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mercredi, 08 janvier 2014

rimes mutines

terre

térébenthine

sainte

byzantine

pognon

dans la tontine

un gnon

de la tantine


la route

on piétine

l'œil se

ratatine

mirage à

la rétine


dimanche, 24 novembre 2013

Lever silences

Mardi dernier, lisant, à la Bibliothèque des Lettres de mon université, un roman rare, introuvable, jamais réédité, emprunté grâce au service du PEB et qu’il était impossible de sortir de l’enceinte de ladite Bibliothèque, je commençai à prendre des notes, mais très vite je fus frappé de lire, ici et là, de loin en loin, un alexandrin. Je notai le premier, qui se trouvait à la première page. Puis il me vint l’idée de noter tous ceux qui pourraient, au moins au jugé – car le résultat final d’une telle opération est difficile à anticiper –, constituer, in fine, un sonnet.

Je me retrouvai donc à lire, à la hâte, de manière particulièrement vigilante, la première moitié de ce roman, tout en fixant une part non négligeable de mon attention sur le sonnet en cours, que j’ai pu achever après moins d’une centaine de pages lues (donc, bien avant que je m’interrompe) et dont je donne ci-dessous la version typographique définitive, qui comporte aussi, en exergue, un envoi et un sonnet de nombres.

Le fragment initialement prévu pour le vers 3 n’offrant pas une rime parfaite, il a été rebuté, au profit d’un emprunt extérieur. Le titre du sonnet est une anagramme du titre du roman

 

 

Lever silences

À mon amie la Colonelle.

 

Sa mise originale me plaît tout à fait :

Un canotier uni, comme les saints leur nimbe.

La reine de la fête nageait dans un limbe ;

Ce corps luxuriant l’étonnait, le déroutait.

 

Par une bonne humeur qui les attendrissait

Ce n’étaient que carquois et que torches flambantes

L’œuvre était d’une écriture alerte, pimpante,

Depuis que sa réputation s’élargissait.

 

Les passants, des êtres légers, ouatés de songe

Et dont les doigts de carabin, fumés sous l’ongle,

Indiquaient que l’Invisible était nul pour elle.

 

Par-dessous la voûte noire des marronniers,

J’ai rarement vu d’auscultation plus belle :

La cape de drap jaune avec le canotier.

 

Blouson, usures — 13-1-X-18-51-12-38-72-43-52-64-78-56-59

vendredi, 19 juillet 2013

Voir les champs d'orge...

Guillaume Cingal

July 19, 2013 · Hagetmau ·

 

Voir les champs d'orge sous l'orage

Tourner en scolopendres gris

Et les cadavres équarris 

Nous mener au prochain virage,

 

En de précieux charivaris,

Folâtres sabbats dont la rage 

Bat son plein au profond cirage 

(La nuit aux nuages marris),

 

C'est voir le jour par crépuscules

Se dilater en forficules,

Au bord de ce chemin qu'éclaire 

 

La lune orangée du zénith,

L'orgue qu'on ne fera pas taire

Au goût d'ortie et d'aconit.

 

vendredi, 22 mars 2013

Avant un déjeuner au BarJu

J'ai réservé au BarJu

Une table pour deux personnes :

Dans leur décor tu détonnes,

Tout comme un sépia de Franju.

 

À l'école, les daronnes

Et les pères, sans rogntûdju

À Tours pareil qu'à Fouju,

Te croisent sans faire des tonnes.

 

Ainsi passe le vendredi

Au soleil, l'après-midi

Venteux d'une promenade

 

Accompagne chaque regard.

Le soir, thé, whisky, limonade

Te coulent qu'il est bien tard.

 

El Desaparecido

Qu'imaginer de cet exil

Triste féroce et anxiogène

Dans son tonneau mon Diogène

Nous lance qu'il s'en bat le cil

 

Le Cid descendu dans l'arène

Du boléro je perds le fil

Bataillant bien après l'an Mil

Pour le pognon pas pour Chimène

 

Des virgules dont je t'affuble

Veston camisole ou chasuble

Tu t'ébroues pour les arracher

 

Et nu de tout ton éphémère

Exil à ne pas s'en cacher

T'avances Chacun sa chimère

 

mardi, 19 mars 2013

Sonnet-fatrasie

 

composé en Prius sur le pont Mirabeau, 7 h 45 – 7 h 49

 

Tu dégaines ton pistolet

Pour parler de l’épistolaire

Ton fils veut des patat’ au lait

C’est de la purée au gruyère

 

Quand il a mal à la molaire

Toi, tu lui sers des œufs mollets

Tu trouves vraiment Christo laid

Ses œuvres ne t’emballent guère

 

S’il fallait vivre à Eu dans l’eau

Sur la Manche où les pédalos

Sillonnent l’écume du rêve,

 

Jésus combien tu t’ennuierais

Le roman jamais ne s’achève

Tué dans l’œuf il t’en cuirait

 

samedi, 16 mars 2013

Mousseuse

21 janvier 2012.

j'ai oublié de dégrafer

La bouteille de Tsin-tao

Pendant le match Clermont-Ulster

 

(On peut braver

les interdits —

vas-y mollo)

 

Ce n'est pas un film de gangster

Comme un poème insoumis

Aux lois de Murphy et Dexter

— Un roman de Raja Rao

 

BREF dans cette sombre affaire

On peut braver les interdits

Et même sans bière un ulcère

ici même vous est promis

 

(Ce poème est le premier d'une série déjà ancienne, retrouvée aujourd'hui à la buanderie ; j'avais commencé, l'hiver dernier, à écrire des poèmes au bic sur des feuilles de brouillon, généralement en attendant que s'achève l'essorage du lave-linge, ou en d'autres occasions. Il s'agit donc d'impromptus que j'avais baptisés Poèmes de la buanderie. Ici j'ai scrupuleusement respecté le texte manuscrit d'origine, me contentant d'ajouter un titre.)

samedi, 08 décembre 2012

Rompez !

Être à tout jamais tributaire

D'un monde utile, itinérant,

Et c'est, à ne rompre les rangs

Par quelque claque salutaire,

 

Le soleil même, chien errant,

Qui se camoufle, qui se terre

Et creuse ce qu'on ne peut taire,

Radieux vitrail d'Enguerrand.

 

Ce n'est pas que le cortex tienne

À lier l'église Saint-Etienne

Au monde fade et vagabond,

 

Mais son image perpétue

Par sauts et gambades, par bonds,

La brûlure de la statue.

 

samedi, 20 octobre 2012

Candide

      lis se

dit la couleur blanche ce bla

nc des fins de roman la trouée du poème

percé de part en part que cribla

la pluie effaçant tout

 

monde bohème

de lignes blanches pages blanches blancheur de craie

jeunes filles au teint de fleur

fraîcheur de l'œil sur la taie

 

au point que ce lis s'écrit sans y

la peur est partout la peur est par

mi la foule la terreur épar

se horreur bleue faces livides

le blanc cette teinte jamais cosy

ce sont des verres) couleur (que tu vides

lisse

vendredi, 19 octobre 2012

Sonnet en temps de pluie

  on de

                 tous les pronoms le plus honni

partout pourtant il pull

ule au point qu’en canic

ule tous crient « On crève ! »

 

même à poil on se croit en pull

jour de fête ou d’anni

versaire tous à la nic

he ! à la chaleur pas de trêve

 

Rien de plus beau en fran

çais que ce pronom safran

é commissures rousses

 

dont tous même à Goué-sous-Mansl

e goûte frissons et frousses

au point de calcinés se jeter dans l’

   onde

vendredi, 12 octobre 2012

Sonnet d’octobre

 

la c

 

hat

 

te allongée au sol

eil d’oc

tobre attend sobre

 

ment d’un œil verm

eil—doc

tement hier

 

o

 

glyphi-

que—que le c

iel d’Oc

 

citanie devienne un

 

lac

 

 

 

jeudi, 16 février 2012

Revirement


--- Sonnet inspiré * par l’album du trio Alban Darche

avec un quatuor à cordes hongrois.

 

 

Qu’on dise « En avant, marche ! »

Ou, plus subtilement,

Oyant un feulement,

On se calfeutre sous une arche

 

Afin, du laiton d’Alban Darche,

D’écouter moins paisiblement

Les effets dont l’esseulement

Déplaira à tout patriarche,

 

On s’emporte, une main se torde

À pincer sans férir la corde,

Au point de n’être pas un max

 

Désabusé, mais enthousiaste

De suivre les envols du sax

Métaphysique, inecclésiaste.

 

 

* Il est, entre autres traits pénibles caractéristiques, composé d’une seule phrase, la proposition principale tenant en deux mots trois syllabes.

Des sonnets romains de Belli

J’ai lu l’été dernier – et ne m’avise qu’aujourd’hui d’en dire quelques mots – un roman d’Anthony Burgess qui s’intitule ABBA ABBA. Il n’y est pas question de l’insupportable groupe scandinave aux mélodies dégoulinantes de nullité, mais de la forme conventionnelle de notation des rimes embrassées dans les quatrains du sonnet dit pétrarquiste. Il se trouve que je me rappelle très mal l’intrigue, les péripéties, etc. Autant dire que ce n’est pas un texte inoubliable. Roman qui brode sur l’improbable rencontre, à Rome, entre Keats et Giuseppte Gioacchino Belli, il vaut surtout pour la découverte du dénommé Belli, donc, auteur d’une œuvre monumentale, une somme de sonnets (2279 si l’on en croit le répertoire exhaustif) en dialecte romain. Savoureux et d’une grande violence, je n’ai pris le temps de les découvrir – par l’intermédiaire d’une édition bilingue qui en propose un florilège et s’intitule Rome, unique objet…– ou Les Sonnets clandestins – que récemment. Or, Burgess propose, dans la deuxième partie de son livre, la traduction anglaise de quelque 71 de ces sonnets aussi truculents que rabelaisiens sur des sujets religieux. L’été dernier, j’avais dû faire des recherches sur Internet, car, en lisant ABBA ABBA, on peut tout à fait s’imaginer que Burgess invente de toutes pièces ce Belli (qu'un des sites qui lui sont consacrés qualifie de "plus grand poète italien de tous les temps", ce qui est de tout de même bien exagéré).

Afin de donner un exemple, j’ai choisi de reproduire ci-après la traduction du sonnet 330 (329 d’après l’édition des Belles Lettres), « La Nunziata ». Il est assez évident que le traducteur français, Francis Darbousset, est beaucoup plus proche de l’original que Burgess, qui a choisi une métrique, une syntaxe et un lexique beaucoup plus « nobles », ou – en tout cas – moins abrupts. Dans ce poème, Burgess restitue très astucieusement, en revanche, le jeu de mots oiselet/sexe. Plus curieux, Burgess respecte le schéma CDECDE des tercets (fidèle en cela au titre même de son livre, qui met l'accent sur les contraintes spécifiques du sonnet italien), alors que Darbousset, lui, est beaucoup plus libre dans le choix des rimes, jusqu’à traduire le concetto final au moyen d’un distique de rimes plates, structure caractéristique du sonnet… shakespearien ! Pour être assez paradoxal d'un point de vue formel, ce choix, comme on le verra, est très efficace.

 

La Nunziata

 

Ner mentre che la Verginemmaria

se magnava un piattino de minestra,

l’Angiolo Grabbiello via via

vieniva com’un zasso de bbalestra.

 

Per un vetro sfasciato de finestra

j’entrò in casa er curiero der Messia;

e co ’na rama immano de gginestra

prima je rescitò ’na Vemmaria.

 

Poi disse a la Madonna: «Sora spósa,

sete gravida lei senza sapello

pe ppremission de ddio da pascua-rosa».

 

Lei allora arispose ar Grabbiello:

«Come pò esse mai sta simir cosa

s’io nun zo mmanco cosa sia l’uscello?».

 

 

L’Annonciation

 

Pendant que la Vierge Marie

s’envoyait une assiette de soupe,

l’Ange Gabriel accourait

comme carreau d’arbalète.

 

Par la vitre cassée d’une fenêtre

le courrier du Messie entra chez elle ;

et lis en main, à sa droite, d’abord

il lui récite un Ave Maria.

 

Ensuite, il dit à la Madone : « Vous êtes

ma chère dame, enceinte sans le savoir,

par permission de Dieu depuis la Pentecôte. »

 

Et elle alors à Gabriel de répondre :

« Mais comment diantre ça a pu se faire, dites,

si je sais même pas ce que c’est qu’une bite ? »

 

Annunciation

 

You know the day, the month, even the year.

While Mary ate her noonday plate of soup,

The Angel Gabriel, like a heaven-hurled hoop,

Was bowling towards her through the atmosphere.

She watched him crash the window without fear

And enter through the hole in one swift swoop.

A lily in his fist, his wings adroop,

“Ave,” he said, and after that, “Maria.

 

Rejoice, because the Lord’s eternal love

Has made you pregnant–not by orthodox

Methods, of course. The Pentecostal Dove

Came when you slept and nested in your box.”

“A hen?” she blushed, “for I know nothing of–”

The Angel nodded, knowing she meant cocks.


vendredi, 27 janvier 2012

D'un souffle, Éole hausse

Dans la rue, croisant ce colosse

De son noir clébard affublé,

Et me trouvant trop peu râblé

Pour aller, frôlant le molosse,

 

Jouer illico le bolosse,

Je passai mon chemin. « Du blé ! »

Me lance, d’un ton accablé,

Le plouc au teint de spéculosse.

 

Lors, sachez, ce fut féérie

De chevaucher son égérie

 – Car le pitbull à l’âme frêle

 

Lançant sa mâchoire d’ardent

S’entourloupa l’intestin grêle

– Et je m’éloignai, me tordant.

mercredi, 25 janvier 2012

Poème du bureau - Sonnet transgressif

Depuis que j’écris

Depuis que j’écris dans la buanderie

J’insiste sur des chiffres

j’égrène des nombres

 

C’est comme lorsqu’on prie

(à supposer j’en suis réduit)

Depuis que j’écris

 

Depuis lors

j’adule le veau d’or

Contre de vils carreaux courbé je me prosterne

 

Depuis que j’écris

dans la buanderie

C’est tout comme si je

jouais du luth du psaltérion de la guiterne

dimanche, 22 mai 2011

Sonnet composé après avoir revu des photographies du tombeau de Louis XI

Suèvres ? Cléry-Saint-André ?

 Votre mémoire se dispense

 À peu de choses sur le pré –

De ce duel privé de distance.

 

Entre la fin de nos printemps

Et le début de vos automnes,

Est-il, aride monotone,

Un autre amour qui vous attend ?

 

Non, à cette aune, je ne sais

Si, de Suèvres aux Ponts-de-Cé,

J’atteindrai ce qu’ai commencé :

 

Et, de la sorte, on s’exténue

À songer que, gris sous la nue,

Nos souvenirs nous ont tancé.

 

lundi, 30 janvier 2006

Tridentition de Neptune

Aboli bibelot, dynamite asonore,

Je dors la nuit en oubliant mon râtelier

Dans un verre glacé. Balayant l'atelier,

Tu mettrais l'univers entier, qui déshonore

 

Une étoile oubliée au fond de ton cellier.

Ici se pâmeraient de goulus frugivores

Et de galants amants nullement spordivores

(Divorcés de leur temps, si Serre-Chevalier

 

N'a, pour eux, point d'attraits, non plus que La Mongie).

Voici, dans le cellier, le feu d'une bougie

Qui, éclairant le ciel-de-lit, se désarçonne

 

À n'avoir, du coussin, vu les bûchers ardents,

Comme, en mon cauchemar, coiffée à la garçonne,

L'ange tend un filet où se prennent mes dents.

lundi, 23 janvier 2006

Littéral

22 janvier.

À l’aube.



Terni par les pensées,
Vaincu par l’amertume,
Vertèbres bleues coincées
Contre un infect bitume,

Le mot mort déshabille
Un instant son carnage,
Et tel Rouletabille
Sur les flots d’os surnage.

Elle a pourri, la fleur ;
Ses pétales sont gris.
Délacée la couleur,
Les miroirs sont aigris.

Contemple sans remords
Les lettres du mot mort.

 


 

dimanche, 22 janvier 2006

Sonnet fatrasie

Composer des sonnets est assez ridicule ;

Mais enfin, je le suis en bonne compagnie.

Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie

Est, dans mon souvenir, plus que vos édicules.

 

Placé petitement au haut d'un monticule

Et laissant lentement me gagner l'agonie,

Je compose ces vers, non sans quelque ironie,

Conscient d'accomplir ce qu'ici j'articule.

 

Est-ce un brouillard furtif qu'en ces mots j'entrevois ?

La trace d'un feu mort m'avait laissé sans voix,

À pêcher dans les eaux troubles de la Ténèbre

 

Et comme je connais le pas feutré des morts

(Ici, vous attendiez, pour la rime, funèbre),

Je laisse les tercets vibrer sur leurs ressorts.

 

mercredi, 18 janvier 2006

À son Livre

Je ne mange pas de hot-dog
En écrivant ce carnétoile –
À peine si je bois un grog
En mettant l’écran à la voile.

C’est en humant, de Tours, le smog
Que germa au fond de la moelle
Cette idée de Gog ou Magog :
« En paraphes je me dévoile. »

Si ce n’est un rien démagogue,
Je trouve la Sereine au poil
Et, si le smog est de gasoil,

Je jette mes bordées aux digues
Et ma pêche pour le rorqual :
Touraine, baleine aux églogues !