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samedi, 26 novembre 2011

2611 / Sans acolytes ?

René Magritte, La Flèche de Zénon (1964).Au septième jour, ce fut Delphine. Jamais le brouillard ne s’est vraiment levé, les nuages gris sont restés à quelques dizaines de mètres peut-être au-dessus de nos têtes, ni protecteurs (pourtant) ni nourriciers. It is a settled fact that man naturally chews his food.Le retour de la place René-Coty, avant dix heures pourtant, a pris près d’un quart d’heure, fichus travaux du tramway.

C’est dans une telle atmosphère, deux jours après avoir interrogé Marc sur ce que devenait Zeno Bianu, que j’ai fini de lire le Don Juan de Peter Handke, et commencé Le théorème du Surmâle. Il y a des conflagrations frappantes ; celle-là n’était pas mal. Il y a, entre autres, le rapport entre la substance jouissive selon Lacan, la puissance, et l’évidence des déplacements dans le texte de Handke.

Il a bien fallu, aussi, répondre à Manuel. J’avais été, de prime abord, tenté, de lui balancer brutalement un mail très bref, avec une vanne à deux balles (genre : « Sorry, the Siksika make me sick »), mais je n’en ai pas eu le courage, et puis, est-ce que je connais l’état psychologique de ce congénère éloigné ? Et déjà, tiens tiens, un peu de duvet était revenu sur le crâne du malade du cancer.

Donc, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai pondu quelques paragraphes un peu improvisés sur les relations entre les maires de Minneapolis au dix-neuvième siècle (singulièrement le crypto-mafieux Albert Alonzo Ames) et l’œuvre obscure, ou plutôt oubliée, de Wallace Wattles. Curieusement, c’est le seul roman de cet écrivain, Hellfire Harrison, que lisait le mobster pendant ses démêlés judiciaires ; son biographe est formel, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’il lise l’opus magnum, The Science of Being Well. (Ici, le narrateur commet un anachronisme assez flagrant, qui a dû dérouter Manuel, à moins que ce dernier ait su déjà depuis longtemps que les digressions de son correspondant n’avaient aucune espèce de fiabilité.) Après avoir écrit cet assez long mail, non sans l’enregistrer régulièrement de peur de perdre les précieux paragraphes, je suis allé me recoucher, en lisant, toujours, l’essai de Paul Audi.

Auf der Straße neben dem Wagen aber stand Abel Hradscheck selbst. On a du mal à comprendre comment, sans acolytes, les homes de cette époque maudite ont pu survivre. Regardaient-ils avec joie le ciel bas et lourd ? Se délectaient-ils, tout simplement, des lamentations si posées et émouvantes d’un Du Bellay ? Derrière moi, dans la file d’attente qui s’allongeait devant la porte encore fermée de la salle de classe, se trouvait celui que nous surnommons Joachim Beylet. Avec des gens comme ça, pas d’acolytes, de confrérie imaginable – autant se flinguer illico. On a du mal à comprendre comment survivre. Pour lui, Numance dans l’Illinois et Manuel je ne sais plus où (en Italie, je crois), était-ce tout ?

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