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vendredi, 14 octobre 2011

Exister est un plagiat : 8 et 65

8

 

J’ai une fâcheuse tendance, dans les chapitres déjà écrits de cette autobiographie en 74 fragments (0, 73, 1, 72, 2, 71, 3, 70, 4, 69, 5, 68, 6, 67, 7, 66 et 65), à me fixer sur des moments très particuliers, notamment des voyages, ou à partir de photographies. Faut-il éviter ce qui peut s’apparenter à de la facilité ? Comment raconter, autrement qu’en saisissant un ou deux éclats, toute une année ? L’autobiographie rétrospective est à des années-lumière du journal intime.

Pour ma huitième année, j’étais tenté de raconter un nombre non négligeable de souvenirs du voyage en Angleterre et en Ecosse de l’été 82. Tout se bouscule, et la tentation est grande, soit d’ouvrir un nouveau projet d’écriture et de tenter de faire une liste exhaustive de tous mes souvenirs de ce voyage qui a duré six bonnes semaines (en caravane), voire ensuite de s’appuyer sur le journal de bord que ma sœur et moi avons dû tenir à la demande de nos parents, soit de ne rien dire, de ne rien garder, de repousser tous ces souvenirs et ces mots qui demandent accès.

Alors, je raconterai quelque chose de minuscule, sans rapport avec ce long périple de plusieurs semaines, ni avec mon hospitalisation grotesque à Caen au retour d’Angleterre. Quelque chose de minuscule, et de quasi quotidien. Une fois notre famille bien installée dans la nouvelle maison de Cagnotte – et sans doute ce que je vais narrer à présent avait-il commencé avant mon septième anniversaire – ma sœur et moi allions tous les soirs, juste avant l’heure du dîner, chercher le lait à la ferme de Sarraillot. Nous portions un pot à lait en… en quoi… en aluminium ? Il y avait deux cents mètres jusqu’à la ferme où le métayer, Gaston, nous accueillait, trayait les vaches devant nous, nous disait leurs noms, nous invitait à leur donner à manger. Ma préférée était la troisième en partant de l’entrée de l’étable – Poupette, je crois. Gaston (dont le vrai prénom était Jean-Baptiste) nous racontait diverses anecdotes tout en trayant les six (ou sept ?) vaches à la main. Nous ramenions le lait à la maison, et le buvions le lendemain matin, avant d’aller à l’école, avec du chocolat en poudre de la marque Poulain.

 

 

65

 

Ce n’est pas seulement en manifestant tout le printemps contre la réforme des retraites que nous avons célébré nos derniers mois à Beauvais. Nous avons mis notre petite maison de la rue Jean-Baptiste Baillière en vente, multiplié les petites brocantes, les dernières fois – dernier tour à Amiens, dernière visite à la médiathèque, dernière fête de fin d’année au collège de C***, derniers repas dans la minuscule courette, etc. Le Noël précédent avait été le premier vrai Noël d’Alpha. En juin, il jouait, dans la ruelle, au ballon ou avec sa locomotive en plastique (la cocoto).

Quant à la fameuse canicule de l’été 2003, nous l’avons subie dans les Landes, et, pour ma part, à m’envoyer le déménagement entre Cagnotte, Beauvais et Tours. La première soirée dans la nouvelle maison, beaucoup plus spacieuse mais en location, de la rue Guillaume Apollinaire, je la passai seul, chaudement débarqué de Beauvais et à la veille de la livraison de nos meubles et cartons. Je me revois, après pas mal de rangement, pianoter sur mon ordinateur portable d’alors, dans le bureau-placard du séjour. Il faisait chaud. Le lendemain soir, j’étais de retour à Hagetmau.

Lors des premiers mois de notre installation à Tours, le climat assez particulier de la région n’a guère réussi à la famille. (L’automne reste délicat chaque année, d’ailleurs.)

Commentaires

Et bien comme dirait N***: aloe vera et propolis!

Écrit par : Delphine Cingal | mardi, 01 novembre 2011

8
Pot à lait en plastique blanc si je ne me trompe. J'ai essayé de traire la première des vaches (Pâquerette?) et ai failli me prendre un coup de queue avant de pouvoir traire un peu - pas longtemps car Gaston avait peur qu'il nous arrive quelque chose. Je préfère traire les chèvres! Te souviens-tu de la césarienne de Marguerite (?) et de son veau handicapé. Le jour où celui-ci est parti, Gaston nous a dit qu'il avait été mis au vert dans une ferme où il serait bien (mon oeil! même à l'époque, je me doutais bien qu'il était parti chez le boucher!)

Écrit par : Delphine Cingal | mardi, 01 novembre 2011

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