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lundi, 08 juin 2020

Mother

Une de mes seules satisfactions de ces dernières semaines, c'est d'avoir tenu un journal assez exhaustif des films que nous avons regardés, et justement ces derniers temps je me suis un peu laissé aller. Je note donc qu'hier soir nous avons regardé Mother de Bong Joon-ho, plus connu récemment pour Parasite.

Parasite, nous l'avions regardé fin mars, et je n'avais alors pas noté le nom du réalisateur : c'est un travers fréquent, y compris des cinéphiles — ne pas citer le nom des réalisateurs étrangers quand ils ne sont pas américains ou ultra-connus. Je me rappelle que cela avait été dûment souligné lorsque Apichatpong Weerasethakul avait eu la Palme d'Or.

 

mother.JPGMother m'a davantage plu que Parasite. Moins verbeux, moins hystérique, il s'agit d'un film mieux construit, mieux tenu en quelque sorte, et pourtant fort loin d'être minimaliste. Dès la scène initiale, de l'actrice interprétant la mère dansant au milieu d'un champ de blés, on comprend qu'il s'agit de représenter par cette danse les états contrastés du personnage au fil du film — un peu comme un prologue théâtral qui suggère et révèle. Le dosage entre drame et humour noir est subtil ; le scénario parvient à se structurer autour d'un personnage en situation de handicap sans sombrer dans le pathos ni dans la moquerie (encore que, si je cherchais, je trouverais sans doute des billets fustigeant le validisme du film) ; la satire sociale est efficace même quand on ne connaît à peu près rien à la culture coréenne ; enfin, la façon dont l'intrigue tourne autour du meurtre de la jeune prostituée est habile, un peu dans la lignée de Tarantino ou de Kitano. De nombreux plans sont sidérants de beauté et surtout d'efficacité narrative : ici, comme toujours dans les films que j'aime vraiment (et c'est un point d'achoppement, ou d'incompréhension, entre A* et moi), le formalisme n'est jamais gratuit.

On peut retenir, comme allégorie inversée — et quelque peu surnaturelle — du cinéma, le point d'acupuncture que la mère est seule à connaître et qu'elle s'applique dans la scène finale du voyage en car : cinq pouces au-dessus du genou, la piqûre efface les mauvais souvenirs.

 

* * * * * *

 

Ironie, nous avons vu ce film le jour de la fête des mères, fête dont tout a été dit et dont tout est dit chaque année : pétainiste, commerciale etc. Et pourtant rares celles et ceux qui n'en profitent pas pour faire un salut appuyé à leur mère, ou pour se la remémorer.

J'ai appelé la mienne, et nous avons parlé de ma grand-mère.

 

dimanche, 24 mai 2020

Nec varietur

Peut-être puis-je faire le point sur les films que nous avons vus ces derniers jours.

 

Notre amie E*, à qui j'avais raconté il y a plusieurs semaines déjà qu'un des seuls vagues côtés positifs du confinement était que nous regardions tous les soirs un film, m'a écrit avant-hier par SMS "j'en reviens pas que tu sois devenu cinéphile" en ajoutant "C* doit être enchantée". Je ne me considère pas comme cinéphile, mais je trouve cette remarque très vexante. En effet, je le suis largement autant que C* ; le malentendu vient du fait que nous avons dû raconter à E*, comme à d'autres ami-es, que je regimbais souvent à regarder des films encensés par Télérama et qui s'avèrent généralement d'une médiocrité ou d'un académisme confondants. Mais justement, c'est qu'en un sens je suis trop cinéphile, peut-être, à moins de considérer que le cinéma ne m'intéresse pas assez pour que je me tape tout et n'importe quoi. En tout cas, si nous n'avons pas encore regardé de Monteiro, de Sergio Leone ou de Kurosawa, ce n'est pas parce que c'est moi qui renâcle... et pas plus tard que cette après-midi, j'ai regardé Bienvenue à Madagascar tout seul, car personne d'autre, dans la famille, ne voulait le voir... enfin bref...

Capture.JPG

Ces derniers jours, nous avons regardé en famille, donc :

      * Johnny English, parodie vraiment très drôle de James Bond, avec un Rowan Atkinson au meilleur de sa forme et presque aux antipodes de ses pitreries beaniennes (donc à son meilleur)

 

      * Un héros très discret, de Jacques Audiard, que nous n'avions pas vu lors de sa sortie et que je trouve, moi, plutôt réussi, même si le point de transition qui débouche sur la décision d'Albert de révéler la vérité est un peu opaque. Kassowitz joue très bien, et toute la première partie du film, avant sa fuite pour Paris, est peut-être ce qu'il y a de mieux. Le fait d'alterner les scènes "jouées" et les pseudo-interviews paraît un peu banal aujourd'hui, mais tout aussi forte et assumée la décision de filmer, à intervalles réguliers, les musiciens. La dernière intervention de Trintignant jouant Dehousse vieux est peut-être un poil appuyée.

 

      * Vincent, François, Paul et les autres, de Claude Sautet (1974), qui a été diffusé dans la semaine pour saluer la mémoire de Piccoli, mais qui aurait pu aussi être diffusé pour saluer celle de Jean-Loup Dabadie, mort hier. Très bon film, magistralement et subtilement interprété (à part quand Montand cabotine en faisant le mec guilleret ou confiant), mais qui a aussi presque une valeur documentaire, sur la façon dont on téléphonait au milieu des années 70, sur la cigarette omniprésente, et, surtout, sur une vision primordialement masculiniste, sans aucune distance. Ce film est, en un sens, le grand film à voir pour comprendre le rejet, comme allant de soi, des femmes à la périphérie du sens ; les spécialistes trouveraient du grain à moudre en y appliquant le test de Bechdel, ou plutôt, en y façonnant une sorte d'anti-test de Bechdel, voire en reprenant le concept, plus récent je crois, de male tears.

 

jeudi, 14 mai 2020

Dead Zone(s)

Hier soir, nous avons vu Dead Zone, revu pour ma part, pour la troisième fois.

Curieusement, toute la partie centrale, autour du tueur en série protégé par sa mère, m'était sortie de l'esprit. De même, à l'époque, n'ayant évidemment pas vu The West Wing (j'ai dû voir Dead Zone vers 1991 et 1998 respectivement), je n'avais pas pu trouver savoureuse, a posteriori, l'interprétation du futur président fanatique par Martin Sheen.

De même, je ne me rappelais pas que, dans la scène finale, John Smith s'installe dès la nuit précédente sur la galerie supérieure de la salle communale (église ?) afin de préparer son assassinat.

 

Aujourd'hui, diverses bricoles : visio Jitsi avec mon étudiant de M2, peaufinage du cours d'agrégation de demain, copies de L1 et L3, mise en place de la session de rattrapage...

 

mardi, 12 mai 2020

Queues

Hier, vers huit heures du soir, pendant le dîner, nous avons pu voir passer, dans la haie de troènes, et qui folâtraient dans la sapinette et les merisiers, une petite troupe de Mésanges à longue queue. Ce n'est pas très souvent qu'on en voit, et c'est toujours très émouvant. Il doit s'agir d'oiseaux qui n'ont pas trouvé à former de couples, ou qui cherchent à s'installer... à moins que ce ne soient déjà des jeunes issus d'une première nichée, et donc qui erreront ainsi, librement, jusqu'à l'année prochaine ?

En tout cas, elles n'ont fait que passer.

 

veinards.JPGJuste après, nous avons subi le nanard comique des années 60 imposé par A* : Les Veinards, un film à sketches de type très vaudevillesque, dont seul le premier était à peu près consistant, et surtout bien joué (par François Périer et Mireille Darc — Guy Tréjean toujours aussi creux). Ce film, outre son côté daté et lourdaud, sans rythme, brille par un sexisme comme évident, très frappant avec cinquante ans de recul...

veinards.JPGMême le sketch avec De Funès traîne en longueur, sans que De Funès lui-même n'ait la moindre illumination... Le deuxième sketch, avec Francis Blanche dans le rôle d'un type qui a gagné un déjeuner dans un restaurant prestigieux mais qui se fait couillonner de A à Z, est sans doute le plus inconsistant et le plus mal écrit (et pourtant, il y avait de la concurrence...) Dans le troisième sketch, un machin sans queue ni tête dont l'interprète principal est Darry Cowl (déjà, rien que ça...), A* s'est piqué un fou rire devant la nullité d'une des répliques. Un industriel enfermé hors de chez lui s'adresse à la concierge, vieille et censément peu ragoûtante, en lui disant “il faut appeler la police, il y a un satyre”. Et la concierge, visage réjoui : “Un satyre, où ça ?”

Vous voyez le niveau.

 

Hier le déconfinement a donné lieu à des cohues dans le métro (forcément, quand on incite les entreprises à mettre fin au télétravail et aux aménagements pour cause de cours à distance des enfants...), et, paraît-il, à des queues dans certains commerces. D'autres personnes que je connais ont rapporté avoir plutôt vu des villes encore semi-désertes. Surtout, il me semble que ces débats sont de faux débats : s'il y a déconfinement, on ne va pas commencer à faire les gros yeux à tel ou telle pour telle ou telle attitude. C'est l'arbre qui cache la forêt : ce qui compte, c'est la distribution de masques gratuits et le dépistage de masse — or, cela, le gouvernement y a lâchement renoncé. Ce qui compte, c'est un monde d'après plus écologique, moins consumériste, plus équitable : or, cela, des figues... Quelques voisins qui font des soirées chez eux ou des gens qui se posent sur les pelouses d'un parc à 80 cm l'un de l'autre au lieu d'un mètre, c'est l'arbre qui cache la forêt.

 

Pas réussi, n'ayant pas de colle appropriée, à réparer le procédé d'une des deux queues de billard ; O*, voulant sortir seul sur la terrasse dimanche le billard américain portatif, a heurté une des deux queues et cassé l'embout avec l'extrémité en feutrine bleue. J'ai mis un peu de scotch ; on verra ce que ça donne quand on y rejouera (la météo n'y est pas propice, pour le moment).

Mésange à longue queue  & branche de prunier

 

Aujourd'hui, j'avais l'intention d'aller en ville, pour la première fois depuis mes derniers cours aux Tanneurs le 13 mars, mais je vais attendre demain, d'une part car je n'ai pas de nouvelles des libraires à qui  j'ai passé certaines commandes en vue des anniversaires de C* et O*, d'autre part car symboliquement ce sera aussi le 13, donc deux mois précisément sans sortir de mon quartier de la Petite Arche (!).

(In cauda non venenum.)

 

samedi, 09 mai 2020

Odds and ends

Aujourd'hui, je n'ai pas fait grand chose, ou plus exactement : je n'ai guère bossé.

 

Comme, d'une part, il faisait beau, et comme, d'autre part, O* a été occupé à faire son travail d'arts plastiques le matin, à jouer à Fifa19 en début d'après-midi (il a été limogé de son poste d'entraîneur du PSG car avec les difficultés à jouer au niveau pro il y a 2-3 semaines quand il a passé ce niveau, il n'a pu terminer "que" 5e du championnat), puis à aider A* à faire la cuisine (quiche aux tomates cerise, velouté de fenouil et enfin chili pour demain), il n'y a eu ni partie de piquet, ni billard, ni ping-pong, et donc j'ai pu beaucoup lire, dehors, donc, malgré quelques agaçantes chignoles voisines autour des 3-4 heures de l'après-midi.

 

39de4-memmi2.jpgJ'ai fini de lire La statue de sel d'Albert Memmi, son premier roman (1953), que j'avais trouvé dans une boîte à livres je ne sais plus où, et qui s'est d'ailleurs débigoincé en cours de lecture : une fois la prochaine vidéo faite, il ira au recyclage, ce qui est dommage car c'est un très bon livre. En cherchant quelques bricoles hier au sujet de Memmi (dont j'ai lu il y a très longtemps, à Beauvais, Le scorpion) j'ai découvert qu'il était toujours vivant : il fêtera ses cent ans en décembre prochain. Roman en partie autobiographique, mais en partie seulement : on sait que les deux derniers chapitres correspondent en quelque sorte à une vie alternative d'Albert Memmi. Il s'agit d'un Bildungsroman qui suit les étapes d'un jeune Juif tunisois de l'enfance au début de l'âge adulte, après un “séjour” très rude dans un camp de prisonniers, sous le joug nazi. Memmi décrit très bien comment les Juifs d'Afrique du nord, considérés comme des citoyens de seconde zone avant et pendant la guerre, se sentent toujours aussi délaissés, tant par les FFL que par le nouveau gouvernement. Là où le roman se distingue notamment de la vie de Memmi, c'est qu'il s'agit d'un Künstlerroman déceptif : comment Alexandre Mordekhaï Benillouche n'est pas devenu écrivain. Le roman commence d'ailleurs d'une manière qui m'a rappelé le film de Perec Un homme qui dort, vu récemment.

 

pirandello.JPGJ'ai ensuite enchaîné sur un Pirandello acheté il y a un bon moment au Bibliovore (la fermeture des librairies ne m'a pas frustré car j'ai des dizaines de livres en souffrance, parfois depuis un bon bout de temps), Feu Mathias Pascal. Pirandello, ce sont surtout des souvenirs de théâtre lu, il y a longtemps : souvenir très vif d'avoir adoré Vêtir ceux qui sont nus ; je me revois encore rencogné dans un des deux vieux fauteuils de notre studio à Coppélia. Ce roman, le chef-d'œuvre de Pirandello selon la quatrième de couverture, commence très bien, les 150 premières pages, on va dire, mais je suis moins convaincu par les pages du milieu, l'intrigue dans la pension de famille romaine.

[On a side note, lire ce roman a été l'occasion de découvrir une scène des Évangiles qui m'avait échappé, la guérison de l'Hémorroïque.]

 

♣♣♣♣♣♣♣

 

chat 2.jpgSoir : Chat noir, chat blanc de Kusturica. Nous avions vu ce film, C* et moi, lors de sa sortie, en 1998, à Beauvais, avec une amie de l'époque, Béatrice, perdue de vue avant même que nous ne quittions la Picardie : elle s'était enfoncée dans la dépression, certainement, et avait glissé sans contrecoup possible dans les abonnées absentes. Il y a quelques mois, nous avons revu aussi avec les garçons Le Temps des gitans. La vie est un miracle, que je n'ai jamais vu, nous attend aussi. Chat noir, chat blanc est conforme à mon souvenir : brillant, drôle, emporté, véhément, avec bien entendu ces scènes anthologiques rythmées par des orchestres dans les postures les plus inimaginables. La grande scène du début chez Grga et la scène du convoi ferroviaire (avec le chef de gare pendu à une barrière levée) sont des hommages appuyés mais très réussis à Sergio Leone. Je n'avais pas de réel souvenir des entourloupes mafieuses qui rythment le film, ni du fait que les deux chats du titre sont aussi ceux qui, en folâtrant, ressuscitent les deux vieux. La résurrection et la joie macabre sont deux motifs essentiels du cinéma de Kusturica. La destruction progressive de la maison a un petit côté métafictionnel : regardez, on détruit le décor au fur et à mesure qu'on tourne le film. — Il faudrait revoir Underground aussi ; j'avais beaucoup aimé ce film et n'avais pas trop compris, à l'époque, pourquoi le film était accusé de défendre évidemment le nettoyage ethnique de Milosevic et sa bande...

 

rayon.jpgSinon, j'ai visualisé le rayon de 100 kilomètres autour de notre domicile, afin de voir quelles petites virées (avec pique-nique et masques) nous pouvions envisager : outre le Bioparc de Doué (mais quand les oryctéropes seront visibles, dixit le spécialiste), les châteaux vont commencer à rouvrir leurs portes, sans parler des villages des bords de Loire. Pour les grandes villes, nous avons été amusés de voir qu'Angers et Poitiers — très belles et captivantes — étaient tout juste dans le cercle, de même que Le Mans, alors qu'Orléans — cette cité grisâtre et médiocre — était hors de portée, à quelques kilomètres près.

 

mardi, 05 mai 2020

Ça travaille (au ciboulot)

Ce matin, le cours d'agrégation sur Gordimer s'est bien passé : c'était une étudiante/collègue qui se chargeait du commentaire de texte. Afin de permettre davantage d'interaction qu'avec Youtube, j'avais créé un “salon” avec Jitsi. J'ai donc pu voir — ce qui change tout — les collègues, dont le seul garçon, qui a eu l'air de s'emmerder tout du long des 2 h 30...

D'ailleurs, j'ai tenté de faire un live streaming de la visioconférence sur YouTube, mais il a dû y avoir un bug car seules les 90 premières minutes ont été enregistrées / archivées. Heureusement que j'avais fait un document avec mes suggestions de plan et d'analyses pour les absentes.

Pour préparer ce texte, je me suis replongé dans De Chirico, et surtout dans The Enigma of Arrival : une envie folle de relire ce livre. Si je me mets à vouloir relire, je ne suis pas sorti de l'auberge... Pendant ce confinement, toutefois, le “placard des livres en souffrance” se vide un peu, mais pas le “confiturier”.

 

Soirée : The Big Lebowski, vu au cinéma à sa sortie. Même impression qu'il y a 20 ans et quelque : film distrayant, bien joué, mais trop long, pas très bien ficelé, répétitif, trop “second degré”. En fait, ni C* ni moi ne nous rappelions l'intrigue, plutôt l'ambiance seulement. Mention spéciale pour le numéro hallucinant de John Turturro au bowling.

 

lundi, 04 mai 2020

Un beau bouic par Beuys

Levé tôt, avant même le réveil, à 6 h 30. Raté le café, c'est assez rare pour être souligné : il m'arrive d'avoir la main lourde, mais cette fois-ci j'ai fait, exceptionnellement, un café trop léger. C'est vraiment infect.

 

La journée est studieuse pour tous ici, dans la maisonnée : A* a deux examens à distance, dont un de maths tous les matins de la semaine à 7 h 30 ; O* en face de moi écoute des documents en espagnol pour une compréhension orale ; C* dans la chambre fait un cours en visioconférence ; de mon côté, j'ai déjà fini un de mes 5 paquets de copies, traité les mails professionnels, commencé à préparer le cours de demain matin (commentaire de texte sur un extrait de Gordimer). Suis en pleine lecture et correction aussi du chapitre que m'a envoyé mercredi dernier mon étudiant de M2.

 

beuys.JPGJ'ai aussi traduit vite fait mon poème quotidien pour les Germaniques de mai. Celui d'aujourd'hui est d'Eva Zeller, poète toujours vivante (97 ans !), à ne pas confondre avec Eva Christina Zeller dont on trouve, sur son site Web, gratuitement, toute une anthologie de poèmes traduits par un universitaire néo-zélandais. — J'ai un peu tergiversé dans mon choix de la poète à traduire et ai commencé à lire, avant de renoncer (la langue est trop complexe), une poète du dix-huitième siècle, Sidonia Hedwig Zäunemann.

 

Hier, je me suis “débarrassé” de la vidéo très longue dont j'avais commencé l'enregistrement le 6 avril. Une bonne chose de faite, en attendant mon improbable liste des 100 (73 ? 41 ?) livres majeurs du 21e siècle. — Hier soir, aussi, le nanard du dimanche soir : Les Bons Vivants, film à sketches de 1965 qui n'est (vaguement) sauvé que par le troisième “acte” et un de Funès en pleine bourre. Petit détail, l'excellent dictionnaire de l'argot Bob suggère plusieurs citations pour le mot bouic, synonyme de bordel que je n'avais jamais rencontré.

 

samedi, 02 mai 2020

*0205*

Impression que les tourterelles ont abandonné le nid : déjà, hier, on les y a moins vues. Peut-être est-ce à cause des fortes pluies, ou de leur nid foutraque et bâclé... C'est triste.

 

Hier O* et moi avons appris à jouer au piquet : la goutte d'eau, ça a été ma lecture de Son Excellence Eugène Rougon. Au vingt ou trentième roman qu'on lit et dans lequel des personnages jouent à ce jeu, la curiosité l'emporte. Et, de fait, pour un jeu de cartes à deux, c'est probablement ce qui se fait de mieux. — Il semblerait, à en croire le TLFi, que le substantif féminin piquette, au sens de déroute ou raclée, ne provienne pas du jeu de piquet, ce qui eût pourtant été piquant.

 

Hier encore : Macron ridicule ou scandaleux, on ne sait plus avec lui ; c'est comme avec Trump.

 

Hier toujours : Stavisky de Resnais. Bon film, qui a dû être “exploité” abondamment, en son temps (l'âge d'or de Ricardou et des structuralistes), par des profs voulant montrer le fonctionnement d'un récit mêlant prolepses et analepses. C'est très bien joué, et le contrepoint Trotski très judicieux. Pourrait-on faire une version contemporaine, voire un cycle de films, sur des modèles narratifs similaires, mais avec Boulin, Bérégovoy, Strauss-Kahn, Benalla...

 

Ce matin : troisième cours d'agrégation sur Gordimer via le streaming de YouTube. Cette fois-ci, je ferai cours dans la chambre. Comme je vais beaucoup parler du concept bakhtinien d'unfinalizability, il faut que je pense à insister auprès des candidates afin qu'elles s'entraînent à prononcer cet octosyllabe.

 

vendredi, 01 mai 2020

Pour ne pas en finir avec les nombres premiers

Hier soir, nous avons regardé un film canadien, Pauvre Georges ! de Claire Devers — pas mal, plutôt allusif malgré quelques lourdeurs de mise en scène — pas du genre à casser des briques. Je me disais ce matin, en y repensant, que c'est exactement le genre d'histoire qui peut donner tout et son contraire, d'un point de vue littéraire : par exemple, la même histoire, peu ou prou, racontée par Nuruddin Farah, d'un côté, et par cette baderne nullissime d'Eric-Emmanuel Schmitt de l'autre.

 

Consulté, pour l'avoir vue sur Facebook, la liste des 100 livres les plus importants du 21e siècle compulsée par le Guardian. Il s'agit d'un article de 2019 qui a resurgi, je ne sais pourquoi. Comme d'habitude avec ce genre de liste, je fais le décompte des livres traduits, donc histoire de voir ce qui, pour le monde anglophone, représente le monde : 84 livres sur 100 ont été écrits en anglais par des anglophones, pour l'immense majorité d'entre eux/elles britanniques ou nord-américain·es.

Toutefois, j'ai aussi essayé de repérer combien de livres j'avais lu. 14, comme suit, avec mes conseils au collègue avec qui j'ai échangé à ce sujet sur Facebook :

99/ Verre cassé de Mabanckou (aucun intérêt – AM n'a écrit qu'un seul bon livre, Lumières de Pointe-Noire)

95/ les Chroniques de Bob Dylan, intérêt trèèès relatif

75/ Tokarczuk, j'en ai lu plein mais pas celui-là je crois (pb du titre en anglais ?) – je conseille très hautement Les Pérégrins

69/ idem Javier Marias, pas sûr au vu du titre — bien aimé la trilogie Ton visage demain, qui même oxbridgisme et espionnage pendant la Guerre froide

47/ Persepolis, ok

46/ Human Chain, je ne connaissais pas l'existence de ce recueil de Heaney / à suivre

41/ Atonement, un McEwan très dispensable (moins mauvais qu'Amsterdam quand même) — à mon avis, il faut lire deux livres de McEwan: The Cement Garden et Black Dogs, point barre

33/ Fun Home, ok

29/ La mort du père et la suite de l'hexalogie de Knausgaard (j'en suis au tome 3), pas mal mais ça faiblit - le premier est vraiment très dérangeant et fort du coup

21/ Sapiens, m'a pas mal énervé, j'en ai parlé dans une vidéo

17/ The Road, ok

16/ Franzen, c'est comme Foster Wallace, pu finir aucun de ses livres, zzzzzzzzzzzzzzzz

12/ The Plot Against America, pas le meilleur Roth mais bien (je pensais qu'il était plus ancien que ça en revanche)

10/ Adichie, oui, il faut la lire [et plutôt Half of a Yellow Sun qu'Americanah, pour commencer, en effet]

 

Il faudrait que je compile ma propre liste des livres publiés entre 2001 et 2020 dont je considère que les gens que je connais gagneraient à les lire, ou à  les avoir lus. Il n'y en aura pas cent : un nombre premier, peut-être...?

 

vendredi, 24 avril 2020

I'M A Man / Of Constant Sorrow

Pour la première fois depuis quinze jours, j'ai fait une to-do list, car je n'ai pas le couteau sous la gorge. Si je voulais, je pourrais ne rien faire ; aucune tâche urgentissime. Cela étant posé, je viens quand même de me faire une to-do list, histoire de relancer deux ou trois petites choses en souffrance, et aussi de ne pas laisser déraper les x tâches qui continueront de pleuvoir d'ici début juin au bas mot.

Il y a notamment la question des traductions de Johanna Wolff : j'aurais voulu en faire une par jour en avril, mais il n'y en aura qu'une dizaine, au mieux. Je n'aurai guère de regrets car en la traduisant j'ai mieux décelé combien cette œuvre ne me retournait pas.

 

Hier soir, nous avons regardé O'Brother, que C* et moi avions vu au cinéma lors de sa sortie et qui reste à la fois très jouissif, surtout pour les variations sur les registres et les niveaux de la langue, mais aussi pour la manière dont le film revisite la musique populaire des années 30 et les deux sillons pas si parallèles que cela du blues et du folk. Le choix de faire chanter un chant d'esclaves par trois fossoyeurs noirs au moment où les 4 hommes s'apprêtent à être pendus haut et court par le diable est audacieux, et a dû être critiqué : est-ce une identification du diable aux suprémacistes blancs, ou cela signifie-til que les trois Noirs sont au service du diable ?

Ce qui continue de me paraître complètement surdéterminé, c'est la prétendue “adaptation” de l'Odyssée : les sirènes, le Cyclope, le prétendant (unique), la vallée devenue une immense lac... soit... mais tout cela relève plus de la ficelle, du point de départ permettant de structurer le film, que d'une véritable réécriture ou adaptation.

Soudain je me demande : est-ce que la fixette du personnage d'Everett (George Clooney) sur ses cheveux et sur la gomina est une extrapolation d'un truc dans l'Odyssée ?

 

samedi, 18 avril 2020

Le Labyrinthe du silence

Regardé ce soir un film allemand très académique et explicite Le Labyrinthe du silence [Im Labyrinth des Schweigens], tourné en 2014 par Giulio Ricciarelli. Tout, ou presque, dans ce film est attendu, sans surprise : les relations entre les personnages, les moments de crise entre les personnages ainsi que leur résolution, les obstacles au travail du procureur et la manière dont ils sont levés etc.

 

Un des moments les plus lourdingues est la scène où le protagoniste, le jeune procureur Radmann, apporte son veston déchiré à son ex, devenue couturière, afin qu'elle le répare. S'ensuit un dialogue lourdinguissime dans lequel l'état du veston désigne, selon une métonymie filée (c'est le cas de le dire), l'état des sentiments des anciens amoureux. Scène qui reprend quinze minutes plus tard, quand la couturière rapporte finalement le veston recousu à Radmann, alors qu'elle lui avait d'abord dit que l'accroc était irréparable. Autant dire que même la licorne dans la Ménagerie de verre, à côté, c'est du David Lynch.

Il y a aussi les scènes de rêve : afin que le spectateur identifie bien qu'il s'agit d'un rêve, Ricciarelli ne se contente pas de filmer Radmann en train de s'éveiller en sueur de son cauchemar (plan déjà d'une folle originalité) : il le filme aussi en train de dormir, et ce juste avant la scène du rêve. Le moins que l'on puisse dire est qu'il s'agit d'un cinéma explicite. (Il s'agit aussi d'un film qui ne répond convenablement à aucun des points du test de Bechdel, mais n'entrons pas là-dedans.)

 

labyrinthoflies-05.jpgEt pourtant, cet accroc à la veste est plus elliptique, plus suggestif qu'on ne le croit en s'agaçant de cette scène téléphonée.

Et pourtant, le film reste intéressant et émouvant, en raison de son sujet. Film parfait d'un point de vue historique et didactique, tout y est représenté de manière claire et simplifiée (voire simpliste, cf les critiques ci-dessus), mais c'est la représentation des tabous, le silence du titre, qui justifie ce cinéma explicite. Ce n'est pas seulement par académisme, mais par parti pris : face au labyrinthe du silence, le cinéaste décide  de tout miser sur le fil d'Ariane et la clarification systématique. Le silence du titre (en allemand, le verbe schweigen substantivé, donc le fait de se taire, le silence complice, le silence gêné — pas de traduction totalement adéquate pour ça), c'est celui qui entoure, jusqu'en 1958, date à laquelle commence l'action, la collaboration massive des citoyens ordinaires au nazisme et même à l'extermination des Juifs.

mengele.jpgCe dont il faut faire le procès, selon le procureur général, c'est le nazisme ordinaire, celui des petites gens : en s'obstinant à traquer Mengele, en pure perte, le jeune Radmann laisse filer un ancien tortionnaire “ordinaire” d'Auschwitz devenu boulanger. D'ailleurs, plus fin qu'on ne le croirait, le cinéaste choisit d'évoquer le contraste entre Eichmann arrêté et jugé, d'une part, et Mengele qui échappe à la justice en se réfugiant au Paraguay après avoir fait des allers-retours entre l'Argentine et l'Allemagne sans jamais être inquiété. Dans le film, on ne voit ni l'un ni l'autre : ce ne sont pas les chefs ou les figures reconnues de l'atrocité nazie qui sont représentées dans ce film, et pourtant il est beaucoup question d'eux également. Mengele n'est perceptible que dans la scène où Radmann croit venir l'arrêter à l'auberge (et on ne sait jamais s'il s'y trouvait) et dans le cauchemar du protagoniste.

215795.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLa question du crime ordinaire, et de l'effacement — sous cette chape de silence / Schweigen — des crimes dans une Allemagne reconstruite et soucieuse d'oublier, est peut-être, après tout, la raison pour laquelle les décors et les couleurs du film sont aussi sobres que clairs : volonté de représenter la jeunesse insouciante amatrice de jazz et de mode, certes, mais aussi refus d'inscrire le film dans l'esthétique crépusculaire des films sur la shoah. Le sujet du film n'est pas Auschwitz, mais la façon dont on voudrait que les traces et les conséquences de la guerre et du nazisme disparaissent sous des teintes pastel ou colorées. En ce sens, l'esthétique du film est certainement ironique et bien moins explicite ou démonstrative qu'au premier regard. Ainsi, les prairies qui entourent le camp d'Auschwitz sont vertes, et le camp lui-même (comme le dit Gnielka) ne dit pas grand chose de ce qui s'y est passé. Ce qui est fondamentalement significatif, c'est la récitation du kaddish au milieu de ce paysage de verdure ensoleillée, comme si Ricciarelli suggérait que la parole compte plus que l'image, ou que l'image n'est rien sans la parole.

 

1365117967-403512-2Yac.jpgPour clore ce billet sur ces fameux cauchemars, ce qui reste en suspens, aussi, c'est la figure du père.

Qu'il s'agisse du procureur général (juif persécuté dès 1933 mais dont on n'apprend jamais comment il a échappé à l'extermination) ou du journaliste, Gnielka, qui est à l'origine de l'engagement de Radmann mais dont Radmann comprend vers la fin du film qu'il s'est retrouvé embrigadé à 17 ans dans l'armée et qu'il a été témoin direct des atrocités commises à Auschwitz, le jeune homme trouve des pères de substitution à ce père qu'il vénère, dont il déclare au début qu'il lui sert de modèle et que lui n'avait jamais été nazi. Le troisième père symbolique de Radmann est Simon Kirsch, le rescapé d'Auschwitz qui ne se pardonnera jamais d'avoir laissé Mengele emporter ses filles jumelles car il avait cru qu'avec un docteur, un homme à l'apparence si affable, elles seraient protégées. Pour les jumelles, à la demande de Kirsch, Gnielka et Radmann vont à Auschwitz dire le kaddish.

Mais le vrai père demeure absent, dans l'œil spectral des cauchemars.

Par un détour narratif là encore sans surprise, Radmann finit par découvrir que son père était membre du parti nazi. Là où le film garde intacte l'énigme et se sauve en échappant, pour une fois, à la manie de tout expliquer, c'est que c'est au spectateur de comprendre que si, d'une part, Radmann avait ignoré jusque là le passé nazi de son père, et si, d'autre part, sa mère s'apprête à se remarier en disant que ce père disparu ne reviendra jamais, c'est que la mère en sait plus long, et c'est (probablement) que le père de Radmann s'est tellement compromis qu'il s'est soit suicidé quelque part, soit planqué lui aussi en Amérique du sud, d'où il ne reviendra jamais.

vendredi, 17 avril 2020

C'est dur pour tout le monde

Mort du chanteur Christophe, dont on apprend à l'occasion qu'il se prénommait Daniel (!). Label obscur dans la tête toute la matinée. Des esprits facétieux ont fait remarquer qu'ils ignoraient que Luis Sepulveda fût le vrai nom du chanteur. Des esprits avisés se sont surpris de voir qu'alors qu'on le savait malade du Covid19 depuis une quinzaine, là n'était pas le motif officiel de son décès. De là à relancer la machine à complotisme (ici, sur le nombre des victimes)...

 

Nous ne suivons plus de très près les bilans quotidiens, non qu'on s'habitue mais parce qu'ils sont moins médiatisés : en Italie, je sais que le bilan quotidien est encore de 500 morts par jour en moyenne, alors que le Sud, plus insalubre et moins bien équipé au niveau médical, est resté épargné. C'est vraiment étrange. En France, difficile de suivre, car les chiffres font l'objet de réactualisations permanentes. Dans l'EHPAD de Chambray-lès-Tours, il y a eu 7 morts sur 96 pensionnaires, et 8 autres personnes sont infectées : pour une région censément non touchée...

Aux Etats-Unis, Trump a encouragé, dans une série de tweets en capitales d'imprimerie, les milices d'extrême-droite à manifester et à défier les mesures de distanciation sociales prises dans leur État ; dans le Michigan, notamment. Il les a aussi encouragées à aller scander “Lock her up” sous les fenêtres d'une gouverneure. (Depuis Hillary Clinton, c'est toujours les femmes politiques qu'il veut voir en prison.) — Le Washington Post a écrit un éditorial très virulent. Tout ça ne sert à rien : ce type est dingue et intouchable.

 

Après déjeuner, A* (qui bosse comme un malade — ce soir jusqu'à 18 h, alors que de mon côté j'ai un peu bricolé sur le Web, guère plus) s'est mis à consulter sur son téléphone les scénarios de divers films de Philippe Clair, car j'avais évoqué, pour son titre, le film (jamais vu) Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir. Pour le synopsis seul, nous supputons que les plus hallucinants navets du cinéaste doivent être Rodriguez au pays des merguez (transposition du Cid au Maghreb) et Le Führer en folie.

Ce soir, nous avons regardé un énorme nanard, presque un non-film : C'est dur pour tout le monde, avec Bernard Blier (heureusement, et même lui ne s'en dépêtre pas trop).

 

mercredi, 08 avril 2020

Alambic, sortie confinée

Hier, on s'est intéressé au hautbois musette, au saxhorn duplex* et à l'orgue Cavaillé-Coll d'Azkoitia.

testes.JPGRetour du soleil et de la douceur.

Le sondage Twitter d'avant-hier a donné des résultats surprenants : balls est arrivé devant nuts, mais d'une courte tête (si j'ose dire). — L'émoticône poivrière a surtout été choisi pour qu'on se pose des questions, ou pour débusquer les personnes aux idées mal placées. Pas réellement d'allusion argotique non plus.

Impossible de me (re)mettre à des choses d'envergure. Je me claquerais**. Passé une bonne partie de l'après-midi avec S°, ma directrice de département, et à tout configurer dans des tableaux Excel. (Ai-je déjà dit ici que je déteste les tableurs ?) Le soir, quelques mails suite à l'envoi, par S°, du long courrier du Doyen et des propositions d'évaluation en distanciel seulement.

Depuis quelques jours, retour des moustiques, aussi.

Ce matin, levé tôt, aussi parce que ces histoires d'examens de première session me taraudent.***

Hier soir : Gervaise de René Clément. Plutôt beau film, mais son pas toujours synchro — l'occasion aussi de se rappeler, pour C* comme pour moi, qu'on ne se rappelle pas parfaitement bien L'Assommoir : j'ai quelques excuses, l'ayant étudié en classe de troisième — donc il y a 32 ans (quoi ??!?) — et ne l'ayant pas relu, ou alors seulement par extraits, depuis.

Il y a, dans le film, à en  croire l'interminable générique de début (on avait largement le temps de finir sa clope avant d'entrer dans la salle, à l'époque), des chansons écrites par Raymond Queneau, qui s'est amusé dans le pastiche.

 

 

* Ce n'est pas l'instrument qui a le mieux traversé les âges.

** Ich könnte mich zerreißen. (Phrase trouvée dans le dictionnaire en ligne PONS une heure après avoir écrit ce billet, en préparant ma traduction allemande du jour.)

*** Et j'en ai oublié de signaler que ce billet était le 4.646e du blog. À la louche cela fait donc, depuis le 6 juin 2005, une moyenne de 0,8579870729455217 billet publié par jour.

 

vendredi, 03 avril 2020

Un peu de cinéma

Hier soir, nous avons regardé Rafiki. Le film est un peu conventionnel, mais même ainsi il n'a pas manqué d'être considéré comme un brûlot au Kenya. La manière dont sont organisées les plongées et contre-plongées dynamiques m'a beaucoup plu. Je suis prêt à parier que des militantes lesbiennes auront été dérangées par le côté un peu binaire du film (le couple formé par une jeune fille très sexualisée et un “garçon manqué”), mais là encore il faut voir que les enjeux politiques liés aux discriminations homophobes dans plusieurs pays d'Afrique sont également loin d'être subtils. Les personnages du père et de Blacksta, mais aussi de la mère de Ziki, offrent une vraie complexité au film.

Beaucoup pensé à Binyavanga Wanaina en regardant ce film : auteur majeur qu'il ne faut pas “réduire à” son homosexualité, mais dont il serait bon que davantage d'Africain·es aussi lisent la très belle nouvelle ‘I Am A Homosexual, Mum’.

 

Avant-hier soir, dans un autre genre, Les acteurs de Bertrand Blier. Outre que le film entier semble avoir été écrit pour le point d'orgue que constitue le dialogue entre le cinéaste et son père mort qui lui parle au téléphone, la meilleure idée est de faire jouer Dussolier par Balasko. Comme pour Convoi exceptionnel, toutefois, on se surprend à trouver longuet un film d'une heure et demie et à se demander quand ça va s'achever alors qu'on en est à peine à la moitié.

____________________________

 

Ce sera le point le plus marquant de ce confinement, pour la vie familiale : jamais nous n'avions regardé autant de films en aussi peu de temps. Et la rubrique Tographe ne s'était pas autant nourrie que depuis trois semaines.

 

mardi, 31 mars 2020

Garde-nèfles boulange

Il y a onze ans, c'était aussi un mardi, et j'ignorais que j'allais finir la journée en garde à vue.

 

Aujourd'hui je vais aller à la boulangerie. Nous sommes plutôt bien organisés : entre le 20 mars et aujourd'hui nous sommes allés une fois à la boulangerie et une fois à l'Arrivage. C* a lancé un drive pour demain soir.

 

Il y a un an, j'écrivais ceci, qui pourrait me servir de matériau pour le gros coup de collier que je dois donner dans le cadre du projet Scarlatti :

Les merisiers magiques côté jardin sont en fleur. En une semaine, les bourgeons des néfliers, microscopiques, sont devenus des feuilles de cinq centimètres, d'un vert terriblement émouvant.

 

Hier soir, Thelma et Louise, que je n'avais vu qu'une fois. Encore plus émouvant et mieux filmé que dans mon souvenir.

lundi, 30 mars 2020

*3003*

Hier soir, nous avons regardé Parasite, très bon film en effet, même si je trouve que ça manque un peu de rythme vers le milieu du film (scène de beuverie puis scène de révélation de l'homme caché dans la cave-bunker). La scène du carnage est difficilement regardable, mais je trouve généralement tout ce qui est même vaguement gore difficile à regarder.

 

Confinement, jour 14 ou 17 selon la manière de compter. Darmanin appelle les Français·es à la solidarité et aux dons aux plus démunis. Des milliers de twittos lui ont fait la seule réponse acceptable : remets l'ISF, supprime le CICE, lutte vraiment contre les 80 milliards annuels d'évasion fiscale.

vendredi, 27 mars 2020

Des perruches souris aux mouettes de Franklin

Hier après-midi j'ai fait une petite sieste, et ça m'a complètement foutu en l'air : nuque raide, douleurs vagues jusqu'au coucher. Et là, réveillé très tôt avec la migraine, fini par prendre un doliprane. Sieste réparatrice, my foot.

 

J'ai lancé un nouveau projet vidéo, Miettes & bribes, a priori pour mes étudiant·es d'échange, mais le public-cible n'a pas encore réagi ; j'aimerais bien, pourtant, que ce soit ces étudiant·es-là qui me proposent le thème des futures vidéos. — Pour le projet Scarlatti, il faut que j'écrive 34 textes d'ici le 31 mars (5 jours donc), mais cela seulement si je veux rester dans le cadre du nouvel objectif : boucler le livre fin juin. (L'objectif de départ était d'écrire ce livre en 12 mois, donc de le boucler fin 2020.)

 

Film hier soir : Le Magnifique, que je voyais pour la quatrième fois (mais  on alterne les films qu'on n'a jamais vus avec des “classiques” pour O*). Pourtant, c'était A* qui se rappelait le gag de la femme de ménage qui passe l'aspirateur sur la plage. Il ne se rappelait pas du tout, par contre, toute l'intrigue autour de la doctorante et de l'éditeur : il a raison, c'est le point faible du film. Envie d'extraire, pour en faire un GIF, les 3 ou 4 secondes de la scène au Jardin des Plantes où Merlin (Belmondo) dit à Christine (Bisset) : “mais tout le monde s'en fout, de votre thèse !”. Gifle incluse, évidemment. Mais je n'ai pas 30 minutes à perdre pour ça, je pense.

François Merlin est un “écrivain en bâtiment” comme le disait naguère voire jadis Didier Goux de ses propres ouvrages. Je me demande si D.G. a fait la liste exhaustive de tous les livres qu'il a écrits sous le pseudonyme (collectif, crois-je me rappeler) de Michel Brice. Toutes les scènes où Merlin est assis face à sa machine à écrire étaient ce que j'avais préféré quand j'ai vu ce film pour la première fois (et ça s'est encore ressenti dans l'écriture de mon quadrilatère d'hier soir).

 

Commencé à lire hier le texte d'un ami d'A* qui raconte son séjour en Amérique du Sud avec force photos animalières magnifiques. Cela aussi s'est retrouvé dans le quadrilatère 241-244, écrit exceptionnellement avant le coucher.

 

À faire ce vendredi, outre le cours de L3 à distance, et deux appels téléphoniques pour le travail : la n° 59 de je range mon bureau. Déjà huit jours depuis la 58, et je voulais les enchaîner. Les semaines passent à une vitesse...

 

Bon, ce fut un billet très égocentrique. C'est un peu le principe du journal, mais enfin...

 

jeudi, 26 mars 2020

Des orfraies aux fraises

Suite à mon billet d'avant-hier, aucune réaction de la principale intéressée, et c'est bien normal (elle est accaparée, comme nous tou·tes, par la fameuse “continuité pédagogique”). Par contre, Didier Goux m'a signalé un beau passage de Chateaubriand, ce qui est l'occasion d'archiver ici cet extrait de l'avant-propos du traducteur de l'édition anglaise de 1902 des Mémoires d'Outre-Tombe, Alexander Texeira de Mattos.

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Je le fais sous forme de capture d'écran, car je me suis souvent rendu compte, après une dizaine d'années à bloguer, que les liens hypertexte avaient tendance à ne plus être valides. J'indique toutefois le lien vers la traduction anglaise du tome 1 (et vers l'original aussi sur le Projet Gutenberg). Cela devrait intéresser Claire Placial, qui a publié hier, elle aussi, des vidéos de cours. Ça fait drôlement plaisir, même si c'est dans le contexte tragique actuel. Je mets exprès le lien vers la 2e partie de son cours sur les métamorphoses chez Ovide et dans Harry Potter, car elle a été moins vue que la 1ère (mais cent fois plus que n'importe laquelle de mes élucubrations (tiens, ça va donner raison à VS qui pense que mon angoisse principale est le manque de reconnaissance, cf infra)).

 

J'évoque VS ? Ah, d'une menteuse l'autre. Hier après-midi, lors de la conférence de presse consécutive au conseil des ministres, la menteuse et manipulatrice Sibeth Ndiaye, vraiment une des pires de cette majorité de faquins, a calmement insulté les 800.000 professeur·es de France, en disant qu'en ce moment “ils ne travaillent pas”.

Here is for the record as well :

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Tout cela est démoralisant. Impression de bosser plus que jamais, pour se faire cracher à la figure. Difficile de garder le cap. Heureusement, les garçons ont l'air de très bien supporter le confinement. Hier soir, O* a dit qu'il avait beaucoup aimé Rome, ville ouverte, dont je ne me rappelais pas, pourtant, que ce fût aussi bavard par moments. Toute la scène dans les bureaux de la Gestapo est vraiment étrange, jusqu'aux femmes qui entrent et sortent comme dans un moulin de la salle de torture. Très beau film néanmoins. — Dans un tout autre genre je viens de recommander à un étudiant de L3 d'essayer de voir en entier l'excellente adaptation cinématographique de Twelfth Night avec Imogen Stubbs.

 

vehesse22mars.JPGÀ noter : Valérie Scigala, désormais, ne trouve pas d'autre moyen de m'insulter que de dire que je suis chauve... Cela montre à quel point de bassesse elle est descendue. Faut dire qu'elle qui ne cesse de dire depuis trois ans que les fonctionnaires ne comprennent rien au vrai monde du travail et que la politique gouvernementale est parfaite avoue ces jours-ci  tout benoîtement qu'il y a des jours entiers de télétravail où elle... ne travaille pas...

 

mercredi, 25 mars 2020

*2503*

Hier, ma grand-mère maternelle a fêté, seule bien entendu (et hélas), ses 93 ans.

 

Depuis hier, des échanges assez soutenus ont commencé entre collègues anglicistes de Tours, au sujet de l'évaluation du second semestre. Je ne suis pas en mesure de révéler des discussions confidentielles sur des propositions encore officieuses, mais en tout cas ce qui est certain, c'est qu'une fois encore (et plus que jamais, car la gravité sans précédent de la crise fait encore ressortir la futilité des préoccupations) les universitaires montrent, pour beaucoup, leur incapacité à aller au plus simple. Je ne sais si c'est une forme de crispation sur des choses qui paraissent essentielles à mes collègues, en mode byzantin, ou si, plus généralement, cette majorité d'enseignants-chercheurs en sciences humaines trouvent insultante la simplicité... En tout cas, même après 25 ans de métier, ça ne laisse pas de me fasciner, et de m'exaspérer.

Film du jour (hier) : Rencontres du troisième type. — Vu une seule fois, il y a trente ans, and counting... J'avais, comme souvent dans de pareils cas, un souvenir très vif de plusieurs passages, mais totalement oublié d'autres moments pourtant primordiaux. Souvenir d'un film qui traîne en longueur, et je n'ai pas varié sur ce point. Je m'en souvenais si bien que je me rappelle très distinctement qu'il y avait, outre celle qui dessine Devils Tower et celui qui la sculpte, un personnage qui avait décrit le site dans les moindres détails. Chacun sa forme artistique, en quelque sorte. Or, dans la version regardée hier, pas trace de ça. Ai-je pu imaginer cela de toutes pièces ? c'est étrange. Il doit y avoir plusieurs versions du film, et celle que nous avons regardée doit être une version courte (omg!).

 

Hier sont morts Manu Dibango, des suites du Covid19, et Uderzo, de vieillesse.

lundi, 23 mars 2020

*2303*

Aujourd'hui, levé à 6 h 38 : l'heure à laquelle sonne le réveil chaque lundi.

 

Il fait grand soleil, c'est déjà ça.

 

Allé faire des courses de frais (fruits et légumes, fromages, viande) à l'Arrivage : contraste saisissant entre la plupart des employé-es et caissiers d'une part (impression d'être dans une centrale nucléaire) et les bouchers sifflotant mains nues au-dessus de la viande. Dois-je préciser que je n'ai rien pris au rayon boucherie ?

 

Très peu de voitures, et les gens que j'ai vus à l'Arrivage prennent tou-tes beaucoup de précautions. Donc le problème n'est plus, à quelques abruti-es près, le confinement plus ou moins total, mais bel et bien l'impréparation structurelle : la France, contrairement à beaucoup d'autres pays, a refusé de faire des tests de dépistage à grande échelle ; la France n'a aucun stock stratégique de masques, ce qui met en grave danger l'ensemble du personnel soignant ; la France a sacrifié ses services publics, dont l'hôpital, au profit des investisseurs privés et des grands pontes du CAC40 ; avec leurs ordonnances, leurs décrets, leurs mensonges, leur arrogance, leurs LBD et leurs gaz lacrymo pour tout dialogue social, Macron et sa clique sont l'aboutissement de cette impéritie criminelle.

 

Echangé des mails hier avec notre ami A°, confiné à Caen, et discuté au téléphone avec C°, confiné à Vincennes. Tous les gens raisonnables espèrent que cette grave crise soit, plus qu'une prise de conscience qui a quand même commencé à avoir lieu, un déclencheur de véritables politiques entièrement centrées autour de la lutte contre le réchauffement climatique et les inégalités sociales. À voir la précipitation de ces salopards de macronistes à bousiller les acquis sociaux en profitant de la panade dont ils sont largement co-responsables, et à voir les chouineries de celles et ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir aller faire du shopping ou de voir menacée leur connexion H24 à Netflix, j'en doute.

 

Hier aussi : promené autour de la maison. Des tours de jardin par dizaines, avec variations, cent pas sur la marelle, etc.

 

Hier soir : Délits flagrants de Depardon. Troisième fois que je le vois, mais première pour O*. La première fois, je m'en rappelle comme si c'était hier, c'était avec mon ami Frédéric G. à Paris, au cinéma. [En fait, je dis que c'était comme si c'était hier, mais je crois que je confonds aussi avec la fois où nous sommes allés au cinéma voir Amateur de Hal Hartley en emportant dans nos bagages le mathématicien et altiste Patrick L., devenu depuis compositeur.]

Plus marqué que jamais par le fait que, des trois substituts du procureur, c'est la femme, Michèle Bernard-Requin à ce que m'apprend le Web, qui est dix fois plus "pro" que les deux hommes, efficaces sans doute mais toujours un peu approximatifs, sardoniques à l'endroit du prévenu... Je vois qu'elle est l'autrice de deux livres, mais aussi qu'elle est morte tout récemment, emportée par un cancer.

 

samedi, 21 mars 2020

*2103*

Ce qui est ennuyeux, avec cette manie de me réveiller très tôt et de commencer par tenir ce carnet, c'est que j'y raconte la journée de la veille. Hier, passé la journée à bosser : corrections de devoirs, préparation du fichier pour les L3, mixage des vidéos 24 et 25 des 29 CONTEMPORAINES, écriture d'un quadrilatère, mise en ligne des diaporamas de L1... et courses massives, à l'heure creuse, dans le Leader Price désert.

 

blagueblock.pngIl est question d'un prolongement (sans surprise) du confinement, et de son durcissement. Pendant ce temps personne ne semble vraiment s'offusquer du fait que ce gouvernement, Ndiaye, Pénicaud & co, avec Macron au-dessus et les faux parlementaires LREM à côté, profite de cette très grave crise sans précédent pour faire les deux seules choses qu'il sait faire : d'une main, casser encore et toujours les droits des travailleuses et travailleurs ; et de l'autre donner l'“argent magique” aux banques et au privé. — Pourquoi avoir imposé hier la suspension des règles du travail sans limite de date ? Une telle mesure n'a d'autre effet que de montrer encore et toujours aux plus modestes et aux pauvres qu'elles/ils se feront toujours latter la gueule par ce gouvernement. Le discours de Macron du jeudi 12 mars au soir est bien loin, mais on savait que c'était une mascarade électoraliste.

 

Hier soir, Loulou de Pialat, que je n'avais jamais vu. Dit aux enfants que c'est un cinéma qui avait quand même été marquant parce que l'absence d'histoire linéaire, les mouvements de caméra sans stabilisation, le son “réel”, tout cela était un moment essentiel pour déconstruire les artifices du cinéma. (Je n'ai pas dit ça comme ça.) Il n'empêche que je reste peu convaincu, malgré Depardieu, et que je trouve que le film a bien mal vieilli. Quant au son réel, censé représenter la vraie vie, j'ai toujours envie de gueuler vers l'écran : mais dans la vraie vie, on peut faire répéter les gens quand on n'a pas compris ! ——Est-ce moi qui deviens sourd ? je ne comprends pas une réplique sur deux. La dernière fois que j'ai eu ce problème, c'était pour le Rodin, de Pialat aussi [EDIT du 22.03 : non, pas du tout : de Doillon, cf commentaires ci-dessous] : mais là, le problème est que le film est ennuyeux de bout en bout, malgré Lindon que j'aime bien pourtant.

J'entends siffler un merle : printemps.

C'est reposant, dans ce carnet, de ne pas traquer les virgules, échafauder des synonymies, toujours dégainer des coupes ou des dilutions.

 

Ici je note des éléments politiques afin de faire les comptes, le jour venu. (Mais ce jour viendra-t-il ?) Je veux aussi noter de toutes petites choses ridicules. Par exemple, j'avais la barbe depuis trois semaines : je l'ai rasée mardi après-midi, au jour 1 officiel du confinement ; l'objectif désormais, afin de montrer ma solidarité avec C* et les garçons qui ne pourront aller chez le coiffeur (quasi- chauve je me tonds moi-même la tronche depuis 4 ou 5 ans), est de me laisser pousser la barbe. Je crains de craquer avant la fin du confinement car déjà là en trois semaines je l'avais retaillée deux fois.

 

* Source de l'image : page Facebook “Blague Block”, 19 mars 2020.

mercredi, 18 mars 2020

Ça c'est fait, babe

Le PC de bureau n'a pas planté (encore).

Hier, premier jour de confinement. Une belle attente à la boulangerie, pour acheter un peu ce qu'il restait. À la Poste, le matin, avant le début du confinement, C*** n'a pas pu expédier son envoi recommandé avec avis de réception.

Le préfet Lallement, qui devrait être démis depuis des mois, a pavané sur sa capacité bien connue à faire respecter les arrêtés de confinement.

Les Parisiens qui le peuvent quittent la capitale.

Hier soir, Blow Out, pas vu depuis que j'avais l'âge d'A***, peu ou prou. Un peu déçu, mais cela reste un grand film sur le cinéma, belle métaphore, pas appuyée, avec des séquences génialement filmées.

C*** a suggéré avant qu'on se couche que chacun de nous quatre tienne son journal du confinement. De mon côté, ça c'est fait babe, pour citer le dernier Murat.

Agnès Buzyn a donné un entretien à je ne sais plus quel journal. Si elle y dit la vérité, les propos qu'elle y tient devraient lui valoir la prison, et valoir au gouvernement la démission et la honte éternelle.

Ce fut pour rester dans le monde.

Hier soir, j'ai débranché la multiprise où sont branchés les deux PC de bureau, les lampes etc. ; peut-être est-ce pour cela que, mieux dispos, mon PC de bureau ne plante pas (encore).

Hier j'ai même inventé un exercice en partie d'invention pour qu'O*** (qui a commencé à avoir du travail via Pronote et le CNED) révise ses verbes irréguliers ; il s'en est très bien sorti, alors que je craignais qu'il ait du mal à trouver des idées pour finir les phrases.

Ma grand-mère, qui aura 93 ans dans six jours, a écrit pour remercier d'une vidéo et d'un mail envoyés dimanche. J'espère qu'elle va tenir le coup. Elle a de la ressource comme on dit maintenant, mais ce n'est vraiment facile pour personne.

Annulé le dîner chez L° et A° samedi soir à Fondettes. Annulé le séjour, ici, de notre ami C°, qui devait venir dans dix jours. Déplacé, à la demande de la kiné elle-même qui voit se multiplier les annulations, le rendez-vous de jeudi.

Rangé mon bureau, mais aujourd'hui je veux trier un peu dans les clés USB. Si pas trop crevé, enregistrer une première vidéo de la série je range mon bureau. Il y a 18 livres sur la pile. Ce confinement, s'il dure au-delà des 15 jours annoncés par Macron lundi soir, devrait me permettre de relancer le Projet Pinget (honte à moi). Et boucler les 29 CONTEMPORAINES en réglant leur compte aux 8 qui restent (plus facile, ça).

Pour le travail, hier, enregistré et monté à la buanderie (où j'ai eu peur ensuite de m'être enrhumé) la première vidéo d'une nouvelle série destinée aux étudiant·es, Cours confinés.

Il y aurait aussi à reprendre tant de chantiers, les limericks par exemple, tiens, même si “Montboudif lui dit plus trop” ; ne pas se disperser, pourtant...

Scènes de ruées dans les commerces et images de rayons vides : ça continue. Tant et si bien que C* et moi nous interrogeons sur la meilleure stratégie : gros “drive” d'ici trois ou quatre jours une fois que l'orage sera passé, ou alors un tour à Naturéo demain et un autre à Leader price vendredi, avant de compléter avec un petit “drive” ? Dimanche, C*** avait calculé que nous avions 17 repas “devant nous”, sans compter certaines conserves familiales (confits etc.). Pas d'urgence, donc.

Ce billet, trop long, vais-je le prolonger dans la journée ? — On ne sait.

 

mardi, 25 février 2020

Lost Paths

Levé tôt, 6 h 30 encore, après une heure à tourner dans le lit avec la migraine (pas passée depuis hier soir malgré le Doliprane).

Hier, mal toute la journée. Pas rattrapé le retard dans les vidéos des 29 CONTEMPORAINES, ni dans le projet Scarlatti.

Passé au Livre. — En contexte littéraire il faut que je m'interdise totalement d'employer (je ne le fais guère, cela dit) le nom dispositif : composition, oui.

Je ne sais pas pourquoi la vérification orthographique de la plateforme de blog souligne dispositif.

 

Ce matin, je regarde la dernière vidéo d'Azélie Fayolle. Et comme elle parle de Lynch d'une façon (pour moi) novatrice, je me fais la réflexion que Lynch fait partie de ces artistes dont j'adore une partie de la production (Eraserhead, Elephant Man, Lost Highway) et dont j'ai trouvé le reste quasi irregardable.

 

dimanche, 09 février 2020

Pokot / Spoor / Tableau de chasse

Regardé ce soir ce film magnifique, qui a le seul défaut, peut-être, de proposer une résolution finale des meurtres, quand on (je, en tout cas) aurait pu préférer le maintien de l'incertitude fantastique. En tout cas, film splendide, qui donne à voir, et à réfléchir aussi, bien sûr, sur le spécisme, les "traditions", l'animalité, la vie sauvage.

Pokot est un film coécrit par Olga Tokarczuk, d'après un des livres d'elle que je n'ai pas lus (j'en ai lu trois, dont le pavé des Livres de Jakob, à l'automne*). On y retrouve sa fascination pour des modes de vie singuliers, et surtout pour des époques, je dirais même des temporalités, en rupture avec la nôtre.

La scène finale met en scène une forme de communauté utopique heureuse, tout en proposant une nouvelle énigme, plus profonde sans doute que l'élucidation de l'énigme policière.

 

 

* Je m'aperçois, en tenant ces carnets de façon quotidienne, que je m'offre à moi-même ces respirations indispensables, notations qui finissent par faire archive. Je le fais d'autant plus volontiers que plus personne ne me lit.

samedi, 27 octobre 2018

Marie-Octobre (Duvivier, 1959)

Regardé hier un des derniers films de Julien Duvivier, Marie-Octobre (1959), beau huis-clos en noir et blanc, avec une pléiade d'acteurs comme on dit. Plus que le scénario, c'est la mise en scène (cadrages, accentuation des tensions, mouvements de caméra) qui est très influencée par le Twelve Angry Men de Sidney Lumet (1957).

Tout, dans l'écriture du film, a quelque chose de littéraire, d'un peu archaïque, jusqu'au jeu terriblement empesé et emprunté de Danielle Darrieux. Les dialogues de Jeanson sont savoureux — finement ciselés pour user d'un autre cliché. Mais cela n'est rien, ne saurait faire un film. Heureusement que la mise en scène, justement, sauve la mise.

(L'année précédente, Claude Ollier publiait La Mise en scène, premier tome de sa Règle du jeu.)

J'ai lu quelque part, en pianotant sur le smartphone, que Duvivier avait enfermé les acteurs pendant les trois semaines du tournage, et même qu'il ne leur aurait révélé l'identité du coupable qu'avant de tourner les dernières scènes, afin que, dans leur jeu même, tel ou tel ne se sache pas incarner un innocent ou le coupable. Je ne retrouve pas cette information, mais il ne doit pas être courant que les comédiens ne connaissent pas la fin du film avant le tournage.

 

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vendredi, 05 octobre 2018

Nanardège

On vient donc de regarder un nanard rigolo, et une des actrices n'était autre que l'étudiante de L3 partie en cours d'année en 2006 pour échouer à Miss France puis reconvertie dans Secret Story puis reconvertie en blogueuse beauté et donc désormais occupée à dire (mal) ses répliques.