mardi, 28 février 2012
L'harmonie injuste, l'inconfort, les bêlements [Bax II]
Whatever the reason might be, for the first time in her life, instead of slipping at once into some curious pleasant cloud of emotion, too familiar to be considered, Rachel listened critically to what was being said. By the time they had swung in an irregular way from prayer to psalm, from psalm to history, from history to poetry, and Mr. Bax was giving out his text, she was in a state of acute discomfort. Such was the discomfort she felt when forced to sit through an unsatisfactory piece of music badly played. Tantalised, enraged by the clumsy insensitiveness of the conductor, who put the stress on the wrong places, and annoyed by the vast flock of the audience tamely praising and acquiescing without knowing or caring, so she was not tantalized and enraged, only here, with eyes half-shut and lips pursed together, the atmosphere of forced solemnity increased her anger. All round her were people pretending to feel what they did not feel, while somewhere above her floated the idea which they could none of them grasp, which they pretended to grasp, always escaping out of reach, a beautiful idea, an idea like a butterfly. One after another, vast and hard and cold, appeared to her the churches all over the world where this blundering effort and misunderstanding were perpetually going on, great buildings, filled with innumerable men and women, not seeing clearly, who finally gave up the effort to see, and relapsed tamely into praise and acquiescence, half-shutting their eyes and pursing up their lips. The thought had the same sort of physical discomfort as is caused by a film of mist always coming between the eyes and the printed page. She did her best to brush away the film and to conceive something to be worshipped as the service went on, but failed, always misled by the voice of Mr. Bax saying things which misrepresented the idea, and by the patter of baaing inexpressive human voices falling round her like damp leaves. The effort was tiring and dispiriting.
Virginia Woolf. The Voyage Out [1915], Hogarth Press, 1971,pp. 277-8.
14:28 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 30 septembre 2011
Le spectre et le mourant
(Note écrite le 13 juillet, à Hagetmau)
Le dernier, très court, chapitre d’Indignation apprend au lecteur que le narrateur, qui se présentait comme un spectre, était en fait un mourant qui, sur son lit d’hôpital, se retrouvait, grâce à la morphine, avec la mémoire dopée – d’où son récit. Bien sûr, comme souvent chez Roth, cette révélation finale ne va pas sans poser de nouveaux problèmes narratologico-théologiques, plus complexes encore. Surtout, en substituant un mourant comateux à un spectre, cette fin de roman semblait appeler la lecture que j’ai enchaînée –Malone Dies (je crois avoir lu Malone meurt il y a une éternité – mais je crois aussi ne jamais avoir lu L’Innommable – est-ce possible ?).
Il faudrait réellement qu’un jour :
1. j’achète (au lieu de toujours emprunter tel ou tel volume en bibliothèque) les œuvres complètes de Beckett
2. je me livre sérieusement à l’étude, non du bilinguisme et de l’auto-traduction (cela a été fait vingt fois déjà), mais d’un point précis de comparaison entre le texte français et le texte anglais. (Par exemple, dans Malone Dies, ce pourraient être les substantifs en –lessness ou les comparaisons ou le rythme ternaire.)
Ajout du 29 septembre.
Aujourd'hui, j'ai recopié, dans le fichier Word « Roth », les notes éparses gribouillées lors de ma lecture d'Indignation. Une fois encore, la parenté avec les thèmes constitutifs d'American Pastoral (désir rétrospectif, mais voué à l'échec, de reconstituer ; histoire et récit ; erreur et errements ; incertitude du sens et certitude du désastre) est évidente.
05:55 Publié dans Lect(o)ures, Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 27 septembre 2011
Philip Roth – Nemesis (2010)
Dans la perspective de mon cours sur American Pastoral, je m’envoie (ou m’infuse) un certain nombre de romans de Philip Roth, dont les plus récents – la série des quatre brefs récits rassemblés sous le titre général de Nemeses (nemesis au pluriel, en anglais : je n’ai aucune idée du pluriel de némêsis en français, ou plutôt si : je me doute que c’est un substantif emprunté au grec, et donc invariable) – sentent la fatigue. J’ai manqué de temps pour publier mes notes de lecture sur les romans des années 70 et 80 ; elles sont encore sur des fiches bristol, ou dans le ventre de l’ordinateur.
Avant-hier soir, j’ai fini de lire Nemesis, le 4ème et dernier roman de la série des Nemeses (!). Il s’agit d’un roman en trois parties, dont l’action se déroule, pour l’essentiel, en 1945, à Newark, dans le quartier de Weequahic. Le sujet en est l’épidémie de poliomyélite, et les nombreuses victimes qu’elle fit sur la côte Est des Etats-Unis, en particulier parmi les enfants. (Dans le documentaire diffusé la semaine dernière sur Arte, Mia Farrow explique que c’est après avoir discuté avec elle, qui a survécu difficilement à la polio, que Philip Roth a écrit Nemesis.) Le personnage principal est Bucky Cantor, jeune homme de vingt-trois ans qui n’a pu se faire enrôler dans l’armée en raison de ses problèmes de vue et qui, professeur d’éducation physique pendant l’année, s’occupe de diriger les activités sportives des enfants pendant l’été (« playground supervisor » : surveillant de centre aéré ? responsable des activités en plein air ?). Il est nommé ‘Mr. Cantor’ tout au long du roman, car, ainsi que le lecteur l’apprend p. 108, le narrateur est un enfant qui avait douze ans lors de l’épidémie, Arnie Mesnikoff, et qui raconte l’histoire en 1972, après avoir retrouvé la trace de Bucky Cantor et appris, de la bouche même du protagoniste, l’histoire dans tous ses détails.
Les points que je retiens sont les suivants :
* récit en 3 parties – la 3ème, beaucoup plus brève, se passe en 1972, et raconte les circonstances de la rencontre entre Bucky et Arnie, qui ont tous deux survécu, avec de fortes séquelles, à la polio en 1945. Elle s’intitule ‘Reunion’, ce qui est ironique, puisque ces retrouvailles servent surtout à mettre en avant pourquoi Bucky Cantor, convaincu d’avoir infecté involontairement plusieurs garçons de Newark ainsi que plusieurs garçons, s’est condamné à ne plus avoir aucune vie sociale, et surtout à ne pas épouser Marcia Steinberg, à laquelle il venait de se fiancer lorsqu’il est tombé malade. Toute la question de la culpabilité et de la maladie est étroitement mêlée à un débat d’ordre théologique, qu’éclaire principalement le point de vue, explicitement athée, d’Arnie, le narrateur (Nemesis. Jonathan Cape, 2010, pp. 264-5). On peut aussi se référer à la divergence de vues entre Bucky et sa fiancée lorsque l’épidémie de polio prend de l’ampleur : praying vs vision d’un Dieu qui abandonne les humains (forsaking). Le découplage entre un Dieu vétéro-testamentaire et un Dieu néo-testamentaire est, comme toujours chez Roth, systématiquement évité, objet de brouillage.
* le personnage de Bucky Cantor n’est pas sans rappeler celui de Seymour Levov, « the Swede », dans American Pastoral è très sportif, il est perçu comme un modèle et un idéal par les enfants et les adolescents (Arnie et Donald seraient, à cette aune, des versions bis du jeune Nathan Zuckerman dans AP). Surtout, l’analyse que fait Arnie du sentiment de culpabilité de Bucky Cantor permet de nets rapprochements. Our ne citer que deux passages de la fin du roman :
He has to find a necessity for what happens. There is an epidemic and he needs a reason for it. He has to ask why. Why? Why? That it is pointless, contingent, preposterous and tragic will not satisfy him. […] this is nothing more than stupid hubris. (p. 265)
Such a person is condemned. Nothing he does matches the ideal in him. (p. 273)
Lors d’une visite que lui rend Bucky Cantor au début de l’épidémie, son futur beau-père, le docteur Steinberg, insiste sur le fait que, même quand on fait ce qu’il faut (« you do the right thing »), on ne peut s’empêcher de constater l’absurdité de l’existence : « Where is the sense in life ? » (p. 47)
* le statut du narrateur et les conditions d’énonciation originelle du récit sont complexes (cf pp. 244-5). Font l’objet d’une forme de dissimulation subjective/objective. Arnie compare le récit rétrospectif de Bucky comme un voyage impossible qui tourne autour de l’irréversible : « an exile’s painful visit to the irreclaimable homeland » (p. 245). L’image de l’exil et de la demeure suggère autant le Juif errant que le Paradis perdu (rêve d’Eden). / AP
* statut de la Nature et de l’idéologie de la vie sauvage. La 2ème partie, « Indian Hill », se situe dans un centre aéré fondé par un certain Blomback sur les théories d’Ernest Seton, une forme de scoutisme dont le principe fondamental est le respect des coutumes indiennes. La voix narrative semble prendre ses distances avec (voire se moquer implicitement de) ce nativisme, fantasme de retour à une pureté originelle d’autant plus paradoxal que ce sont les anciens colons, ceux qui ont expulsé/exterminé les Amérindiens, qui miment les coutumes indiennes. Il y a, à cet égard, une scène essentielle, juste avant la mort de Donald Kaplow (adolescent très sportif dont Bucky aide à améliorer les techniques de plongée), la cérémonie du Grand Conseil Indien (peintures de guerre, feu de camp, discours en indien). Cette cérémonie s’achève, assez symptomatiquement, par le God Bless America (p. 218). Par ailleurs, Donald Kaplow se moque, à l’oreille de Bucky, de tout ce tralala et du fait que Blomback prenne tout cela au sérieux. Les moqueries de Donald sont qualifiées de kibitzing ° .
Il est difficile d’interpréter la mort brutale de Donald Kaplow après cette scène. Bucky est convaincu de l’avoir contaminé à son insu. Le lecteur ne peut s’empêcher d’envisager l’hypothèse d’une vengeance divine : en se moquant des rites indiens sur un site sacré (Indian Hill), Donald n’a-t-il pas été puni de son outrage (hubris) par la poliomyélite (nemesis) ? Toutefois, cette interprétation est trop simpliste : le Dieu de l’Ancien Testament et les esprits sacrés des Indiens ne sont-ils pas distincts ? Surtout, le récit tend à insister sur le caractère fantasmatique de tout lien de cause à effet. (Elément faussement proleptique, juste avant la catastrophe : le papillon, en qui Bucky voit « an omen of bounteous days to come », p. 179.) Le point de vue développé en filigrane par Arnie, le narrateur, et par le docteur Steinberg, ne doivent-ils pas inciter le lecteur à ne pas faire de lien, à ne voir, dans tout événement, que pure contingence ?
° D’après l’OED, le verbe kibitz est tiré du yiddish, à partir de l’allemand kiebitzen (regarder un jeu de cartes). Le 1er sens du verbe, à valence transitive, est lié aux jeux de carte. Voici un copié-collé du 2ème sens, pour lequel le verbe est intransitif :
To chat, banter, or joke, freq. with a person; to behave in a lighthearted or informal manner, to fool around.
1930 G. Kahn & W. Donaldson My Baby just cares for Me (song) 5 She don't like a voice like Lawrence Tibbett's, She'd rather have me around to kibitz.
1969 P. Roth Portnoy's Complaint 244 Fierce as the competition is, they cannot resist clowning and kibbitzing around.
2002 National Rev. 1 July 27/2, I served coffee, I told bad jokes, and good ones. I kibitzed. I schmoozed.
11:21 Publié dans Nathantipastoral (Z.), WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 septembre 2011
Les trois (ou quatre) D
(Billet écrit le 10 juillet 2011)
“Growing up, I’d never known of a single household among my friends or my schoolmates or our family’s friends where the parents were divorced or were drunks or, for that matter, owned a dog. I was raised to think all three repugnant. My mother could have stunned me more only if she’d told me she’d gone out and bought a Great Dane.” (Indignation, 2008. Vintage, 2009, p. 154-5)
Dans cet extrait, on ne peut qu’admirer le trait, typiquement rothien (voilà qui sonne bien mal – même « Rothian » en anglais ne me paraît pas souhaitable), qui consiste à scruter un moment particulièrement tragique et traumatisant à l’aune de ce qui pourrait sembler dérisoire : usages du sarcasme à fins d’ironie – ce qui renforce l’acuité du moment, dans son tragique même. Ici, les trois figures du Mal, liées par une allitération en anglais, sont, par un effet de chute, ou de gradation ascendante pseudo-sérieuse, le Divorce, l’Alcoolisme et les Chiens.
Le sème dogs se dédouble d’ailleurs, du point de vue de l’allitération, en Great Dane (dont je me demande (pas de dictionnaire ni d’Internet ici) si ce n’est pas, en anglais, le doberman : voilà qui aurait le mérite de sauver en partie l’allitération dans une traduction). Or, quoique ce bref roman n’appartienne pas au corpus des neuf ‘Zuckerman Novels’, on ne peut s’ [= je ne peux m’ ?] empêcher de songer que le choix de cette race de chien ne doit rien au hasard : à plusieurs reprises, le regard que porte sur ses parents le narrateur spectral d’Indignation, Marcus / Markie / Marc, rappelle, sur un versant négatif, l’idéalisation, dans American Pastoral et la perspective subjective de Zuckerman, de Seymour Levov, le jeune homme parfait de l’immédiate après-guerre, l’idole sportive dont le surnom n’est autre que ‘the Swede’. Est-ce pécher par excès d’herméneutique que de vouloir rapprocher le contexte complexe des deux romans, tant militaire (Seconde Guerre mondiale, guerre de Corée, guerre du Vietnam) que religieux, de la rivalité historique tout aussi complexe qui a longtemps opposé Danois et Suédois ?
N’y a-t-il pas, dans ce rejet du « grand danois », du doberman (du berger danois ???), un rejeu de la critique subtile de l’idéalisation de l’American way of life telle qu’elle est portée / incarnée par un protagoniste surnommé, dans American Pastoral, « le Suédois » ?
11:28 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 05 juillet 2011
La Pastorale, & le déni de réalité
Dans l'immédiat, je me contente de copier-coller ici (sorte de laboratoire tout à trac de mon futur cours, mais aussi du WiKi en gestation) deux longs extraits de la Contrevie (The Counterlife de Philip Roth, fini de lire il y a un mois). Il y a évidemment beaucoup à en dire. ce que l'on ne peut en dire est que ces pages donnent la clef du roman. Non, c'est plus compliqué. On ne saurait non plus affirmer qu'elles éclairent entièrement la question de la pastorale dans American Pastoral - mais elles l'éclairent passablement !
Excerpt from Maria’s letter to Nathan on leaving him (pp. 320-22)
You do want to be opposed again, don't you? You may have had your fill of fighting Jews and fighting fathers and fighting literary inquisitors—the harder you fight that sort of local opposition, the more your inner conflict grows. But fighting the goyim it's clear, there's no uncertainty or doubt—a good, righteous, guilt-free punch-up! To be resisted, to be caught, to find yourself in the midst of a battle puts a spring in your heel. You're just dying, after all my mildness, for a collision, a clash—anything as long as there's enough antagonism to get the story smoking and everything exploding in the wrathful philippics you adore. To be a Jew at Grossinger's is obviously a bit of a bore—but in England being Jewish turns out to be difficult and just what you consider fun. People tell you, There are restrictions, and you're in your element again, You revel in restrictions. But the fact is that as far as the English are concerned, being Jewish is something you very occasionally apologize for and that's it. It is hardly my perspective, it strikes me as coarse and insipid, but it still is nothing like the honor you have imagined. But a life without horrible difficulties (which by the way a number of Jews do manage to enjoy here—just ask Disraeli or Lord Weidenfeld) is inimical to the writer you are. You actually like to take things hard. You can't weave your stories otherwise.
Well, not me, I like it amiable, the amiable drift of it, the mists, the meadows, and not to reproach each other for things outside our control, and not every last thing invested with urgent meaning. I don't usually give in to strange temptation and now I remember why. When I told you about that scene at Holly Tree Cottage when my mother said, about my Jewish friend, “They smell so funny, don't they?” I saw exactly what you were thinking—not “How awful for someone to say such a thing!” but “Why does she write about those stupid meadows when she can sink her teeth into that? Now there's a subject!” Perfectly true, but not a subject for me. The last thing I would ever want are the consequences of writing about that. For one thing, if I did, I wouldn't really be telling the English anything they didn't know but simply exposing my mother and me to incalculable distress in order to come up with something "strong." Well, better to keep the peace by writing something weak. I don't entirely share your superstitions about art and its strength. I take my stand for something far less important than axing everything open—it's called tranquillity.
But tranquillity is disquieting to you, Nathan, in writing particularly—it's bad art to you, far too comfortable for the reader and certainly for yourself, The last thing you want is to make readers happy, with everything cozy and strifeless, and desire simply fulfilled. The pastoral is not your genre, and Zuckerman Domesticus now seems to you just that, too easy a solution, an idyll of the kind you hate, a fantasy of innocence in the perfect house in the perfect landscape on the banks of the perfect stretch of river. So long as you were winning me, getting me away from him, and we were struggling with the custody issue, so long as there was that wrestling for rights and possessions, you were en-grossed, but now it begins to look to me that you're afraid of peace, afraid of Maria and Nathan alone and quiet with their happy family in a settled life. To you, in that, there's a suggestion of Zuckerman unburdened, too on top of it, that's not earned—or worse, insufficiently interesting. To you to live as an innocent is to live as a laughable monster. Your chosen fate, as you see it, is to be innocent of innocence at all costs, certainly not to let me, with my pastoral origins, cunningly transform you into a pastoralized Jew. I think you are embarrassed to find that even you were tempted to have a dream of simplicity as foolish and naïve as anyone's. Scandalous. How can that be? Nothing, but nothing, is simple for Zuckerman. You constitutionally distrust anything that appears to you to be effortlessly gained. As if it were effortless to achieve what we had.
Yet when I’m gone don't think I didn't appreciate you. Shall I tell you what I'm going to miss, despite my shyness and well-known lack of sexual assertiveness? It's feeling your hips between my thighs. It's not very erotic by today's standards, and probably you don't even know what I'm talking about. “My hips between your thighs?” you ask, dumbly rubbing your whiskers. Yes, position A. You'd hardly ever done anything so ordinary in your life before I came along, but for me that was just lovely and I won't forget for a long time what it was like. I will also remember an afternoon down in your apartment before my enemy came home for dinner; there was an old song on the radio, you said it was a song you used to dance to in high school with your little girl-friend Linda Mandel, and so for the first and only time, there in your study, we danced the fox-trot like adolescent kids out of the forties, danced the fox-trot glued loin to loin. When I look back on all this fifteen years from now, you know what I’ll think? I’ll think, "Lucky old me." I’ll think what we all think fifteen years later: "Wasn't that nice." But at twenty-eight this is no life, especially if you are going to be Maupassant and milk the irony for all its worth. You want to play reality-shift? Get yourself another girl. I'm leaving. When I see you now in the lift or down in the foyer collecting your mail, I will pretend, though it may only be the two of us who are there, that we have never been anything other than neighbors, and if we meet in public, at a party or a restaurant, and I am with my husband and our friends, I will blush…
Excerpt from Nathan’s reply, on pastoralization (pp. 325-7)
Now what you say about pastoralization. Do you remember the Swedish film we watched on television, that microphotography of ejaculation, conception, and ail that? It was quite wonderful. First was the whole sexual act leading to conception, from the point of view of the innards of the woman. They had a camera or something up the vas deferens. I still don't know how they did it—does the guy have the camera on his prick? Anyway, you saw the sperm in huge color, coming down, getting ready, and going out into the beyond, and then finding its end up some-where else—quite beautiful. The pastoral landscape par excellence. According to one school, it's where the pastoral genre that you speak of begins, those irrepressible yearnings by people beyond simplicity to be taken off to the perfectly safe, charmingly simple and satisfying environment that is desire's homeland. How moving and pathetic these pastorals are that cannot admit contradiction or conflict! That that is the womb and this is the world is not as easy to grasp as one might imagine. As I discovered at Agor, not even Jews, who are to history what Eskimos are to snow, seem able, despite the arduous education to the contrary, to protect themselves against the pastoral myth of life before Cain and Abel, of life before the split began. Fleeing now, and back to day zero and the first untainted settlement—breaking history's mold and casting off the dirty, disfiguring reality of the piled-up years: this is what Judea means to, of all people, that belligerent, unillusioned little band of Jews . . . also what Basel meant to claustrophobic Henry lustlessly boxed-in back in Jersey . . . also—let's face it—something like what you and Gloucestershire once meant to me. Each has its own configuration, but whether set in the cratered moonscape of the Pentateuch, or the charming medieval byways of orderly old Schweiz, or the mists and the meadows of Constable's England, at the core is the idyllic scenario of redemption through the recovery of a sanitized, confusionless life. In dead seriousness, we all create imagined worlds, often green and breastlike, where we may finally be "ourselves." Yet another of our mythological pursuits. Think of all those Christians, hearty enough to know better, piping out their virginal vision of Momma and invoking that boring old Mother Goose manger. What's our unborn offspring meant to me, right up to tonight in fact, but something perfectly programmed to be my little redeemer? What you say is true: the pastoral is not my genre (no more than you would think of it as Mordecai Lippman's ) ; it isn't complicated enough to provide a real solution, and yet haven't I been fueled by the most innocent (and comical) vision of fatherhood with the imagined child as the therapeutic pastoral of the middle-aged man?
Well, that's over. The pastoral stops here and it stops with circumcision. That delicate surgery should be performed upon the penis of a brand-new boy seems to you the very cornerstone of human irrationality, and maybe it is. And that the custom should be unbreakable even by the author of my somewhat skeptical books proves to you just how much my skepticism is worth up against a tribal taboo. But why not look at it another way? I know that touting circumcision is entirely anti-Lamaze and the thinking these days that wants to debrutalize birth and culminates in delivering the child in water in order not even to startle him. Circumcision is startling, all right, particularly when performed by a garlicked old man upon the glory of a newborn body, but then maybe that's what the Jews had in mind and what makes the act seem quintessentially Jewish and the mark of their reality. Circumcision makes it clear as can be that you are here and not there, that you are out and not in—also that you're mine and not theirs. There is no way around it: you enter history through my history and me. Circumcision is everything that the pastoral is not and, to my mind, reinforces what the world is about, which isn't strifeless unity. Quite convincingly, circumcision gives the lie to the womb-dream of life in the beautiful state of innocent prehistory, the appealing idyll of living "naturally," unencumbered by man-made ritual. To be born is to lose all that. The heavy hand of human values falls upon you right at the start, marking your genitals as its own. Inasmuch as one invents one's meanings, along with impersonating one's selves, this is the meaning I propose for that rite. I'm not one of those Jews who want to hook themselves up to the patriarchs or even to the modem state; the relationship of my Jewish "I" to their Jewish "we" is nothing like so direct and unstrained.
08:52 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 juillet 2011
Anal > minéral > fascinal
“Well, if you are, as your work suggests, fascinated with the consequences of transgression, you’ve come to the right family. Our mother can be hellishly unpleasant when it comes to transgression. She can be hard like a mineral – an Anglo-Saxon mineral. I don’t think she really likes the idea of her languid, helpless Maria submitting to anal domination by a Jew. I imagine that she believes that like most virile sadists you fancy anal penetration.”
“Tell her I take a crack at it from time to time.”
Philip Roth. The Counterlife (1986). Penguin, 1988, p. 282.
21:41 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 21 juin 2011
The Prague Orgy
The Prague Orgy, troisième volet du cycle de romans dont le narrateur/ou/protagoniste est Nathan Zuckerman (N.Z. ci-après), a été présenté, lors de sa publication, en 1985, comme le dernier tome d’une trilogie, Zuckerman Bound. (Or, Exit Ghost, publié en 2007 et annoncé alors comme le dernier livre consacré à N.Z., est le neuvième titre de la nonalogie*. (Le titre, Exit Ghost, donne un effet de symétrie par rapport au premier volume, The Ghost Writer (que j’ai fini de lire hier), mais est aussi une citation tirée des didascalies (non shakespeariennes) de Hamlet.))
------- La nouvelle rubrique que je crée ce jour, premier d'un été peut-être pluvieux, me permet de combler un vide dans l'arborescence alphabétique. Il n'y avait pas de rubrique dont le titre commençât par la lettre N. Evrything goes into the blog. -------
C’est le texte le plus faible du corpus. Amusant que je commence cette rubrique sous le signe du texte le plus faible du corpus. Le plus bref (80 pages). A dû paraître bien peu de chose, pour une fin de trilogie.
The Prague Orgy n’a pas de dédicataire. (The Ghost Writer était dédié à Milan Kundera. La ville de l’impossible échappée, par un jeu complexe d’allusions à James, y est Florence. Les écrivains tchèques de The Prague Orgy suggèrent, de manière déformée, Kundera.)
- Eva, l’« actrice tchekovienne » : « in black like Prince Hamlet » (p. 3)
- Le père de Zdenek Sisovsky : « he was elliptical, humble, self-conscious, all in his own way. He could be passionate, he could be florid, he could be erudite – he could be anything. No, this is not the Yiddish of Sholem Aleichem. This is the Yiddish of Flaubert. » (p. 22)
- pp. 62-3 è l’envers de la pastorale et du rêve d’un Eden juif, vision d’une ville en ruines, image déformée de la cite hébraïque idéale
- « Why be drawn further along, the larger the obstacles ? That’s okay writing a book, that’s what it is to write a book. » (p. 68)
- Récit (story), métaphore de la mue et de la peau-prison (pp. 83-4) : « shedding my story », « snaking away from the narrative encasing me » è « one’s story isn’t a skin to be shed » (p. 84)
* Même l'OED, pourtant le plus complet qui soit, annonce :
No exact results found for nonalogy in the dictionary.
06:18 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)