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mardi, 08 septembre 2015

“spectre tombé sur une nappe”

3 août — 20 h 10

 

spectre tombé sur une nappe

éclats de bouteilles brisées

déchets de laitues et frisées

un chien aboie un chevreuil jappe

 

& vous courez sur mes brisées

tout ce qui s'enfuit nous échappe

à grimper la mort en varappe

morts livides et vies misées

 

petite pluie sur les manèges

bémols partout dans vos solfèges

ah on en voulait des croupières

 

me tailler mais j'ai mon œdipe

envoyez le pousse-rapière

& un poème prototype

 

dimanche, 06 septembre 2015

“rosiers taillés”

rosiers taillés au bleu de chauffe

nous couchés dans les prés fauchés

à ne mater regards touchés

pas même un vol de rhinolophe

 

à rimer gascon pour la strophe

normand allongé dans les choux

la lune nous est un réchaud

brûlera-t-elle ton étoffe

 

tu me dis tu es dans la lune

je te réponds et quand bien même

 

se jeter du haut du rocher

on ne le fait pas pour des prunes

la lune tu sais si je l'aime

c'est bien une faux pour gaucher

 

samedi, 05 septembre 2015

“la ville éternue”

la ville éternue

son plaisir de face

cambouis dans la glace

où la nuit remue

 

mémoire ténue

d'avenir qui passe

cambouis qui encrasse

votre robe nue

 

sous un blanc tergal

l'amour m'est égal

la crasse des villes

 

où ne s'insinue

pour des jours tranquilles

votre voix connue

 

mardi, 01 septembre 2015

“coing vert tombé”

coing vert tombé sur le goudron

avec juste une seule feuille

haché bigarré de marron

qu'un fil de gravillons endeuille

 

le ramasser de ce giron

milieu de rue où je le cueille

sans attendre qu'un escadron

de moucherons plus l'escureuille

 

fruit parfait rond tu ne dois pas

te rembrunir sous le compas

de mes doigts qui te ressaisissent

 

même échappé du cognassier

et jamais la couleur d'acier

ne t'imposera ses sévices

 

lundi, 31 août 2015

“belote pour”

belote pour des rififis

d'opérette ça va sans dire

& dont vos visages bouffis

ne retiennent ni joie ni ire

 

vous boufferez vos salsifis

dans l'euphonie d'une hétaïre

dardant des regards de défi

au pâle cavalier qui tire

 

sur le mors d'une bleue jument

à croire que le monde ment

si c'est le bazar dans ma prose

 

& le cauchemar des lentilles

pour des rififis des vétilles

s'apothéose dans mon prose

 

lundi, 24 août 2015

“perdu sous la tourbe”

27 août 2015

 

perdu sous la tourbe d'averses

regard fixé au néflier

faut pas que vous me gonfliez

avec hallebardes et herses

 

chiens & chats pour tous vos commerces

& le mufle inhospitalier

ne rompez pas si vous pliez

pluie leurs babines tu les gerces

 

la quarantaine du barbon

à devoir partir au charbon

comme dit prendre le collier

 

pour peu que le nord on le perde

le soleil pourra s'émollier

bientôt il pleuvra de la merde

 

vendredi, 14 août 2015

“farce la vie”

farce la vie quand on se caille

même au cœur du cœur du mois d'août

la pierre frémit sur le sout

est-ce pavane ou passacaille

 

vois-tu ton vieux chandail qui bâille

& l'aspirateur ce mammouth

je voudrais être un peu routmouth

pour le goupil et pour la paille

 

Gênes resplendit Audenarde

a lancé ses colifichets

& j'ai gobé tout l'hameçon

 

ne pleut-il qu'une hallebarde

notre langage a défriché

le réel de son écoinçon

 

lundi, 10 août 2015

“dans la mousse on joue”

dans la mousse on joue au croquet

rêverie landaise gasconne

avec le maillet qui déconne

& les jappements du roquet

 

un peu de blanc dans la bonbonne

cigales grillons & criquets

la nuit rebattre le briquet

autant au charbon qu'à Narbonne

 

& pour balpeau viser l'arceau

du sable ! d'où en remplir un seau

humer les bouses les lessives

 

face à mon coup si tu esquives

difficilement le fleuret

un lézard rira du muret

 

samedi, 08 août 2015

“de quel fléau”

de quel fléau sommes-nous dupes

dans cette immense droguerie

la flamme plus jamais nourrie

par les loriots et les huppes

 

 

en crachant les noyaux des drupes

nous engendrons l'anticyclone

l'éros quelque peu asynchrone

en arrachant la fleur des jupes

 

la poésie n'est pas guérie

des saletés qui l'ont fleurie

un millénaire tant et plus

 

c'est tout au fond d'un trou d'obus

qu'on entend ce qui nous motive

un crachat de locomotive

 

jeudi, 06 août 2015

“sur le canapé smaragdin”

vous allez faire vos valises

sur le canapé smaragdin

votre haleine de ragondin

encensez-la dans les églises

 

la volte des vertugadins

des bonbecs et des friandises

faut-il que l'on vous le redise

on ne trouve pas ça gueudin

 

alors le sorbet abricot

& l'ami Fra Angelico

ithyphallique mais pioupiesque

 

dans mon rêve écru asticot

vomit un tabernak de fresque

partez je vous envierais presque

 

mercredi, 05 août 2015

“au diable ce qui tarabuste”

au diable ce qui tarabuste

ce qui taraude & qui transit

ne sommes-nous pas en transit

la chair plus frêle qu'un arbuste

 

à peine si on dit prosit

en redressant fiérot le buste

on trouve le tintement juste

& la faucheuse échabouzit

 

ainsi ce qui nous tracassait

fait comme un vieux riff de reggae

c'est un fantôme qui passait

 

inutile d'arrouméguer

pour le bal ou pour la flibuste

oublie ce qui te tarabuste

 

mardi, 04 août 2015

“le tracteur se rend au comice”

le tracteur se rend au comice

inertia omnia pliat

est-ce un Vierzon ou un Fiat

le diesel coule en son calice

 

on vient d'Orthez de Sallespisse

en Mercedes ou en Dacia

omnia pliat inertia

la fête n'est qu'un précipice

 

à huit heures d'un air ronchon

en buvant le café au verre

dévorer les pieds de cochon

 

la pluie leur a donné congé

mais ils mangent d'un air sévère

les tripes le pain épongé

 

lundi, 03 août 2015

“vous allez bouffer vos rollmops”

vous allez bouffer vos rollmops

& vos raynal&roquelaure

toi le triste tyrannosaure

& toi l'infect tricératops

 

dans le théâtre d'Épidaure

je jouais Khephren ou Khéops

je grillais les feux et les stops

j'étais le lapin Isidore

 

vous allez becter vos endives

& ravaler votre salive

imbéciles uintathériums

 

on n'aurait pas l'humeur saumâtre

si mordillant nos critériums

vous n'aviez foncedé le théâtre

 

“dans les arènes de Panjas”

cette seconde n'a duré

dans les arènes de Panjas

que pour laisser l'autre bécasse

s'adosser à l'ancien muret

 

le teckel parti la queue basse

& toute une ménagerie

l'embarquement sa vacherie

bien pire encore qu'à Habas

 

tout ça l'été c'est le bonheur

ou quelque chose d'approchant

dont nous traverse le plain-chant

 

tandis qu'à la perche on remballe

l'ivrogne & son énorme balle

foin des lourdingues déconneurs

 

dimanche, 02 août 2015

“le très long cierge”

le très long cierge allumé

fait valser dans l'air du lundi

la citronnelle dont on dit

que son âpre embrun parfumé

 

éloignera bien ces maudi

-tes zézayantes dont le mé

-rite est d'avoir encor cramé

une nuit blanche (on s'enhardit

 

à risquer des vers difficiles)

le café rendrait plus débile

& le miel bouche les artères

 

mieux vaut s'encanailler sous terre

directement que l'on astique

son cadavre sans la moustique

 

samedi, 01 août 2015

“les aboiements du labrador”

les aboiements du labrador

& la pluie en pleine sourdine

c'est le mois d'août qui se radine

en novembre de chanvre et d'or

 

dans la mémoire on se calcine

pas besoin de jouer les cadors

pour qui confond peut-être encor

le laurier-rose et la glycine

 

y a-t-il vraiment une raison

à ce temps de flotte et de pisse

été après été dans la

nasse de quelque sot horla ?

peu de chance que quelqu'un bisse

un sonnet pour chaque saison

 

lundi, 27 juillet 2015

“le fourgon tricycle Piaggio”

le fourgon tricycle Piaggio

rouge rutilant que j'ai a-

cheté hier pour rien et à

un vieux barbu nommé Giorgio

 

(ou peut-être était-ce Andrea)

à son volant mes bons petiots

je vais trimbaler mes gaffiots

dans toute l'Europe, béat

 

— c'est le modèle minuscule,

hormis moi et le chat Hercule

(qui se nomme en fait Er-co-le)

 

on n'y met pas une souris —

mais foin de ces amphigouris :

mon Piaggio va décoller !

 

mercredi, 03 juin 2015

Pour fêter une éléphantelle. Sonnet augmenté à la manière de Samain.

Un mot, ce n’est point bagatelle :

Pour sacrifier sur cet autel

Dans quelque vineux coquetel,

Fi de la rime accidentelle !

 

Gavé donc de tagliatelle,

J’ouïs dire qu’en un châtel

Wallon naquit (quel fier cheptel)

Nang Faa, une éléphantelle !

 

Sur le champ j’alerte un cartel :

Larousse, aussi l’homme aux bretelles

(Alain Rey) via le minitel !

 

L’accord de porte-jarretelles ?

Laissez tomber, mon cher Untel !

Rien ne capte la clientèle

 

Comme ce mot d’éléphantelle !

mardi, 25 novembre 2014

Sonnet prosaïque, quoique d'inspiration shakespearienne

pralina, marmelade & lemon curd sur la

table au petit matin où on boit son café.

furtive tu remets la mèche où s’enroula

mon regard pour d’autres désarrois stupéfaits.

 

banal le quotidien s’enroule autour de ma

mémoire, et cette nappe aux tons rouge sur rouge

fait la toile de fond du café cinéma—

toi tous mes éclats tout l’amour ange ma gouge.

 

furtive se démet la mèche où se déroule

un film pour nos années sans violons sans effets.

sous l’ampoule je vois ton regard, sous l’ampoule

un sourire qui chaque matin me refait.

 

envers l’amour est cette vie plus somptueuse

en vers qu’on ne dédie à la mort montueuse.

.

dimanche, 19 octobre 2014

Ai-je failli...

25 septembre

 

Ai-je failli, ai-je enflammé

nuages vos neiges

Ai-je éteint

les cotonnades, les solfèges

Un regard feint

de se poser sur le manège

où, acclamé

le nuage se brûle neige

: N'est-ce donc ce que j'ai commis

mes ennemis

ou la fièvre d'être de braise

un doute en moi

(l'ongle plus granit que le doigt)

 

fabrique la voix aphérèse

.

lundi, 17 février 2014

Le Parfum

Je prends le temps de  m’étonner

De ce que je ne sais pas dire

Mon âme encore est sous l’empire

De vos vieux bristols cartonnés

 

La plume court le cœur chavire

Et les plats que vous mitonnez

Ont ce parfum amidonné

De poèmes qu’on ne peut lire

 

Une autre fois pour d’autres yeux

Se déhanchant sur des essieux

Malingres rouillés, leur tumulte

 

Infernal, vous tiendrez la ligne

Tandis qu’un orateur exulte

De la carlingue qui s’esbigne

 

mercredi, 05 février 2014

Podagre

 

Ce n’est pas rien, cet orifice

Où je colle mon œil mutin

De minuit au petit matin,

Attendant le feu d’artifice.

 

Me lançant quelque maléfice,

Une sorcière un peu catin

Me balança un picotin

D’avoine, et mon vain sacrifice

 

Fut, le jour et la nuit, de braire.

La vache qu’on essaie de traire

Et le feu qui dévore un champ

 

Furent la suite de l’année,

Et je médite, en me couchant,

Sur la paille et sur l’avoinée.

mercredi, 29 janvier 2014

Briar Rose

 

D’un trou béant dans la clairière

Où la plaie n’avait pas d’issue,

J’ai déchiré ce vain tissu

Pour m’en faire une chambrière.

 

Tout m’échappe, et devant derrière

Habillé d’espoirs trop déçus,

Par ce fouet que je ne reçus

Pas pour traverser la rivière,

 

Je me suis piqué au rouet

Et, endormi près de mon fouet,

Ai cauchemardé des miracles.

 

Ô toi dont l’âme est assagie

Par les années, et qui te racles

La gorge, apporte une bougie !

samedi, 25 janvier 2014

Météo

 

Des déluges

Prennent le pas

Sur les songes

Les tracas

Foultitude

Et embarras

Dans les Abruzzes

Sont à ça

 

De mettre le feu aux poudres

De flamber même la foudre

 

Un temps pour tout

C’est certain

 

Un temps pour rien

Que le dégoût

 

mercredi, 22 janvier 2014

Rondes

 

Il tourne, le derviche,

Et sur lui-même enfin

N’a plus début ni fin —

Il tourne, le derviche !

 

Tu frises, mon caniche,

Et ta crotte dégueu

Plus vive que tes yeux

Ne parfume ta niche.

 

Un infernal rouquin

A posé son bouquin

Sur le trottoir brûlant

 

Tandis qu’à tous égards

Aussi prestes que lents,

Nos derviches hagards

 

Dansent en reculant.

mercredi, 15 janvier 2014

Larmes

 

Rumine tes fredaines,

Ô fillette d’idiots !

Fredonne à la radio

Courir la prétentaine.

 

Il prétend, ce petiot,

Te pondre des poèmes –

Du brouet pour des crèmes

Selon d’autres ratios.

 

Ici ou ailleurs mêle

À d’autres embuscades

Son parfum de tilleul.

 

Toi, dans ton monde seul,

Une cloche se fêle

En larmes par saccades.