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samedi, 21 avril 2007

Île Simon

Vous ne le croirez peut-être pas, ou vous vous en contrefoutrez royalement, mais, en bientôt quatre ans de vie à Tours, je n'avais jamais laissé traîner mes guêtres ni mes semelles dans le parc de l'île Simon, pourtant voisin de l'université et pas si éloigné que cela de mon humble demeure (my 'umble abode, comme le répète incessamment le fourbe Uriah Heep dans David Champdecuivre (pas le magicien, hein ; le roman de Dickens)). Cet après-midi (je persiste à écrire cet au lieu de cette, malgré des années passées à lire Renaud Camus, qui, le premier, m'a averti du genre plutôt féminin d'après-midi (mais j'ai de bonnes raisons de persister à écrire cet)), nous nous y sommes promenés.

J'avais pris avec moi La Bataille de Pharsale, car il me paraissait impératif, pour le pédant cratylien que je suis, de me promener sur l'île Simon avec un livre de Claude. L'Amour l'Automne m'a donné envie de relire cet opus de Claude Simon, que j'avais lu avec délices en 1993, me fiant non seulement à mon goût marqué pour cet écrivain mais aussi aux recommandations de mon professeur de khâgne, Michel Boisset, qui nous avait appris que le titre était une anagramme de la bataille de la phrase. Comme les jeux sémiotiques qui servent de réseaux structurants à l'écriture des Eglogues de Renaud Camus reposent en grande partie sur des anagrammes et des paronomases, tout se tient, n'est-ce pas. Ouvrant mon vieil exemplaire au hasard, sur un banc, je vis passer un vulcain : rien de plus beau, à cet instant précis.

Après un premier mouvement de recul puis un moment de bouderie, mon fils, A., a joué (et moi aussi) au football avec trois garçons plutôt plus âgés que lui : deux frères très mal élevés, Benjamin et Jonathan (9 et 7 ans), et un ami à eux, Owen (6 ans), remarquablement discret et courtois, vu son entourage direct. Je songeais que le prénom du petit Owen devait avoir été choisi pour rendre hommage à l'attaquant anglais Michael Owen, ou à je ne sais quel héros de série américaine, mais certainement pas à la très belle nouvelle de Henry James, Owen Wingrave. (Je ne demande qu'à me tromper. Il faut noter que l'un des garçons se prénommait Benjamin et que la nouvelle a servi d'inspiration à un opéra, du même nom, de... Britten.) Ce nom d'Owen Wingrave est, en soi, tout un programme : win / grave (gagner la tombe ? l'emporter dans le tombeau ? vaincre quoi ?).

Je n'avais pas, avec moi dans la jolie île, ma seule famille, mon seul Claude Simon, mes seules pensées de pédant : j'avais aussi mon appareil photographique, afin d'immortaliser certains recoins de l'île Simon que j'ai souvent observés depuis les bords de Loire ou depuis les salles de cours des étages supérieurs du bâtiment des Tanneurs, et notamment ces espèces de lourdes perches multicolores fichées dans le sol à 45°, qui, vues de près, forment une sorte de teepee longitudinal et dont je ne comprends absolument pas la fonction (entrepôt à canoës ? coupe-vent ?). C'est à peine si j'accordai une furtive pensée aux toiles que Nico Nu a consacrées à cette île et qui éclairent, de leurs vives couleurs, les murs de la salle de conférences du cinquième étage de la bibliothèque universitaire.

Commentaires

Même s'il est de peu de poids (encore que...), vous avez mon soutien massif : on dit UN après-midi.

(Sinon, c'est la porte ouverte à tous les laxismes les plus écoeurants.)

Écrit par : Didier Goux | samedi, 21 avril 2007

Le Littré indique bel et bien que le substantif "après-midi" est de genre féminin, mais précise aussitôt que le masculin s'emploie aussi couramment, et est accepté, y compris par l'Académie. Alors, ne poussons pas trop loin le bouchon de la bathmologie, si ?

Écrit par : Guillaume Cingal | samedi, 21 avril 2007

Est-ce que je serai admis dans la bande si je déclare sous serment que, moi non plus, je n'ai jamais dit ni écrit « après-midi » autrement qu'au masculin (sans pour autant vouer aux gémonies ceux qui le mettent au féminin) ?

Cela dit, je risque bien d'être recalé à l'examen d'entrée car, sur un sujet tout autre, il me faut confesser que ce que j'ai vu ici ou ailleurs de l'œuvre du sieur Nico Nu n'a jamais réellement transporté ni même seulement convaincu le rustre que je suis. De plus, ma secte à moi fait obligation d'écrire l'E dans l'O quand c'est nécessaire (rien de plus facile en fait : Alt + 0156, et hop : œ ; pareil pour les majuscules : Alt + 014, et toc : Œ), ce qui me fait considérer d'un œil sévère cet « écoeurant » (je parle bien entendu du mot et de lui seul) que je lis ci-dessus.

Sinon, pour finir sur une petite pédanterie, sachez, car vous n'étiez sans doute pas encore à Tours lorsqu'elles ont été installées il y a quelques années, que les « espèces de lourdes perches multicolores fichées dans le sol à 45° » implantées sur l'île Simon sont un « pata », mot suédois (à moins qu'il ne soit finnois, ce qui, je vous l'accorde, n'est pas du tout la même chose) qui désigne, semble-t-il, un barrage de bois sur une rivière, dont l'objet est de diriger les saumons vers des nasses. Le « pata » de l'île Simon est ainsi l'œuvre de Maj-Siri Österling, artiste suédoise, qui s'est inspirée des barrages de bois sur le fleuve Torneä, lequel marque, comme chacun sait, la frontière entre la Suède et la Finlande. C'est son deuxième pata, le premier étant à Pajala au bord dudit fleuve Torneä, sur les lieux de son enfance.

Pour en savoir plus, vous pouvez toujours cliquer sur le lien suivant :

http://fr.trekearth.com/gallery/Europe/France/photo533196.htm

Écrit par : Chieuvrou | dimanche, 22 avril 2007

J'utilise le masculin ou le féminin en fonction du contexte (toujours féminin dans la correspondance amicale: "une après-midi", c'est plus doux, plus vacances, plus fin d'été), de même que j'utilise deux ou 14 heures selon les contextes (et l'importance d'être exactement comprise), de même que je n'utilise le subjonctif imparfait qu'entre camusiens ou pour un clin d'oeil à C. ou pour me moquer de certains, de même que etc.

Écrit par : Zette | lundi, 23 avril 2007

Ah non, l'imparfait du subjonctif (et Simon, comme tous mes étudiants, pourra en témoigner), je l'emploie fréquemment, ne serait-ce que pour en rappeler le mode d'emploi et les principes de concordance...

Écrit par : Guillaume Cingal | lundi, 23 avril 2007

@ Chieuvrou, dont le commentaire m'avait échappé : merci beaucoup pour cette information que je n'ai trouvée nulle part en écumant le Web. Chieuvrou, plus fort que Google ! (Tiens, et si je votais Astolphe au deuxième tour ?)

Écrit par : Guillaume Cingal | lundi, 23 avril 2007

Ah ! Merci Chieuvrou, pour la culture gé chopée au passage. Le fleuve Torneä donne sens à ces gros bâtons que j'aperçois d'ici sur la Loire.

GC : Je témoigne.

Écrit par : Simon | lundi, 23 avril 2007

De grâce, Messieurs, j'ai le rougissement facile. Sans compter que je n'ai pour seul mérite dans cette affaire que de m'être souvenu que l'installation en question était l'œuvre d'une artiste suédoise.

Cela dit, si vous aimez son travail, je peux également vous inviter à cliquer sur le lien suivant pour consulter son site :

http://www.maj-siri.com/insidor/installationer-engelska.html

lequel site contient notamment la page suivante :

http://www.maj-siri.com/insidor/tourspata-eng.html

Écrit par : Chieuvrou | lundi, 23 avril 2007

De grâce, Messieurs, j'ai le rougissement facile. Je n'ai, du reste, pour seul mérite dans cette affaire que de m'être souvenu que l'installation en question était l'œuvre d'une artiste suédoise.

Si vous aimez son travail, je vous invite d'ailleurs à visiter son site (lequel contient une page consacrée au « pata » de l'île Simon) en cliquant sur le lien suivant :

http://www.maj-siri.com/insidor/installationer-engelska.html

Écrit par : Chieuvrou | lundi, 23 avril 2007

Argh ! désolé, Guillaume, je ne bégaye pas, j'ai simplement cru, ne voyant pas s'afficher mon précédent commentaire, immédiatement après être passé sous les fourches Caudines de M. Haut&Fort (autrement dit, après avoir subi sans moufter son humiliant filtrage), que mes petits désagréments du ouiquende dernier se reproduisaient et que ledit commentaire s'était lui aussi bel et bien perdu dans les limbes du ouèbe. Je l'ai donc retapé dare-dare et vous l'ai de nouveau posté, ce qui explique ce regrettable doublon.

Je tâcherai d'être plus vigilant la prochaine fois.

Écrit par : Chieuvrou | lundi, 23 avril 2007

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