jeudi, 29 novembre 2018
BADINTERNET
Ah la la, l'Élisabeth qui a encore raté une occasion de se taire.
Et d'une, elle dit qu'elle ne connaît les réseaux sociaux que très indirectement, de loin, mais ça l'autorise à entonner le vieux couplet "Internet = danger". (Ne ratez pas la dernière pique : les vraies correspondances sont manuscrites. Gâtisme puissance 10.)
Et de deux, bien pire à mon sens : contresens fondamental sur les intellectuels, qui doivent relever, selon elle, d'une élite protégée du "peuple". Le contresens, ici, repose sur son interprétation de la hiérarchisation des savoirs selon les Lumières. (Ah, les Lumières, on en rassemble, des approximations, sous ce bloc censément homogène...)
Décidément, les intellectuel·les adoubé·es par les institutions ont bien du mal avec les contre-pouvoirs...
_____________________________________________
Elisabeth Badinter : « Je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet »
Propos recueillis par Jean Birnbaum
Les Passions intellectuelles, d’Elisabeth Badinter, Robert Laffont, « Bouquins », 1 216 p., 32 €.
Sous le titre Les Passions intellectuelles, les éditions Robert Laffont font paraître un volume de la collection « Bouquins » qui regroupe les trois beaux essais consacrés par Elisabeth Badinter à l’effervescence du XVIIIe siècle et des Lumières. C’est l’occasion d’interroger la philosophe sur la vie des idées et son évolution.
Voilà plus de quinze ans qu’est paru le premier tome de votre trilogie. Que vous inspire cette réédition dans le contexte actuel ?
Cela me fait plaisir car je pense, peut-être naïvement, que nous avons un besoin fou de rationalité. Le combat des philosophes du XVIIIe siècle, c’était quand même celui de la rationalité contre les superstitions. A une époque où l’irrationnel prend une place immense dans notre vie sociale et intellectuelle, revenir à ce combat me semble un geste opportun, peut-être beaucoup plus encore qu’au moment où j’ai publié ces textes pour la première fois.
« Les intellectuels ont changé de maître, mais pas d’esclavage », écriviez-vous à la fin du troisième tome des « Passions », pour expliquer que les clercs obéissaient de moins en moins au roi et de plus en plus à l’opinion. A qui obéissent les intellectuels aujourd’hui ?
Aux réseaux sociaux ! Tout le monde en a peur. Moi je n’y suis pas, je tiens à ma tranquillité et je crains de me prendre au jeu, mais j’entends ce qu’on dit et je lis ce qu’en raconte la presse. Il y a des sujets qu’on aborde à peine, sur la pointe des pieds. En ce qui concerne #metoo et #balancetonporc, j’ai été impressionnée par le silence de féministes historiques, parfois fondatrices du MLF, qui n’étaient pas d’accord avec la façon dont la parole se libérait, interdisant toute nuance, toute objection… mais qui avaient si peur qu’elles se sont tues. Les réseaux sociaux ont doublé le pouvoir d’une opinion publique qui est libre de dire ce qu’elle veut, mais qui est souvent peu nuancée, peu avertie et d’une violence inouïe. Jamais la presse ou les médias en général n’ont eu une telle puissance d’intimidation.
On peut critiquer autant qu’on veut la tribune parue dans Le Monde sur #metoo signée, notamment, par Catherine Deneuve . Il reste que ce qui s’est passé est incroyable : elle est devenue une cible mondiale. L’opinion publique du XVIIIe siècle, la doxa, respectait les savants, les philosophes, et elle était limitée. C’était déjà une menace indirecte pour la pensée, la critique, mais ce n’était rien du tout à côté de ce qui se passe aujourd’hui : personne n’a envie de se faire écraser sous les insultes de millions de gens. Ce pouvoir des réseaux sociaux, je le ressens paradoxalement comme une censure !
« On est bien seul : j’ai un tel besoin de “communauté” », écrivait Mauriac dans une lettre à Jacques Maritain. Les intellectuels ne sont-ils pas d’autant plus intimidés par les réseaux qu’ils sont travaillés, dans leur solitude, par un désir de « communauté » ?
Je crois qu’il faut distinguer entre les intellectuels reconnus par l’opinion publique et la jeune classe des intellectuels. Au départ, quand on est Diderot, Rousseau, d’Alembert, et qu’on déjeune chaque semaine à l’Hôtel du Panier fleuri, on forme une amicale communauté. Mais quand les mêmes émergent au regard de l’opinion publique, alors le groupe éclate, parce que les rivalités prennent le dessus. Et là on est seul. Chez les intellectuels, le sentiment communautaire ne dure pas. Ce chacun pour soi, je l’observe aujourd’hui, où l’on peut avoir les pires conflits avec des gens dont on était proche dix ans plus tôt. Et cela ne peut qu’être aggravé par les réseaux sociaux qui sont, pour les intellectuels, la communauté de la peur.
Sur Twitter, au fil des années, les choses se sont durcies, au point que chacun semble fuir la discussion loyale et désirer des ennemis plutôt que des contradicteurs. Assiste-t-on, en retour, à une « twitterisation » du débat intellectuel ?
Je n’ai pas l’impression que les relations entre intellectuels ont fondamentalement changé depuis vingt ans. Oui, il y a une sorte de distance que l’on met entre soi et les autres, mais je n’ai pas le sentiment qu’on les traite en ennemis. Peut-être même les intellectuels vont-ils retrouver un sentiment communautaire grâce à l’hostilité des réseaux sociaux ? Si nous faisons l’objet de la détestation générale, cela peut remettre un peu de vie entre nous ! Les intellectuels pourraient régresser de six ou sept siècles, et retrouver la vie des clercs qui s’expliquaient entre eux dans les couvents, sans que personne d’autre intervienne. On continuera de réfléchir, on échangera, on fera des colloques, on s’engueulera, mais on sera entre nous. Je reste donc relativement optimiste : la vie intellectuelle, c’est un choix, un plaisir, une douleur, mais c’est aussi un besoin, et même si cela doit redevenir l’expérience d’un microcosme coupé du monde extérieur, rien ne pourra la faire cesser.
Au XVIIIe siècle, le champ intellectuel était déjà un champ de bataille. Voltaire évoquait la « guerre des rats et des grenouilles », selon une formule qui parlera sans doute à quiconque fréquente les réseaux sociaux…
Mais le facteur important, c’est le nombre. Oui, à l’époque des philosophes, il y avait des clans politiques ennemis, on représentait Rousseau à quatre pattes en train de manger des salades, c’était violent, et Twitter représente sans doute la radicalisation de tout cela. Mais à l’époque cela concernait un microcosme. La quantité de haine personnifiée, cela change les choses. Si cette tendance twitteuse l’emportait aujourd’hui, ce serait la fin de la réflexion et de la connaissance hors des couvents ! En même temps, là encore, je reste assez optimiste : ce faux savoir, ces provocations, cette haine… on en a déjà assez, on va se lasser de tout ça, j’espère.
Les correspondances ont toujours été fondamentales pour la vie intellectuelle. Que deviennent-elles à l’ère numérique ?
C’est une source de savoir qui est aujourd’hui coupée, car on ne s’écrit plus de lettres. Les courriels, on les supprime, ou ils s’effacent, et puis ça va vite. Les lettres de philosophes que je cite dans mes livres pouvaient faire huit, quinze, vingt pages, assez pour exprimer un raisonnement. Si la correspondance est fondamentale pour la vie intellectuelle, c’est que, en général, la censure ne s’y exerce pas, on peut y exprimer toutes ses pensées. Et j’ai remarqué quelque chose : dans les correspondances du XVIIIe siècle, même les gens très collet monté, un scientifique comme Réaumur par exemple, finissent toujours par se lâcher, et donc par éclairer quelque chose de leur personnalité.
Aussi les correspondances régulières sont-elles la source d’une connaissance approfondie des destinataires, et de controverses fécondes. On n’est pas inquiet et même si on a tort parfois, on estime qu’on peut parler librement. Or je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet. Moi, je n’ai jamais participé à une polémique intellectuelle par courriel ! D’ailleurs, je n’entretiens aucune correspondance digne de ce nom par courriel. Quand j’écris une lettre, je suis plus confiante. Pas vous ?
08:55 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 28 novembre 2018
Avec Ron Silliman, les légumes sculptés et le bordel intérieur du Cingal de novembre
La nouvelle TSF devrait plaire à Gilles Bonnet, qui apprécie, je crois, les titres longs et farfelus.
Et aussi à Stéphen et Stewen, que je cite, et qui sont (in)directement responsables d'un long prologue digressif nawakien. Et puis à celles et ceux qui aiment me voir englué dans des machins que je ne sais pas traduire, comme les “carved vegetables” ou “Conan the librarian”.
(Clin d'œil aussi à François Bon et ce qu'il dit des livres en bibliothèque, et à Ahmed Slama avec qui il faudra que je discute de Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?)
17:30 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Improviser traduire | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 27 novembre 2018
Misère de l'édition française (entre autres)
09:10 Publié dans Affres extatiques, Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 26 novembre 2018
8 New Why Poems
17:16 Publié dans Gertrude oder Wilhelm | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 20 novembre 2018
James Fenimore Cooper et les caricatures
In a country where the cholera could not escape being caricatured, you will readily imagine that the King has fared no better. The lower part of the face of Louis-Philippe is massive, while his forehead, without being mean, narrows in a way to give the outline a shape not unlike that of a pear. An editor of one of the publications of caricatures being on trial for a libel, in his defence, produced a large pear, in order to illustrate his argument, which ran as follows:—People fancied they saw a resemblance in some one feature of a caricature to a particular thing; this thing, again, might resemble another thing; that thing a third; and thus from one to another, until the face of some distinguished individual might be reached. He put it to the jury whether such forced constructions were safe. "This, gentlemen," he continued, "is a common pear, a fruit well known to all of you. By culling here, and here," using his knife as he spoke, "something like a resemblance to a human face is obtained: by clipping here, again, and shaping there, one gets a face that some may fancy they know; and should I, hereafter, publish an engraving of a pear, why everybody will call it a caricature of a man!" You will understand that, by a dexterous use of the knife, such a general resemblance to the countenance of the King was obtained, that it was instantly recognised. The man was rewarded for his cleverness by an acquittal, and, since that time, by an implied convention, a rude sketch of a pear is understood to allude to the King. The fruit abounds in a manner altogether unusual for the season, and, at this moment, I make little doubt, that some thousands of pears are drawn in chalk, coal, or other substances, on the walls of the capital. During the carnival, masquers appeared as pears, with pears for caps, and carrying pears, and all this with a boldness and point that must go far to convince the King that the extreme license he has affected hitherto to allow, cannot very well accord with his secret intentions to bring France back to a government of coercion. The discrepancies that necessarily exist in the present system will, sooner or later, destroy it.
Little can be said in favour of caricatures. They address themselves to a faculty of the mind that is the farthest removed from reason, and, by consequence, from the right; and it is a prostitution of the term to suppose that they are either cause or effect, as connected with liberty. Such things may certainly have their effect, as means, but every good cause is so much the purer for abstaining from the use of questionable agencies. Au reste, there is really a fatality of feature and expression common to the public men of this country that is a strong provocative to caricature. The revolution and empire appear to have given rise to a state of feeling that has broken out with marked sympathy, in the countenance. The French, as a nation, are far from handsome, though brilliant exceptions exist; and it strikes me that they who appear in public life are just among the ugliest of the whole people.
James Fenimore Cooper. A Residence in France (1836), Letter III.
11:00 Publié dans Lect(o)ures, Nathantipastoral (Z.), WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 19 novembre 2018
Six à sept, plutôt
Passer une heure dans un bar tabac qui vend des "produits de vapotage", c'est être confronté — à flux continu — à une langue étrangère. J'aurais du déclencher mon enregistreur pour tenter ensuite de transcrire ces dialogues incompréhensibles.
Et ce à tel point que j'ai failli demander en mariage la meuf qui a demandé "un paquet de Marlboro Light".
_____________________________
C'était un bar-tabac de la rue des Halles ; je crois ne jamais m'y être réellement arrêté auparavant.
Il a fallu tuer le temps, pendant la leçon de solfège du fils cadet.
18:32 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 novembre 2018
Avec le baryton
Il aura donc fallu qu'on m'offre l'intégrale Haydn pour que je découvre l'existence d'un instrument proche de la viole, le baryton. Le pire est que j'ai dû entendre certaines de ces pièces en étant persuadé que c'était de la viole.
Ignare et sourdingue, ça fait beaucoup pour un seul homme.
________________________
Ce bref texte me rappelle les débuts de l'autre blog, le blog anthracite, désormais en déshérence. Je passais beaucoup de temps à écrire — et à traduire Links — en écoutant, entre autres, les Sonates pour violon du coffret Mozart.
Y a-t-il d'autres recours que de dériver ?
C'est comme si on avait déjà existé.
10:35 Publié dans Autres gammes, Chèvre, aucun risque | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 17 novembre 2018
Déboussolé
Si je tiens à peu près le rythme d'une vidéo paire par quinzaine, le Projet Pinget devrait êrte fini d'ici la fin 2019, donc pour clore l'année du centenaire. Après, on ne sait pas trop.
Vous savez quoi ? je m'étais juré de faire très attention à la boussole, c'est-à-dire de vérifier d'où pouvait bien provenir — ce que pouvait signifier — à quelle page retrouver — la boussole du titre... et en cours de lecture, évidemment, j'ai totalement zappé la chose.
Embarrassé par mon incurie, j'ai passé cela pudiquement sous silence dans la vidéo ci-dessus (et encore heureux : elle fait déjà 35 minutes). Mais c'est malhonnête quand même, donc je l'écris ici : je crois qu'il n'y a pas de boussole dans Le renard et la boussole. Mais voilà : je crois, il me semble...
Alors quoi, boussole absente ? duperie du lecteur ? camouflage d'un des deux termes du titre ? désorientation dans un texte qui se joue de nombreux clichés orientalistes ? est-ce que tout cela a été étudié ? ne devrais-je pas faire une vidéo pour aprler de cela, si un jour je fais quelques recherches et trouve quelques réponses ?
Bref... le Projet se poursuit...
23:24 Publié dans PROJET ▓ PINGET | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 16 novembre 2018
D'un pétainisme “culturel”
18:39 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 15 novembre 2018
Le 17 novembre 2018 : beaufitude poujadiste ou sursaut populaire ?
Je n'en ai pas fait état ici, car c'est Facebook qui est devenu, depuis de nombreuses années, le lieu où débattre, mais j'ai, dès le début, été sceptique voire atterré face à la mobilisation grandissante autour des fameux gilets jaunes. Lancé par une foldingue manipulatrice ou manipulée, reprise illico par toute la fachosphère et un seul syndicat antirépublicain, ce mouvement sentait le poujadisme façon bonnets rouges, voire l'insurrection antidémocratique genre 6 février 1934... Bref, pas de quoi hésiter : y participer, non franc et massif.
J'ai lu ce matin un article du Monolecte (Agnès Maillard) qui est plutôt bien écrit (malgré des fautes de français) et qui m'a fait un peu changer d'avis, notamment après plusieurs jours à lire des internautes répéter inlassablement que le mouvement du 17 novembre visait aussi à défendre les services publics, les hôpitaux, le système de retraite... ce qui est faux, pour l'instant, mais après tout, ça peut changer...
Pour les feignasses qui n'ont pas le temps de lire cet article en entier et en laissant de côté ne serait-ce que deux minutes leurs préventions et préjugés, je donne ici les trois derniers paragraphes, qui montrent bien qu'Agnès Maillard refuse justement le renvoi dos à dos de deux catégories qui doivent au contraire se serrer les coudes :
Au final, à quoi ça sert de distribuer de bons ou de mauvais points entre les causes qui mériteraient d’être défendues et les colères qui seraient mal orientées ? À quoi ça sert de renvoyer dos à dos le bouseux enchainé à sa bagnole et son isolement grandissant et l’urbain qui doit pomper comme un Shadock sous amphé pour servir son SMIC mensuel de loyer au proprio ? À quel moment la relégation dans les limbes ou l’entassement dans les citées [sic] mortifères ont été des choix raisonnables et consentis par chacun d’entre nous ?
D'un côté comme l’autre, il y a de plus en plus de colère, de plus en plus de rejet d’une politique toujours plus élitiste et excluante, faite par et pour les 10 % les plus privilégiés contre tous les autres. Qu’importe si l’allumette qui se rapproche de la mèche n’est pas craquée dans les bonnes conditions, de la bonne manière ou pour les bonnes raisons.
Il n’y a plus qu’un peuple qui en a marre, qui est en colère et qu’on doit — moins que jamais — laisser seul aux mains des forces politiques qui font leur terreau de la haine des autres.
Ainsi, ma position, qui s'infléchissait au vu d'un certain nombre d'éléments, va être très attentiste.
Je ne participerai pas à la journée du 17 novembre, trop entachée de consumérisme et de poujadisme, mais je laisse aux manifestant·es (presque tou·tes de la 25e heure et qui n'ont pas intérêt à nous faire la leçon, à nous) la possibilité de nous montrer que de ce machin mal embarqué sort quelque chose de positif. En bref : est-ce que les slogans pour la défense des petites lignes ferroviaires et des hôpitaux de proximité l'emporteront, dans les pancartes et les prises de parole, sur la beaufitude crasse et les caricatures antisémites des gouvernants ?
Là est la question, et là sera, pour moi, la réponse.
13:59 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 14 novembre 2018
Mettre le bololo
18:41 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Indignations, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 novembre 2018
Fin d'insomnie à Lyon
06:50 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Chèvre, aucun risque, Le Testament in(dé)fini | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 novembre 2018
Trois quatrains animaliers
Exilé, tu te carapates,
Voyant les tessons sur les murs ?
Le cadavre du mille-pattes
♣
Qui est donc ce teubey
Avec sa prose aigrie ?
Il naît, le mangabey,
♣
Jamais, Cingal de peu de foi,
Tes quatrains ne seront des tubes.
On sait désormais pourquoi
Le wombat défèque des cubes.
15:55 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 11 novembre 2018
Fiction et antisémitisme : la boussole et le “youpin”
Pas mal hésité avant de faire cette vidéo. Plein de bonnes raisons de ne pas la faire : fatigue, délicatesse du sujet, absence de notes préparatoires. En fin de compte, je me suis lancé, et ce qui compte, au fond, c'est que le projet avance. On ne sait jamais, peut-être qu'un jour je serai content de retrouver ça, de pouvoir prendre le temps d'approfondir.
Elle est trop longue, évidemment ; ça vient de l'absence de notes.
Après tout, ce que je tente là, mais en vidéo, c'est un peu ce que j'ai pu faire avec Beckett en 2006, avec Dubuffet au fil de nombreuses années, pour l'écriture de limericks etc. : accumuler des signes, des traces, des réflexions. Au bout du compte, ça finit par constituer un ensemble qui vaut mieux ainsi qu'avorté ou dans les limbes.
Il s'est déjà passé quelque chose de formidable avec ce Projet Pinget. J'ai été contacté via Facebook par une spécialiste de Pinget, quelqu'un de formidable qui se nomme Clothilde Roullier et qui m'a notamment signalé l'existence d'un premier texte de Pinget, Jean Loiseau, très antérieur à Entre Fantoine et Agapa, publié en 2009 dans le n° 40 de la revue Histoires littéraires. Pas eu encore le temps de dénicher cela, mais je le ferai, et tournerai donc une vidéo intercalaire : ce qui est sûr, c'est que le projet de faire des vidéos en suivant l'ordre chronologique d'écriture des textes de Pinget a déjà du plomb dans l'aile.
Mais ça n'a aucune importance.
Clothide Roullier me signale aussi qu'elle fut à la manœuvre du dossier Pinget paru dans la revue Fusées, et dont j'ai parlé à proos de la correspondance avec Dubuffet.
09:10 Publié dans PROJET ▓ PINGET | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 novembre 2018
Parfois le vide, Raharimanana / Compagnie Soazara
Hier soir, nous avons assisté à la représentation, en quasi lever de rideau du festival Plumes d'Afrique, du spectacle de la Compagnie Soazara, Parfois le vide, sur des textes de Raharimanana. Le poète et romancier et dramaturge est lui-même l'un des quatre acteurs de ce spectacle.
C'était au Centre culturel de Saint-Pierre des Corps, lieu de spectacles où je n'étais jamais allé (il faut un début à tout), belle salle offrant ses perspectives et ses confortables fauteuils de cinéma à un montage aussi beau qu'inconfortable : Raharimanana n'est pas poète à vouloir le confort de son auditoire, et j'entends cela comme un compliment.
J'étais très heureux de découvrir en fin Parfois le vide, car le spectacle a été créé au Festival d'Avignon en 2016, et depuis en région parisienne, sans que j'aie pu me déplacer. Depuis le temps que je côtoie l'œuvre de Jean-Luc Raharimanana, y compris sous son versant dramaturgique (coup de cœur particulier pour Empreintes avec le chorégraphe et danseur Miguel Nosibor en 2014 à La Riche), je finis par connaître un peu les obsessions et les détours du bonhomme.
Pas de surprise absolue donc dans le déroulement poétique fulgurant de cette pièce magistrale, car, sans répondre à un traditionnel découpage, et tout en faisant la part belle à la musique (j'y reviendrai), il s'agit d'une pièce de théâtre, un peu à la Beckett : un récitant, homme, à droite de la scène, parle, s'époumone ou chuchote, tandis qu'une femme, d'abord allongée, comme prostrée au milieu d'une forêt de faux micros (antennes de la globalisation ? symboles de la facticité de toute représentation ?) lui donne progressivement, d'abord en écho étouffé puis à pleine bouche, la réplique. Réplique ou échange qui culmine lors d'une danse parodique au terme de laquelle la forêt de faux micros, comme celle de Dunsinane dans Macbeth, se répand aux quatre coins de la scène.
Les deux comédiens sont formidables : Raharimanana, d'une part, habite et vit ses textes en assumant crânement la cruauté corporelle de sa poésie ; Géraldine Keller, d'autre part, se métamorphose, de la diction affligée des premières incantations au plain-chant final qu'elle accompagne d'une bouleversante flûte traversière. De chaque côté de la scène, à gauche et à droite respectivement, le guitariste et polyinstrumentiste Tao Ravao et le multipercussionniste Jean-Christophe Feldhandler participent pleinement de cette atmosphère pleine, intense, qui donne d'autant plus de poids et d'affect aux pleins et déliés du silence. En effet, il ne s'agit aucunement d'accompagner les textes ou la diction. Si l'idée s'est répandue, depuis deux décennies, que musiciens et comédiens jouent des partitions communes voire interchangeables, cela reste souvent une idée théorique, parfois affadie au plateau ; ici, à rebours, elle s'exprime parfaitement. Les deux musiciens ne parlent pas, ne disent pas de texte, mais leur jeu est lui-même — sauf dans deux occasions où il s'agit d'accompagnement au sens classique — ancré dans la bascule du texte choral.
J'avoue ne pas savoir si le texte de Parfois le vide, qui oscille entre les fulgurances lyriques âpres d'Empreintes et l'esthétique plus manifestement post-coloniale de Des ruines, a déjà été publié en volume, mais l'un des textes m'a fait penser — et je crois que c'est la première fois, en pas loin de vingt ans, que je faisais ce rapprochement— aux textes en prose du dernier Michaux. Voilà une veine, au sens quasiment minéral, qu'il me tarde de voir creuser.
15:30 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 09 novembre 2018
In memoriam Guillaume Apollinaire, mort le 9 novembre 1918.
Je garderai la version avec la rime Cleopatra / tara! car, après vérification, je me suis gouré dans la prononciation de Eurydice en anglais. Ça se dit yu̇-ˈri-də-sē, en quatre syllabes, donc si on veut vraiment inverser l'ordre du quatrième vers, ça peut donner :
Eve, Cleopatra, Eurydice
And there's a couple more, I see.
09:38 Publié dans Improviser traduire | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 08 novembre 2018
Diptyque fade (à la façon d'Érik Satie)
Conseil : lancer les deux vidéos en même temps. L'une a été prise en début d'après-midi, et l'autre filmée demain matin.
18:08 Publié dans Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 07 novembre 2018
FAITES SIGNE AU CONDUCTEUR
On lit souvent, sur les panneaux lumineux qui se trouvent aux arrêts de bus, à Tours, le message suivant :
FAITES SIGNE AU CONDUCTEUR POUR QUE LE BUS S'ARRÊTE À L'ARRÊT
Je me suis fait deux réflexions :
- À force de rechercher la précision, cet énoncé — qui pourrait seulement sembler pléonastique — est en fait erroné. En effet, l'inscription apparaît à l'arrêt de bus, donc, en toute logique, cet énoncé implique que, si on ne fait pas signe au conducteur, le bus 'arrêtera quand même, mais pas à l'arrêt. Absurdité totale, bien entendu.
- En vertu de la tendance (générale et non systématique) de la langue anglaise à préférer un maximum de concision pour ce genre de message, je traduirais cela par WAVE TO HAVE BUS STOP. Ici, autre ambiguïté, qui ne gênerait vraiment qu'un allophone : stop est le second verbe d'une structure résultative, et non la tête d'un syntagme nominal bus stop. Toutefois, cette ambiguïté montre que, concision ou excès de précision, un énoncé informatif pourra toujours être détourné par un mauvais esprit.
09:14 Publié dans Translatology Snippets, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Les démocrates américains, ou le trompe-l'œil permanent
Victoire à la Pyrrhus, faux-semblants... les ultraconservateurs n'ont jamais été aussi forts dans leurs bastions, et la Floride — l'État qui fait la bascule lors des élections présidentielles — n'a jamais été aussi marquée du côté républicain : deux sénateurs républicains en Floride, il faut remonter loin pour voir ça.
Autant dire que, nonobstant la victoire des Démocrates à la Chambre des représentants, Trump est quasiment assuré d'une réélection triomphale en novembre 2020... et cette fois-ci il a tellement achevé de fasciser les Etats-Unis, surtout dans la moitié confédérée, qu'il pourrait même avoir plus de voix que son adversaire démocrate à l'échelle du pays.
Ceux qui pensaient, entre mars et novembre 2016, qu'il était inimaginable qu'un pareil clown puisse accéder à la Maison Blanche vont continuer de s'aveugler. La preuve est faite que, malgré ses malversations, malgré sa rhétorique poujadiste (ou à cause d'elle ?), malgré l'avalanche de critiques qu'il suscite (ou à cause d'elles ?), Trump a plutôt renforcé sa base électorale.
08:45 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 novembre 2018
« Et les paons fastueux crieront sur les ardoises »
13:54 Publié dans Ecrit(o)ures, Kleptomanies überurbaines, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)