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mardi, 30 avril 2013

Ocre printemps

Autoportrait au memento mori.

lundi, 29 avril 2013

Le français selon Lequay

Il est donc avéré que l'on peut être « grand reporter » dans un influent hebdomadaire (Marianne) et 

* confondre nombre et nombreux

* écrire “des deux côté”

* finir son article par une phrase aussi incohérente et mal ponctuée que :

Or ce phénomène, en pleine récession européenne ne cesse de s’aggraver, dans un Hexagone dont le marché de l’emploi, il faut s’en alarmer, est désormais en panne sèche. 

Merci, Mme Lequay !

(Au demeurant, comment peut-on encore s'étonner des couvertures poujadistes du Point ? Est-ce encore un sujet ?)

Œuvres pour piano de Boris Liatochinsky

J’écoute la Sonate op. 18 de Boris Liatochinsky, après plusieurs séries de préludes (dont le 3ème de l’opus 38, écouté trois fois de suite, pas subtil mais très prenant – entraînant peut-être – d’où vient que, pour l’appréciation esthétique, on retombe toujours sur les adjectifs, encore et toujours les adjectifs, tout en étant constamment insatisfait de ne pas saisir grand-chose avec ces adjectifs), et, plus chopinienne (scriabinienne ? on peut aussi forger des adjectifs, ou user d’adjectifs que le vérificateur orthographique, peu mélomane, refuse), elle me plaît moins (œuvre de jeunesse, davantage). (On peut aussi abuser des parenthèses, après tout je prends ici des notes pour moi-même, mémento, guide-âne, après je te retrouve ces machins huit ans plus tard, je me dis ah oui au fait…)

Série Espadrilles rayées I Sans vous dire si les points de suspension précédents faisaient partie de la citation en style direct, je poursuis sans avoir rien à dire de Liatochinsky, seulement du style de ce que j’allais en écrire (adjectifs frustrants, exaspérantes parenthèses), je ne connaissais pas Liatochinsky avant ce matin, c’est une musique excessivement pianistique, je vois qu’il a composé opéras et symphonies, lesquels risquent d’être très (donc, trop, à mon goût) expressifs.

(Les Reflets op. 16, par Boris Demenko, pourraient mériter le même reproche, mais il y a une telle résonance, une telle qualité acoustique aussi que les fragments font  naître des images fortes. — La version anglaise nomme ces pièces Reflections, que j’interprète comme des reflets plus que des réflexions, sans doute influencé par leurs tonalités debussystes. Tout expert en musicologie ou en russe est invité à me tancer sévèrement.)

À creuser — les quatuors à cordes.

dimanche, 28 avril 2013

Sept sans faute

Eglise romane et cimetière mérovingien de Civaux (Vienne), 29 avril 2006 La contrainte n'a pu être respectée. Toujours ces jours sans archive.Porche et façade de l'église de Vernou, Indre-et-Loire, 28 avril 2007 Ainsi, avant d'avoir un appareil numérique, on avait déjà visité l'église de Vernou. Pressing & autoportrait, rue du Docteur Blanche, Paris, 28 avril 2008 Marché de Noël, avec l'ami lyonnais.Rayures, 28 avril 2009 Sans archive ne signifie pas sans mémoire. Se servir de l'album comme d'un recours contre l'effacement de ce qui n'a pas été saisi.Bilbo/Bilbao, Pays basque, 14 avril 2010. Là, plus moyen de retrouver ce nom d'église, éloigné par un sonnet de jours, et par plus lourd oubli. Monument aux morts de Biron (Dordogne), 28 avril 2011 « Je me souviens de la débâcle.» Moi ? Rembrandt n'a pas moufté, le ridicule ne tue plus.

Peu

Mon mois de mai s'apprête à ne ressembler à rien.

Toi, tu ne savais pas – à une heure du matin – où nous étions. Mauvaises nuits toujours.

Le chauffage à la relance, aucun printemps en perspective.

Ne pas râler, ni se morfondre, fais ce que dois.

05:34 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 27 avril 2013

Domme ou l'Empierrement

Domme, 27 avril 2011. Domme, deux ans déjà. Ce que l'on y voit est si étriqué, le souvenir de déception (première visite en 95) lui-même ne déçoit pas, et l'on regarde vers ailleurs, vers alentour, déçu encore.

Le nom est beau, qui fut rencontré pour la première sur les étagères farcies, au huitième (neuvième? j'ai un doute) étage de la résidence Génovia. Cet appartement, lieu intermittent où je lus notamment Hemingway en sirotant je ne sais plus quels sirops, reviendra-t-il me hanter sur mon lit mortuaire ?

C'est gai. That's what Domme does to you.

vendredi, 26 avril 2013

Concerto n°2 pour hautbois de Bruno Maderna

Les textures et les chromatismes qu'évoque le Concerto n°2 pour hautbois de Bruno Maderna sont comme un jardin à l'anglaise. Percussions typiques de ce que, dans les années soixante, on devait encore ne pas hésiter à nommer avant-garde, pourtant lorgnant du côté de Varèse ou Webern plutôt qu'au geste absolument novateur ou cacophonique.

Le concerto n'est pas découpé en mouvements, le continuum s'impose dans cette œuvre très évidemment dodécaphonique. Le hautbois ne survient qu'après trois minutes de nappages sonores. Le long passage soliste, invitant bientôt les vents et bois de l'orchestre, offre, après un départ en stridences, une belle rêverie, très romantique, en fin de compte.

Dans cette œuvre, le soliste joue du hautbois piccolo, ou musette, au registre évidemment plus aigu. Par simple curiosité, j'aimerais bien entendre une transposition de la partition pour cor anglais... surtout pour entendre ce qu'il adviendrait de l'ambiance si particulière du concerto.

La version que j'écoute est celle de Heinz Holliger, dont je possède, par ailleurs, pas mal d'enregistrements (répertoire baroque et romantique surtout (dont le magnifique concerto d'Albinoni)).. Dans un article qu'il consacre à une autre version, celle de Fabian Menzel, Gilles Quentel écrit que les trois concertos pour hautbois de Maderna sont « remarquables par leur poésie et par leur l’étrange univers de féérie glacée ». On ne saurait mieux dire.

L'avant-dernière “phase” (pour ne pas parler de mouvement - je pense aux passages minutés 13'-15' dans la version Holliger) a des aspects très harmolodiques.


jeudi, 25 avril 2013

Encore encre de bruine

Pour poursuivre sur drizzles and mizzles (billet publié le 21).

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Une recherche dans les ressources du Projet Gutenberg m'a permis de glaner quelques citations dignes d'intérêt. Tout d'abord, un passage au tout début de Bleak House, dans une veine onomastique très dickensienne (variante sur l'expression “any Tom, Dick and Harry”, mais en lugubre/pluvieux) : « Chizzle, Mizzle, and otherwise have lapsed into a habit of vaguely promising themselves that they will look into that outstanding little matter and see what can be done for Drizzle—who was not well used—when Jarndyce and Jarndyce shall be got out of the office. »

 

Ensuite, je ne résiste pas à citer in extenso un passage savoureux et très vivant des carnets de Byron :

January 16. 1821.

Read–rode–fired pistols—returned—dined–wrote–visited–heard music–talked nonsense–and went home.

Wrote part of a Tragedy–advanced in Act 1st with “all deliberate speed.” Bought a blanket. The weather is still muggy as a London May–mist, mizzle, the air replete with Scotticisms, which, though fine in the descriptions of Ossian, are somewhat tiresome in real, prosaic perspective. Politics still mysterious.

 

Enfin, dans la traduction du Feu de Barbusse (due à un certain Fitzwater Wray – nom assez ironique – traduction publiée en 1917 d'après la WP anglophone), voici notre réduplication du 21 avril, mais sous forme verbale :

"A damned country!" says Fouillade. In truth this Northern climate is not worth much. It drizzles and mizzles, reeks and rains. And when there is any sun it soon disappears in the middle of this great damp sky.


Dans le chapitre XII, grâce à Wikisource, j'ai retrouvé l'original :

– Sacré pays, milédi ! dit Fouillade.

Le fait est que ce climat du Nord ne vaut pas grand-chose. Ça bruine, ça brouillasse, ça fume, ça pleut. Et, quand il y a du soleil, le soleil s’éteint vite au milieu de ce grand ciel humide.


 

Voilà une allitération que la langue anglaise n'a pas manquée ! Le Feu a été retraduit, récemment, par un certain Robin Buss. Sur ce seul passage (glané grâce à Google Books), on ne peut pas dire que sa version s'impose : “The truth is that this northern climate is not much to write home about. You get mist, fog, drizzle and rain. And when there is a bit of sun it gets swallowed up in this great damp sky.

mercredi, 24 avril 2013

« thirty types of gravy »

"thirty kinds of gravy" Il y a un an, donc, je lisais (et photographiais une page (pas tout à fait au hasard) d')un livre de David Antin.

Je nommai cette photographie « thirty types of gravy », dont je ne sais si la meilleure traduction serait :

      • trente sortes de jus de viande
      • trente sortes de sauce
      • trente variétés de sauce
      • un choix de trente sauces
      • pas moins de trente jus de viandes

mardi, 23 avril 2013

Après un an de Sarkozie

Sarkozy I, Salle 31, site Tanneurs, Tours, 23 avril 2008

23 avril 2008.

lundi, 22 avril 2013

Erki Kasemets

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie (vue partielle) Il y a cinq ans, j'avais pris plusieurs photographies d'une très belle, très forte, très inspirante installation d'un artiste estonien contemporain, ce dans le cadre d'une exposition d'art estonien contemporain qui avait été annoncée, alors, à grands renforts de clairon, comme la première d'un événement appelé à se répéter, et baptisé, du coup, biennale. Cinq ans après, on attend toujours la deuxième partie de cette biennale.

dimanche, 21 avril 2013

D'une phrase de Paul Auster

Intemperate cold (three degrees one morning), drizzles and mizzles, mist and slush, ever-aggressive winds, but most  of all the snow, which will not melt, and as one storm falls on top of another, the bushes and trees in your back garden are all wearing ever-longer and heavier beards of snow.

(Paul Auster. Winter Journal. Faber & Faber, 2012, p. 33)

 

L'expression drizzles and mizzles, qui joue classiquement sur une réduplication par paronomase, est assez courante, ainsi qu'en atteste qu'une brève recherche sur Google. (D'ailleurs, la tournure inversée est plus rare. La variante au singulier est répandue, sans d'ailleurs qu'on puisse envisager, en français, de rendre compte d'une éventuelle variation entre le pluriel et le singulier.)

La réduplication est elle-même difficile à conserver. Dans sa traduction publiée par Actes Sud, Pierre Furlan choisit « de la bruine et du crachin, de la brume et de la neige fondue » (Chronique d'hiver, p. 42). La proximité de mist a permis au traducteur, sans forcer le sens, de déplacer la paronomase sur bruine/brume, ce qui est habile.

Il est curieux, par conséquent, de constater que Pierre Furlan commet deux contresens assez élémentaires dans le reste de cette phrase. En effet, il traduit le modal will par un futur, alors que le sens est évidemment « neige persistante » ou « neige qui refuse de fondre » ; le futur semble impliquer, dans ce récit rétrospectif,que la neige n'a jamais fondu, ce qui est une ineptie. De même, back garden, expression figée usuelle, est traduite par « jardin derrière chez toi », ce qui est inexact : en français, cette expression désigne souvent un jardin qui ne fait pas partie de la propriété, d'où une ambiguïté absente du texte anglais (il suffisait de traduire par « dans ton jardin » en effaçant back).

samedi, 20 avril 2013

Châtaignes brunes

Georg Trakl, Herbst & Winter Il y a six ans, je lisais (relisais - il est, depuis mes années d'études, un de mes poètes préférés) Georg Trakl. La raison en fut peut-être l'importance des références à Trakl dans les Eglogues de Renaud Camus, dont la plus récente venait d'être publiée.

Je prends des coups, tu mets des prunes.

vendredi, 19 avril 2013

Carnaval au lycée Choiseul

Choiseul 4 L'an dernier, 19 avril 2012, aucun doute car je ne trafique jamais les infos Exif (!), c'était le carnaval au lycée Choiseul, à Tours — toujours deux mois après le vrai carnaval, les Ligériens font n'importe quoi, et pas seulement à Choiseul. Des fées, un père Noël. Ce simili-rituel invasif n'a pas le sens commun, puisque la plupart des bahuts, comme on disait quand j'étais jeune, sont une sorte de cirque permanent.

Ce jour-là, je n'avais pas réussi à attraper du regard Amy Winehouse.

jeudi, 18 avril 2013

L'église du Prieuré Saint-Cosme

Prieuré Saint-Cosme, La Riche (Indre-et-Loire), dimanche 31 mars 2013.

mercredi, 17 avril 2013

Amou, 17 avril 2011

Course d'Amou, 17 avril 2011, 47, superbe série de Mathieu Noguès sur la vache sans corde Il y a deux ans, on a pu assister à une extraordinaire série de Mathieu Noguès sur la vache sans corde, à Amou. Les courses, hors été, ne sont pas faciles à « attraper ».

mardi, 16 avril 2013

... hair were ...

¿How come same

number of

signs draws fine lines

"La Babinière", 123, rue de la Presle, Tours, 23 avril 2008

08:05 Publié dans 373#47 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 15 avril 2013

... were hair ...

Wish there were

stripes on my forehead

wrinkles on my legs

hair on the sky's face


Wish someone would

walk around this spider's web

plucking flowers for a barn,

picking their nostrils on a ship


Wish there's a cloud,

a crowd of rainy arguments

woozy with bassoony breaths


Wish you'd rest a little with me,

stripped of your bad old godforsaken

prudishness

and blonde hair.


08:00 Publié dans 373#47 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 14 avril 2013

Gris, bleu, jaune

Mes fols après-midis de juillet

 

J'exhume cette photographie pour poursuivre l'illustration du billet précédent.

Trois flèches, le panneau bleu de guingois, la verdure oubliée (cadrage par smartphone), tout cela aussi relève de l'ambulance. (La mêmoire, elle, irait plutôt chercher ces affreux immeubles de bureaux dont chacun a reçu le nom d'un aviateur. Le bâtiment E = Amelia Earhart, je crois. C'est tout près de chez moi, je n'y passe jamais.)

samedi, 13 avril 2013

De l'averse à l'extravagance

Aujourd’hui, après une promenade calme quoique narrative au parc de la Cousinerie, j’ai écrit un nouveau poème en anglais, publié aussitôt, et passablement abstrus, je le crains. Pour moi, il est pourtant singulièrement vivant, charnel, lié à des sensations très précises et prégnantes. On a un peu triché pour ce qui est des cheminements de banlieue, et, afin de pouvoir consacrer la marche au parc lui-même (ses allées défoncées et boueuses, ses pelouses grasses d’averses, son ru débordé où sautaient de loin en loin d’heureuses grenouilles), n’avions pas marché à travers les ruelles et avenues de la déprimante ZAC, préférant l’approche en voiture.

Cela ne nous a pas empêchés de connaître, lors du retour à la voiture, justement, un pur moment de kleptomanie überurbaine : sur l’asphalte entourant le hangar ou l’entrepôt le plus proche, nous avons vu débouler un énorme lapin qui courait à tout berzingue et dont le cul blanc a disparu de l’autre côté d’une haie de cotonéasters peuplée de détritus abjects. De l’autre côté de la haie, Alpha a trouvé – au pied d’un arbre municipal malingre, s’enfonçant entre le carré de terreau entourant l’arbre pollué et la pelouse qui permet (permettrait) de se diriger vers d’autres entrepôts – le terrier du lapin précédemment entraperçu, avec plusieurs crottes caractéristiques à l’entrée : sans chasseurs ni renards à craindre, le réflexe atavique de faire disparaître les crottes, fût-ce en les ingérant, a lui-même disparu.

Misérable garenne. ZAC de la Cousinerie, Tours-Nord. Là n’était pas toutefois l’élément le plus ironique (le plus iconique ?) de cette scène de banlieue. En effet, le terrier se trouve en face d’un minable hangar gris peinturluré de rose  (ou de mauve beigeasse, je ne sais plus) et qui abrite, je vous le donne en mille, un cabaret dont j’ignorais même l’existence et dont il est bien curieux que ses propriétaires aient voulu l’installer là, entre ces demi-usines désaffectées, ces grillages défoncés, ces entrepôts énigmatiques. Toutefois, le site Web du cabaret annonce que les « soirées d’exception » ont lieu « dans un cadre prestigieux » : à cette aune, on peut s’attendre, en poussant la porte, à ce que le champagne du menu s’avère n’être qu’une infâme roteuse, et que les affriolantes girls en strass affichées sur ce même site ne se muent subitement, par un cendrillonesque coup de trafalgar, en une malheureuse arrière-grand-mère arrachée à son tricot et maquillée à la hussarde.

Pour voir déboucher sur quelque réelle fantasmagorie cette ébauche de conte, il faudrait, nous aussi, aplatir nos oreilles et pénétrer dans le terrier de l’énorme lapin, pour – qui sait – une chute dans un monde unter-rural qui nous consolerait de notre über-urbanité.

Mettray – 3 avril, onze heures

 Mettray – 3 avril, onze heures

 

En face du « village des jeunes », une pharmacie optimiste annonce 14 degrés, alors qu'on vient juste de repasser au-dessus de zéro. Hangars récents à l'air de déshérence, ce n'est pas un paradoxe. Escalier de traviole avant la côte, qui semble se tenir, de manière autonome, séparé de la maison au perron de laquelle il conduit pourtant, solidairement.

Des chèvres broutent, puis c'est la voie ferrée.

La voiture quitte Mettray.

vendredi, 12 avril 2013

Domino

On va passer sur toutes les raisons d'être maussade, de grognasser.

Les rayons de soleil percent (un peu). J'écris des mauvais poèmes.

 

Hier, j'ai acheté, dans une réédition de deux 33 tours (Domino et Deeds and Reedssur un seul CD. Ça fait belle lurette que je suis “fana” de la musique de Roland Kirk, mais je ne connaissais pas ces albums. En écrivant ces lignes, je me passe en boucle le morceau-titre, ‘Domino’, qui a tout pour me ravir, et surtout, par delà le son si profond du sax soprano dans la partie médiane, ce mélange de joie et de mélancolie qui confine, pour moi, à l'extase. Ce mélange de joie (d'allégresse, même) et de mélancolie vient de la mélodie de Planté et Ferrari, mais aussi de l'orchestration, des cadences, du passage poignant de la flûte au soprano, des vibratos, de la prise de son (un paradis perdu).

Vous trouverez ci-dessous la version live la plus connue — celle que j'écoute a été enregistrée en studio, et s'achève par quelques secondes vocales absolument époustouflantes. Vous n'avez qu'à acheter le CD. 


D'un extrême l'autre, un parfum d'années 30 ?

D'aucuns s'étonnent que les militants d'extrême-droite hostiles au mariage gay (Printemps français, Hommen ou autres) aient utilisé, pour l'une de leurs vidéos militantes, la chanson de HK et les Saltimbanks, « On lâche rien ».

J'avoue avoir découvert – puis subi – cette chanson lors des manifestations de 2008-2009, à moins que ce ne soit à l'automne 2010 (pas envie de vérifier ce qui est possible chronologiquement). Cette chanson, certes très entraînante et donc tout à fait appropriée pour une manifestation, m'avait tout de suite frappé par son populisme anti-démocratique : oui, je suis un grand naïf qui croit au droit de vote, aux institutions démocratiques, au Parlement, à l'importance de faire avancer les choses aussi dans les urnes.

La semaine dernière, jeudi soir, je suis allé assister à un quadruple concert dans le cadre du festival Imag'In à Saint-Avertin : j'y allais pour écouter Christiane Grimal avec son Tijérina Projekt, et ai eu le grand plaisir de découvrir l'immense talent du jeune Blackie Sam et de ses musiciens. L'essentiel du public était venu là pour le bouquet final, HK et les Saltimbanks. J'étais heureux de découvrir enfin ce groupe, dont plusieurs connaissances (contacts Facebook, pour aller vite) me disaient le plus grand bien.

Or, j'ai dû quitter la salle au bout de quatre morceaux. La raison principale était une sono poussée à fond : je serais devenu totalement sourdingue si j'étais resté – et cela, je sais que ce n'est pas la faute des musiciens (encore qu'ils pourraient s'en rendre compte). Mais il y avait bien d'autres raisons, par-delà une musique totalement dénuée d'invention, repassant toutes les vieilles recettes du mélange rock rap & bastringue. Ce qui m'a le plus choqué (et surtout totalement surpris), c'est la mise en scène du concert, totalement fascisante ou déshumanisée : on se serait cru dans la scène d'ouverture du Metropolis de Fritz Lang : peut-être était-ce ironique, mais cette espèce de métronomie mortuaire m'était insupportable. Quant aux textes (à ce qu'on pouvait en entendre dans le vacarme), ils sont, au mieux, indigents. En effet, j'y ai trouvé la doxa bien-pensante que j'attendais, discours convenu sur les pauvres, la télévision, les immigrés – manichéisme creux, truismes à tous les étages. Mais, si j'écris qu'il sont « au mieux indigents », c'est qu'il ne faudrait pas creuser beaucoup pour y trouver le même genre de dérapage poujadiste que ceux auxquels se livre depuis quelque temps, assez peu savamment (mais suffisamment pour emballer quelques gogos), Jean-Luc Mélenchon : le « coup de balai » n'est pas loin du « tous pourris ». Dire d'un ministre qu'il ne « pense plus en français », c'était très grave aussi.

Et donc, pour en revenir au point de départ de ce billet, de même que Mélenchon, à force de vouloir attaquer le Front national « sur son terrain » (il l'a assez répété, notamment lors de l'épisode pathétique de Hénin-Beaumont), est en train de laisser contaminer sa parole par l'idéologie du FN, il n'y a rien d'étonnant à retrouver la rhétorique acritique de HK et les Saltimbanks pour illustrer les images de petits caïds homophobes allant à l'assaut du Parlement.

jeudi, 11 avril 2013

De main de Maistre

Séhune on a sea of white. Tours, November 10th, 2011.

(Ce qui conditionne ces nouvelles séries, qui n'ont pas suscité de nouvelles rubriques, ce sont, encore et toujours, des nombres. La photographie Casimir Maistre se trouve aujourd'hui à la page 545 de ma galerie Flickr, celle ci-dessus en page 454. Voilà tout. Parfois, on se complique la vie, et d'autres fois on laisse filer les traces du temps. Cette même féline se trouve à la minute où j'écris ces lignes sur un fauteuil d'enfant en osier recouvert d'une légère couverture en synthétique et à motif panthère, dort profondément malgré Houria et Palabre du quartette de Kerecki, Malaby en piste gauche, Donarier côté droit.) — On attend encore qu'un jazzman du nom de Casimir Maistre compose d'aussi enchanteresses mélodies ☼ ► ◄ ☼ (Toutefois, je saute enfin dans le vide, je me lance sans filet, étends le sens de la mirlitonnerie.)

mercredi, 10 avril 2013

Baby-sitting blouse

On en a connu, des baby-sitters. (Jeudi dernier, Stéphane et sa femme me parlaient de leur baby-sitter, un garçon, qu'ils ne paient que 6 euros de l'heure, ce qui m'a scandalisé – même si j'ai tenté – difficilement – de le cacher.) Toutes, à une légère exception (transitionnelle – 2008 peut-être, et la jeune fille n'est venue qu'une fois, du coup), étaient – sont – très bien.

Je salue celles qui me lisent, dont Corinne — et Lucie, qui a passé la nuit chez nous pour garder Alpha quand mon épouse, un dimanche soir, dut être voiturée en urgence à Olympe-de-Gouges, pour y accoucher d'Oméga. (Il ne me semble pas que Lucile ou Pauline risquent de tomber sur ces pages, mais je les y salue toutefois.)

 

Hier soir, N., que j'avais contactée il y a un peu plus d'une semaine, ne pouvant pas venir, finalement, ma femme s'était débrouillée avec une connaissance, liée à son travail, mais cette personne (qui allait nous prendre 15 euros, ce qui pour le coup était excessif dans l'autre sens) n'a pas pu se libérer, on l'a su suffisamment à l'avance, on a essayé de refourguer la place de théâtre, même pour rien, la place de théâtre qui nous restait sur les bras, bref, ma femme est allée seule au théâtre, est revenue dépitée, c'était nul, rien à sauver, et même pis que nul, il paraît que j'aurais détesté encore plus qu'elle, d'où deux conclusions : il faut vraiment arrêter d'aller au Nouvel Olympia (et/ou éviter comme la peste les textes de toute baudruche à la mode chez les théâtreux ou téléramistes (en l'espèce : Henning Mankell)), et on a économisé 45 euros que nous aurions été doublement furieux de devoir débourser. Donc, la vie est belle, et l'art dramatique de plus en plus berne.

Et autre conclusion, Cingal, tu abuses des parenthèses et des tirets.

Huitième quintil pétronien

Ce mercredi d'avril,

Chez quelque boucher

(L'agneau est en péril),

On ne peut toucher

Soleil enfourché.