lundi, 30 janvier 2006
Tridentition de Neptune
Aboli bibelot, dynamite asonore,
Je dors la nuit en oubliant mon râtelier
Dans un verre glacé. Balayant l'atelier,
Tu mettrais l'univers entier, qui déshonore
Une étoile oubliée au fond de ton cellier.
Ici se pâmeraient de goulus frugivores
Et de galants amants nullement spordivores
(Divorcés de leur temps, si Serre-Chevalier
N'a, pour eux, point d'attraits, non plus que La Mongie).
Voici, dans le cellier, le feu d'une bougie
Qui, éclairant le ciel-de-lit, se désarçonne
À n'avoir, du coussin, vu les bûchers ardents,
Comme, en mon cauchemar, coiffée à la garçonne,
L'ange tend un filet où se prennent mes dents.
21:21 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)
Osanore encore
21:15 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (3)
Eric Meunié, 7 : Meure ciné I
[443]
Tous les nombres sont beaux. Tous sont tressés de merveilles.
Du 16, puissance qui clôt le recueil, au 919, palindrome, qui l’ouvre, comment ne pas lire, surinscrire un sens ?
919 est un nombre extraordinaire de beauté. J’y vois, par-delà le palindrome, mon fétiche 91 multiplié par dix, auquel encore s’ajoute 9.
Tous les nombres sont beaux.
Les mots aussi, mais moins : il leur faut la parole, et le travail si incroyablement vain d’un écrivain.18:30 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (1)
Eric Meunié, 6 : E, crime nié
[443 : où l’on songe à Perec, et puis non…]
Même avec sa phraséologie, le premier fragment 405 est d’une densité d’analyse, d’une limpidité aphoristique qui fait scintiller, comme un diamant entrevu, la double antithèse entre, d’une part, préoccupation et affranchissement, d’autre part prouesses et surprises. J’essaie de m’affranchir, ce qui n’est pas affranchir, et de me surprendre, ce qui est bien différent du rapport que j’entretiens avec vous, pâles solaires silencieux lecteurs.
17:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
(E)ric M(e)unié, 5 : Ricin ému
Le fragment 594 dit à merveille la sotte absorption dans laquelle choit l’auteur d’un carnétoile au cours d’une conversation. Pourtant, aujourd’hui dimanche, des amis sont venus déjeuner et pas une seule seconde je n’ai eu de pensée pour mes frétillements électroniques… ni pour les textes de Poésie complète.
Ce soir, je me rattrape.
16:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Eric Meunié, 4 : Cire ni émeu
[457 : je n’ai pas fait exprès !]
Petit détail paratextuel sans aucune pertinence pour l’analyse du fragment – l’Eric batifolant et folâtre du fragment 457 ne serait-il pas le préfacier de Poésie complète, l’illustre Chevillard, dont je lis en parallèle le petit texte qu’il vient de consacrer à Gaston Chaissac ? Ou est-ce le prénom de l’écrivain, peut-être pas le je du fragment 457, qui se dédouble par ce sortilège vieux comme le monde ?
Ce n’est pas le fragment 754 qui offre la réponse.
15:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (4)
Eric Meunié, 3 : Ire, une cime
[454 ou 545 : 91 blancs]
Deux fragments, dans ma lecture non achevée du recueil, m’ont agacé par leur côté facile. Est-ce une tentative de provocation ?
Ainsi du troisième fragment 422 : banalisation du viol ou platitude d’écrivain peu inspiré ? Le jeu de mots sur couvreur, bien falot, n’est plus à découvrir.
Ou du deuxième fragment 380 : on n’est jamais très loin du racolage, avec ce genre de petite chute prévisible et sans grande force ; du raccolage ? (N’y a-t-il pas une opération de bibliophilie, ou d’entretien technique des livres qui se nomme le recollement ?)
13:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2)
Eric Meunié (s), 2 : Murène sciée
[788]
Au pluriel. Pluriel, l’auteur se diffracte en tant de fragments. Son recueil n’est pas – le système compris puis absorbé par le lecteur – cet appauvrissement, ce chemin vers la brièveté ni le dépouillement. Ce dépouillement n’est qu’affaire de forme, ou plutôt d’organisation dans le volume. La passion des nombres, qui simplement donne sa structure au livre, forge des extases pour un arithméticien maniaque et amateur tel que moi, qui me surprends à admirer qu’il y ait deux fragments intitulés 393, trois intitulés 131, mais un seul fragment 262. J’ai dû me constituer (sans du tout m’y contraindre, le caractère machinal de ma maniaquerie faisant l’essentiel du travail) un ordre de lecture qui échappe à la catégorisation comptable qui, fruste, a présidé à la composition du recueil.
12:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Os à ronger
De nombreux malheurs s'abattent sur moi : je n'ai pas le Robert culturel sous la main, et je brûlais d'écrire un billet sur l'adjectif osanore, découvert hier grâce à Livy.
L'épuisant désir de ces choses...
11:05 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (1)
Ernst Reijseger
Je viens d’écrire une brève note relative aux canapultes, ces curieux monstres lexicaux, et j’écoute le Double Trio (clarinettes de Sclavis, Angster et Di Donato ; cordes de Feldman, Reijseger et Dresser).
Je me souviens d’avoir vu, écouté et applaudi Reijseger, lors des Rencontres Internationales de Violoncelles de Beauvais (était-ce en 1999 ?). Je le connaissais déjà, pour ce disque du Double Trio, et pour le disque Rara Avis, où il joue avec Han Bennink et Michael Moore (pas le porc vulgaire, mais l’autre, le vrai : le grand saxophoniste) au sein de la formation Clusone 3.
À Beauvais, il avait sidéré et, je crois bien, décontenancé le public – la moindre de ses algarades extramusicales n’étant sans doute pas son geste d’aller fouiller dans la terre d’une affreuse et gigantesque plante en pot qui se tenait là, sagement, dans un coin de la scène du théâtre. D’un archet drolatique, il touilla le terreau d’un geste magistral, faussement gauche.
C’est aussi un remarquable musicien… mais vous ne trouverez pas, sur la Toile, l’anecdote de l’archet touilleur.
09:50 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (16)
Rêve parti
Mon fils était allé se coucher dans un lit immense, de trois mètres sur trois, qui se trouvait à l'endroit de la cage d'escalier. Puis, m'informait posément C. tandis que j'observais ce grand lit défait occupant tout le palier, il s'était recouché tout seul dans sa chambre, laissant la porte ouverte. Il y avait ses chaussons juste devant.
Je regardais, inquiet, ce grand lit, me demandant où était l'escalier.
Puis le réveil sonna, me plongeant dans le gouffre de la journée.
07:49 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
CHAPTER TOGETHER
Whatever the weather let’s spend the day together. A day out together.
The weather and they say the weather.
They wither saying the weather is like. Saying what is the weather like. What is the weather like? Is it likely that they said what is the weather like? And did they like the weather?
Did they wither saying? Did they wither saying the weather. They said whatever the weather let’s spend the day out altogether. All together.
Is all together altogether the same? Is all together altogether the same as altogether? Italics would help.
Italics would help. Inverted commas would help. Italics or inverted commas would most certainly help.
07:00 Publié dans Gertrude oder Wilhelm | Lien permanent | Commentaires (1)
De l’art balistique des canapultes
Samedi, 17 h 30.
Mon fils, lorsqu’il joue avec son château fort (modèle réduit), persiste à dire canapulte, même lorsque nous le reprenons gentiment ; cela nous amuse, mais je pense que, dans son esprit, le mot “catapulte” n’a pas de sens étymologique identifiable, d’où cet apparentement probable à une série de mots mieux connus (canne à pêche, canard, que sais-je…)
De même, l’autre jour, il disait faire des trèfles au lieu de faire des tresses. Cela me passionne, car c’est justement sur ce genre de matériau verbal que Leiris a fondé les quatre volumes de La Règle du jeu, et Biély son Kotik Letaïev, un des livres qui m’ont le plus impressionné.
……………
En écoute : « Muhu » (Ernst Reijseger). Album Green Dolphy Suite, par le Double Trio (Enja Records, 1995)
01:10 Publié dans ... de mon fils, Lect(o)ures, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (3)