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vendredi, 17 février 2012

La fée talmudique se repose (5’35”)

Pas de perte de contrôle, ni de vitesse, si ce n’est le sombre éclat entre les touches. Tu tergiverses, mais non – jamais tu ne tergiverses, alors : on s’embringue, embardées, d’où d’autres embrassades, sans emberlificoter, tout se résout finalement en un brelan harmonieux. La flèche monte au ciel, c’est comme si le caméraman avait trouvé un truc pour l’y suspendre, l’y arrêter, faire en sorte qu’elle s’attache à rien, à l’air, à la chaleur d’un souffle, au butinement discret d’un insecte imperceptible. Pourtant, la caméra elle aussi fait des embardées, tout le monde s’extasie. Après une pause étonnante, on se croit en plein film d’espionnage, même pas parodique, comme si la sieste nous avait saisis, un assoupissement de fortune, ça tombait bien, on n’allait pas fort, tout d’un coup c’est tout comme si tout prenait le moelleux d’un tapis de mousse, mais tout s’étiole toujours, partout. Alors, après la pause étonnante dont l’on ne garde plus qu’un souvenir diffus, en différé on suit les embardées renouvelées d’une cacugne – pas du tout la Jaguar ou la Porsche des frimeurs, des flambeurs – au volant de laquelle s’exprime tout un imaginaire. Il a fallu que je reprenne, revienne, reprenne tel mot, telle virgule, ça n’allait pas, le lisse et le moelleux qui enflamment, dans les embardées, le souffle chaud, le lisse et le moelleux je n’ai pas su les capter dans mes phrases, quoique j’aie fini par sentir, doucement, l’accalmie, le repos, la sérénité encore – sur un lit de mousse en été, contre une cabane de planches sèches en hiver – s’enfouir dans mes phrases, s’y lover, s’y bercer, embardées encore, et embrassades, et tout un monde partout qui détoure les nuages, les angles vifs, à l’horizon, tout un monde, oui – et pas de perte de contrôle. Ni de vitesse. Effacement (moelleux).

 

Alban Darche 4tet. Brut ou demi-sec ? (Yolk, 2009)