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dimanche, 21 novembre 2010

Feignant de s'étonner

Comme C. a écrit, dans un mail qu'elle m'a envoyé (oui, on peut travailler dans le même bureau, at home, et s'envoyer des mails - la vie moderne), faignasse, j'ai voulu vérifier si cette orthographe était acceptée, en alternative à feignasse.

Et là, stupeur ! j'ai toujours cru que fainéant, étant courant voire soutenu, était le terme originel, et que feignant, adjectif ou nom familier, en était la corruption ou l'altération. (Peut-être me suis-je vu confirmer cela, à une certaine période très germaniste de mon existence, par le fait que fainéant se dit Taugenichts en allemand...) Or, après vérification, feignant est attesté dès la fin du XIIème siècle ; il s'agit bien du participe présent de feindre (le feignant = celui qui feint de travailler). Et fainéant, donc ? Nettement postérieur, c'est ce mot qui est une altération, selon une rationalisation erronée attribuant à feignant l'étymologie "faire néant".

 

[ J'adore ces phases, dans l'histoire d'une langue, où des semi-érudits (dans mon genre) pleins de bonne volonté ont pensé corriger et simplifier une langue, semant en fait un bazar insensé. (Exemple : l'invention du verbe burgle en anglais, dérivation inverse de la plus belle eau.) ]

 

Si j'ai pu me laisser duper, c'est tout d'abord que l'étymologie de fainéant est tout à fait transparente (et pour cause : il s'agit d'une réinterprétation, un peu comme les étymologies à la Heidegger), mais aussi (surtout ?) qu'entre un terme courant et un terme familier, on a tendance à penser que le mot familier est une corruption du mot plus "noble". Pan dans les dents !

(Et c'est là un sujet bien choisi, qui tombe bien, bien-tombant, pour un dimanche pluvieux de novembre, à l'heure de la sieste !)

 

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