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jeudi, 05 janvier 2006

Food for thought

Moins l'on a de culture, plus on l'étale...

(Cette note commence avec un aphorisme, et s'achèvera sur un proverbe, doublé d'une maxime.)

 

Consultant le Robert culturel, puis le parcourant, je tombe sur l'encart qui, dans le tome III,  la page 1542, aborde la polysémie, en français, du substantif pensée, fleur et notion abstraite, et la fascination de nombreux auteurs pour cette amphibologie (là, je ne cite pas l'encart, mais j'étale ma culture). Or, les trois auteurs de l'encart en question citent une fort intéressante citation d'August Strindberg, extraite d'un texte écrit originalement en français, Inferno. Je m'étonne de voir cette citation introduite comme suit : "Cependant, un grand écrivain norvégien fait état de la connivence de la fleur, non avec la pensée, mais avec le visage humain."

En raison de ma grande confiance en ce merveilleux dictionnaire, le doute  - ainsi que l'on dit à la SNCF -  m'étreint un instant. Après vérification dans la partie "noms propres" du Petit Larousse 2000, je m'assure que Strindberg était bel et bien suédois. Le plus inquiétant dans cette erreur, c'est que Strindberg n'est pas seulement un grand écrivain : il s'agit, de fait, du premier écrivain à avoir placé la Suède et la langue suédoise sur la carte du monde littéraire. Que les auteurs d'un si monumental Dictionnaire culturel (et la notice, écrite par C.T., a été reprise par G.F. et A.R., nous précise-t-on (A.R. n'étant nul autre que le responsable de la publication, le très médiatique Alain Rey)) puissent, sans sourciller, se tromper sur la nationalité de l'un des plus grands écrivains européens de ces 150 dernières années, c'est inquiétant !  Pourtant, je me dois de dire que ce dictionnaire en quatre volumes, dont j'ai déjà dû parler en octobre, est une mine de renseignements et de développements généralement irréprochables ; c'est la première erreur vraiment gênante que je rencontre.

 

Qui aime bien châtie bien. (C'est le proverbe.)

L'auteur de ce carnétoile, toutefois, a une fâcheuse tendance à ne raconter ici que ce qui lui déplaît. (C'est la maxime.)

Commentaires

"ainsi que l'on dit à la SNCF" ?? encore une grosse ellipse ?

Écrit par : Papotine | jeudi, 05 janvier 2006

Le royaume de Norvège ne s'est séparé du royaume de Suède qu'en 1905. Strindberg n'a donc vécu que les sept dernières années de sa vie dans le seul royaume de Suède, même s'il est né et est mort à Stockholm. Bon... mais tous ses livres indiquent une traduction du suédois.

Écrit par : Dominique | jeudi, 05 janvier 2006

Papotine > cherchez encore. (C'est un calembour scandaleusement ridicule. (Cela dit, j'ai fait hurler de rire un ami aujourd'hui en disant : "Qui veut m'aider, comme disait Euripide?"))

Dominique > dans le cas des Finlandais qui écrivaient presque tous en suédois (langue de la culture et des classes cultivées) jusqu'à la fin du siècle dernier, je ne verrais pas d'objection. Mais c'est la première fois que je vois Strindberg qualifié de "grand auteur norvégien". Il écrit en suédois, d'où mon étonnement.

Par ailleurs, je suis assez ignorant en histoire des pays scandinaves, mais il me semble que, dans l'"union" entre la Norvège et la Suède, signée je ne sais plus quand au début du dix-neuvième siècle et achevée en 1905, c'est plutôt la Norvège qui dépendait de la Suède. La culture dominante, dans cette alliance, c'était la suédoise. Ainsi, quand on parle d'Alfred Nobel, on le qualifie rarement de norvégien.

Merci beaucoup, dans tous les cas, d'ouvrir ce débat historique très intéressant.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 05 janvier 2006

Le doute m'étreint ! Mouarf. Je préfère Médée, elle est plus mignonne.

Écrit par : Papotine | jeudi, 05 janvier 2006

Je sais bien que tu n'aimes pas Colette, mais elle parle quelque part de la ressemblance de la pensée (fleur) avec le visage humain, en l'occurrence celui de Henry VIII.

Écrit par : fuligineuse | vendredi, 06 janvier 2006

Ah, ce serait à retrouver... Je recopierais bien ici le long passage de Strindberg. Aurait-elle été influencée ou aurait-elle influencé ? Great minds thinking alike ?

Ce n'est pas que "je n'aime pas Colette". Je n'ai jamais rien lu de très enthousiasmant, de mon point de vue, mais je lui reconnais un talent d'écrivain certain, s'il ne me touche guère.

Écrit par : Guillaume | vendredi, 06 janvier 2006

Guillaume : c'est plutôt la Norvège qui dépendait de la Suède

Je faisais une boutade. Il est très fréquent (en France) que les auteurs de l'un ou l'autre pays soient confondus – un peu comme si l'on déclarait d'un écrivain anglais qu'il est écossais. De toute manière, le norvégien n'existait pas encore vraiment comme langue littéraire à cette époque : http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/europe/norvege.htm

Écrit par : Dominique | vendredi, 06 janvier 2006

Oh d'accord, mille excuses... Enfin, on finit par se comprendre.

Pourtant, pour en revenir à la fine équipe d'Alain Rey, même en s'en tenant à des références communes de très grands écrivains du 20ème siècle, ce n'est pas trop difficile d'avoir quelques repères littéraires vagues : Hamsun est norvégien ; Lagerkvist et Strindberg sont suédois.

Je ne demande pas à tout le monde d'avoir lu les huit tomes de "La Saga des émigrants" de Vilhelm Moberg...

Écrit par : Guillaume | vendredi, 06 janvier 2006

Ce dictionaire est celui que j'aurai rêvé avoir ... j'ai même participé à des concours pour le gagner, mais c'est quand même hors de prix. Je ne souvenais pas que tu en avais parlé Guillaume, en tout cas, je vais souvent le feuilleter à la FNAC, et il me fait très envie ... En plus il est très beau ! J'ai l'habitude, en plus, de "lire le dictionnaire" (et ce blog y est pour quelque chose ...), c'est-à-dire d'y chercher une définition, et de m'étaler dans les autres ... Mais mon "Hachette 2003" n'est pas à la hauteur du magnifique Dictionnaire Culturel de chez Robert !! En esperant que ses auteurs ne multiplient pas d'aussi grossières erreurs ! Bon, s'ils décident de t'en offrir un pour te récompenser d'avoir décelé la faute, tu me fais un prix ?

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

Sinon tu m'autorises à signaler l'erreur de moi-même ??

Écrit par : Simon | dimanche, 08 janvier 2006

Va en paix, mon fils, et reçois ma bénédiction !

Écrit par : Guillaume, impo/a/steur | dimanche, 08 janvier 2006

Les commentaires sont fermés.