2007

Araignée calice hallali, ça ne marche pas ?

Écrit par : Guillaume | dimanche, 02 septembre 2007

Guillaume, à partir d'une certaine heure, votre humour est trop fort pour moi.

Écrit par : Chieuvrou | lundi, 03 septembre 2007

Et qu'est-ce qu'on dit ? Merci professeur Chieuvrou !

Écrit par : Ellie | mercredi, 05 septembre 2007

> Ellie

Je ne sais si je dois accepter ce remerciement car le titre dont vous me gratifiez est rien moins qu'immérité. Il faudra d'ailleurs que j'aille chez vous vous répondre à ce sujet, maintenant que s'est estompée la honte que m'a collée « Plessis-Hébert Digi » lundi dernier sur celui de vos blogues où – j'en suis désolé pour vous – je commence à avoir mes petites habitudes.

D'ailleurs, j'abandonne sur-le-champ ma lecture des œuvres complètes de Luis Rego et, allez, zou, j'y retourne de ce pas.

> Guillaume

Il ne vous reste plus maintenant qu'à nous expliquer ce que fait Spinnemann dans la chapelle du château de Valmer, à Chançay. C'est bien le diable, en effet, s'il ne se trouve pas, aux Tanneurs, un historien de l'art qui pourra vous éclairer là-dessus. À moins, bien sûr, que vous n'interrogiez directement votre grande amie Madame la Comtesse de Saint-Venant...

Écrit par : Chieuvrou | mercredi, 05 septembre 2007

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