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lundi, 28 mai 2018

Livres de Philip Roth

Il y a quelques jours, pour saluer Philip Roth dont on venait d'annoncer la mort, ma mère a posté une photographie des exemplaires qu'elle possédait de l'Américain, en précisant qu'elle avait dû m'en prêter quelques-uns.

Roth.PNGEffectivement, je viens de rassembler tous les Roth que je pense avoir, et on voit bien que deux d'entre eux viennent de la bibliothèque maternelle : Zuckerman Unbound et... un doublon de The Ghost Writer (ironie au carré !!).

Elle pourra donc les récupérer.

J'ai beaucoup travaillé sur l'œuvre de Roth entre 2011 et 2013, car j'ai donné le cours d'agrégation sur American Pastoral. Certains des exemplaires que l'on voit ci-contre (on peut agrandir en cliquant sur l'image) sont même bardés de fiches bristol dans lesquelles j'avais pris des notes (trop de notes, même). Il y a aussi, comme toujours avec moi, un certain nombre de livres de Roth que j'ai empruntés à la B.U..

Je peux aussi l'avouer, il y en a un dont j'ai arrêté la lecture à la page 44 : I Married A Communist. Et, parmi ceux que j'avais empruntés alors, un autre que je n'ai jamais pu finir : The Plot Against America.

vendredi, 20 avril 2018

Haut comme trois pommes

Treize heures treize. Je croque dans une pomme.

La troisième.

Trois pommes : c’est là tout mon déjeuner.

(Je peux bien écrire ce que je veux. Qui me lit.)

 

Il y a très longtemps que je ne fais plus les allers-retours entre le site Tanneurs et le site Fromont. Quand j’y réfléchis, je me dis que la dernière fois que j’ai mis les pieds rue Fromont, c’était peut-être pour cette surveillance de concours blanc de CAPES, il y a six ans, peut-être plus.

Bien des images de cours donnés à Fromont me reviennent, mais aucun souvenir plus récent que cette journée de… quoi ? décembre 2011, je dirais.

Ça se vérifie facilement : j’avais traduit, pour me désennuyer, un récit bref de Ben Okri.

Ainsi, je n’enseigne plus jamais à Fromont, l’avantage (le seul ?) de faire cours principalement le lundi et le vendredi, le lundi dès 8 h du matin souvent, et le vendredi jusqu’à cinq heures du soir généralement, parfois plus tard.

Plus d’allers-retours, donc.

 

Et si je passe devant ce qui est désormais la Maison des Vins de Loire, ou quelque chose comme ça, je me rappelle que, quand je faisais les emplois du temps avec l’ancien logiciel (entre 2004 et 2006), c’était le site Béranger : il y avait des amphis, où je n’ai jamais dispensé de cours mais où j’ai surveillé, au moins une fois, un examen de littérature britannique de deuxième année.

 

J’ai fini de manger ma pomme.

La troisième.

 

Et, d’ailleurs, qui était Fromont ?

(Étienne ?)

dimanche, 18 février 2018

66 secondes de lecture, 39 : le choucas Kafka de Jane Sautière

Que le nom de Kafka signifie choucas, et que l'enseigne du magasin paternel ait figuré l'oiseau, j'ai dû le savoir vu que j'ai lu (il y a peut-être trente ans, ou pas loin) Le Livre du rire et de l'oubli de Kundera.

En tout cas, ce matin, en commençant ma lecture du nouveau livre de Jane Sautière, je l'ai découvert. Je ne l'avais jamais su, puisque je ne le savais pas.

 

(En revanche, je me rappelle avoir découvert assez tard le verbe anglais crave, et m'être fait la réflexion qu'il était amusant que ce verbe, qui signifie le désir irrépressible, soit homographe du nom français du corbeau le plus rare, celui que déjà à l'époque je regrettais de n'avoir jamais vu, et que je n'ai pas encore vu. (Enfin, l'été 2016, en Cornouailles, il se pourrait qu'on en ait vu un.))

jeudi, 25 janvier 2018

Intermède : un rappel

Il y a un an commençait ce qui fut nommé plaisamment le PenelopeGate. À cette occasion, je commis quelques oiseuses mirlitonneries :

 

 

 

 

Et, en bonus, un truc de novembre 2016, avant l'affaire : la Ballade des drames du tens futur. (On remarquera, avec Jacques Roubaud, que, si l'élu ne fut pas Fillon, le résultat, pour le pays, est le même.)

 

dimanche, 17 décembre 2017

Souvenir diffus et précis de La Mothe Chandeniers

Même la BBC s'en fait l'écho : un collectif de 6.500 internautes vient de racheter le château de La Mothe Chandeniers, qui menaçait ruine.

Ces péripéties m'ont rappelé qu'un jour, en remontant des Landes vers la Picardie, C*** et moi nous y étions arrêtés, un peu par hasard. Je suis à peu près sûr du nom du château. Ce qui ne “colle” pas, ce sont les images aériennes et une partie des photographies actuellement en circulation. 

Le château de La Mothe Champdeniers (car, dans mon souvenir, ça s'écrivait ainsi) était déjà à moitié en ruines ; surtout, on pouvait entrer aisément et gratuitement sur le site. 

Cette rapide déambulation parmi des murs percés de meneaux mais sans toit ni loi reste un souvenir très heureux des étés, des “remontées” en Picardie.

Je sais que j'ai pris des photos, alors — alors, argentiques. Difficiles à retrouver.

Je chercherai quand même.

vendredi, 17 novembre 2017

L'homme amoindri

Il s'en est passé, des choses, en 2006.

Je repense à tout cela en faisant quelques scans, au bureau 49bis, de la traduction française de Slow Man, que C*** vient de relire. Voyant que l'édition française date de 2006, je me rends compte que j'ai lu ce livre à sa sortie, en anglais, donc il y a plus de dix ans.

 

Comme L'Homme ralenti est publié au Seuil, ça me renvoie à ce traumatisme absolu que fut, en 2007, l'annonce que le Seuil, tout en me payant intégralement ma traduction de Links, ne la publierait pas. La raison officielle en était qu'ils souhaitaient concentrer le secteur d ela littérature étrangère sur leurs auteurs déjà confirmés : même si leur catalogue a ensuite confirmé cette hypothèse, je n'ai pu m'empêcher de songer, depuis lors (et bien que je reste, d'autre part, très fier de cette traduction et tout à fait certain qu'elle était excellente), qu'il y avait un problème avec moi.

Tous mes échecs, depuis lors, à trouver un éditeur pour les textes africains non traduits qui me semblent si capitaux ne découlent-ils pas de tout ce malheureux épisode ?

 

Links a été depuis traduit (et bousillé) aux éditions du Serpent à plumes, sous le titre (idiot) d'Exils. Depuis, plus personne pour lever ne serait-ce qu'un sourcil quand on parle des inédits de Nuruddin Farah, de Nnedi Okorafor ou de Ngũgĩ wa Thiong'o.

jeudi, 05 octobre 2017

“Petits Biafrais”

Dans le film Animal Kingdom, vers la fin, la grand-mère dit à Josh : “You look Biafran”, ce que l'auteur des sous-titres a choisi de traduire par “tu es tout maigre” (ou “tu as maigri” — j'avoue ne pas avoir noté et ne pas avoir fait de photographie d'écran non plus).

Il s'agit là bien sûr d'un choix consistant à euphémiser, à sous-traduire... c'est ce qu'en traductologie on appelle une modulation lexicale avec effacement de l'image : au lieu de comparer son petit-fils à un Biafrais (image lourde de présupposés culturels), elle se contente, en français, de lui dire qu'il est maigre (concept neutre). Une telle modulation n'est jamais sans conséquences : dans l'intention de ne pas choquer le spectateur (ou de ne pas s'attirer les foudres de la censure ?), l'auteur des sous-titres rend le personnage de la grand-mère, tout à fait abominable par ailleurs, moins raciste. Pourquoi ?

Il me semble que cette image, dont j'ignorais qu'elle existât en anglais (elle est absente de l'OED, mais on trouve dans ce fil de forum quelques éléments complémentaires), est très marquée d'un sociolecte générationnel, celui de la génération de mes parents. Ma mère parlait effectivement des “petits biafrais”, peut-être pour décrire quelqu'un de très maigre ou alors pour évoquer — stratégie assez traditionnelle si l'on en croit les albums de Mafalda, par exemple — le statut privilégié des enfants qui avaient de quoi manger et les inciter à manger leur soupe (ou leur assiette de boudin purée, clin d'œil à ma mère — Maman, si tu lis ces lignes : je t'aime).

Que cette expression pût contenir ne serait-ce qu'un soupçon de “racisme ordinaire” n'est pas ce qui me préoccupe ici... Ce qui m'intéresse, tout d'abord, c'est de me souvenir ici que longtemps j'ai ignoré que cette expression désignait une population. Enfant, j'y voyais certainement quelque analogie avec le verbe bâfrer : biafré (comme je devais l'orthographier dans ma tête) était une sorte d'antithèse de bâfreur. Ce n'est pas très logique, mais bon. Quand j'ai appris que ce terme faisait référence aux habitants du Biafra, on n'a pas dû m'expliquer très clairement ce qu'avait été la guerre du Biafra, car la famine m'a alors paru semblable à celle qui frappait au même moment l'Éthiopie.

J'avais regardé, dès l'âge de sept ou huit ans, sans tout comprendre, le film de Jean Yanne Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Ce n'est qu'en le revoyant longtemps après que j'ai compris les différentes plaisanteries du générique de fin, dont certaine réécriture de Verlaine (autour de 1'25") et surtout le jeu de mots sur demi-Biafrais et demi bien frais (autour de 2'35"). (Je mets un lien vers la vidéo, en avertissant que c'est très Hara-kiri dans l'esprit.)

Dans les années 70, la guerre civile nigériane avait suffisamment marqué les esprits pour que de telles expressions entrent dans le langage courant, d'autant plus, sans doute, que la France avait soutenu militairement et financièrement l'armée sécessionniste. Ce que je constate encore de nos jours, quand j'anime un cours ou un séminaire sur Chinua Achebe, par exemple, c'est à quel point ces noms (Biafra, biafrais) ne disent rien, à quelques exceptions près, aux Français nés après 1980. L'enthousiasme supposé du lectorat français pour les romans de Chimamanda Ngozi Adichie n'y a pas changé grand chose : on lit des romans sans que la dimension historique ou politique soit au centre.

Il ne faudrait sans doute pas beaucoup creuser pour s'apercevoir que le génocide rwandais de 1994 est pris dans une semblable brume vaporeuse d'incertitudes autant historiques qu'idéologiques et géographiques. Et la quasi absence totale de “couverture médiatique” du lent mais tragique glissement vers la guerre civile au Cameroun confirme combien les tragédies africaines donnent lieu à une expression populaire et passagère dans le meilleur des cas...

 

jeudi, 07 septembre 2017

Carotte

21317402_10211570598634445_5255455821327270215_n.jpgJ'achète un disque dur externe qui affiche "1 téraoctet" (le genre de truc qui épate encore à moitié les gogos dans mon genre). Et au final, affichage mensonger, je me fais carotter l'équivalent d'une clé USB de 64 GO.

 

(Il y a vingt ans, je sauvegardais mon début de DEA sur des disquettes de 1,28 MO.)

mardi, 05 septembre 2017

Karma

Le soir du 17 septembre 2013, j'étais disponible, sur les neuf heures, après avoir couché les garçons, pour ouvrir le portail du garage à mon épouse qui rentrait de sa première séance de yoga taoïste, et, du coup, j'avais pu écarter de la pente goudronnée pas moins de quatre escargots qui se seraient, sinon, fait écraser.

lundi, 13 mars 2017

4141 — Deux vidéos sur les toits de la Bibliothèque

Expositions de poètes africainEs, Bibliothèque Arts et Lettres, site Tanneurs, Tours, 13 mars 2017.     Cela faisait longtemps que je voulais faire ça.

 

L'occasion de venir prendre quelques photographies de l'exposition de livres d'écrivains africains était trop belle pour que je la manquasse.

 

Pour la première vidéo, j'ai repris de mémoire (et je me suis planté : pour le dernier vers, c'est « le temps veille », pas « l'esprit veille » (il a dû se produire une conflagration, dans mon esprit, avec le tableau de Gauguin)) un bref poème d'Esther Nirina qui est à l'honneur avec le présentoir de poésie anglophone du troisième étage.

 

Et donc, deux vidéos d'un coup, pour profiter aussi du passage par le bureau et donc de la connexion ultra-rapide de l'Université.

 

 

Pour la deuxième vidéo, plus longue, je me suis attaché à présenter le livre bouleversant de Shailja Patel, Migritude.

Comme je parle du spectacle dansé dont le texte constitue la première partie de Migritude, voici quelques autres liens pour se faire une idée (et se rafraîchir les yeux après ma tronche et mon blabla) :

  • The Cup Runneth Over (“an act of poetic terrorism”) — à faire écouter aux fans de Barack Obama

 

dimanche, 08 janvier 2017

Rilke, des vergers aux perroquets

Depuis quelques temps, l'excellent Lionel-Édouard Martin traduit Rilke, et assaisonne, sur Facebook, son travail de quelques remarques traductologiques particulièrement pertinentes sur les traductions précédentes. (Celles de Lorand Gaspar ont l'air particulièrement fantaisistes, pour rester dans l'euphémisme.)

Je vous invite à aller glaner sur son site les poèmes latins, allemands ou anglais qu'il a traduits. Plus précisément, pour Rilke, le mieux est de vérifier régulièrement au moyen du tag Rilke.

Un intervenant s'étant interrogé, sur le mur FB de Lionel-Édouard Martin, « si ses écrits français [de Rilke] sont aussi mal traduits en allemand », j'ai eu la curiosité de tenter un premier coup de sonde, et ai trouvé la traduction allemande, par Bertram Kottman, du poème n° 40 des Vergers, “Un cygne avance”. On trouve le texte et la traduction ici, mais, sans être assez fort en allemand pour juger pleinement de ce travail, je remarque néanmoins que :

1. La forme du poème original  (deux sixains rimés abacbc) n'est pas même convenablement reproduite

2. La traduction n'a pas l'air mauvaise mais n'est pas non plus en vers (et j'ai un doute sur la traduction d'“ajouter” par “werfen”)

 

Ce matin, sans que ce soit aucunement prévu (j'ai mille autres choses plus urgentes (et plus emmerdantes) à faire), je me replonge donc dans mon édition Insel des Sämtliche Werke de Rainer Maria Rilke (achetée il y a quelque dix ans lorsque la B.U. a « désherbé » un certain nombre de doublons), et y découvre bien sûr de nombreux poèmes que je n'avais jamais même lus. Ainsi, le sonnet “Papageien—Park”, qui fait partie de la série du Jardin des plantes et sur lequel je me suis arrêté aussi en raison de sa refonte particulièrement séduisante du système des rimes : aaaa / bbbb / cc'c / c'cc'

(J'écris c et c' car je considère en effet que mögen / verbeugen constitue une quasi-rime.)

À suivre, très probablement, ici ou  : des sonnets perroquets.

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Il m'est impossible de clore ce billet à forte teneur germanique sans saluer la réapparition dans ma vie — dans notre vie, car c'est une amie des années talençaises, et C*** était aussi ravie que moi de cette belle surprise — d'une amie pas vue depuis vingt ans au bas mot, et qui a simplement retrouvé mon numéro dans les pages blanches. Elle est prof d'allemand en Charente et elle se reconnaîtra !

jeudi, 20 octobre 2016

Vallée des singes, Romagne

Dans la Vienne, chaque année, souvent à l'automne d'ailleurs, y revenir.

La Vallée des singes, zoo atypique au charme fou, il nous faut tout de même plus d'une heure et demie pour y aller (et pour en revenir). Alpha, certes, qui a désormais quinze ans, ne nous épargnerait pas cette visite annuelle, mais nous n'avons pas trop à nous forcer.

Toujours quelque chose de neuf : hier, par exemple, l'observation des atèles à face rouge dans leur nouveau territoire, ou des varis à ceinture blanche — puis, même le groupe de mandrills joue toujours une pièce de théâtre différente. Nous avons aussi vu, lors du deuxième passage, les bonobos dehors, en quatre groupes différents (la fameuse fission-fusion)... dont un groupe de quatre au faîte des arbres, fort haut.

Notre première visite remonte au 11 juillet 2005, et je n'en avais pas parlé ici. Alpha nous disait hier à table qu'il se rappelait du nourrissage des gorilles (mémorable Yaoundé) et du territoire des saïmiris (à l'époque, il n'y en avait qu'un, il me semble). Entre 2005 et 2011, nous n'y sommes pas retournés, mais, depuis le 11 novembre 2011, c'est comme un pèlerinage — je l'ai dit, Alpha ne nous en ferait pas grâce.

Hier, il y avait beaucoup de Néerlandais, tout un car même.

En 2011, je ne saurais dire, mais nous étions restés deux jours dans le Poitou, en louant une petite maison dans un joli village dont le nom m'échappe. (Je ne retrouve même pas avec les photos ; il faudrait une archéologie informatique plus poussée.)

samedi, 01 octobre 2016

Pour saluer un objet fidèle

     Hier matin, en achevant de préparer mon cartable, je me suis rendu compte que je l’avais depuis vingt ans, à quelques jours près. En effet, à mon retour d’Oxford, en juin 1996, l’attaché-case que ma mère m’avait passé en 1991 pour les années de classe préparatoire s’était – sous les sollicitations des trop nombreux livres ramenés – cassé en deux, dans l’avion ou ailleurs en chemin je ne m’en souviens plus précisément.

     Pour la rentrée de 1996, je m’étais donc acheté une serviette selon mes modestes moyens de l’époque, un machin fonctionnel probablement en plastique mais vaguement recouvert de cuir, et ce pour la somme, crois-je me rappeler, de 120 ou 130 francs (oui, 18 ou 19 euros). Eh bien, non seulement ce machin a tenu toute l’année d’agrégation, mais il est encore là vingt ans plus tard. Bien sûr, je dois admettre que je ne l’utilise pas cinq jours par semaine, qu’il m’est souvent arrivé d’utiliser d’autres sacoches ou cartables, tel le cartable de cuir que la tante de mon épouse m’a donné quand elle a pris sa retraite, lequel, plus précieux pourtant et mieux fini, n’a pas résisté plus de deux ou trois ans à ma légendaire gahoyerie. Toutefois, il est là, et, bourré de chemises cartonnées et de bouquins, ce vendredi, il m’a encore accompagné au travail.

     J’ai écrit ce billet pour le saluer.

jeudi, 31 mars 2016

Rugby ○◙◘○ Rapports

La mascotte est peut-être un loup ou un chien bipède qui s'agite et se trémousse.

un instrument de cuivre très étrange, qui tient du piston, de l’ophicléide et du cor de chasse

Pas envie, depuis trois jours, d'abattre les besognes usuelles.

Les arbitres se nomment Hourquet et Castaignède.

Souvenirs des vendanges, des vignes, des vignobles, de la piquette que je ne goûtais pas (je n'avais pas onze ans).

Lann, en revenant de la carrière, rapportera une cruche toute pleine

Rabattre la balle en arrière par une passe trop appuyée, ce n'est jamais bon. On se retrouve fissa à encaisser un essai ; ça ne loupe pas.

Les envois en bout de ligne sont un peu téléphonés.

l’on commença à le regarder avec un certain épatement, comme on contemple un prestidigitateur capable de sortir des pigeons vivants d’un chapeau haut de forme ou trente petits drapeaux d’un œuf dur

La course du 10 italien en oblique a failli mal s'achever.

lundi, 07 mars 2016

SCT-Pontault

IMG_20160307_094025.jpgOméga, grippé, relisant des bandes dessinées, a retrouvé hier ce ticket dans un Astérix.

J'ai, de ce match que j'étais allé voir avec Alpha (alors âgé de 7 ans et 8 mois), un souvenir très vif, car c'était l'époque où nous commencions à aller voir les matches du Saint-Cyr Touraine Handball ; c'était toujours très vivant, avec pas mal d'action, ça coûtait 5 euros pour moi et rien pour son entrée, la salle était chauffée... bref, par rapport aux trois ou quatre matches de foot hyper onéreux et pas toujours folichons du Tours FC à la Vallée du Cher, il n'y avait pas photo.

Ce soir-là, Tours avait gagné, d'un point je crois, sur le fil, face à Pontault-Combault. Surtout, le plus mémorable, c'était le “groupe” de supporters de l'équipe visiteuse : ils étaient DEUX, énormes, et avaient une grosse caisse avec laquelle ils foutaient un barouf d'enfer. Je me rappelle notamment qu'à chaque but marqué par leur équipe, ils tapaient de plus belle sur leur grosse caisse en chantant 

Quand XXXXX [nom du joueur qui avait marqué] se met à marquer

C'est toute l'équipe qui doit se motiver

Allez Pontault, allez Pontault !

 

dimanche, 31 janvier 2016

Nous remémorer

Nous écrivons et peignons pour nous remémorer ce que nous n’avons pas vécu.

(L’autre monde, p. 38)

 

Et j’ajouterais : pour identifier ce qui peut échapper à la réalité (inassignable) grâce au souvenir (toujours fixable).

Pour identifier : établir une équivalence.

Tout cela reste diffus et pâle.

(Ce que je nomme la mêmoire.)

mercredi, 16 décembre 2015

Carv-ER

Yeux explosés, connexion qui rame, épaule démise (non, je plaisante — une simple douleur idiote), il faudrait encore que je pondisse quelque notule...

(Ils sont nombreux, les billets qui ainsi commencèrent...)

Depuis un mois et demi, je m'y suis (re)tenu, au rythme de publication quotidien, parfois en recyclant ou développant un billet Facebook. Je pense que seul le 13 novembre a dû passer à la trappe, pas tout à fait pour les raisons que cette date pourrait évoquer, mais grosse journée de boulot puis magnifique concert de Steak à l'Olympia. ▓ Et, du coup, je n'ai pas raconté ce concert...

 

16 décembre 2008 : signature devant notaire de l'achat de notre actuelle maison.

(Époque à laquelle je m'étais presque retiré de la blogosphère.)

 

15 décembre 2015 : nouvelle forme poétique inventée, en 19 vers et 125 syllabes, schéma assez complexe et pas encore pris le temps de reprendre ici ou là le premier surgeon de cette forme nouvelle.

Aujourd'hui, entre autres, j'ai découvert que je ne savais absolument pas répondre à une des six questions de l'examen de Littérature donné par mes collègues qui assurent la partie Cours Magistral : ça en dit long sur la totale absence de coordination (et pourtant, je me démène, pour essayer de savoir). Ça en dit long, aussi, sans doute, sur le caractère vraiment nécessaire du contenu de cette question, si moi qui suis enseignant-chercheur en littérature, pas américaniste certes mais tout de même, suis infoutu de deviner ce qu'elle recèle...

 

Bientôt nouvelles lunettes (avec version solaire) pour Alpha, dernier cours de solfège / chant choral de l'année 2015 pour Oméga, quelques emplettes (cadeaux), un découvert vite épongé (sitôt découvert), poursuite du chantier de lectures (sept en simultané) et de correction (5 paquets, 2 à venir vendredi).

Au matin, dans un bel appartement de Saint-Cyr, nettoyage de 425 gobelets réutilisables par une fine équipe.

 

Yeux vraiment explosés. Croisons les doigts pour la connexion.

mardi, 01 décembre 2015

Par les lettres, 3

La voix de Sidsel Endresen, grave et souple, presque trop belle.

“Here the Moon” —belle lurette que je n’avais pas écouté cet album, Exile.

Ce matin, on l’aura deviné, choix aléatoire arrêté à la lettre E, sur les étagères consacrées au jazz.

Je me rappelle en hypokhâgne, avoir lu ou parcouru – au C.D.I. où sévissait une cerbère – un article au sujet de Saint-John-Perse ; cet article s’intitulait ‘Trop de beauté ?’ ou quelque chose d’approchant. Il me semble que l’auteur en était un poète connu, quoique inconnue de moi alors : Jaccottet ? Steinmetz ? —— Cela m’a beaucoup marqué, m’a rendu sensible, non pas à une sorte de modération ou de tiédeur de principe, mais à la question de l’emphase poétique, de l’exagération formelle.

D’un trop-plein de beauté peut naître une forme de déséquilibre, d’inharmonie, qui rompt le lien entre le texte et son lecteur. Cette question se repose, comme parfois, avec cet album de Sidsel Endresen, que je connais très bien. (Parenthèse, encore : hier soir, écoutant fourbu au retour de l’université le tout premier album de Julien Jacob, mon fils cadet m’a demandé si c’était un nouveau disque. Il ne le connaît pas car, comme je le connais par cœur, je ne l’écoute presque plus jamais.) Il me semble, pour en revenir à Exile, que la voix de Sidsel Endresen ne m’a jamais vraiment ému, contrairement à sa presque jumelle (si différente pourtant) Susan Abbuehl. En revanche, les harmoniques de Django Bates (sur “Stages” par exemple) ou le violoncelle de David Darling (à la fin de “Quest”) sont très prenants, sans oublier la radiance irrésistible du trompettiste Nils Petter Molvær – cf le final de “Dust”, en dialogue avec l’orgue de Bugge Wesseltoft.

“Waiting Train”, plus électrique et déjanté, offrant un havre de (très relative) approximation, il en ressort que, comme l’auteur de l’article lu en 91 ou 92, je suis plus sensible à des œuvres majeures quand il y a des petits quelques choses qui dépassent.

Autre remarque, histoire de dire aussi que ce choix de la lettre E n’a peut-être pas été entièrement guidé par le hasard. Hier soir, devant l’émission préférée d’Alpha (…), Le Petit Journal, je faisais remarquer à mon épouse, tandis que vocalisait quelque pop singer danoise : tiens, tu devrais aimer, non, c’est un clone d’Agnes Obel… Boutade, évidemment, d’autant que j’aime plutôt l’univers musical soporifique fouillé d’Agnes Obel. Il n’en demeure pas moins qu’il existe une sorte, sinon d’école, du moins de forme particulière de modulation dans le chant en anglais des Scandinaves : Abbuehl, Endresen, Nina Persson (des Cardigans), Obel…

 

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Pour faire suite (ou pièce) à Exile, j’ai choisi, le jouxtant, The Individualism of Gil Evans : absolument aucun rapport… et signe encore et toujours que sur les étagères de « jazz » se trouvent des essais si dissemblables que le jazz, comme le “roman” ou le “baroque” — à des degrés divers — sont des étiquettes dissimulant de bien incommodes baggy monsters.

Ici aussi, album que je n’avais pas écouté depuis des années.

“Time of the Barracudas” : arrangement très beau, solos et volutes hallucinées de Wayne Shorter avec répons de flûtes et clarinettes, tandis qu’à certains instants on finit par n’entendre que le toucher baraqué d’Elvin Jones sur cymbales. En revanche, aucun souvenir d’avoir prêté attention à Kenny Burrell sur ce morceau (on m’aurait demandé ce que je connaissais de Burrell, j’aurais cité les trois disques que j’ai d elui en leader ou co-leader, mais pas ceci).

“The Barbara Song” : aucun souvenir, là encore. Jamais dû écouter cet album attentivement ; or, il demande une attention soutenue. Atmosphère déliée, suffocante, endormante, tour à tour lascive et poivrée.

“Las Vegas Tango”. Ce titre me paraît familier. L'aurais-je entendu ailleurs, autrement ? Le solo de trombone est extraordinaire. Le saxophoniste soprano (sans doute Steve Lacy – il y a quatre “reeds & woodwinds” répertoriés, mais qui d'autre cela pourrait-il être ?) reprend le flambeau, et ça arrache (à l'intérieur). Comment travailler, sinon s'arrêter et rester saisi ?

“Flute Song / Hotel Me”. On nage en plein cinéma des années cinquante. Gangsters, séductrices über-gaulées dans leurs jupes droites. Le piano ironise, les flûtes tentent de roucouler, on s'amuse. Parade sauvage, non.

“Nothing Like You” : machin classique de big band, gaieté factice façon West Coast, générique d'émission de radio, à oublier.

“Concorde” : arrangement qui tourne entièrement autour du “violon ténor” (?) et des solos de tuba. Épatant, si je peux risquer un anachronisme lexical (mais l'album sonne tellement sixties, it's in keeping).

“Spoonful”. — Étonnant, ce que devient le blues beau et râpeux de Willie Dixon. Kenny Burrell, à la guitare, est, il me semble, à côté de la plaque : dilettante, détaché, doucement diurne. Vous m'offrez du brouet quand j'attendais des crèmes. [Ça marche dans les deux sens. D'ailleurs, dans Les Poulpes, les collages de citations sont déroutants : on n'est même pas sûr de reconnaître ce qui est citation, et ce qui est parole inventée rapportée de tel prisonnier.] Avec la trompette, on reprend un territoire plus crevassé, on se crame les pieds à fouler des arpents dangereux. Mais enfin, le salut ne passe pas par les lettres !

samedi, 28 novembre 2015

Par les lettres, 1

Il faisait froid, ce soir-là, sur le quai de la gare, à Dijon.

Était-ce en 2000 ? Avec le baladeur CD (oui, oui), j'écoutais Pression, le premier album de Kartet, acheté quasi par hasard un ou deux ans plus tôt, d'occasion, à Paris.

Que de découvertes capitales faites à l'époque des razzias chez Gibert, tiens c'est 30 francs, pourquoi ne pas tenter ? (Ainsi, tout de même, Julien Jacob, en 2000, justement.)

Ne nous éloignons pas du sujet.

Pression. Album fondamental, s'ouvrant et s'achevant sur deux versions différentes de “High Steak”. Guillaume Orti, l'ai-je déjà écrit, est un des saxophonistes les plus sous-estimés ou méconnus de sa génération. Les trois autres compères ont aussi suivi leur chemin.

Ligne interrompue.

Lignes coupées.

Décision d'écouter, dès que je le pourrai, certains de mes disques par genre et par lettre de l'alphabet, histoire de refaire le tour de mes étagères (question que l'on ne se pose pas, ou frustration que l'on n'a que plus temporairement pour les livres : est-ce l'effet des contraintes temporelles ? pourtant, il m'arrive de me dire que je relirais volontiers Les Géorgiques de Claude Simon, par exemple, ou Look Homeward, Angel — et je ne le fais jamais).

Tout proche de Pression, il y a la réédition de deux albums de Roland Kirk, Domino et Reeds and Deeds. Au moment où j'écris ce §, j'écoute la version de “Get Out of Town” (avec un phrasé déboulé étonnant de Wynton Kelly au piano). Kirk, bien sûr, on l'imagine toujours en train de siffler/parler tout en tenant en bouche quatre instruments différents, mais l'émotion ne passe pas par ces prouesses, mais par la teneur particulière du souffle. (Note to self : réécouter “A Stritch in Time”, composition symptomatique.)

Après cela...

Après que le soleil aura séché la minuscule flaque au centre de la table noire...

[Stéphane Kerecki Trio]

vendredi, 06 novembre 2015

Vendredi, le jour

Vendredi, c’est le jour des valises. Couloirs et salles de cours où errent et marchent des étudiants au dos alourdi, ou dont le bras se prolonge d’une valise à roulettes. Mon voisin de tramway, ce matin, avait une de ces valises à roulettes, dont il était bien embarrassé, d’ailleurs, dans la cohue du matin – quel succès, ce tramway ! –, et lisait le tome II des Misérables en Folio. Peu après, il me devançait sur le chemin du site Tanneurs.

 

Vendredi, c’est le jour du quotidien gratuit. Rite vénéral, je prends, avant de me rendre à mon bureau, deux exemplaires de la NR sur le présentoir proche de l’amphi Thélème (l’Université n’a pas d’argent pour qu’on dispense des cours de langues à des groupes de moins de 50 étudiants, mais elle maintient l’abonnement à sept ou huit mille exemplaires de la NR du vendredi) et en pose un sur le bureau d’une collègue avant d’aller ouvrir le mien. Aujourd'hui, il est question, à la page 10, d'amphis bondés, et, à la page 11, de la ville de Tours qui veut réduire sa facture d'électricité. Que ne le fait-elle, déjà en supprimant les illuminations de Noël, ou en les restreignant à une dizaine de jours ? Que ne le fait-elle, en interdisant les panneaux publicitaires éclairés ou électriques ? Que ne le fait-elle, en ne faisant allumer (c'est techniquement possible) qu'un lampadaire sur deux ?

 

Vendredi, il pleuviote ; il règne une douceur extrême. — Même douceur, mais ensoleillée, un autre 6 novembre, lors de notre première visite en famille du château d’Azay-le-Rideau, il y a dix ans pile. Visite dont ces carnets, à leurs balbutiements, s’étaient fait l’écho, avec notamment tel propos rapporté d’Alpha, qui avait alors quatre ans.

 

Si je remonte encore, dans le temps, repensant à sacs & valises, je me retrouverai, moi, même pas majeur encore, ahanant le samedi matin, à Bordeaux, sous le poids d’un énorme et hideux sac jaune avec lequel, après les cours, j’allais directement prendre le train de 13 h 12 pour Dax, sans repasser par mon studio talençais. C’était samedi midi, et dimanche soir (19 h 40, attendre le dernier bus A direction Gradignan-Malartic place de la Victoire), le moment des valises.

vendredi, 15 mai 2015

Bribes des jours passés

9-13 mai 2015.

J'ai enfin pris en faute Youtube, Dailymotion et l'INA : pas moyen de mettre la main sur le clip de “Peux-tu lire” de Zad (qui était hyper bien, passait pourtant non stop sur M6 en 96-97, m'avait fait acheter l'album, avant que la carrière du chanteur ne s'arrête définitivement parce qu'il avait tabassé sa femme, Lio).

 

En voyant Ayew marquer le quatrième but, se demander si “yew” est le chêne vert ou le chêne liège. (The former, meseems.)

 

On voit plus les images que les mots. Plus de mots sénateurs etc.

Oui mais ╝ l'image sécatrice vraiment ?

 

Areola, gardien shooté à l'acerola.

 

Après maintes tracasseries de fin de nuit, la chatte a fini par se poser dans le petit fauteuil d'enfant en osier.

 

Après une matinée de ménage et de lessives, désormais : des rapports de stage à lire en urgence (car je suis un gros feignant qui fait tout au dernier moment) ║ en plus je n'arrive pas à débuguer cet infernal ordi, la chaise en fer est défoncée sous mes fesses, la chatte cherche à me choper l'orteil, le vent s'est levé, m'apporte des fragrances de je ne sais quel arbuste ╗ où va le monde ? (comme nous étions en vacances dans l'ouest de la Belgique, je nomme mon album de photos dans Flickr Il était dans l'ouest, une fois, ça me rappelle les cassettes d'humoristes franchouillards qu'écoutait mon aïeul côté paternel dans la R20 quand j'étais gosse).

 

‘Push to End Prison Rapes Loses Earlier Momentum’

║║║║ Je suis le premier à déplorer l'incapacité où sont 80% des étudiants de comprendre un titre d'article journalistique et à leur apprendre les codes d'écriture, leur réexpliquer les règles d'adjectivation etc. — mais il y a des fois où les journalistes anglophones devraient aussi se modérer.

 

Mardi c'est encore & toujours le soir des avions, alors on lit des poèmes de Starting from Sleep en regrettant un peu que le les pages du livre sentent le papier gerbe.

 

Il y a une seule chose que je crois ne jamais pouvoir comprendre de mon époque, et je mourrai sans l'avoir comprise : le battage médiatique ahurissant, chaque année en mai, pour le festival de Cannes.

 

 

“Retour en arrière et correction des erreurs” ▬ Next time and that the other one of a historical essay I am reading and USB drives in Thoreau's “Walden” and realizing that I haven't tried, but as a small child, I don't own one.
-GuillaumeBot

mercredi, 29 avril 2015

3570 ╝ Architruc

C'était il y a vingt ans, à quelques jours près. (Était-ce autour du 10 avril ou du 10 mai, je n'arrive pas à m'en souvenir. Je dirais plutôt début mai ; il faisait chaud à Paris.)

Comme j'ai lu il n'y a pas longtemps le recueil de textes de Martin Mégevand et Nathalie Piégay-Gros (dans lequel j'ai appris aussi que Pinget avait publié, jeune, des poèmes sous pseudonyme, recueil introuvable), cela m'a remis en  mémoire cette unique mise en scène à mon répertoire : la pièce, jouée salle Dussane à l'École Normale Supérieure (on ne fait pas plus sérail), durait une petite heure. En guise de prologue, j'étais seul à l'avant-scène, assis à un bureau en robe de chambre marron, à lire un extrait de Baga (le début du roman, je crois). Puis, dans le noir, dansant sur Ill Wind, j'allais m'allonger sur le lit côté cour, et ne le quittais plus. Pour jouer le rôle de Baga, j'avais rencontré Axel Rabourdin, Landais d'origine comme moi mais que je ne connaissais pas auparavant.

Nous avions répété six mois, à raison de deux heures par semaine, dans cette horrible salle désaffectée du sous-sol, moquette ravagée, poussière partout, aucune aération, et d'où — pour pouvoir répéter, de cinq à sept, le mardi — j'étais obligé de chasser, quasi à coups de pompe dans le derche, cette perruche gloussante et ridicule arborant écharpe rouge, qui se nommait Christophe Barbier et n'était alors (vaguement) connu qu'en tant que directeur du Théâtre de l'Archicube (on ne fait pas plus fat).

Architruc est, je l'ai découvert depuis, une pièce finalement peu jouée de Pinget. J'étais arrivé à Paris avec des dizaines de projets, et avais décidé de commencer par le plus simple, cette pièce voisine de Beckett (Endgame) et Ionesco (Le Roi se meurt), à mettre en scène le plus sobrement possible. (Quel soulagement, en décembre, de lire la lettre de la S.A.C.D. précisant que Pinget ne souhaitait plus voir figurer le personnage de la Mort avec sa faux, mais plutôt que l'acteur interprétant Architruc simule la mort sur scène.)

Parmi mes autres projets, il y avait une version de Autour de Mortin à jouer dans une cage de verre : les acteurs devaient hurler pour se faire entendre du public, et faire des acrobaties pour tenter de sortir de leur boîte. Comme Architruc est ma seule mise en scène, on devine que cette cage de verre est restée dans les limbes.

Sur les quatre représentations (quatre soirs de suite, du mercredi au samedi), nous n'avons vraiment joué convenablement que deux soirs, de mémoire le deuxième et le troisième. Il y avait une cinquantaine de spectateurs à chaque représentation : j'étais déçu car je m'étais démené, mais me rends compte que ce n'était pas si mal. Contrairement aux autres troupes de l'École, Axel et moi n'étions pas de tous les raouts parisianistes et n'avions pu compter rameuter tant et tant...

J'ai encore dans les narines l'odeur de chaud des câbles électriques et du scotch sur les dalles de linoléum de la salle Dussane : c'est peut-être mon plus net souvenir de cette aventure d'il y a vingt ans.

 

lundi, 02 mars 2015

Domme ou l'Occultation

Au cul de mon bol breton, à Saintes, le bol à mon prénom et que je retrouve car mes parents ont commencé à récupérer des bricoles dans la maison, mise en vente, de mes grands-parents, au cul donc, disais-je, “Domme” est inscrit. Or, je pense que la première fois que j'ai lu, en en gardant un souvenir, le nom de Domme, c'était dans l'appartement de Claire, à Talence, parmi les milliers de livres de ses hôtes, avant qu'en 1995 nous ne visitassions Domme avec Cyril – nous y sommes retournés avec les enfants au printemps 2011, et de nouveau en avril 2012. Ainsi, ce nom était inscrit au cul d'un objet que j'utilisais enfant à chaque séjour chez mes grands-parents paternels, et je n'en savais rien ; un bol breton périgourdin, aussi, quel sens cela a-t-il ?

mercredi, 25 février 2015

Ligne & Fils (Trilogie des rives, I)

D'Emmanuelle Pagano, je n'avais lu que le très beau roman d'amour (triste et brûlant), L'Absence des oiseaux d'eau. Il y a deux ans, je n'avais pas été tenté par Nouons-nous, ce que je regrette  aujourd'hui...

 

Emmanuelle Pagano vient de publier le premier volet d'une “Trilogie des rives”. Le titre en est Ligne & Fils. La polysémie possible de ce titre s'éclaire d'un nouveau jour en lisant ce récit ardéchois : Ligne, le nom de la rivière sur laquelle sont, de longue date, installés, les ateliers et usines textiles, a donné son nom à la lignée de la narratrice / Ligne & Fils est donc, très logiquement, le nom de l'entreprise depuis que le père-fondateur l'a léguée à son fils. Il va de soi (de soie) que les autres sens des noms ligne et fil occupent une place prépondérante dans la structure même du roman : la narratrice, photographe, se fait écrivaine, tire à la ligne en alternant les chapitres sur la généalogie, l'histoire de sa famille, les origines des usines, et ceux sur le drame qui la lie (la noue) à son fils ; la référence, très marquée et comme creusée, à l'industrie textile rend l'analogie entre l'écriture et le tissage tout à fait forte, très au-delà de ses avatars les plus ordinaires et les plus galvaudés. Il est évident qu'Emmanuelle Pagano, tout à fait consciente du caractère assez rebattu de cette analogie, a voulu la situer dans une histoire familiale technique. C'est ce qui explique la grande technicité de certains chapitres ; ce roman n'esquive pas ce qui faisait le fond d'une identité industrielle jusque dans les années soixante, à savoir un certain vocabulaire, un certain réseau d'us et coutumes, une certaine mentalité formée d'un langage particulier.

 

À cet égard, l'écriture de Pagano rappelle plus celle – méticuleuse, ouvragée, profonde – d'un Claude Ollier (récemment disparu) que les tentatives “techniques” (amirables aussi, là n'est pas la question) de Maylis de Kerangal. Dans les passages où la narratrice explore l'histoire des matériaux, sa voix demeure forte, douce, subjective. Son élément principal est l'eau, l'eau vive et vibrionnante des torrents ou des ruisseaux :

La soie à voile, la soie dont on faisait les voiles de navire, passait, par la magie du moulinage, de l'eau douce à l'eau salée. De la soie guerrière on tissait les toiles de parachutes qui prenaient l'air sans risquer le feu, parce que la soie est légèe et brûle difficilement. (p. 43)

Écrit de la rive, ou sur la rive, ou par l'attention porté aux rives qu'on imagine quand on ne s'y trouve pas (il y a deux rivières principales dans le roman, la Ligne et la Baume), le roman poursuit le motif de la marche au bord de l'eau même aux temps de sécheresse : “l'eau fantôme partout s'abîmait et chantait faux” (p. 195). La phrase que je viens de citer montre assez combien, sans emphase, sans effets de manche, l'écriture d'Emmanuelle Pagano produit beaucoup, signifie sans pourtant s'en donner l'air. L'abîme, ici, comme le nom de la Baume, suggère des échos très complexes avec l'histoire familiale ; c'est au lecteur de lier ces fils.

 

Une des particularités de ce récit mémoriel est qu'il est confié à, construit par une narratrice qui admet d'elle-même “confondre les fins et les commencements”, et situe ses souvenirs dans une topographie à la fois extrêmement précise et tout à fait idéale (au sens où elle est fabriquée par l'esprit, mentale). Cela se retrouve dans les croisements entre le présent de l'écriture et la petite enfance du fils :

Par la fenêtre de la chambre mère-enfant, je voyais le long train régional passer toutes les deux heures sur le viaduc au-dessus de la confluence de la rivière principale et du fleuve. C'était un bercement de plus. Ce train que je n'ai jamais pris délivrait des points de repères lumineux dans nos nuits, des nuits jamais complètement noires et plus feutrées encore que les jours qu'elles prolongeaient. Je n'avais pas sommeil, je guettais l'heure de la prochaine tétée : c'était celle des passages scintillants du train régional. (p. 156)

Même lorsqu'Emmanuelle Pagano retravaille un motif assez classique, celui de la carte postale (avec les réminiscences qui s'y attachent), elle y apporte un éclairage nouveau : sur la carte postale qu'achetaient tous les estivants dans les années soixante, la narratrice enfant et sa mère se trouvaient au premier plan, sans l'avoir su, alors. Par conséquent, selon la narratrice, sa mère et elle “f[ont] partie de ce drôle de collectif spatio-temporel […] composé de l'ensemble des gens sur la plage” (p. 178). La rupture esthétique, si elle s'y détermine, est discrète, d'une fabrication artisanale. Il est difficile de dire – avant la perspective qu'apporteront nécessairement les deux tomes suivants de cette trilogie – si Pagano fait ici le pari d'un changement de paradigme complet ou si, comme l'arrière-grand-père de la narratrice, elle se résout à “confluer plus haut ou plus bas dans la même rivière principale” (p. 75).

vendredi, 02 janvier 2015

Des insanités

En miroir, du 29.12 au 02.01.

 

Hier encore trois allers retours à la déchetterie : sacs de feuilles sacs de feuilles.

Aujourd'hui normalement je m'attaque aux huit petits saules penchés à 40° depuis tempête (de 2010 ?).
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Paper. Diapason. Graisse des ténèbres.
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Le verre cathédrale mange sa propre lumière, tiens ça y est pas pu m'empêcher d'écrire des insanités.

 

L'enclos, avec ses chèvres ses oies ses tas de ferraille ses restes de vieux pneus ses poules ses chats ses gamins en quad —— là où avant (pas jadis ni autrefois : avant) se trouvait un petit bois si joli, si mystérieux, si tendre au regard (et à la mémoire).

La crevaison → juste à temps chez Morès, à regarder le jeune type clopant, juché précairement sur une palette à trois mètres au-dessus du sol, à dévisser les lettres rouillées.

samedi, 27 décembre 2014

Pelouse (20.12.2014)

La pelouse de Montpellier est dans un état si lamentable qu'elle me rappelle les espèces de champs sans gazon où nous nous entraînions, au collège et au lycée, quartier du Gond.