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vendredi, 24 avril 2020

I'M A Man / Of Constant Sorrow

Pour la première fois depuis quinze jours, j'ai fait une to-do list, car je n'ai pas le couteau sous la gorge. Si je voulais, je pourrais ne rien faire ; aucune tâche urgentissime. Cela étant posé, je viens quand même de me faire une to-do list, histoire de relancer deux ou trois petites choses en souffrance, et aussi de ne pas laisser déraper les x tâches qui continueront de pleuvoir d'ici début juin au bas mot.

Il y a notamment la question des traductions de Johanna Wolff : j'aurais voulu en faire une par jour en avril, mais il n'y en aura qu'une dizaine, au mieux. Je n'aurai guère de regrets car en la traduisant j'ai mieux décelé combien cette œuvre ne me retournait pas.

 

Hier soir, nous avons regardé O'Brother, que C* et moi avions vu au cinéma lors de sa sortie et qui reste à la fois très jouissif, surtout pour les variations sur les registres et les niveaux de la langue, mais aussi pour la manière dont le film revisite la musique populaire des années 30 et les deux sillons pas si parallèles que cela du blues et du folk. Le choix de faire chanter un chant d'esclaves par trois fossoyeurs noirs au moment où les 4 hommes s'apprêtent à être pendus haut et court par le diable est audacieux, et a dû être critiqué : est-ce une identification du diable aux suprémacistes blancs, ou cela signifie-til que les trois Noirs sont au service du diable ?

Ce qui continue de me paraître complètement surdéterminé, c'est la prétendue “adaptation” de l'Odyssée : les sirènes, le Cyclope, le prétendant (unique), la vallée devenue une immense lac... soit... mais tout cela relève plus de la ficelle, du point de départ permettant de structurer le film, que d'une véritable réécriture ou adaptation.

Soudain je me demande : est-ce que la fixette du personnage d'Everett (George Clooney) sur ses cheveux et sur la gomina est une extrapolation d'un truc dans l'Odyssée ?

 

samedi, 18 avril 2020

Le Labyrinthe du silence

Regardé ce soir un film allemand très académique et explicite Le Labyrinthe du silence [Im Labyrinth des Schweigens], tourné en 2014 par Giulio Ricciarelli. Tout, ou presque, dans ce film est attendu, sans surprise : les relations entre les personnages, les moments de crise entre les personnages ainsi que leur résolution, les obstacles au travail du procureur et la manière dont ils sont levés etc.

 

Un des moments les plus lourdingues est la scène où le protagoniste, le jeune procureur Radmann, apporte son veston déchiré à son ex, devenue couturière, afin qu'elle le répare. S'ensuit un dialogue lourdinguissime dans lequel l'état du veston désigne, selon une métonymie filée (c'est le cas de le dire), l'état des sentiments des anciens amoureux. Scène qui reprend quinze minutes plus tard, quand la couturière rapporte finalement le veston recousu à Radmann, alors qu'elle lui avait d'abord dit que l'accroc était irréparable. Autant dire que même la licorne dans la Ménagerie de verre, à côté, c'est du David Lynch.

Il y a aussi les scènes de rêve : afin que le spectateur identifie bien qu'il s'agit d'un rêve, Ricciarelli ne se contente pas de filmer Radmann en train de s'éveiller en sueur de son cauchemar (plan déjà d'une folle originalité) : il le filme aussi en train de dormir, et ce juste avant la scène du rêve. Le moins que l'on puisse dire est qu'il s'agit d'un cinéma explicite. (Il s'agit aussi d'un film qui ne répond convenablement à aucun des points du test de Bechdel, mais n'entrons pas là-dedans.)

 

labyrinthoflies-05.jpgEt pourtant, cet accroc à la veste est plus elliptique, plus suggestif qu'on ne le croit en s'agaçant de cette scène téléphonée.

Et pourtant, le film reste intéressant et émouvant, en raison de son sujet. Film parfait d'un point de vue historique et didactique, tout y est représenté de manière claire et simplifiée (voire simpliste, cf les critiques ci-dessus), mais c'est la représentation des tabous, le silence du titre, qui justifie ce cinéma explicite. Ce n'est pas seulement par académisme, mais par parti pris : face au labyrinthe du silence, le cinéaste décide  de tout miser sur le fil d'Ariane et la clarification systématique. Le silence du titre (en allemand, le verbe schweigen substantivé, donc le fait de se taire, le silence complice, le silence gêné — pas de traduction totalement adéquate pour ça), c'est celui qui entoure, jusqu'en 1958, date à laquelle commence l'action, la collaboration massive des citoyens ordinaires au nazisme et même à l'extermination des Juifs.

mengele.jpgCe dont il faut faire le procès, selon le procureur général, c'est le nazisme ordinaire, celui des petites gens : en s'obstinant à traquer Mengele, en pure perte, le jeune Radmann laisse filer un ancien tortionnaire “ordinaire” d'Auschwitz devenu boulanger. D'ailleurs, plus fin qu'on ne le croirait, le cinéaste choisit d'évoquer le contraste entre Eichmann arrêté et jugé, d'une part, et Mengele qui échappe à la justice en se réfugiant au Paraguay après avoir fait des allers-retours entre l'Argentine et l'Allemagne sans jamais être inquiété. Dans le film, on ne voit ni l'un ni l'autre : ce ne sont pas les chefs ou les figures reconnues de l'atrocité nazie qui sont représentées dans ce film, et pourtant il est beaucoup question d'eux également. Mengele n'est perceptible que dans la scène où Radmann croit venir l'arrêter à l'auberge (et on ne sait jamais s'il s'y trouvait) et dans le cauchemar du protagoniste.

215795.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLa question du crime ordinaire, et de l'effacement — sous cette chape de silence / Schweigen — des crimes dans une Allemagne reconstruite et soucieuse d'oublier, est peut-être, après tout, la raison pour laquelle les décors et les couleurs du film sont aussi sobres que clairs : volonté de représenter la jeunesse insouciante amatrice de jazz et de mode, certes, mais aussi refus d'inscrire le film dans l'esthétique crépusculaire des films sur la shoah. Le sujet du film n'est pas Auschwitz, mais la façon dont on voudrait que les traces et les conséquences de la guerre et du nazisme disparaissent sous des teintes pastel ou colorées. En ce sens, l'esthétique du film est certainement ironique et bien moins explicite ou démonstrative qu'au premier regard. Ainsi, les prairies qui entourent le camp d'Auschwitz sont vertes, et le camp lui-même (comme le dit Gnielka) ne dit pas grand chose de ce qui s'y est passé. Ce qui est fondamentalement significatif, c'est la récitation du kaddish au milieu de ce paysage de verdure ensoleillée, comme si Ricciarelli suggérait que la parole compte plus que l'image, ou que l'image n'est rien sans la parole.

 

1365117967-403512-2Yac.jpgPour clore ce billet sur ces fameux cauchemars, ce qui reste en suspens, aussi, c'est la figure du père.

Qu'il s'agisse du procureur général (juif persécuté dès 1933 mais dont on n'apprend jamais comment il a échappé à l'extermination) ou du journaliste, Gnielka, qui est à l'origine de l'engagement de Radmann mais dont Radmann comprend vers la fin du film qu'il s'est retrouvé embrigadé à 17 ans dans l'armée et qu'il a été témoin direct des atrocités commises à Auschwitz, le jeune homme trouve des pères de substitution à ce père qu'il vénère, dont il déclare au début qu'il lui sert de modèle et que lui n'avait jamais été nazi. Le troisième père symbolique de Radmann est Simon Kirsch, le rescapé d'Auschwitz qui ne se pardonnera jamais d'avoir laissé Mengele emporter ses filles jumelles car il avait cru qu'avec un docteur, un homme à l'apparence si affable, elles seraient protégées. Pour les jumelles, à la demande de Kirsch, Gnielka et Radmann vont à Auschwitz dire le kaddish.

Mais le vrai père demeure absent, dans l'œil spectral des cauchemars.

Par un détour narratif là encore sans surprise, Radmann finit par découvrir que son père était membre du parti nazi. Là où le film garde intacte l'énigme et se sauve en échappant, pour une fois, à la manie de tout expliquer, c'est que c'est au spectateur de comprendre que si, d'une part, Radmann avait ignoré jusque là le passé nazi de son père, et si, d'autre part, sa mère s'apprête à se remarier en disant que ce père disparu ne reviendra jamais, c'est que la mère en sait plus long, et c'est (probablement) que le père de Radmann s'est tellement compromis qu'il s'est soit suicidé quelque part, soit planqué lui aussi en Amérique du sud, d'où il ne reviendra jamais.

vendredi, 17 avril 2020

C'est dur pour tout le monde

Mort du chanteur Christophe, dont on apprend à l'occasion qu'il se prénommait Daniel (!). Label obscur dans la tête toute la matinée. Des esprits facétieux ont fait remarquer qu'ils ignoraient que Luis Sepulveda fût le vrai nom du chanteur. Des esprits avisés se sont surpris de voir qu'alors qu'on le savait malade du Covid19 depuis une quinzaine, là n'était pas le motif officiel de son décès. De là à relancer la machine à complotisme (ici, sur le nombre des victimes)...

 

Nous ne suivons plus de très près les bilans quotidiens, non qu'on s'habitue mais parce qu'ils sont moins médiatisés : en Italie, je sais que le bilan quotidien est encore de 500 morts par jour en moyenne, alors que le Sud, plus insalubre et moins bien équipé au niveau médical, est resté épargné. C'est vraiment étrange. En France, difficile de suivre, car les chiffres font l'objet de réactualisations permanentes. Dans l'EHPAD de Chambray-lès-Tours, il y a eu 7 morts sur 96 pensionnaires, et 8 autres personnes sont infectées : pour une région censément non touchée...

Aux Etats-Unis, Trump a encouragé, dans une série de tweets en capitales d'imprimerie, les milices d'extrême-droite à manifester et à défier les mesures de distanciation sociales prises dans leur État ; dans le Michigan, notamment. Il les a aussi encouragées à aller scander “Lock her up” sous les fenêtres d'une gouverneure. (Depuis Hillary Clinton, c'est toujours les femmes politiques qu'il veut voir en prison.) — Le Washington Post a écrit un éditorial très virulent. Tout ça ne sert à rien : ce type est dingue et intouchable.

 

Après déjeuner, A* (qui bosse comme un malade — ce soir jusqu'à 18 h, alors que de mon côté j'ai un peu bricolé sur le Web, guère plus) s'est mis à consulter sur son téléphone les scénarios de divers films de Philippe Clair, car j'avais évoqué, pour son titre, le film (jamais vu) Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir. Pour le synopsis seul, nous supputons que les plus hallucinants navets du cinéaste doivent être Rodriguez au pays des merguez (transposition du Cid au Maghreb) et Le Führer en folie.

Ce soir, nous avons regardé un énorme nanard, presque un non-film : C'est dur pour tout le monde, avec Bernard Blier (heureusement, et même lui ne s'en dépêtre pas trop).

 

mercredi, 08 avril 2020

Alambic, sortie confinée

Hier, on s'est intéressé au hautbois musette, au saxhorn duplex* et à l'orgue Cavaillé-Coll d'Azkoitia.

testes.JPGRetour du soleil et de la douceur.

Le sondage Twitter d'avant-hier a donné des résultats surprenants : balls est arrivé devant nuts, mais d'une courte tête (si j'ose dire). — L'émoticône poivrière a surtout été choisi pour qu'on se pose des questions, ou pour débusquer les personnes aux idées mal placées. Pas réellement d'allusion argotique non plus.

Impossible de me (re)mettre à des choses d'envergure. Je me claquerais**. Passé une bonne partie de l'après-midi avec S°, ma directrice de département, et à tout configurer dans des tableaux Excel. (Ai-je déjà dit ici que je déteste les tableurs ?) Le soir, quelques mails suite à l'envoi, par S°, du long courrier du Doyen et des propositions d'évaluation en distanciel seulement.

Depuis quelques jours, retour des moustiques, aussi.

Ce matin, levé tôt, aussi parce que ces histoires d'examens de première session me taraudent.***

Hier soir : Gervaise de René Clément. Plutôt beau film, mais son pas toujours synchro — l'occasion aussi de se rappeler, pour C* comme pour moi, qu'on ne se rappelle pas parfaitement bien L'Assommoir : j'ai quelques excuses, l'ayant étudié en classe de troisième — donc il y a 32 ans (quoi ??!?) — et ne l'ayant pas relu, ou alors seulement par extraits, depuis.

Il y a, dans le film, à en  croire l'interminable générique de début (on avait largement le temps de finir sa clope avant d'entrer dans la salle, à l'époque), des chansons écrites par Raymond Queneau, qui s'est amusé dans le pastiche.

 

 

* Ce n'est pas l'instrument qui a le mieux traversé les âges.

** Ich könnte mich zerreißen. (Phrase trouvée dans le dictionnaire en ligne PONS une heure après avoir écrit ce billet, en préparant ma traduction allemande du jour.)

*** Et j'en ai oublié de signaler que ce billet était le 4.646e du blog. À la louche cela fait donc, depuis le 6 juin 2005, une moyenne de 0,8579870729455217 billet publié par jour.

 

vendredi, 03 avril 2020

Un peu de cinéma

Hier soir, nous avons regardé Rafiki. Le film est un peu conventionnel, mais même ainsi il n'a pas manqué d'être considéré comme un brûlot au Kenya. La manière dont sont organisées les plongées et contre-plongées dynamiques m'a beaucoup plu. Je suis prêt à parier que des militantes lesbiennes auront été dérangées par le côté un peu binaire du film (le couple formé par une jeune fille très sexualisée et un “garçon manqué”), mais là encore il faut voir que les enjeux politiques liés aux discriminations homophobes dans plusieurs pays d'Afrique sont également loin d'être subtils. Les personnages du père et de Blacksta, mais aussi de la mère de Ziki, offrent une vraie complexité au film.

Beaucoup pensé à Binyavanga Wanaina en regardant ce film : auteur majeur qu'il ne faut pas “réduire à” son homosexualité, mais dont il serait bon que davantage d'Africain·es aussi lisent la très belle nouvelle ‘I Am A Homosexual, Mum’.

 

Avant-hier soir, dans un autre genre, Les acteurs de Bertrand Blier. Outre que le film entier semble avoir été écrit pour le point d'orgue que constitue le dialogue entre le cinéaste et son père mort qui lui parle au téléphone, la meilleure idée est de faire jouer Dussolier par Balasko. Comme pour Convoi exceptionnel, toutefois, on se surprend à trouver longuet un film d'une heure et demie et à se demander quand ça va s'achever alors qu'on en est à peine à la moitié.

____________________________

 

Ce sera le point le plus marquant de ce confinement, pour la vie familiale : jamais nous n'avions regardé autant de films en aussi peu de temps. Et la rubrique Tographe ne s'était pas autant nourrie que depuis trois semaines.

 

mardi, 31 mars 2020

Garde-nèfles boulange

Il y a onze ans, c'était aussi un mardi, et j'ignorais que j'allais finir la journée en garde à vue.

 

Aujourd'hui je vais aller à la boulangerie. Nous sommes plutôt bien organisés : entre le 20 mars et aujourd'hui nous sommes allés une fois à la boulangerie et une fois à l'Arrivage. C* a lancé un drive pour demain soir.

 

Il y a un an, j'écrivais ceci, qui pourrait me servir de matériau pour le gros coup de collier que je dois donner dans le cadre du projet Scarlatti :

Les merisiers magiques côté jardin sont en fleur. En une semaine, les bourgeons des néfliers, microscopiques, sont devenus des feuilles de cinq centimètres, d'un vert terriblement émouvant.

 

Hier soir, Thelma et Louise, que je n'avais vu qu'une fois. Encore plus émouvant et mieux filmé que dans mon souvenir.

lundi, 30 mars 2020

*3003*

Hier soir, nous avons regardé Parasite, très bon film en effet, même si je trouve que ça manque un peu de rythme vers le milieu du film (scène de beuverie puis scène de révélation de l'homme caché dans la cave-bunker). La scène du carnage est difficilement regardable, mais je trouve généralement tout ce qui est même vaguement gore difficile à regarder.

 

Confinement, jour 14 ou 17 selon la manière de compter. Darmanin appelle les Français·es à la solidarité et aux dons aux plus démunis. Des milliers de twittos lui ont fait la seule réponse acceptable : remets l'ISF, supprime le CICE, lutte vraiment contre les 80 milliards annuels d'évasion fiscale.

vendredi, 27 mars 2020

Des perruches souris aux mouettes de Franklin

Hier après-midi j'ai fait une petite sieste, et ça m'a complètement foutu en l'air : nuque raide, douleurs vagues jusqu'au coucher. Et là, réveillé très tôt avec la migraine, fini par prendre un doliprane. Sieste réparatrice, my foot.

 

J'ai lancé un nouveau projet vidéo, Miettes & bribes, a priori pour mes étudiant·es d'échange, mais le public-cible n'a pas encore réagi ; j'aimerais bien, pourtant, que ce soit ces étudiant·es-là qui me proposent le thème des futures vidéos. — Pour le projet Scarlatti, il faut que j'écrive 34 textes d'ici le 31 mars (5 jours donc), mais cela seulement si je veux rester dans le cadre du nouvel objectif : boucler le livre fin juin. (L'objectif de départ était d'écrire ce livre en 12 mois, donc de le boucler fin 2020.)

 

Film hier soir : Le Magnifique, que je voyais pour la quatrième fois (mais  on alterne les films qu'on n'a jamais vus avec des “classiques” pour O*). Pourtant, c'était A* qui se rappelait le gag de la femme de ménage qui passe l'aspirateur sur la plage. Il ne se rappelait pas du tout, par contre, toute l'intrigue autour de la doctorante et de l'éditeur : il a raison, c'est le point faible du film. Envie d'extraire, pour en faire un GIF, les 3 ou 4 secondes de la scène au Jardin des Plantes où Merlin (Belmondo) dit à Christine (Bisset) : “mais tout le monde s'en fout, de votre thèse !”. Gifle incluse, évidemment. Mais je n'ai pas 30 minutes à perdre pour ça, je pense.

François Merlin est un “écrivain en bâtiment” comme le disait naguère voire jadis Didier Goux de ses propres ouvrages. Je me demande si D.G. a fait la liste exhaustive de tous les livres qu'il a écrits sous le pseudonyme (collectif, crois-je me rappeler) de Michel Brice. Toutes les scènes où Merlin est assis face à sa machine à écrire étaient ce que j'avais préféré quand j'ai vu ce film pour la première fois (et ça s'est encore ressenti dans l'écriture de mon quadrilatère d'hier soir).

 

Commencé à lire hier le texte d'un ami d'A* qui raconte son séjour en Amérique du Sud avec force photos animalières magnifiques. Cela aussi s'est retrouvé dans le quadrilatère 241-244, écrit exceptionnellement avant le coucher.

 

À faire ce vendredi, outre le cours de L3 à distance, et deux appels téléphoniques pour le travail : la n° 59 de je range mon bureau. Déjà huit jours depuis la 58, et je voulais les enchaîner. Les semaines passent à une vitesse...

 

Bon, ce fut un billet très égocentrique. C'est un peu le principe du journal, mais enfin...

 

jeudi, 26 mars 2020

Des orfraies aux fraises

Suite à mon billet d'avant-hier, aucune réaction de la principale intéressée, et c'est bien normal (elle est accaparée, comme nous tou·tes, par la fameuse “continuité pédagogique”). Par contre, Didier Goux m'a signalé un beau passage de Chateaubriand, ce qui est l'occasion d'archiver ici cet extrait de l'avant-propos du traducteur de l'édition anglaise de 1902 des Mémoires d'Outre-Tombe, Alexander Texeira de Mattos.

Mattos.JPG

Je le fais sous forme de capture d'écran, car je me suis souvent rendu compte, après une dizaine d'années à bloguer, que les liens hypertexte avaient tendance à ne plus être valides. J'indique toutefois le lien vers la traduction anglaise du tome 1 (et vers l'original aussi sur le Projet Gutenberg). Cela devrait intéresser Claire Placial, qui a publié hier, elle aussi, des vidéos de cours. Ça fait drôlement plaisir, même si c'est dans le contexte tragique actuel. Je mets exprès le lien vers la 2e partie de son cours sur les métamorphoses chez Ovide et dans Harry Potter, car elle a été moins vue que la 1ère (mais cent fois plus que n'importe laquelle de mes élucubrations (tiens, ça va donner raison à VS qui pense que mon angoisse principale est le manque de reconnaissance, cf infra)).

 

J'évoque VS ? Ah, d'une menteuse l'autre. Hier après-midi, lors de la conférence de presse consécutive au conseil des ministres, la menteuse et manipulatrice Sibeth Ndiaye, vraiment une des pires de cette majorité de faquins, a calmement insulté les 800.000 professeur·es de France, en disant qu'en ce moment “ils ne travaillent pas”.

Here is for the record as well :

ndiaye1.JPG


ndiaye2.JPG

 

 

 

 

Tout cela est démoralisant. Impression de bosser plus que jamais, pour se faire cracher à la figure. Difficile de garder le cap. Heureusement, les garçons ont l'air de très bien supporter le confinement. Hier soir, O* a dit qu'il avait beaucoup aimé Rome, ville ouverte, dont je ne me rappelais pas, pourtant, que ce fût aussi bavard par moments. Toute la scène dans les bureaux de la Gestapo est vraiment étrange, jusqu'aux femmes qui entrent et sortent comme dans un moulin de la salle de torture. Très beau film néanmoins. — Dans un tout autre genre je viens de recommander à un étudiant de L3 d'essayer de voir en entier l'excellente adaptation cinématographique de Twelfth Night avec Imogen Stubbs.

 

vehesse22mars.JPGÀ noter : Valérie Scigala, désormais, ne trouve pas d'autre moyen de m'insulter que de dire que je suis chauve... Cela montre à quel point de bassesse elle est descendue. Faut dire qu'elle qui ne cesse de dire depuis trois ans que les fonctionnaires ne comprennent rien au vrai monde du travail et que la politique gouvernementale est parfaite avoue ces jours-ci  tout benoîtement qu'il y a des jours entiers de télétravail où elle... ne travaille pas...

 

mercredi, 25 mars 2020

*2503*

Hier, ma grand-mère maternelle a fêté, seule bien entendu (et hélas), ses 93 ans.

 

Depuis hier, des échanges assez soutenus ont commencé entre collègues anglicistes de Tours, au sujet de l'évaluation du second semestre. Je ne suis pas en mesure de révéler des discussions confidentielles sur des propositions encore officieuses, mais en tout cas ce qui est certain, c'est qu'une fois encore (et plus que jamais, car la gravité sans précédent de la crise fait encore ressortir la futilité des préoccupations) les universitaires montrent, pour beaucoup, leur incapacité à aller au plus simple. Je ne sais si c'est une forme de crispation sur des choses qui paraissent essentielles à mes collègues, en mode byzantin, ou si, plus généralement, cette majorité d'enseignants-chercheurs en sciences humaines trouvent insultante la simplicité... En tout cas, même après 25 ans de métier, ça ne laisse pas de me fasciner, et de m'exaspérer.

Film du jour (hier) : Rencontres du troisième type. — Vu une seule fois, il y a trente ans, and counting... J'avais, comme souvent dans de pareils cas, un souvenir très vif de plusieurs passages, mais totalement oublié d'autres moments pourtant primordiaux. Souvenir d'un film qui traîne en longueur, et je n'ai pas varié sur ce point. Je m'en souvenais si bien que je me rappelle très distinctement qu'il y avait, outre celle qui dessine Devils Tower et celui qui la sculpte, un personnage qui avait décrit le site dans les moindres détails. Chacun sa forme artistique, en quelque sorte. Or, dans la version regardée hier, pas trace de ça. Ai-je pu imaginer cela de toutes pièces ? c'est étrange. Il doit y avoir plusieurs versions du film, et celle que nous avons regardée doit être une version courte (omg!).

 

Hier sont morts Manu Dibango, des suites du Covid19, et Uderzo, de vieillesse.

lundi, 23 mars 2020

*2303*

Aujourd'hui, levé à 6 h 38 : l'heure à laquelle sonne le réveil chaque lundi.

 

Il fait grand soleil, c'est déjà ça.

 

Allé faire des courses de frais (fruits et légumes, fromages, viande) à l'Arrivage : contraste saisissant entre la plupart des employé-es et caissiers d'une part (impression d'être dans une centrale nucléaire) et les bouchers sifflotant mains nues au-dessus de la viande. Dois-je préciser que je n'ai rien pris au rayon boucherie ?

 

Très peu de voitures, et les gens que j'ai vus à l'Arrivage prennent tou-tes beaucoup de précautions. Donc le problème n'est plus, à quelques abruti-es près, le confinement plus ou moins total, mais bel et bien l'impréparation structurelle : la France, contrairement à beaucoup d'autres pays, a refusé de faire des tests de dépistage à grande échelle ; la France n'a aucun stock stratégique de masques, ce qui met en grave danger l'ensemble du personnel soignant ; la France a sacrifié ses services publics, dont l'hôpital, au profit des investisseurs privés et des grands pontes du CAC40 ; avec leurs ordonnances, leurs décrets, leurs mensonges, leur arrogance, leurs LBD et leurs gaz lacrymo pour tout dialogue social, Macron et sa clique sont l'aboutissement de cette impéritie criminelle.

 

Echangé des mails hier avec notre ami A°, confiné à Caen, et discuté au téléphone avec C°, confiné à Vincennes. Tous les gens raisonnables espèrent que cette grave crise soit, plus qu'une prise de conscience qui a quand même commencé à avoir lieu, un déclencheur de véritables politiques entièrement centrées autour de la lutte contre le réchauffement climatique et les inégalités sociales. À voir la précipitation de ces salopards de macronistes à bousiller les acquis sociaux en profitant de la panade dont ils sont largement co-responsables, et à voir les chouineries de celles et ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir aller faire du shopping ou de voir menacée leur connexion H24 à Netflix, j'en doute.

 

Hier aussi : promené autour de la maison. Des tours de jardin par dizaines, avec variations, cent pas sur la marelle, etc.

 

Hier soir : Délits flagrants de Depardon. Troisième fois que je le vois, mais première pour O*. La première fois, je m'en rappelle comme si c'était hier, c'était avec mon ami Frédéric G. à Paris, au cinéma. [En fait, je dis que c'était comme si c'était hier, mais je crois que je confonds aussi avec la fois où nous sommes allés au cinéma voir Amateur de Hal Hartley en emportant dans nos bagages le mathématicien et altiste Patrick L., devenu depuis compositeur.]

Plus marqué que jamais par le fait que, des trois substituts du procureur, c'est la femme, Michèle Bernard-Requin à ce que m'apprend le Web, qui est dix fois plus "pro" que les deux hommes, efficaces sans doute mais toujours un peu approximatifs, sardoniques à l'endroit du prévenu... Je vois qu'elle est l'autrice de deux livres, mais aussi qu'elle est morte tout récemment, emportée par un cancer.

 

samedi, 21 mars 2020

*2103*

Ce qui est ennuyeux, avec cette manie de me réveiller très tôt et de commencer par tenir ce carnet, c'est que j'y raconte la journée de la veille. Hier, passé la journée à bosser : corrections de devoirs, préparation du fichier pour les L3, mixage des vidéos 24 et 25 des 29 CONTEMPORAINES, écriture d'un quadrilatère, mise en ligne des diaporamas de L1... et courses massives, à l'heure creuse, dans le Leader Price désert.

 

blagueblock.pngIl est question d'un prolongement (sans surprise) du confinement, et de son durcissement. Pendant ce temps personne ne semble vraiment s'offusquer du fait que ce gouvernement, Ndiaye, Pénicaud & co, avec Macron au-dessus et les faux parlementaires LREM à côté, profite de cette très grave crise sans précédent pour faire les deux seules choses qu'il sait faire : d'une main, casser encore et toujours les droits des travailleuses et travailleurs ; et de l'autre donner l'“argent magique” aux banques et au privé. — Pourquoi avoir imposé hier la suspension des règles du travail sans limite de date ? Une telle mesure n'a d'autre effet que de montrer encore et toujours aux plus modestes et aux pauvres qu'elles/ils se feront toujours latter la gueule par ce gouvernement. Le discours de Macron du jeudi 12 mars au soir est bien loin, mais on savait que c'était une mascarade électoraliste.

 

Hier soir, Loulou de Pialat, que je n'avais jamais vu. Dit aux enfants que c'est un cinéma qui avait quand même été marquant parce que l'absence d'histoire linéaire, les mouvements de caméra sans stabilisation, le son “réel”, tout cela était un moment essentiel pour déconstruire les artifices du cinéma. (Je n'ai pas dit ça comme ça.) Il n'empêche que je reste peu convaincu, malgré Depardieu, et que je trouve que le film a bien mal vieilli. Quant au son réel, censé représenter la vraie vie, j'ai toujours envie de gueuler vers l'écran : mais dans la vraie vie, on peut faire répéter les gens quand on n'a pas compris ! ——Est-ce moi qui deviens sourd ? je ne comprends pas une réplique sur deux. La dernière fois que j'ai eu ce problème, c'était pour le Rodin, de Pialat aussi [EDIT du 22.03 : non, pas du tout : de Doillon, cf commentaires ci-dessous] : mais là, le problème est que le film est ennuyeux de bout en bout, malgré Lindon que j'aime bien pourtant.

J'entends siffler un merle : printemps.

C'est reposant, dans ce carnet, de ne pas traquer les virgules, échafauder des synonymies, toujours dégainer des coupes ou des dilutions.

 

Ici je note des éléments politiques afin de faire les comptes, le jour venu. (Mais ce jour viendra-t-il ?) Je veux aussi noter de toutes petites choses ridicules. Par exemple, j'avais la barbe depuis trois semaines : je l'ai rasée mardi après-midi, au jour 1 officiel du confinement ; l'objectif désormais, afin de montrer ma solidarité avec C* et les garçons qui ne pourront aller chez le coiffeur (quasi- chauve je me tonds moi-même la tronche depuis 4 ou 5 ans), est de me laisser pousser la barbe. Je crains de craquer avant la fin du confinement car déjà là en trois semaines je l'avais retaillée deux fois.

 

* Source de l'image : page Facebook “Blague Block”, 19 mars 2020.

mercredi, 18 mars 2020

Ça c'est fait, babe

Le PC de bureau n'a pas planté (encore).

Hier, premier jour de confinement. Une belle attente à la boulangerie, pour acheter un peu ce qu'il restait. À la Poste, le matin, avant le début du confinement, C*** n'a pas pu expédier son envoi recommandé avec avis de réception.

Le préfet Lallement, qui devrait être démis depuis des mois, a pavané sur sa capacité bien connue à faire respecter les arrêtés de confinement.

Les Parisiens qui le peuvent quittent la capitale.

Hier soir, Blow Out, pas vu depuis que j'avais l'âge d'A***, peu ou prou. Un peu déçu, mais cela reste un grand film sur le cinéma, belle métaphore, pas appuyée, avec des séquences génialement filmées.

C*** a suggéré avant qu'on se couche que chacun de nous quatre tienne son journal du confinement. De mon côté, ça c'est fait babe, pour citer le dernier Murat.

Agnès Buzyn a donné un entretien à je ne sais plus quel journal. Si elle y dit la vérité, les propos qu'elle y tient devraient lui valoir la prison, et valoir au gouvernement la démission et la honte éternelle.

Ce fut pour rester dans le monde.

Hier soir, j'ai débranché la multiprise où sont branchés les deux PC de bureau, les lampes etc. ; peut-être est-ce pour cela que, mieux dispos, mon PC de bureau ne plante pas (encore).

Hier j'ai même inventé un exercice en partie d'invention pour qu'O*** (qui a commencé à avoir du travail via Pronote et le CNED) révise ses verbes irréguliers ; il s'en est très bien sorti, alors que je craignais qu'il ait du mal à trouver des idées pour finir les phrases.

Ma grand-mère, qui aura 93 ans dans six jours, a écrit pour remercier d'une vidéo et d'un mail envoyés dimanche. J'espère qu'elle va tenir le coup. Elle a de la ressource comme on dit maintenant, mais ce n'est vraiment facile pour personne.

Annulé le dîner chez L° et A° samedi soir à Fondettes. Annulé le séjour, ici, de notre ami C°, qui devait venir dans dix jours. Déplacé, à la demande de la kiné elle-même qui voit se multiplier les annulations, le rendez-vous de jeudi.

Rangé mon bureau, mais aujourd'hui je veux trier un peu dans les clés USB. Si pas trop crevé, enregistrer une première vidéo de la série je range mon bureau. Il y a 18 livres sur la pile. Ce confinement, s'il dure au-delà des 15 jours annoncés par Macron lundi soir, devrait me permettre de relancer le Projet Pinget (honte à moi). Et boucler les 29 CONTEMPORAINES en réglant leur compte aux 8 qui restent (plus facile, ça).

Pour le travail, hier, enregistré et monté à la buanderie (où j'ai eu peur ensuite de m'être enrhumé) la première vidéo d'une nouvelle série destinée aux étudiant·es, Cours confinés.

Il y aurait aussi à reprendre tant de chantiers, les limericks par exemple, tiens, même si “Montboudif lui dit plus trop” ; ne pas se disperser, pourtant...

Scènes de ruées dans les commerces et images de rayons vides : ça continue. Tant et si bien que C* et moi nous interrogeons sur la meilleure stratégie : gros “drive” d'ici trois ou quatre jours une fois que l'orage sera passé, ou alors un tour à Naturéo demain et un autre à Leader price vendredi, avant de compléter avec un petit “drive” ? Dimanche, C*** avait calculé que nous avions 17 repas “devant nous”, sans compter certaines conserves familiales (confits etc.). Pas d'urgence, donc.

Ce billet, trop long, vais-je le prolonger dans la journée ? — On ne sait.

 

mardi, 25 février 2020

Lost Paths

Levé tôt, 6 h 30 encore, après une heure à tourner dans le lit avec la migraine (pas passée depuis hier soir malgré le Doliprane).

Hier, mal toute la journée. Pas rattrapé le retard dans les vidéos des 29 CONTEMPORAINES, ni dans le projet Scarlatti.

Passé au Livre. — En contexte littéraire il faut que je m'interdise totalement d'employer (je ne le fais guère, cela dit) le nom dispositif : composition, oui.

Je ne sais pas pourquoi la vérification orthographique de la plateforme de blog souligne dispositif.

 

Ce matin, je regarde la dernière vidéo d'Azélie Fayolle. Et comme elle parle de Lynch d'une façon (pour moi) novatrice, je me fais la réflexion que Lynch fait partie de ces artistes dont j'adore une partie de la production (Eraserhead, Elephant Man, Lost Highway) et dont j'ai trouvé le reste quasi irregardable.

 

dimanche, 09 février 2020

Pokot / Spoor / Tableau de chasse

Regardé ce soir ce film magnifique, qui a le seul défaut, peut-être, de proposer une résolution finale des meurtres, quand on (je, en tout cas) aurait pu préférer le maintien de l'incertitude fantastique. En tout cas, film splendide, qui donne à voir, et à réfléchir aussi, bien sûr, sur le spécisme, les "traditions", l'animalité, la vie sauvage.

Pokot est un film coécrit par Olga Tokarczuk, d'après un des livres d'elle que je n'ai pas lus (j'en ai lu trois, dont le pavé des Livres de Jakob, à l'automne*). On y retrouve sa fascination pour des modes de vie singuliers, et surtout pour des époques, je dirais même des temporalités, en rupture avec la nôtre.

La scène finale met en scène une forme de communauté utopique heureuse, tout en proposant une nouvelle énigme, plus profonde sans doute que l'élucidation de l'énigme policière.

 

 

* Je m'aperçois, en tenant ces carnets de façon quotidienne, que je m'offre à moi-même ces respirations indispensables, notations qui finissent par faire archive. Je le fais d'autant plus volontiers que plus personne ne me lit.

samedi, 27 octobre 2018

Marie-Octobre (Duvivier, 1959)

Regardé hier un des derniers films de Julien Duvivier, Marie-Octobre (1959), beau huis-clos en noir et blanc, avec une pléiade d'acteurs comme on dit. Plus que le scénario, c'est la mise en scène (cadrages, accentuation des tensions, mouvements de caméra) qui est très influencée par le Twelve Angry Men de Sidney Lumet (1957).

Tout, dans l'écriture du film, a quelque chose de littéraire, d'un peu archaïque, jusqu'au jeu terriblement empesé et emprunté de Danielle Darrieux. Les dialogues de Jeanson sont savoureux — finement ciselés pour user d'un autre cliché. Mais cela n'est rien, ne saurait faire un film. Heureusement que la mise en scène, justement, sauve la mise.

(L'année précédente, Claude Ollier publiait La Mise en scène, premier tome de sa Règle du jeu.)

J'ai lu quelque part, en pianotant sur le smartphone, que Duvivier avait enfermé les acteurs pendant les trois semaines du tournage, et même qu'il ne leur aurait révélé l'identité du coupable qu'avant de tourner les dernières scènes, afin que, dans leur jeu même, tel ou tel ne se sache pas incarner un innocent ou le coupable. Je ne retrouve pas cette information, mais il ne doit pas être courant que les comédiens ne connaissent pas la fin du film avant le tournage.

 

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vendredi, 05 octobre 2018

Nanardège

On vient donc de regarder un nanard rigolo, et une des actrices n'était autre que l'étudiante de L3 partie en cours d'année en 2006 pour échouer à Miss France puis reconvertie dans Secret Story puis reconvertie en blogueuse beauté et donc désormais occupée à dire (mal) ses répliques.

 

lundi, 20 novembre 2017

Surconsommation. Un modèle.

dimanche, 15 octobre 2017

d'un palimpseste de blues (tercets)

tercets improvisés sur la dernière vidéo bluesy de F.B.

 

chariots abandonnés

gros blocs de béton tagués

chaque mercredi longés

 

l'horloge sur l'esplanade

avant chaque nouveau cadrage

de l'aiguille en blues malade

 

deux étages : c'est la rame

 

les petits pavés rouges

véhicules et piétons comme accélérés

après le bleu fluo d'un granizado

 

au médian des rails : les phrases

 

blues de penser à la retraite

la vitre où défilent secs

immeubles & lignes (vieillir tes os)

 

à la bottleneck : come on in my kitchen

 

la fatigue avec Beckett

défile dans la nuit refaite

des mots apparus disparaissent

 

dans le ciel gris pétrole

le blues est-il un jeu de rôle

à coups de cutter dans la tôle

 

à l'arrivage : dédicace

 

& encore des murs

encore des murmures

le poème en vidéo perdure

 

samedi, 10 décembre 2016

« Quelqu'un a perdu son charme »

Ce matin, après avoir passé l'aspirateur, j'ai dû reprendre Oméga qui, en se faufilant sous l'immense épicéa — on se souviendra longtemps de l'année où j'ai envoyé un SMS « Le sapin est trop petit » et où mon épouse n'a saisi l'antiphrase qu'en débarquant à la maison — a fait tomber des brassées d'aiguilles, ce deux heures à peine avant son frère aîné, qui, dansant pour nous faire rire entre deux plis à la belote (oui, nous avons des débuts d'après-midi très traditionnels !), en a aussi fait tomber. 

 

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Avec ça, et le reste, je n'ai pas commencé à corriger de copies, mais je visionne Coiffeuses, le film que François Bon a fait avec le réalisateur Fabrice Cazeneuve et qu'il vient de mettre en ligne. Ça aussi, notre dialogue, nos polylogues sur la Toile, même par la vidéo : ce matin, j'ai fait ma cinquante-neuvième vidéo de traduction, avec une qualité inférieure, des hésitations à la pelle. En regardant une des séquences dans lesquelles une des apprenties lit le texte qu'elle a écrit pour l'atelier de François, je suis frappé par cette phrase : « Quelqu’un a perdu son charme mais a toujours son charme quelque part. » — Frappé, car je trouve ça très fort, très durassien. Je vérifie le texte, que je n'ai aucun mal à retrouver sur le site de François, et il s'avère que l'antithèse repose, non sur une répétition mais sur une paronomase que je trouve, pour le coup, plus faible : quelqu’un a perdu son charme mais a toujours son arme quelque part.

Les rayons percent, filtrent, et les aiguilles peuvent tomber. Ça fait des semaines que je bloque sur deux sonnets à écrire, et quelques chapitres à relire. J'aimerais m'en moquer.

 

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C'est vers cette même époque, fin 2006 puis 2007, qu'on a un peu travaillé ensemble, avec François Bon.

Sur des erreurs de perception repose beaucoup, pour moi, le charme de la poésie. On a perdu ce charme en fixant trop à l'écrit. Le passage par la piste audio — ici, par le visionnage — restitue un charme ambivalent. Dans l'image, retenir par exemple ce plan où, tandis que la jeune fille parle du renoncement à sa vulgarité, on voit le couple de dos, main dans la main, marcher le long des panneaux électoraux, avant le rodéo du scooter tout seul devant des portails de garages.

Faut-il aussi me moquer de tout ce que je laisse en plan (ici) ?

 

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Aiguilles d'épicéa qui tombent : mes cheveux ras qui tombent dans la bassine quand je me tonds la tronche, deux fois par moi, ou les mèches blanches dans cet autre film de François que j'ai découvert ce matin (on partait pour l'Angleterre).

 

samedi, 05 novembre 2016

La belle équipe

Revu La belle équipe.

En 1991, quand je l'avais vu, FR3 avait diffusé les deux fins. Cette fois-ci, avec une copie remastérisée (et très belle), c'était la fin tragique, de sorte que je n'arrive pas à me rappeler comment s'achève « l'autre film » : le couple Jeannot/Charlot chasse-t-il derechef la tentatrice ?

Étonnant comme tout le portrait de l'homosexualité (qui n'est même pas un sous-texte, ça crève l'écran) m'avait échappé à 17 ans... peut-être parce qu'on [= je] n'attendait l'homosexualité que dans les œuvres explicitement et a priori désignées comme telles ?

23:19 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 16 octobre 2016

De rouille & d'os Sur mes lèvres

Hier soir, nous avons regardé en famille — ou presque : Oméga ayant neuf ans, il est encore un peu jeune — De rouille et d'os. Il se trouve que, plus tôt dans la semaine, C* et moi avions regardé Sur mes lèvres, du même Audiard, et que nous ne connaissions pas non plus.

Une première chose m'avait frappé avec Sur mes lèvres : deuxième partie longuette, scénario tirant trop vers l'histoire criminelle poussive (au lieu d'exploiter toute la relation des deux protagonistes au travail, qui donne les meilleures scènes du film). Bien aimé quand même, mais je me suis fait la réflexion que, alors que j'avais beaucoup aimé Regarde les hommes tomber, adoré De battre mon cœur s'est arrêté, et été très impressionné par Un prophète, ce film d'Audiard ne me faisait, au fond, ni chaud ni froid.

Hier soir, plus âpre déception encore. De rouille et d'os succombe, non seulement à l'incapacité de son auteur à faire court, à couper au montage afin que son film ne s'englue pas dans des considérations de deuxième ordre, mais aussi à un story-telling tout à fait hollywoodien : tout, dans la façon dont les itinéraires de Marie et d'Ali se déroulent en parallèle avant de se croiser, puis leurs aventures (et surtout leurs mésaventures), est raconté de façon conventionnelle, conformiste. On sait à chaque instant ce qu'il va se passer ensuite : ils vont baiser, le gosse va se noyer etc. Et du coup, bien sûr, on s'en contrefout. Ajoutez à cela l'invraisemblance totale des trois scènes d'accident (dans la scène de l'accident qui vaut à Marie d'être amputée, les orques auraient attaqué la dresseuse et elle serait carrément morte (fin du film)) ; dans la scène où Ali dérouille* salement, il ne peut suffire que Marie se pointe avec ses jambes en métal pour qu'il prenne le dessus et achève la scène sans même une plaie ; dans la scène de la noyade, eh bien, le temps seulement que le père coure jusqu'au trou d'eau dans la glace, l'enfant est déjà mort normalement, donc NON, il ne peut pas être à peine vaguement mal en point le lendemain...), et comprenez pourquoi on ne s'interroge même plus : on regarde passer le temps en regardant un film...

Si j'écris ce billet, c'est surtout parce que je ne sais pas, compte tenu de ce que je viens de noter, si mes enthousiasmes passés pour les films d'Audiard viennent d'une différence réelle dans la qualité de ces différentes œuvres, ou si c'est moi qui me suis blasé, ou si j'avais surévalué De battre mon cœur... à l'époque — je me rappelle l'avoir vu au cinéma, et, en en discutant après, un ami m'avait dit qu'il trouvait ça trop long, tirant sur la corde, hystérique.

Donc, seule façon de clore ce billet ——— ?

 

 

* Ah tiens, je n'avais pas compris le titre du film, qu'Alpha a dû m'expliquer (oui, ça s'arrange tous les jours...)... mais en écrivant cette phrase, je me demande si le jeu de mots n'est pas sous-entendu par Audiard. (Après tout, c'est quand même le fils Audiard** !)

** Faut pas confondre les Michel Audiard (avec des canards sauvages).

mardi, 10 mai 2016

Taxi Téhéran

Viens de voir Taxi Téhéran.

Moi qui trouve que l'essentiel de ce qu'on nous propose en matière de cinéma est soit vain soit éculé, je suis impressionné.  Voilà un film fin, drôle, direct mais équivoque, dangereux, qui ne tranche pas entre politique et esthétique (car cela n'a aucun sens de trancher — l'art, ce n'est pas trancher).

Du grand cinéma, parce que, d'un bout à l'autre, rien de ce qui est montré, dit ou suggéré ne pourrait l'être autrement que par ce moyen-là, le film. Un sonnet n'est bon que s'il est fondamentalement sonnet ; un roman n'est beau que de se constituer de toutes les possibilités d'épaississement du romanesque (jusque dans ses déterminations et déconstructions contemporaines) ; un grand film est un film dont on ne peut rien traduire dans aucun autre medium.

Tout, dans Taxi Téhéran, relève de l'impression cinématographique. D'où son caractère impressionnant. Quel contraste avec un film comme Mustang, vu il n'y a pas longtemps, tout à fait encensé et cependant médiocre d'un bout à l'autre : bien joué, sans doute, mais totalement rabâché, rebattu, convenu, et surtout — donc — sans rien d'intrinsèquement cinématographique. Mustang pourrait être un article, un poème en prose, une chanson populaire ou une pièce de théâtre que cela ne changerait rien à son sens, ni à sa fadeur. Avec le film de Panahi, en revanche, on se prend plus de cinéma dans la tronche — dans les yeux, le cerveau — qu'en vingt films vantés de la dernière décennie.

22:31 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 01 avril 2016

Vieil homme sous un ciel en suspens

Pour célébrer la vingt-sixième vidéo, filmée tard ce soir, je signale l'importance du poète sud-africain Tatamkhulu Afrika (1920-2002).

Ces prochains jours, les publications de traductions improvisées et filmées seront peut-être plus sporadiques.

dimanche, 21 février 2016

Of Mice and Men (Sinise, 1992)

Regardé hier soir le film de 1992 adapté de Of Mice & Men — que j'enseigne ce semestre, donc je voulais me faire une idée. Occasion de faire découvrir l'œuvre à mon fils aîné aussi (je lui ai fait lire le dernier chapitre en traduction, pour lui montrer comment la schizophrénie de Lennie était évacuée dans le film au profit de sa “simple” débilité).

Il s'agit, globalement, d'une adaptation très fidèle, de et avec Gary Sinise (jamais entendu parler, jamais vu — auteur d'une très fidèle et assez belle adaptation).

John Malkovich, qui interprète le rôle de Lennie, est excellent, comme à son habitude, et campe merveilleusement (c'est-à-dire avec beaucoup d'habileté mais aussi d'humanité) le demeuré. Ce que je me demande, c'est comment il est parvenu à égrener ces litanies de "George" monocordes et semi-plaintifs sans être hanté en permanence par les versions parodiques de Tex Avery.

Tout est là, en quelque sorte, notamment les éléments très évidents de complicité homo-érotique... mais, à ce titre, l'ambiguïté de la relation entre George et Slim est tout à fait effacée au profit du seul couple Lennie/George. Pour cela, le texte reste plus subtil, avec notamment la belle dernière phrase, dans la bouche d'un lourdaud sans cœur, Carlson : “Now what the hell ya suppose is eatin’ them two guys?”. Ces hommes rongés, grignotés par leur humanité autant que par leur sexualité complexe, ce sont Slim et George Milton, eux qui, après la mort de Lennie, demeurent.

21:42 Publié dans Tographe, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 04 janvier 2016

Quatrain pour Galabru

sur le principe des quatrains conversationnels

 

D'un tsar ou d'un czar on n'a lu

Très souvent qu'un modeste oukase.

Je me souviens d'avoir vu

Galabru dans Kamikaze.