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dimanche, 11 juin 2023

11062023

Shantih shantih shantih

 

Cette épigraphe (est-ce aussi le mot pour une citation placée en fin d’œuvre ?) apparaît à l’écran après le très long générique de fin de Roma, film d’Alfonso Cuaron que nous avons regardé hier. C’est un très beau film, qui déjoue beaucoup des attentes narratives du spectateur. Les lieux sont filmés avec une maîtrise de l’espace qui est vraiment confondante : on voit la protagoniste se déplacer dans la maison ; on la voit perdue – ou presque – dans l’immense propriété du frère de sa patronne ; au cinéma, le regard se perd entre le film projeté (la scène finale de La Grande Vadrouille !...) et le couple au premier plan ; on la suit dans l’océan, dans l’avant-dernière scène, sans voir ni savoir où sont les enfants.

 

Pour la formule, j’ai tout de suite identifié – mais c’est normal, j’ai enseigné ce texte il y a longtemps – le dernier vers de The Waste Land : il s’agit d’un mantra en sanscrit que T.S. Eliot fait précéder du vers These fragments I have shored against my ruins, qui est quasiment un manifeste (ou un résumé) de l’esthétique moderniste. Après avoir vérifié l’article Wikipédia consacré à « Shanti », j’ai constaté, sans surprise, que dans la liste d’œuvres ne figure pas le premier album de Julien Jacob, Shanti (2000). Mais je ne crois pas comprendre pourquoi Cuaron a placé cette formule à la fin de son film…

 

08:42 Publié dans 2023, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 10 juin 2023

10062023

Il est arrivé quelque chose de rare aujourd’hui. Levé tôt – en fait, à l’heure habituelle du réveil (6 h 40 (depuis toujours, je suis incapable de me lever franchement plus tard le week-end ou en vacances, ou alors il me faut vraiment plusieurs semaines d’accoutumance ou que je me sois couché très tard)) –, ayant laissé Joseph Anton de Rushdie, commencé hier, à l’étage, je suis allé au salon et j’ai repris Glory de NoViolet Bulawayo, roman commencé il y a plus de deux mois et dont j’avais arrêté la lecture après moins de 50 pages (sur 400), déçu voire agacé, et – pour résumer – n’arrivant pas à « entrer dedans ». En général, quand je fais ça, c’est mort ; je peux toujours retenter quelques jours ou quelques semaines plus tard, mais c’est mort ; encore ces derniers temps, j’ai tenté à deux ou trois reprises de recommencer la lecture de King Lopitos et de Toxique (j’en parle dans la vidéo je range mon bureau n° 099) mais il n’y a rien eu à faire.

 

Vous me voyez venir : rien de tel avec Glory. Après 1 h 30 j’avais poursuivi jusqu’à la page 140, et ce soir j’ai lu la moitié du roman. Non que les défauts qui m’avaient empêché d’« entrer dedans » ne soient pas là, mais ils sont devenus secondaires. Je crois qu’il a fallu ces neuf ou dix semaines pour qu’inconsciemment je digère la déception d’un roman sans rapport avec le cycle de nouvelles We Need New Names que j’avais beaucoup aimé, et surtout pour que je digère le fait que le roman ne cherche absolument pas à faire des personnages animaliers autre chose que des figures anthropomorphiques dans un roman à clé parfaitement transparent sur l’histoire récente du Zimbabwe. Il y a aussi que le chapitre 8, ‘Returnee’, est particulièrement réussi et offre un angle différent avec des personnages différents.

 

Sinon, une fois qu’on accepte le caractère totalement plaqué – ou gratuit, ou automatique – du transfert de l’histoire humaine sur des personnages d’animaux, la lecture se trouve facilitée. De même, NoViolet Bulawayo (et cela, c’est très différent de son premier livre) procède régulièrement à des répétitions extrêmement longues, sous forme de collier d’anaphores, ou de formules répétées à l’identique ou presque sur une dizaine de lignes ; réflexion faite, je pense que, comme d’autres éléments un peu dérangeants de l’écriture, cela vient d’une tentative de restituer une forme d’oralité très précise et très codifiée – je ne connais pas les traditions orales des récits ndebele, donc c’est seulement une hypothèse.

 

vendredi, 09 juin 2023

09062023

 

 

Ce matin j’ai enregistré la vidéo n° 99 (en fait, la 103 ou 104e je crois) de la série je range mon bureau. Comme j’improvise totalement, il y a toujours des moments d’hésitation, des transitions poussives etc. Cette fois-ci, comme je clôturais sur les 2 livres de Rimbaud en traduction, j’ai choisi de lire Les Corbeaux dans chacune des deux traductions. Je n’avais pas le texte de Rimbaud sous les yeux, et m’interromps à un moment pour remarquer que la traduction allemande ne conserve pas l’oxymore : « toi notre céleste oiseau noir ! » - Cela ne faisait pas deux minutes que j’avais arrêté de filmer que le vrai distique de Rimbaud m’est revenu :

Sois donc le crieur du devoir,

Ô notre funèbre* oiseau noir !

 

Ou comment critiquer une traduction sur la base d’un vers de Rimbaud qu’on a soi-même réécrit. Quelle pitié…

 

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* J’ai dû faire une confusion funèbre > funeste > céleste, d’autant que l’aspect « céleste » est mentionné dès le début du poème, avec la rime cieux / délicieux. Il n’empêche…

jeudi, 08 juin 2023

08062023

Beau concert, au 37e parallèle, de l’orchestre Saint-Saëns (dans lequel joue O*) avec chorégraphies très réussies des classes théâtre et danse du Conservatoire, autour des musiques du collectif La Saugrenue.

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mercredi, 07 juin 2023

07062023

Hier, j’ai signalé sur Facebook que c’était le 18e anniversaire de ce blog. Une trentaine de likes, plusieurs commentaires de félicitations, d’autres soulignant ma ténacité… et personne n’est venu lire le billet…

 

mardi, 06 juin 2023

06062023 : dix-huit ans

Il y a dix-huit ans je créais ce blog.

 

Au départ, j’avais créé un autre blog, entièrement consacré à The Good Soldier de Ford Madox Ford, que j’enseignais pour le CAPES (c’était l’époque où il y avait un programme d’œuvres au CAPES).

Touraine sereine est né d’un désir un peu diffus, tout d’abord de tenir des chroniques sur plusieurs sujets qui m’intéressaient : la langue, la traduction, les sites et lieux de Touraine (région où nous nous étions installés seulement deux ans auparavant), les littératures (d’Afrique mais pas seulement). Mais surtout de me contraindre à écrire – beaucoup. Je me suis en effet aperçu que le fait d’avoir des réactions, même éparses ou ponctuelles, c’est-à-dire d’avoir un lectorat, me poussait à écrire de façon beaucoup moins velléitaire, avec plus de régularité. D’ailleurs, même sans lectorat – ou quasi – je continue d’écrire ici, et je suis heureux de retomber de temps à autre sur tel ou tel texte : c’est ultra banal de le dire, mais le temps ne passe pas de la même manière en inscrivant des traces qui permettent, entre autres, de suppléer les failles de la mémoire.

La création du second blog, en février 2006, avait pour but d’approfondir mes expérimentations en matière d’écriture ; l’idée était que ce blog serve réellement de laboratoire à la fabrication de textes plus complets, d’écrire des livres à part entière. Comme aucune maison d’édition n’a répondu favorablement aux quelques livres que j’avais ainsi fabriqués, ces blogs sont devenus de simples déposoirs/dépotoirs.

 

En 18 ans (6.574 jours si je compte bien), j'ai publié 5.173 billets ici (et donc sans compter les billets de l'autre blog).

 

Il est difficile de me rappeler mon état d’esprit du 6 juin 2005, mais je me rappelle que, comme aujourd’hui, il faisait très beau, grand soleil, et chaud ; à l’époque, on n’était sans doute pas aussi angoissés face au changement climatique ; on connaissait la gravité de la situation mais on pensait que les pouvoirs publics et les dirigeants des pays les plus puissants allaient bientôt se décider à agir.

Mon fils aîné avait 4 ans et était en petite section (c’est quasi inimaginable) ; nous vivions dans la maison de la rue Guillaume-Apollinaire ; je passais une partie de mes journées à préparer les emplois du temps (c’était avant ADE-Campus !) pour la directrice de département de l’époque, Priscilla Morin, et C* me rejoignait parfois pour un déjeuner en ville. Si je devais tenter de décrire certains lieux qui ont tant changé depuis (la rue Nationale, tout simplement), le plus simple serait de chercher à dénicher des photos. C’est l’époque où je publiais encore des articles de recherche et où je pensais que j’allais mettre tout cela en forme en vue d’une HDR…

 

Bon, très en bref, j’avais trente ans et j’en ai 48.

 

 

09:22 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 05 juin 2023

05062023

Toujours ces migraines étranges qui montent en fin de journée ou en milieu d’après-midi. Au Bibliovore, j’ai acheté un exemplaire impeccable de Joseph Anton de Salman Rushdie. Ce livre est paru il y a plus de dix ans déjà, et malgré ma grande envie de le lire à l’époque je ne me l’étais jamais procuré. Comme j’ai 7 livres en cours de lecture – et un retard incommensurable pour les chroniques vidéo – j’ai seulement lu les premières pages, qui donnent très envie de poursuivre.

 

À midi, à la Guinguette, je me suis avisé que, même si je n’écoute plus jamais Brel depuis vingt-cinq ans (au bas mot), je connais encore, de toute évidence, pas mal de ses chansons par cœur.

 

18:45 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 04 juin 2023

04062023

Mes parents, qui devaient à l’origine passer tout le week-end avec nous, sont passés en coup de vent, pour le déjeuner, en raison de la grosse angine de C*, dont la doctoresse soupçonne que ce puisse être une mononucléose. On n’a pas pris de risque, mais c’est rageant ; j’avais vraiment envie de passer un peu de temps avec eux.

C* va un peu mieux.

 

Mes parents ont apporté deux cageots de cerises de Cesson : avec ses 4 ou 5 cerisiers, mon beau-frère est assis – au prix où se vendent les cerises désormais – sur une vraie mine d’or. Dans le jardin de notre première maison tourangelle, rue Guillaume-Apollinaire, nous avions un très beau et fertile cerisier. Ici, je n’ai réussi qu’à multiplier les merisiers, qui font de l’ombre, à tout le moins, mais dont je suis seul – merles et pies exceptées – à apprécier les fruits.

 

17:44 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 03 juin 2023

03062023

coupe-poivre.jpg

 

Je viens de voir, sur le mur de mon amie Facebook Françoise Guichard (grande scientifique, artiste et poète), ceci, qui m’a titillé les neurones. Je comprends bien que « coupe-poivre » est une mauvaise traduction de l’anglais – en effet, pepper peut désigner le poivre, le piment, le poivron et même le gaz lacrymogène (pepper spray) – mais par contre je ne comprenais pas « à noyau ».

 

On voit bien que l’outil sert à couper la tête du piment ou du poivron et que l’enrouleur au bout sert à ôter ce que je ne savais pas nommer : la partie filamenteuse blanche qui se trouve au cœur des piments et des poivrons. Vérification faite, on ne peut guère nommer cela un noyau mais il s’avère le nom scientifique exact est le placenta. Je vois mal les officines qui vendent du matériel de cuisine convaincre les acheteurs en parlant de « couteau tire-placenta ».

Par ailleurs, j’ai appris que, si les Britanniques distinguent généralement le poivron sous le nom capsicum (chose que je sais et passe mon temps à oublier, faute de vivre au Royaume-Uni)*, les Américains nomment ce légume bell pepper : je trouve l’image vraiment bien trouvée et amusante.

 

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* Rectification, suite à un échange sur Twitter : capsicum serait surtout employé en Australie - les Britanniques disent pepper pour désigner le poivre et les poivrons,  chili pepper pour le piment (mais ce n'est qu'une variété de piment...), et surtout le sens s'éclaire en fonction du contexte.

 

vendredi, 02 juin 2023

02062023

Hier, je publiais une vidéo improvisée hors-série pour saluer la mémoire d’Ama Ata Aidoo, qui vient de mourir. Bien entendu, cette vidéo n’a presque aucun retentissement, car l’écrivaine ghanéenne est totalement inconnue en France. Une des choses qui me chagrine est que son seul livre traduit en français, Changes [Désordres amoureux, traduit de l'anglais par Éloïse Brezault et Catherine Tymen, Zoé, 2008], est peut-être son moins fort, donc j’imagine les rares curieux ne lisant pas l’anglais allant le lire et se disant « oui, bon, pourquoi nous bassiner avec cette écrivaine ? ».

Il faudrait traduire et publier Our Sister Killjoy en français.

D’emblée se poserait la question du titre. Il n’y a pas seulement le problème du pseudo-nom propre, Killjoy, mais aussi l’article possessif our. Si on traduit sans article, cela restreint le sens dans la dimension religieuse (catholique) : Sœur Rabat-Joie, sorte de parodie de Sœur Sourire. Ce serait un contresens.

Avec l’article possessif, c’est étrange.

Je serais assez tenté, à brûle-pourpoint, par ceci : La Frangine Rabat-Joie.

 

(Je crois que de toute façon la connotation de sororité est impossible à suggérer au moyen du seul titre.)

 

jeudi, 01 juin 2023

01062023 : Ama Ata Aidoo (1942-2023)

 

 

Hier j’ai appris, via le mur Facebook de Nnedi Okorafor, la mort d’Ama Ata Aidoo. Son livre Our Sister Killjoy est un jalon fondamental pour toute personne qui s’intéresse aux littératures africaines, au féminisme, à l’intersedctionnalité et au discours post-colonial. J’explique pourquoi, vite fait, dans cette vidéo hors-série.