vendredi, 09 décembre 2011
"Brains in the pot / They're beginning to boil"
Tandis que je prépare le déjeuner, mon fils aîné, qui s'est plongé dans le dernier numéro d'Arkéo Junior, vient me voir pour m'expliquer qu'on a retrouvé dans une grotte en France un squelette d'Homo erectus vieux de 170.000 ans, découverte essentielle car les préhistoriens ne pensaient pas qu'il y avait eu des Homo erectus aussi tardivement sur le territoire français. Mon fils d'ajouter nonchalamment que le fragment de crâne présente des traces de découpe, ce qui tendrait à prouver que les congénères du sympathique hominidé auraient siphonné la cervelle avec une paille pour s'en sustenter. Bon appétit !
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jeudi, 08 décembre 2011
This Is (Not) Iris Clert
(Il faut cliquer sur l'image pour comprendre de quoi il retourne ici.)
Quand on tombe sur les deux lignes constituées de la citation de Rauschenberg en italiques et de l'"explication" proposée par l'auteur (Writer ? David Markson ?) dans This Is Not A Novel, on (le lecteur) succombe encore à l'illusion référentielle, car si on ne connaît pas l'oeuvre de Rauschenberg, on s'imagine aisément qu'il y a une oeuvre que Rauschenberg qualifie de "portrait d'Iris Clert". Rauschenberg aurait dû s'expliquer dans un télégramme et confirmer que le tableau (sans doute peu figuratif, ou peu figuratif d'Iris Clert) était bien ce qu'il était censé être. Mais pas du tout. Le masque tombe, tout en s'épaississant si j'ose ainsi croiser les métaphores, après une recherche sur Internet : l'oeuvre, c'est le télégramme. (Et d'ailleurs, il semble qu'il existe plusieurs télégrammes, donc plusieurs oeuvres, avec des dispositions différentes sur la page.)
L'oeuvre, c'est le télégramme, et le télégramme est un portrait d'Iris Clert par pur acte performatif de l'artiste ("if I say so"). L'oeuvre, c'est le télégramme, un peu comme le père, dans Eraserhead de David Lynch, s'aperçoit, en découpant les langes emmaillottant l'étrange bébé hurleur, que les linges étaient la peau du bébé.
Question qui n'est ni triviale ni secondaire : les olibrius dans mon genre bousillent-ils l'effet-texte du roman-non-roman de Markson ? En effet, on peut considérer qu'en publiant une reproduction du télégramme-portrait sur Flickr et en la légendant avec la citation de Markson, je court-circuite la stratégie déceptive de Markson, qui égrène des anecdotes et des citations en les tirant de leur contexte. Toutefois, j'arguerai volontiers que cette stratégie, par l'énumération, justement, appelle un lecteur qui, intrigué, s'interroge, et va chercher à y regarder de plus près. Les stratégies trompeuses sont faites pour être détournées ; les assassins des romans policiers laissent exprès des traces car ce sont des assassins de fiction.
Deux autres remarques, que je ne sais pas où mettre alors je les mets n'importe où (après tout, l'auteur, ici, c'est moi) : - la présentation du texte dans le télégramme que j'ai choisi pour illustrer les deux phrases de Markson est un hommage évident à e.e. cummings (le double "IS", la dernière lettre qui se trouve en fait avant le début de la phrase, les mots formant le nom de la rue collés les uns aux autres). On pourrait sous-entendre : this is so evidently a pastiche of e.e. cummings I need not say so.
--- L'acte performatif de désignation qui constitue le télégramme en portrait d'Iris Clert est à mettre en rapport avec le titre du roman-non-roman de Markson (le lien est (trop) appuyé à la page suivante).
23:41 Publié dans BoozArtz, Corps, elle absente, Pynchoniana | Lien permanent | Commentaires (0)
3811 / Les Nons-du-Père
Les gens qui me voient passer avec ma hotte et me dévisagent d’un air admiratif ne laissent pas de me surprendre. Ce n’est pas comme si j’avais inventé – mon rêve d’une vie, mon rêve jamais abouti – le procédé qui permet, comme Panoramix dans Le Domaine des dieux, de faire pousser des chênes en un tournemain – en un éclair ? à toute vibure ? Le langage me pèse presque autant que de tels regards. Je voudrais tout envoyer bouler, paroles et regards.
21:59 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelques éléments de critique musicologique
Mes fils devant les clips sur W9. Soudain, j'entends l'aîné : "Ah, mais c'est pénible, ce singe hurleur." Puis : "Ta gueule, le ouistiti pygmée !"
Solution de l'énigme : chanson de Zaz. (J'avoue que je ne connaissais pas.)
J – Ahahaha ! N'empêche que ca lui va comme un gant.
Moi - Il va de soi que je ne sais pas du tout qui lui apprend à parler comme ça.
J – Bien entendu.
M – Et il a raison ! C'est une Tourangelle elle aussi...
J – C'est pas la meilleure spécialité tourangelle... je préfère largement les rillettes.
M – On ne pouvait mieux dire !
O – Zaz, c'est bien la fille qui hurle "C'est pas votre argent qui fera mon bonheur / Moi j'veux crever la main sur le cœur" dans une chanson diffusée à mort sur toutes les radios arrosées par Universal Music, c'est ça ?
Moi – Avant 7 h 53 ce matin, j'ignorais tout de cette fille, jusqu'à son nom. Et je ne crois pas l'avoir entendue avant. So don't ask ME !
J – Et jusqu'à ce matin, vous aviez bien de la chance.
13:03 Publié dans ... de mon fils, Autres gammes, Chèvre, aucun risque | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 07 décembre 2011
3711 / Crochet intérieur
Tout cela, bien entendu, ne pouvait pas avoir lieu ailleurs qu’en Touraine. Mon ordinateur portable a vingt-deux ans ; il est normal qu’il fasse un bruit de vuvuzela, un boucan d’avion à réaction. J’entends du remue-ménage dans la rue, je m’interroge, et je vais – lentement, précautionneusement, trop lentement – jusqu’à la fenêtre. Derrière la vitre, je guette, oh pas longtemps, car bientôt je vois passer le camion des éboueurs, puis cet homme étrange qui semble fuir, s’éloigner, baissant les yeux, et trimbale avec lui un gros sac de voyage très voyant (il est de couleur jaune vif, dans une matière proche du plastique), s’enfuit comme s’il avait le diable aux basques. Même s’il ne dit rien, c’est lui qui fait tout ce chambard.
Je n’ai jamais compris.
21:59 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
Picasso regarde Stein regarder Blake regarder l'homme drapé regarder le ciel d'âme (Gray)
09:53 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 06 décembre 2011
New vista of troubles
Je dois, sans l’avoir ouvert, rendre Tracks de Robyn Davidson à la bibliothèque. Ouvrant le mince volume au hasard, j’en extrais cette phrase : « The miraculous turn of events opened a whole new vista of troubles for me. » (Vintage, 1995, p. 78)
J’ai aussi griffonné à la va-vite, par le clavier, mes vers préférés de Tiepolo’s Hound, avant de le rendre. Des fleurs se pâment dans un coin. Patrimony, pareil, et qui devra passer au scanner cet après-midi (comble de l’ironie, livre sur le cancer). Ma récente manie, prise avec l’Année de 398 jours, d’insérer, en petites majuscules (Book Antiqua corps 14), des citations sans rapport est bien pénible.
Écrire un éternel fichage décourage la lecture. (Celle là est de moi.) Tes galants mis aux fers. (Pas celle-ci.)
11:11 Publié dans Lect(o)ures, Words Words Words, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
3611 / (V)ivre
Octave alors a passé le relais à Nicolas, qui ne savait pas comment insérer la microcarte dans l’ordinateur portable. De toute façon, peu lui crucial. Vous avez eu la preuve que même les éditeurs n’arrivaient pas à lire ce pavé répétitif et indigeste. Le new age ne permet pas tout. Pourtant, c’était assez beau, dans la ruelle, de prendre son temps en regardant les ramasseurs de feuilles de platane. D’un vert tendre comme les jeunes mousses. Manuel n’a plus écrit, et, tout en repensant aux beaux jours de cette jeunesse (la ruelle, les feuilles de platane), j’ai perdu ma journée à regarder les matous se pourchasser dans le jardin, et à me demander pourquoi Manuel ne m’écrit plus. Il m’a fallu beaucoup de volonté pour me remettre à mes traductions. Quand je lis un texte traduit, même si je ne connais pas du tout la langue d’origine (la langue-source, comme disent les linguistes), je sens le calque ou la mauvaise traduction à deux mètres. Il eut une séance de sexe intense avec sa petite amie. Aussi m’a-t-il fallu beaucoup de volonté pour honorer la dernière commande ; un petit éditeur, qui a pour seul trait distinctif de changer à chaque nouvelle publication la couleur des couvertures, même avec d’infimes variations, m’a demandé de traduire un florilège de poèmes d’Allen Curnow. De minuscules nuances animaient le texte sans pour autant l’abîmer.
J’aurais préféré poursuivre ma lecture de Václav Čtvrtek, car l’œuvre du Néo-Zélandais – mort à l’âge de quatre-vingt-onze ans sans avoir connu notre époque heureuse, et sans avoir même imaginé qu’un pauvre hère condamné à le traduire écrirait, en marge de son travail besogneux, le récit de son année bizarre – ne me parle pas particulièrement.
Tout en traduisant, un peu à la va-vite, l’avouerai-je, quelques triolets mal fichus, je repensai, non sans lever les yeux à chaque fois que passait un matou, invariablement suivi d’un poursuivant, aux journées de naguère, à l’époque où chaque moment sentait la sueur, la précarité, le goudron sale. Le dimanche, le temps adopte un cours bizarre, le paysage se dénature étrangement. Et, dans mes souvenirs, j’ai revu le visage de Chloé et me suis rappelé combien les sensations de sueur froide, de nervosité, de goudron brûlant et nocif, s’accompagnaient d’un frisson permanent de bonheur. Délaissant dorénavant le roquet, j’ai arrêté de traduire les triolets pesants d’Allen Curnow pour tenter de retrouver, en moi, ce frisson, et, face à l’échec lamentable, ai mis sur la platine le disque du Strada Sextet que je pourrais écouter vingt fois d’affilée sans m’en lasser. The ruins of old cities stand piled against one another in a tangled mass of verdure that is hardly penetrable except where the tracks wind in and out.Le frisson n’est pas venu, mais les visions, c’est déjà ça.
10:49 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
« Et son âne qui rouspète »
Clic clac clic, clac clic clac clic.
Le temps d’emmener les garçons à l’école, de rentrer, d’étendre la lessive, de faire le lit, un peu de rangement, de préparer la table de travail pour la matinée (je dois être à l’Université en tout début d’après-midi), puis de lancer l’ordinateur (et, m’objectera-t-on, de perdre deux minutes à tapoter cette phrase), il est déjà neuf heures.
Un jour où j’évoquais ce genre de contraintes, tout à fait banales mais qui impliquent toute une organisation pour les rendez-vous de travail (ce que les collègues spécialistes du décommandage – du décommandement ? le mot n’existe pas, mais le concept (le fait de décommander) est pourtant symptomatique de notre société – ne semblent ni éprouver ni comprendre), un collègue sans enfants m’a lancé sans rire : Ah mais, toi, grâce aux enfants, tu te lèves tôt tous les jours, donc tu gagnes du temps pour ta journée de travail.
Imparable.
Clic clac clic, clac clic clac clic.
09:07 Publié dans Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 05 décembre 2011
3511 / Allons au lit avec notre bougeoir
Octave tombait le lundi, cette fois-ci.
Alors il dut s’aliter.
Ah ah.
David Markson rapporte, à la page 163, un propos de Raymond Chandler distinguant les écrivains qui écrivent des histoires de ceux qui écrivent de l’écriture. Le narrateur de Chet Baker pense à son art a pour projet de réconcilier la sphère Finnegans et la sphère Hire. Barthes déjà a approfondi la question des textes lisibles et des textes scriptibles. Dans Travers, et ailleurs, Renaud Camus insiste beaucoup sur le recoupement d’une forme avant-gardiste et de récits permettant l’identification. David Markson rapporte, à la page 65, une hypothèse de lecture qui fait de wake un verbe et de Finnegans un sujet pluriel.
Seule hypothèse valable.
Ha ha.
23:37 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
Odds'n'ends
. . . . . . . . Quatre heures de sommeil, sept heures et demie de cours, une heure dans une officine surchauffée, mais une très belle course jusqu'à la gare en compagnie d'une ancienne camarade pas vue depuis quinze ans, et qui turboprofait de Tours à Poitiers. Il fait enfin frais, et un soleil hivernal de grande joie.
Mon exemplaire du Tabucchi acheté à Poitiers le 12 novembre sent le tabac de pipe, comme l'édition Saint-Simon à couverture bleue. This is for you, David M.
21:32 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
La signature, de sang peint
Aujourd'hui, c'est-à-dire dimanche après-midi (il est minuit passé), j'ai écrit une phrase sur Caracas, et je n'ai pas su continuer. Puis, plus tard, bien plus tard, j'ai dû me replonger dans le Caravage, dans le sang-signature. De proche en proche, ça a donné beaucoup de n'importe quoi (surtout grâce à Goodman).
Spell = spill.
In DM's words.
(Mais ça m'a tout de même ramené à Sandra Belloni.)
00:22 Publié dans BoozArtz, Pynchoniana, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 décembre 2011
3411 / Un surnom infini
Le bassiste était surnommé Chichon. De cela, je m’en souviens parfaitement. Mes correspondants peuvent m’étourdir de leurs demandes savantes, je n’oublierai jamais que le bassiste avait un surnom, et que ce surnom était Chichon.
Un beau jour, j’en aurai assez qu’on m’écrive sans arrêt pour me demander des détails sur Chizuko Mifune ou sur Ōtori Keisuke, et je n’accepterai, comme projet de travail en collaboration, que de réécouter les symphonies de Mahler, peut-être dans toutes les versions possibles ou archivées. Mais Mahler, ça, tout de même, oui, non ?
Bien entendu, Chichon n’a jamais joué les symphonies de Mahler à la guitare basse, même pas pour rigoler, même pas en se prenant pour Uri Caine. No pararon los irritados combatientes hasta que D. Marcos no derramó sangre á raudales, rasguñado por la poetisa. Mais tout de même, voilà un surnom auquel se raccrocher : Chichon. Un sacré surnom, non ?
Dans le même temps (et déjà la ligne de démarcation dénote une distance de plus en plus grande entre les différents protagonistes de cette sombre affaire, de cette « année bizarre » si vous voulez), l’Autre avait commencé, achevée sa relecture de Wittgenstein’s Mistress, à lire Reader’s Block, qui l’avait happé, tout autant. Il devint alors évident que, si le texte qu’ils écrivaient ensemble n’avançait pas, c’est que certains (lui, l’Autre, en premier lieu) se laissaient happer par des lectures qui les empêchaient d’écrire, ou plutôt, les empêchaient de trouver assez de temps pour écrire. Etait-ce cela, le fin mot ? être trop lecteur empêche d’être protagoniste… ?
L’Autre, surtout, écrivit à Numance et à Manuel pour leur proposer un travail différent des précédents : écrire une glose de chacun des paragraphes du livre de David Markson. Manuel refusa par retour de courrier. Scipio, cum aversum suum videret exercitum, pronuntiavit pro hoste sibi futurum, quisquis in castra redisset. Numance ne répondit jamais.
L’Autre, comme toujours velléitaire, s’ouvrit un petit bocal de graisserons, se fit quelques tartines de pain grillé, fuma à sa fenêtre, reprit le livre, passa à autre chose. On n’entendit plus jamais parler de son projet.
On dit que Numance n’a pas répondu car il était déjà mort, à ce moment-là.
11:05 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (1)
Item #2459
Ces derniers temps, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour l'écriture, à cause du travail et des parties de Croque-Carottes, de Uno ou de bataille, mais aussi parce que, folie absolue... je dors la nuit !!!
09:54 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 03 décembre 2011
3311 / L’Aube des temps
Le mot âne n’étant pas très éloigné du mot âme, je ne peux m’empêcher d’avoir une approche wittgensteinienne de la question. Ainsi, soul en anglais, a sole pour homophone – et sole est un signifiant ambigu, tantôt adjectif, tantôt substantif. L’âme, est-ce être bête comme ses pieds, têtu comme un âne. (Dans la phrase qui précède, a-t-on noté l’importance des circonflexes ? Of this we, as the latines, hes almost no use. La langue anglaise ignore les diacritiques, pas le turc.) Le héros de Gide, anti-héros après Bartleby, n’est pas censé avoir traduit les nouvelles fantastiques de Gautier, et pourtant moi, je continue de reprendre les vers d’Eugeniusz Żytomirski ou Bedri Rahmi Eyüboğlu.
Le truc, aussi, c’est que je n’ai pas retrouvé mon exemplaire du Voyage autour de ma chambre, lu en 1993 à Talence dans le fauteuil décoloré du studio, ni la page à laquelle Vila-Matas – ou plutôt, son narrateur fuligineux – définit le nombre 32 comme le nombre « de la Faux ». Enfant, je n’ai pas lu Le 35 mai d’Erich Kästner, roman que m’avait fortement conseillé ma sœur, mais je revois très précisément l’exemplaire et la couverture. Nous qui avons des mois de plus de 31 jours, nous avons renoncé au fétichisme de l’ « irrégularité régularisée » (même si nous vivons encore parfois dans des maisons de pierre), mais pas au décompte. Pas tout à fait. Si quelqu’un a fait le voyage jusqu’au 32, il n’a pas fait machine arrière pour en faire le récit. C’est pourtant cela, le sens de l’expression « année bizarre ». Croyez-vous vraiment que j’aie employé cette expression par hasard, au débotté ? Croyez-vous que j’aie (et même que j’ai) inscrit le titre Une année de 398 jours en tête de cet ouvrage au décrochez-moi-ça ? Imaginez-vous que tout cela se compose à la va-comme-je-te-pousse ?
(Il poursuivit ainsi, poussivement, péniblement, lassant les rares lecteurs.)
En turc, on dit « bête comme la plante des pieds ». Mais l’expression française une jolie plante se traduit au moyen d’une autre image : une agréable sérénade. The toes were slender and delicate, and terminated by perfectly formed nails, pure and transparent as agates. Et ne me dites pas que vous n’avez jamais lu les textes bouleversants qu’il a écrits sur la culture japonaise. (Ce qui le fit penser qu’il n’avait toujours pas écrit la recension promise sur ce livre de Ryoko Sekiguchi, dont pourtant il pensait le plus grand bien.)
Nous n’avons pas vraiment renoncé au fétichisme.
L’Aube et le Suédois tombèrent au bas du bois.
Dans une toge.
13:13 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
De la situation économique
How did things go so wrong? The answer you hear all the time is that the euro crisis was caused by fiscal irresponsibility. Turn on your TV and you’re very likely to find some pundit declaring that if America doesn’t slash spending we’ll end up like Greece. Greeeeeece!
But the truth is nearly the opposite. Although Europe’s leaders continue to insist that the problem is too much spending in debtor nations, the real problem is too little spending in Europe as a whole. And their efforts to fix matters by demanding ever harsher austerity have played a major role in making the situation worse.
(Paul Krugman, éditorial du New York Times, hier)
Traduction :
Comment en est-on arrivé là ? On n'arrête pas d'entendre dire que c'est une mauvaise gestion de la fiscalité qui serait responsable de la crise dans la zone euro. Il vous suffit d'allumer votre télé pour voir un expert déclarer doctement que si les Etats-Unis ne réduisent pas leurs dépenses on finira comme la Grèce. Mon Dieu, comme la Grèèèèce !!!
Pourtant, c'est l'inverse qui est vrai, ou presque. Même si les dirigeants européens continuent d'affirmer que c'est l'excès de dépenses qui a mis les nations endettées dans le rouge, le véritable problème est en fait le faible volume de dépenses en Europe, et c'est leur volonté de régler les choses en demandant encore plus d'austérité budgétaire qui a joué un rôle majeur dans l'aggravation de la situation.
(N.B. : renseignez-vous - Krugman n'est pas un gauchiste.)
09:21 Publié dans Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 02 décembre 2011
3211 / Qui m'
Je deviens fou à ne pas savoir qui m'écrit.
(Une notule pour Nathan.)
C'est l'anniversaire de Pierre.
Trois phrases d'un côté, cinq de l'autre, sorties toutes d'un jet, et au milieu de ce bleu, une autre phrase, en petites capitales d'imprimerie, dans une autre police, lettres noires et non plus bleues, dont on ne sait que faire, qu'on ne saurait comprendre, dont l'ironie souveraine ne peut ici avoir de sens, à moins de décider soudain que tout le texte se déballonne de l'intérieur, et tu ne me feras pas croire ça, again again again man !
Il n'a pas suffi de photographier des ânes, à Aulnay, Pouillon, Saint-Aignan, au jardin des Prébendes ou en manifestation, au zoo de Pescheray ou sur le site troglodytique des Goupillières, ni même, plus récemment, sur le parking de Jardiland.
00:03 Publié dans Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 décembre 2011
3111 / Le Lapin sous le prunier
Dans tous ses états, elle était, la pauvre femme. On va se laisser passer l’heure… le sablier, ça n’est pas rien… la seconde du rendez-vous elle-même est importante… Des foutaises. Mais bon. Elle était dans tous ses états. J’aurais voulu la calmer, la secouer, la calmer ou la secouer, je ne sais, toujours est-il qu’elle faisait pâle figure, un sacré tableau.
C’est quand elle a fait brûler le cadre que je me suis énervé.
Ce n’était plus possible.
On avait fait la sieste sous un prunier, c’était l’hiver – mais quoi ?
Pénible. Pas moyen de se reposer, toujours cette injonction, le lapin d’Alice, en retard, en retard, j’entendais la voix de Guy Piérauld, en retard en retard en retard. Pffff. Pénible. Kano pensively lifted a plum upon the point of a toothpick and began nibbling at its wrinkled skin. Pourtant, je finis par me rendre à l’évidence et par l’accompagner, non sans ramasser les feuilles de prunier et les déposer dans les conteneurs spéciaux prévus à cet effet.
Roger Dorsinville m’ennuyait ; René Barjavel encore plus ; même mon idole, Flann O’Brien, je n’arrivais pas à me plonger dans son univers dense et loufoque. J’avais passé toute la nuit précédente à traduire des poèmes de Bedri Rahmi Eyüboğlu, sans rien savoir du turc, bien sûr, mais juste comme ça, par science immanente. (Ce n’est pas donné à tout le monde. Je raconterai un jour ce qui m’est arrivé. Barjavel peut pâlir.) J’avais appris l’existence de ce peintre et écrivain turc par le biais d’un texte méconnu du majoral Sylvain Toulze. J’avais voulu traduire aussitôt tout ce qui m’était tombé sous la main. Et Marie, devant ces lilas, avait ménagé une large plate-bande, où elle s'amusait à cultiver elle-même quelques rosiers, des giroflées et des résédas. Et j’étais satisfait du résultat.
Mais, quand elle a commencé à faire cramer les cadres, là, j’ai explosé. Dans la ligne de tir. Trop de fers au feu. Et le centenaire de Pompidou, dont tout le monde se contrefout. Alors, voilà, je l’accompagne à son rendez-vous.
Pas moyen autrement.
22:23 Publié dans BoozArtz, Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)