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samedi, 23 décembre 2006

Marcel Fajoux reprend du galon

Sans la vigilance de Simon, je ne me serais peut-être jamais aperçu d'un commentaire laissé par un visiteur anonyme en réponse à l'un de mes billets : en effet, le surnommé Oo, petit-fils putatif de l'énigmatique Marcel Fajoux, a laissé un commentaire sur le méta-blog, et non sur Touraine sereine, où est pourtant publié le billet avec la photographie de la plaque commémorative en question.

Accessoirement, ce qui me semble ennuyeux, avec l'archivage sur le métablog, c'est que les internautes qui font une recherche via Google ne se retrouvent plus directement sur le blog de l'auteur (dans ce cas précis : moi), mais sur Touraine Blogs.

Pour répondre à Oo, disons que je n'ai pas eu plus d'information depuis. Il est à remarquer que, d'après Oo lui-même, Marcel Fajoux ne semble pas avoir eu d'autre mérite distinctif que l'art d'être grand-père...

Commentaires

Avant toute chose, il me faut dire que je n'ai rien contre Marcel Fajoux, dont j'ignorais jusqu'à l'existence en me levant ce matin. Je n'ai rien non plus contre le prénom Marcel et j'avais moi-même, du reste, un grand-père qui se prénommait de la sorte.

Cela étant posé, je saute sur l'occasion que m'offre votre note pour déplorer une nouvelle fois cette manie que nous avons, en France plus que partout ailleurs me semble-t-il, d'affubler nos rues, nos places, nos ponts, nos écoles, nos stades (et bientôt, sans doute nos refuges S.P.A. et nos déchetteries) de noms de grands hommes, de notables locaux ou d'obscurs inconnus, en supprimant souvent du même coup des appellations qui avaient le mérite de la clarté (place de la Mairie, de l'Église, de la Préfecture, rue du Pont, des Écoles, du Gazomètre, etc. – mais sans doute la précision et la possibilité donnée aux gens de s'orienter sans difficulté ne sont-elles plus ce que l'on demande en priorité à nos plaques indicatives) ou bien qui témognaient de la continuité historique de nos villes et nos villages et de ce qui nous rattache à leurs anciens habitants (la fameuse mémoire collective). J'ajoute que, dans ce dernier cas, ces appellations parfois supprimées sans vergogne pouvaient être porteuses de cette étrange poésie que leur conférait leur sens devenu passablement obscur au fil du temps.

Ainsi, et pour en revenir du même coup aux noms de rue dits « en Marcel » (dont a parlé à ce propos Michel Houellebecq au début du deuxième chapitre d' « Extension du domaine de la lutte » : « La rue Marcel-Sembat, Marcel-Dassault... beaucoup de Marcel. [...] Déambulant entre ces Marcel, je fus progressivement envahi par une certaine lassitude à l'égard des voitures, et des choses de ce monde. »), je n'ai toujours pas digéré que la rue des Docks, entre la gare et le rue de la Fuye, à Tours, ait été débaptisée au profit d'un obscur Marcel Tribut, ancienne édile locale, me semble-t-il, qui tire comme principal bénéfice de cette exhumation de son nom que ce dernier peut désormais s'afficher au grand jour sur les poubelles des riverains, qui plus est, la plupart du temps, sans l'indispensable trait d'union qui permettrait de mettre une distance entre ces hideux récipients gris à roulettes et son auguste personne.

Aux riverains qui ont protesté à l'époque (pour des raisons, sinon mauvaises, du moins accessoires à mon sens : modification de leurs cartes de visites, information de leurs correspondants, etc.), la mairie (dont je ne sais plus si elle était encore dirigée par Jeannot-la-Pudeur ou si elle l'était déjà par Jeannot Grassouille) a répondu, paraît-il, que cette rue des Docks n'avait plus de raison d'être, étant entendu qu'il n'y avait plus de docks dans le coin depuis que l'ancien canal avait laissé place (pur vandalisme, d'ailleurs, si je puis me permettre) à cette horrible autoroute qui sépare Tours et Saint-Pierre-des-Corps... Avec cette logique, il faut donc s'attendre à ce que, à plus ou moins long terme (normalement, après la mort des intéressés), la rue du Canal soit rebaptisée « rue Jean-Royer », puis la rue du Rempart « rue Jean-Germain ».

Je pourrais broder, mais je ne voudrais pas faire trop long non plus (sans compter que je n'ai toujours pas fait mes achats de Noël) sur le ridicule que produit parfois cette façon de prétendument honorer des hommes ou femmes illustres ou inconnus, notamment lorsque ces derniers sont très connotés politiquement et que la municipalité change de couleur. Vous avez peut-être, comme moi, en mémoire les mesures prises par le très crétin et très viandard Serge Dassault contre les grotesques boulevard Lénine et autres ridicules avenues Vaillant-Couturier lorsqu'il a été élu maire de Corbeil-Essonne ou, pire encore, la croisade analogue des sinistres époux Mégret à Vitrolles contre les improbables squares ou salles des fêtes Nelson-Mandela ou Jean-Marie-Tjibaou. Il y avait également eu, dans les années quatre-vingts, dans la région de Nantes à ce que je me rappelle, une polémique à propos d'une rue Louis-Aragon débaptisée par un maire R.P.R. nouvellement élu, au motif que le Loulou en question n'était pas seulement un très grand poète mais avait également été le chantre français du stalinisme.

Et dire, qu'après ça, certains ironisent encore sur les rues et places du Maréchal-Pétain qui se sont muées à la Libération en rues et places du Général-de-Gaulle, comme s'il s'agissait d'un phénomène complètement disparu.

En résumé, si je me réjouis que la place Thiers, à Tours, soit redevenue place de la Liberté (voilà qui est, soit dit en passant, un symbole plus présentable que le nom de l'infâme petit crapaud fusilleur de la Commune de Paris), je crains un peu, dans un futur plus ou moins lointain, pour les rues des Bons Enfants, de la Bazoche, de l'Arbalète, de la Fuye, de la Dolve, du Pont-aux-Oies, du Sanitas, des Orfèvres ou de Port-Feu-Hugon (liste non exhaustive).

Autrement dit, ma réputation de vieux con avant l'âge va encore, je le crains, se renforcer, si c'est encore possible.

Écrit par : Chieuvrou | samedi, 23 décembre 2006

Cher et même précieux-entre-tous Astolphe,

je partage votre agacement, ou, dans tous les cas, votre goût des noms de rues qui ne sont pas des patronymes. Ah, la rue du Cheval Blanc !

Toutefois, s'il est vrai que Marcel Tribut fut une "ancienNE édile", j'en conclus qu'il se nommait Marcelle (comme Pierre).

Bon veillon,

Écrit par : Guillaume | samedi, 23 décembre 2006

Ah, c'est malin, vous venez de me gâcher mon dimanche avec cet « édile » qui permet du même coup au fantôme de Marcel Tribut de savourer une vengeance quasi-immédiate en me faisant expier publiquement l'affront à sa mémoire que je me suis permis hier. Et ce n'est pas le sentiment que votre blog doit être un peu déserté en ces temps de fêtes qui pourra me consoler.

Je pourrais certes tenter de vous faire croire qu'un copier-coller (copié-collé ?) de dernière minute m'a fait substituer « édile » à « gloire » sans penser à accorder mes article et adjectifs en conséquence mais, au nom de la sincérité que je crois déceler dans vos écrits, je vous dois l'atroce vérité dans toute sa brute nudité (belle formule, n'est-ce pas ?) : je croyais me souvenir que le terme « édile », en vertu d'une de ces bizarreries que se permet par moments la langue française, était féminin... J'ai certes eu un doute lorsque je l'ai tapé mais j'ai été moi-même à cet instant victime de ce que je me retiens souvent de reprocher à mes contemporains : la flemme de vérifier immédiatement dans le dictionnaire. Or le fait est qu'à la relecture, certes un peu rapide, que j'ai faite ensuite, mon hésitation initiale était déjà oubliée.

Puisque j'en suis à jouer les flagellants, je ne peux raisonnablement passer sous silence les maladresses les plus grossières que j'ai par ailleurs commises dans mon texte, à propos duquel j'eusse, en d'autres temps ou avec un autre lecteur, invoqué le légitime courroux sous l'emprise duquel il fut écrit pour tenter maladroitement de faire croire que cette belle colère eût comme qui dirait sensiblement altéré mon style déjà assez mal en point d'ordinaire.

Mais j'en viens plutôt aux faits dans leur brutalité nue (mouaif, pas terrible-terrible, cette fois). Examinons donc les quelques améliorations que je me crois autorisé à me proposer à moi-même :

Il me semble tout d'abord, concernant le « Aux riverains qui ont protesté à l'époque », qu'un « Aux susdits riverains qui ont protesté à l'époque » serait d'un meilleur effet pour atténuer la maladresse de la répétition, quitte à faire un peu employé aux écritures sur les bords. Mais, après tout...

Ensuite, mon « information de leurs correspondants » devrait manifestement céder la place, pour être compréhensible, à un « nécessité d'informer leurs correspondants ».

Plus délicat, qualifier Aragon, comme je l'ai fait, de « très grand poète » plutôt que de (très ?) « grand écrivain » peut sembler passablement iconoclaste à certains mais il me faut avouer, à ma grande honte, que je n'ai lu aucun roman de cet auteur (notez que je viens de vous épargner le cliché qui aurait consisté à écrire « du fou d'Elsa » plutôt que « de cet auteur »), ce qui n'est toutefois pas le cas pour sa poésie, dont j'ai lu... euh... une petite partie, dirons-nous... enfin, quasiment rien, quoi. Or il se trouve que « L'Affiche rouge » est, de tous les poèmes de tous les auteurs que j'ai pu lire jusqu'à présent, l'un de ceux qui m'a le plus ému (de l'émotion facile, dira-t-on, étant donné le sujet, mais que m'importe, cela marche sur moi et il ne m'en faut guère plus ; même chanté par Léo Ferré que, suprême sacrilège, j'ai la faiblesse de trouver souvent par trop emphatique, je ne suis pas loin d'écraser discrètement ma petite larme).

Quant au « Ma réputation [...] va encore [...] se renforcer, si c'est encore possible », je passerai naturellement sur le jugement quelque peu présomptueux que je porte en la circonstance sur mon humble personne pour me faire penser que, fût-elle celle d'un vieux con avant l'âge, j'aurais effectivement une réputation, et me recentrerai plutôt sur l'affreuse répétition de l'adverbe « encore » que j'ai malencontreusement commise, pour proposer un plus orthodoxe « Ma réputation [...] va encore [...] se renforcer, si tant est que ce soit seulement possible ».

Bon, c'est pas tout ça mais il faut que je mange.

Bonnes fêtes à vous et à bientôt.

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 24 décembre 2006

C'est Odile qui est du genre féminin, pas "édile". (Comparez avec "concile"...) Ne vous inquiétez pas trop pour la tribu marcelle, car elle se promène en tricot de corps.

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D'Aragon, lisez tout de même *Aurélien* ou *La Semaine sainte*, gigantesques romans !

Écrit par : Guillaume | dimanche, 24 décembre 2006

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