mardi, 18 octobre 2011
D'ici peu
Quand je serai venu à bout d'Exister est un plagiat, je soufflerai mes 37 bougies, et je pourrai, non seulement me consacrer à la mise en forme du livre, mais aussi revenir à Dubuffet, aux mines, sans me mettre la rate au court-bouillon pour les perroquets. (Oyez, oyez, goupil !)
19:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)
Même caché par un platane
18:40 Publié dans Indignations, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
W.M. 20
Une dame d'Albi
(Où l'on joue au rugby)
Aime Les Hauts de Hur-
levent, aussi Ben Hur,
Et también Nicholas Nickleby.
13:51 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
Exister est un plagiat : 12 et 61
12
En classe de cinquième, je me suis mis à écouter avec passion, tous les soirs, le hit-parade de la station de radio locale Acqs 95. L’émission se nommait Star Max et était présentée par le dénommé Yohann (Johan ? Yoan ? il aurait fallu que je demande à mes grands-parents maternels à l’époque, car l’un d’eux l’avait eu comme élève à Saint-Pierre-du-Mont). L’essentiel des chansons ou des tubes qui étaient diffusés étaient, comme il se doit, de la plus pure variétoche, ou du post-disco synthétisé comme il en fleurissait dans ces années-là (milieu des années 80). Je crois que cette passion agaçait mes parents, qui ont été assez gentils pour ne pas le montrer, et surtout assez habiles pour ne pas s’y opposer – la métaphore du lâchage de lest est, à mon avis, la meilleure pour désigner l’équilibre précaire entre principes pédagogiques, autoritarisme et permissivité démagogique. De fait, cela ne dura que deux ans ; il me semble qu’à la fin de la quatrième, déjà, j’étais passé à autre chose.
Si mes souvenirs sont bons, l’émission du lundi était consacrée aux entrées et aux meilleures progressions de la semaine, ainsi qu’à un jeu grâce auquel je remportai un jour quinze maxi 45 tours (c’est la seule fois que j’ai gagné quoi que ce soit dans un jeu). Les émissions du mardi au vendredi étaient consacrées à la diffusion des chansons dans l’ordre inverse du classement : de la 61e à la 80e place le mardi, et ainsi de suite jusqu’aux vingt premières places le vendredi, de sorte que j’essayais de noter, sur des feuilles de papier, le classement, au fur et à mesure qu’il était annoncé. Ma principale difficulté consistait à comprendre les noms des artistes et les titres des chansons, pour une bonne majorité anglophones. Je n’ai commencé à apprendre l’anglais qu’en classe de quatrième (en LV2), ce qui, associé à la prononciation (je m’en rends compte rétrospectivement) approximative du susnommé Yohann, ne me rendait pas la tâche très facile. Il se trouve que le jeu du lundi se déroulait par téléphone, mais qu’il y avait un autre jeu, par voie postale, qui consistait à tenter de deviner les 5 premières places : pour ce faire, il fallait orthographier les noms des artistes de manière à peu près compréhensible. Je ne peux m’empêcher de songer que, dans la mesure où je n’étais certainement pas le seul à envoyer des propositions de classement truffées de fautes, l’animateur devait, en lisant ces tombereaux, se dire soit qu’il avait un anglais pourri, soit que les auditeurs étaient à côté de la plaque. (Et, avec un anglais impeccable, il aurait sûrement été plus mal compris encore, de moi tout le premier.)
Peut-être certains ne se trompaient-ils guère, dans la mesure où, en cette époque brontosaurienne d’avant Internet, il y avait des magazines spécialisés – comme Top 50, je crois – dans lesquels on devait pouvoir suivre plus précisément les « artistes ».
L’exemple qui me revient en mémoire est celui d’un Britannique (là, c’est moi qui reconstruis, car j’ai encore la chanson en tête et l’accent est probablement gallois ou irlandais – peut-être mancunien, mais j’en doute), dont, à entendre Yohann, j’avais reconstruit le nom de la façon suivante : Fibol Sharky. (Le tube était A Good Heart, un sirop pas permis.) L’année d’après, je crois, mes parents ramenèrent de Bristol une compilation de tubes : il y avait, dans l’une des cassettes, une autre chanson de cet artiste, et je pus alors lire le nom du chanteur : Feargal Sharkey. Je ne sais absolument pas comment se prononce ce que je pense, depuis lors (mais pas depuis ce moment de mon adolescence – ma compétence en anglais n’en était pas là), être un pseudonyme (feargal : gamine, faut avoir peur ou avoir peur de la fille / sharkey = dragueur), mais ce qui est sûr, c’est que, si j’avais entendu Fibol, l’animateur de radio devait insister trop sur la deuxième syllabe. Feargal, cela doit rimer avec une version affaiblie de Cingal, voire avec le goéland (seagull) – non ?
61
Déménagement. Camionnette que je manœuvre.
Mai. La maison que nous avons achetée, entre la signature du compromis de vente et la vente proprement dite, se trouve ouverte à tous les vents, un jour que ma sœur, de passage, avait voulu la voir. (À l’agence, je fais un esclandre contre la propriétaire – un autre agent immobilier a oublié de refermer la maison. Le directeur de l’agence, qui était quelqu’un de très bien – une exception dans le métier –, téléphone devant moi à la vendeuse, à qui il doit expliquer (fermement) que, le compromis signé, elle ne peut pas continuer à faire visiter dans l’espoir d’obtenir un meilleur prix.) Juillet.
Déménagement. Juillet. Début juillet.
Pelures d’oignon oubliées dans un tiroir de la cuisine de l’appartement.
Pelures d’oignon n’empêche point reversement de la caution.
De la camionnette sortent nos meubles. Je manœuvre. Pour les encombrants, notre ami F., perdu de vue depuis que nous vivons à Tours, me donne un sacré coup de main.
Robinetterie à refaire. Cumulus à changer.
Maison d’ouvrier, mitoyenne, petites briques picardes. Nid. Tout le monde s’imagine qu’on a acheté un taudis. Nid.
Tout le monde. (Quand mes parents découvrent la maison, plus tard, s’avouent agréablement surpris.) Le couple qui tenait l’agence s’appelait Paillette. Leur fils avait pris un pet au casque (accident de moto). Tout le monde. Briquettes picardes.
Je manœuvre. Nid. Déménagement.
Manège. Odeur si particulière, douce, de cette maison. Odeur que nous retrouvons à chacun de nos retours.
La chambre avec ses placards immenses.
Nid. La chambre.
Beauvais, juillet.
Villette, Dhaenens, Baillière, Jolivier, tout un passé enfoui, fait de visages, de noms et de discussions. Tout un passé enfoui. Ne peut pas remonter.
C’est à nous de creuser.
(Tout un passé enfoui. Nid.)
C’est à nous de creuser.
Je manœuvre.
10:01 Publié dans Exister est un plagiat | Lien permanent | Commentaires (1)