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vendredi, 31 janvier 2025

31012025

C’était l’anniversaire d’E° aujourd’hui (j’ai trois amis dont le prénom commence par E et je ne sais plus comment je m’en suis sorti pour les initiales dans ces carnets – bon, ce qui compte est que moi, je m’y retrouve) et nous avons renoué avec notre sempiternel déjeuner italien. Je lui ai rendu le livre de Gueorguieva qu’il m’avait prêté, je lui ai donné un livre de Chauvier acheté en 2006 à sa sortie chez Allia et que je m’étais retenu à l’époque de balancer contre le mur (le marque-pages atteste que je me suis arrêté à la page 38). Nous lui avons aussi fait un vrai cadeau : un livre choisi (qu’il a déballé une fois chez lui, selon sa coutume, en me demandant aussitôt par message si je souhaitais « redéclencher [s]on hyperfixation ornithologique ») et deux livres qu’il a choisis au Livre (dont un de l’économiste Karl Polanyi, qui n’était pas même un nom pour moi, tant est grande mon inculture en la matière).

Il a fait très beau aujourd’hui : froid, mais beau. Les bords de Loire étaient superbes sous la lumière d’hiver.

 

16:55 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 30 janvier 2025

Revue de presse du 30012025

1/ République démocratique du Congo : le groupe armé M23 ouvre un nouveau front (NR)

2/ Kumbh Mela stampede: A look back at deadly crowd disasters in India (Independent)

3/ Suspension de l’expulsion de l’influenceur algérien «Doualemn» : Retailleau a appliqué «à tort la procédure d’expulsion en urgence absolue» (Libé)

4/ Algorithm study 90% accurate predicting bowel cancer (BBC)

5/ Olaf Scholz warnt davor, Friedrich Merz zu vertrauen (Die Zeit) — en résumé, très très résumé, la droite et le centre allemands commencent à faire alliance avec les néonazis

6/ Does vulnerability to natural disasters make people more open to sustainable consumption? (Anthropocene Magazine)

30012025

Il faut vraiment m’y remettre. Je ne peux pas laisser filer le mois de février comme les dix derniers jours. De la discipline. Certes, je lis beaucoup, et je ne « glande » pas, techniquement, mais je dois absolument tout recentrer autour de mon chantier de recherche, laissé en suspens depuis trois semaines, à peu près. Ni l’émission de radio, ni les traductions, ni le vlog, ni mes satanées revues de presse (il ne manquait plus que ça !) ni un prochain déplacement professionnel à Marseille (ville où je n’ai jamais mis les pieds) ne doivent me déprendre. Les cinq mois qui viennent vont fondre comme neige au soleil. Hier, j’avais envie d’écrire un texte, qui aurait vite débordé du cadre, sur la concomitance tragique entre les images – partout diffusées – des inondations, notamment en Ille-et-Vilaine, et le discours fantasmatique et fascisant de Bayrou sur la « submersion migratoire » : sans doute suis-je sous l’influence de Klemperer (dont j’ai trouvé quelques chapitres plus faibles), mais mon rôle n’est pas celui d’un sémioticien ; il y a évidemment un article, et même un essai à écrire sur cette ironie involontaire détachant le sens figuré, qui fantasme une menace, du sens littéral, qui manifeste la vraie urgence (climatique).

 

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Côté lectures, j’ai achevé hier The Sum of All Things, le dernier roman de Seb Doubinsky, et, il me semble – mais la fin est très ouverte, quand même –, de son cycle dystopique des City-States. J’ai commencé un manga, Pline, de Mari Yamazaki et Miki Tori, deux manga-ka très connu·es apparemment (mais mon inculture en la matière est totale).

Ces deux derniers jours, j’ai aussi lu les deux brefs recueils narratifs et voyageurs de Béatrice Commengé et d’Olivier Rolin, dans l’optique de la rencontre à la librairie Le Livre, mais avant de m’apercevoir que je ne serai pas là ce jour-là.

Il faut que je commence le nouveau roman de Nnedi Okorafor, qui fait l’objet d’un vrai battage et que j’ai enfin reçu hier par la poste, et que je voie si la vieille liseuse de Claire peut encore marcher, même vaguement, même branchée, afin d’y transférer quelques romans que je n’ai qu’en format numérique et qu’il m’est impossible de lire sur ordinateur : le dernier de Chinelo Okparanta, et celui – totalement introuvable – de Rosemary Esehagu, que l’écrivaine m’a envoyé en format .doc (ça ne s’invente pas, et ça a été un sacré parcours du combattant – si je pouvais avoir autant de chance avec Amma Darko…).

 

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Addendum de 6 h 22 : je viens de partager ce billet sur trois réseaux sociaux différents (Mastodon, Bluesky, Facebook), avec à chaque fois une phrase d'accroche différente, une phrase extraite de ce billet. Je viens d'ajouter la photo d'illustration, qui provient d'un autre réseau social. Petit test : si vous êtes arrivé·es jusqu'à cette phrase, pourriez-vous juste indiquer en commentaire si vous débarquez d'un des trois réseaux ?

 

mercredi, 29 janvier 2025

Revue de presse du 29012025

1/ Climate change made LA fires worse, scientists say (BBC)

2/ "Emilia Pérez" nommé aux César : pourquoi la communauté transgenre juge le film de Jacques Audiard "caricatural" (France Info)

3/ « Submersion » migratoire : le naufrage de François Bayrou (Ilyes Ramdani, Mediapart)

4/ Indiana man pardoned by Trump for Jan. 6 riot is shot and killed by deputy during arrest (Detroit Free Press)

5/ Zimbabwe cholera outbreak spreads to eight districts (Mail & Guardian)

6/ Baobab is a superfood with growing global demand – that’s bad news for the sacred African tree (Mail & Guardian)

 

29012025

Il y a une semaine, nous étions, en comité familial restreint, au crématorium de Mont-de-Marsan, pour un dernier salut à ma grand-mère. Depuis, les liens se font par la pensée, par la mémoire.

 

Hier après-midi, toujours dans un retour au coffret Debussy, j’écoutais des pièces pour piano que je connais mal, et étais particulièrement ému par le 2e mouvement d’En blanc et noir, ainsi que par l’épigraphe intitulée Pour un tombeau sans nom. — Qu’en penserait mon ami E*, lui qui a dit une fois en ma présence (mais m’a laissé comprendre cela x fois) : « Tu connais Guillaume, il a toujours eu des goûts musicaux pourris. »

Mercredi dernier, dès le début de la cérémonie, j’étais en larmes en écoutant Casta diva chantée par Angela Gheorghiu (c’était un des choix de ma grand-mère elle-même).

 

mardi, 28 janvier 2025

28012025

Aujourd’hui, vu la magnifique exposition de la photographe sicilienne, ou faut-il même dire palermitaine, Letizia Battaglia (1935-2022), avec le regret, léger, que son travail de photojournaliste au sens le plus concret du terme, et aussi son travail d’éditrice ne soient qu’esquissés. En tout, c’est une découverte majeure.

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La conférence de mon collègue Laurent Gerbier, hier soir, dans le cadre du séminaire 19e siècle, m’a notamment poussé à relire Montaigne, et en particulier “De la modération” (I, XXX), où je trouve cette pépite, qui m’amuse car Claire déteste la rhubarbe sous toutes ses formes (et en particulier l’odeur à la cuisson) et je l’adore, de sorte que l’apophtegme de Montaigne est parfaitement applicable à elle, non à moi :

Le naturel qui accepteroit la rubarbe comme familiere, en corromproit l’usage : il faut que ce soit chose qui blesse nostre estomac pour le guerir ; et icy faut la regle commune, que les choses se guerissent par leurs contraires, car le mal y guerit le mal.

 

Depuis quelques jours, j’ai l’impression de repartir en permanence « dans le décor », de faire des embardées, comme à la grande époque polygraphe, circa 2006-2008, comme en lisant Commengé et son parcours de la route 87 sur les traces de Nietzsche j’ai à l’esprit immédiatement mes très anciennes pondaisons (Onagre 87).

 

18:30 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

Revue de presse du 28012025

1/ Mémoire de la Shoah : les jeunes se sentent-ils capables de la transmettre ? (RFI)

2/ DeepSeek : un "avertissement" pour l'IA américaine selon Trump, des droits de douanes en perspective (France 24)

3/ Éducation, fin de vie, immigration… Ce qu’il faut retenir de l’interview de François Bayrou (La Croix) *

4/ Misogyny identified as breeding ground for extremism in UK, says leaked report (Guardian)

5/ RDC : les échanges de tirs ont repris à Goma ce mardi matin (RFI)

6/ En France, championne d'Europe des OQTF, plus de 93% de ces mesures d'éloignement concernent des étrangers sans histoire (France info)

7/ 36 examples of anachronyms (Heddwen Newton, blog English in Progress)

 

* Absolument rien sur l'urgence climatique et la transition écologique - ce n'est pas comme si on était en plein milieu d'un “épisode” de graves inondations... Bayrou est un homme du passé, c'est-à-dire du capitalocène, pieds et poings liés aux lobbies des énergies fossiles et de l'agroproductivisme.

 

lundi, 27 janvier 2025

Revue de presse du 27012025

1/ Tempête Herminia : Rennes subit les crues les plus importantes depuis plus de quarante ans (Le Monde)

2/ Protests by fruit pickers and farmers put spotlight on price of cheap food in UK (Guardian)

3/ Paradoxe de l’interdisciplinarité (recension de l'ouvrage collectif Servitudes et grandeurs des disciplines - in En Attendant Nadeau)

4/ Pyrénées : des chiens renifleurs formés à rechercher l’insaisissable desman (Sud-Ouest) *

5/ « L’organisme des enfants est particulièrement vulnérable » : un élève sur sept dans le monde victime du dérèglement climatique en 2024, alerte l’Unicef (L'Humanité)

6/ Pourquoi avoir attendu 80 ans pour compter les « Nomades » persécutés en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? (Lise Foisneau - The Conversation)

 

* Oui, c'est un article d'août 2024, et derrière un paywall (mais regardez l'alt-text sur Bluesky).

27012025 — L'histoire de Souleymane

Hier, lu L’eau du bain de Rim Battal.

Dont j’extrais cette phrase : « La maternité, c’est la peau poursuivant le serpent pour lui demander des comptes, de la gratitude et de ne pas oublier son écharpe. » (p. 40)

 

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Au cinéma enfin nous avons vu L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine. Il s’est confirmé ce que j’avais entendu dire en octobre : pendant le générique (sans musique) et même après que les lumières se sont rallumées, personne ne parlait. Pas un mot. Il faut dire que le film, excellemment mis en scène et interprété, est très puissant, intense, et que la longue dernière scène, avec l’agente de l’OFPRA, est particulièrement forte. Les adjectifs manquent, ou le temps manque pour mieux tourner les phrases.

Meurisse.PNGLe problème que j’entrevois (et qui m’a titillé même pendant la projection) est que ce film, qui s’appuie certes sur une foultitude de témoignages, dont l’histoire personnelle de l’acteur lui-même, sert parfaitement le narratif de la droite et de l’extrême-droite. Je n’avais lu aucun article, seulement des recommandations d’ami·es ou de simples connaissances sur les réseaux sociaux, et n’ai pas encore pris le temps d’aller regarder si je suis seul à être gêné aux entournures, non pas par le film lui-même (qui est magnifique, aucune rétractation) mais par le contexte dans lequel il a été conçu, et surtout reçu : en effet, le scénario choisit de se concentrer sur un migrant économique qui se fait passer pour un réfugié avec un dossier entièrement bidon, et qui ne cesse d’être la victime d’intermédiaires dont aucun n’est blanc (les tortionnaires libyens, les passeurs, le Camerounais qui sous-traite l’accès à l’application de livraison). Même si la scène avec les policiers donne une impression de chats qui jouent avec la souris de façon assez abjecte, les policiers se contentent in fine de dire à Souleymane qu’ils ont compris qu’il était dans l’illégalité et qu’ils auraient pu le verbaliser pour l’absence de lumière à l’avant de son vélo : je ne nie pas le réalisme de cette scène, mais enfin, dans ce film qui multiplie les vignettes au cours des 36 heures que dure l’histoire, pas un agent de sécurité violent ? pas un contrôle « au faciès » ? pas la moindre chausse-trape administrative ? les témoignages, sur ce plan-là, ne manquent pas, et je ne peux m’empêcher de penser que Lojkine, à trop chercher la subtilité et l’ambivalence (à vouloir éviter de faire un énième film sur les pauvres migrants racisés ?) se retrouve surtout à ne pas trop contrarier les suprémacistes et les partisans de la « remigration ». (J’entoure ce mot de guillemets, car il est ignoble. Étant donné ma lecture de Klemperer, je suis particulièrement sensible à tout cela.)

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Un dernier mot, pour ne pas laisser l’aspect socio-politique recouvrir ce billet (mais cet aspect est consubstantiel d’un tel film, de son sujet même) : après avoir regardé, vendredi, un des films les plus globalement mal joués de l’histoire du cinéma (Louise Michel de Solveig Anspach), il faut souligner que, même si la mise en scène, les cadrages, l’image sont de très grande qualité, un film comme L’histoire de Souleymane se grave dans la mémoire grâce à ses acteurices, en particulier Abou Sangaré bien entendu, dont le jeu, extrêmement varié, est parfait, vraisemblable de bout en bout. Difficile de retenir une scène : les deux scènes où il appelle Kadiatou, la femme qu’il a laissée derrière lui en Guinée ; sa tendresse toute en retenue avec le vieil homme à qui il livre une pizza au sixième étage ; sa métamorphose au cours de la scène finale ; ses échanges très brefs avec les autres livreurs… il est à chaque fois d’une justesse impressionnante, chaque plan semblant couler de source.

En fait, ce qui précède n’était pas le dernier mot. Je n’ai jamais commandé via Deliveroo, Uber-Eats ou autre : outre que le take-away était déjà une pratique très marginale pour nous, il a été immédiatement évident que ces applications de livraison de repas à domicile mettaient en place un système d’exploitation übercapitaliste. J’ai beaucoup lu sur le sujet, et ce n’est pas pour rien qu’on parle d’überisation du travail : ces différentes plateformes, qui sont rien moins qu’esclavagistes, doivent être boycottées. Il faudrait que toutes les personnes qui passent leur temps à « commander un Uber » regardent ce film… mais ça les laisserait de marbre, ou elles ne verraient pas le rapport…

 

08:45 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 26 janvier 2025

26012025 (LTI / revue de presse)

Hier après-midi, avec les giboulées de janvier et deux courses qui se sont ajoutées, nous n’avons pas eu le temps d’aller au château de Tours.

J’ai commencé hier soir la lecture – longtemps différée – de l’ouvrage souvent cité de Klemperer, LTI Lingua Tertii Imperii, dont les premiers chapitres m’évoquent, quasiment à chaque paragraphe, ce que nous voyons advenir, par glissements progressifs, en Europe (en France, avec la fascisation des centristes et macronistes) ; il y a aussi toutes les analogies possibles entre le discours nazi et le trumpisme. Depuis une semaine, on le voit en pleine lumière.

Je continue d’espérer – en me voilant la face, sans doute – que nous n’aurons pas à affronter cela dans les mêmes proportions qu’il y a un siècle, mais dans tous les cas la catastrophe climatique va s’abattre sur nous. Le négationnisme, l’euphémisation et la substitution d’un concept pour un autre gagnent chaque jour du terrain, sur ces deux fronts. Je le lisais encore hier matin, dans un entretien avec Marlène Laruelle (n° 66 de la revue XXI) et dans le n° 2 de la revue Fracas. Klemperer écrit ceci, au sujet de la république de Weimar :

La république libéra la parole et l’écrit d’une manière tout bonnement suicidaire ; les nationaux-socialistes se gaussaient, disant qu’ils ne faisaient que reprendre à leur compte les droits que leur accordait la Constitution, quand, dans leurs livres et leurs journaux, ils attaquaient violemment l’État dans toutes ses institutions et ses idées directrices, au moyen de la satire et du sermon enflammé. [LTI La langue du IIIe Reich. Traduction d’Élisabeth Guillot, 1996, rééd. Espaces libres, 2023, p. 55]

 

C’est, au mot près, ce que nous voyons avec les réticences de l’Union Européenne à interdire purement et simplement le réseau X du néonazi Musk sur le territoire. C’est la stratégie du milliardaire christofasciste Bolloré et de ses relais médiatiques nombreux (et je n’oublie pas, comme je l’ai précisé jeudi soir lors de la rencontre aux Temps sauvages, que Calmann-Lévy publie aussi ma traduction de Born in Blackness, ouvrage “woke” s’il en est).

 

À l’occasion de ma migration vers Bluesky et Mastodon, je veux m’astreindre, à partir d’aujourd’hui, à publier une revue de presse qui ne prétend en rien à l’exhaustivité, mais que je tenterai de « doublonner » ici, quand j’en aurai le temps :

1/ Le retrait américain de l’OMS impacterait “grandement” l’Afrique, selon l’UA (Afrique Média)

2/ Trump again demands to buy Greenland in ‘horrendous’ call with Danish PM (Guardian)

3/ Le coup de pouce de la mairie de Toulouse au collectif d'extrême droite Némésis (StreetPress)

4/ Une bonne synthèse explicative des premiers décrets pris par Trump lundi/mardi (en anglais - The Irish Times, 21 janvier 2025)

5/ La Martinique retrouve son leader de la lutte contre la vie chère (Mediapart - réservé aux abonné·es - abonnez-vous ou demandez-moi l'article - c'est possible d'en offrir un par jour je crois)

6/ Australie : les défenseurs des droits des autochtones manifestent pendant la fête nationale (TV5 Monde)

7/ Investiture de Donald Trump : Spotify fait cadeau de 150 000 dollars pour la cérémonie (Les Inrocks) - c'est le moment de se désabonner, je pense (je le dis à l'attention des personnes concernées)

 

samedi, 25 janvier 2025

25012025

Ce matin, plutôt que de m’installer à l’ordinateur, j’ai tenté une nouvelle routine : lectures (d’un œil finalement) dans le canapé en regardant deux vidéos directement sur le téléviseur, notamment la dernière de la chaîne Un grain de lettres, avec Clémentine Labrosse, sur la revue Censored et l’autoédition féministe.

Pourquoi ne pas tenter une nouvelle routine, au moins pour le week-end ?

 

J’ai lu — en diagonale ou plus exactement, en ne lisant que certains articles — le n° 44 de la Revue dessinée et le n° 66 de XXI. Beaucoup de pistes de réflexion et de nouvelles lectures à aller pêcher / piocher. Et toute la journée s’est muée en grisaille dégoulinante, averses, plafond cendreux de nuages effroyablement bas, temps à spleen XXL. Nous allons peut-être aller en ville quand même, car il y a une ou deux courses à faire, et l’exposition Letizia Battaglia au Château de Tours.

 

15:18 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 janvier 2025

24012025

Ma grand-mère est morte à 97 ans et 200 jours, cinquante-sept ans au jour près après son père (mort le 17 janvier 1968, et que je n’ai pas connu), et donc il y a une semaine.

 

Cet après-midi, je suis resté au bureau, à faire des bricoles, à lire divers documents, « traiter les mails pro » selon l’expression que j’emploie, échanger, scroller sur Mastodon et Bluesky – peut-être que je pose quelques jalons quand même. Notre amie E* qui a fait un passage express, venue exprès pour la rencontre d’hier soir (la pauvre) et repartie ce matin tôt (elle avait cours à 11 h dans son collège charentais), était fascinée par toute l’histoire autour d’Amma Darko : si je n’en tire rien côté recherche, traduction et/ou publication, je pourrai toujours écrire un opuscule en mode polar pour intellos…

En écoutant ce matin la rediffusion de l’émission La Méridienne de 2023 avec mon collègue Florent Kohler, je réfléchissais à la façon dont je pourrais consacrer un peu de temps, en marge de mon projet de recherche principal, pour la tétralogie de Heathcote Williams. (Florent dit qu’il s’était tourné vers l’anthropologie car il en avait eu assez de la littérature autour des questions animales. Textuellement, qu'il en avait “assez de l'abstraction”. Dans l’émission, il dit des choses passionnantes sur l’écologie de la réconciliation.)

jeudi, 23 janvier 2025

23012025

Retour à Tours. Il faisait très beau et très doux à Dax comme à Bordeaux.

 

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La rencontre aux Temps sauvages autour de ma traduction de Born in Blackness ne s’est pas très bien passée. J’étais plutôt déçu car je n’ai pas été à la hauteur du tout, usurpant la confiance que m’a fait le libraire, Nicolas, qui est un jeune homme charmant, très cordial et très fin. Surtout je n'avais pas assez préparé, ou pas ce qu'il fallait. J'avais bien rédigé quelque chose de synthétique, mais le livre traite d'énormément de périodes et de lieux, et il y avait dans la salle des personnes qui ne connaissaient absolument rien – je pense – au sujet, et qui ont dû être complètement perdues...

Lors des questions, je me suis un peu rattrapé (j’espère). La librairie était pleine, en tout cas (environ 25 personnes), et j'espère ne pas avoir totalement embrouillé l'esprit de (ni avoir trop fait perdre de temps à) ces personnes

 

23:50 Publié dans 2025, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 janvier 2025

22012025

Longue journée à Saint-Pierre et Mont-de-Marsan, entre le crématorium, la pose de l’urne au cimetière (l’urne cinéraire de ma grand-mère est nettement plus grande que celle de mon grand-père, hasard ô combien significatif – et grise, face à noire), les rendez-vous de ma mère et de ma tante ici et là pour les formalités (qui n’en sont pas), le déjeuner en famille. Heureux de voir ma cousine, que je vois rarement.

 

Vraiment secoué. La cérémonie a été très difficile. Ma tante a lu la lettre que ma grand-mère avait préparée, qui lui ressemble tant, tout calculé au mot près. Ma cousine l’a très bien évoquée ; c’était juste et d’une grande tendresse.

 

Pas eu l’envie ni la force de faire de petites vidéos de la maison et du jardin, comme je voulais le faire. Abel et moi avons fait un tour à Mont-de-Marsan, et traînaillé dans deux librairies, dont la librairie Masset, où j'avais acheté quelques livres en juillet dernier et où je n'avais pas vu le rayon “franc-maçonnerie” (!). C'est Abel qui me l'a montré.

 

C’est mon père qui a conduit au retour également alors que j’aurais dû m’y coller ; je suis en-dessous de tout.

 

23:35 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 janvier 2025

21012025

Deux promenades, une le matin sous le soleil, et une l’après-midi en faisant demi-tour fissa à cause de la pluie qui forçait.

Demain, obsèques de ma grand-mère.

Je suis vraiment secoué ; ça m’épuise.

 

lundi, 20 janvier 2025

20012025

Aujourd’hui, avant de prendre le train, dans le coton grisâtre et brumeux qui enveloppe la Touraine, à de rares exceptions près, depuis trois mois, le froid en surplus depuis quelques jours, j’ai enregistré la deuxième émission de radio I Love Mes Cheveux avec Marie-Aude Ravet.

Après, lors du trajet et de l’assez longue correspondance à Bordeaux Saint-Jean qui m’a fait constater que « la forme d’une ville gare / Change plus vite hélas que le cœur des mortels », j’ai écouté en boucle le nouvel album de Mathieu Boogaerts, en continuant de lire Séverin et Brautigan, et en scrollant aussi, fatigué, m’effondrant bêtement en sanglots au sud d’Angoulême.

Notre train a eu une demi-heure de retard, car le train précédent avait percuté un animal.

 

dimanche, 19 janvier 2025

19012025 — Les GAFA et l'eurocentrisme

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Depuis quelque temps (je ne saurais dire combien), YouTube génère automatiquement une sorte de tag visuel permettant d'identifier des figures connues citées dans une vidéo. Dans celle que j'ai postée hier, je parle de Marechera (très important poète du Zimbabwe, mais peu connu en Europe, de fait) et de Derek Walcott, immense dramaturge et poète, prix Nobel en 1992, excusez du peu. Eh bien, YouTube a identifié Valentine Boué ép. Penrose (tant mieux, je la pensais nettement plus invisibilisée) mais ni Marechera ni Walcott.

Les algorithmes des GAFA (et donc les humains qui sont derrière ces choix) confortent et accentuent l'eurocentrisme, et même, je le dis sans ambages, le suprémacisme blanc.

samedi, 18 janvier 2025

18012025

Ma grand-mère maternelle est morte hier.

(Je n’aime pas l’adjectif décédé·e ; je l’évite comme la peste.)

 

Ma grand-mère maternelle est morte hier. Je l’ai appris après une réunion de recherche.

Je passe sur l’intime.

 

Une de mes collègues m’a écrit ceci : « Perdre ses grands-parents c'est faire le deuil de tout un pan de l'enfance. » Cela peut sembler une évidence, un poncif, mais c’est une très belle phrase, au fond, très juste. J’ai eu la grande chance de connaître mes quatre grands-parents jusqu’à une période assez avancée dans ma vie d’adulte : mon grand-père maternel est mort en 2012, et mes grands-parents paternels en 2015 et 2018 respectivement. J’ai donc aussi, avec eux, des souvenirs de l’enfance de mes fils. Mais ce qui remonte, dans ces moments-là, c’est surtout des épisodes ou des images de mon enfance.

Une autre collègue m’a écrit : « quand on ne cesse pas de parler d'eux, ils ne meurent pas ». Vieille vérité, mais qu’on oublie peut-être. Aujourd’hui, en regardant (d’un œil agacé) un court métrage documentaire des « scotcheuses », je regardais aussi le ballet des moineaux et des mésanges autour des mangeoires, et je rêvassais à un film que je pourrais fomenter pour parler d’eux.

 

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Commentant la photographie que j’ai choisie pour saluer sa mémoire sur Facebook, l’écrivaine Monique Séverin (que j’ai rencontrée une fois, en 2023) a écrit : « Oh, ce sourire ! Et cette symbiose avec son environnement... »

J’étais très touché car c’est la seule qui a exprimé ce que j’avais voulu montrer avec cette image.   Ma grand-mère n’était pas très amoureuse des grands espaces sauvages — quoi qu’elle ait beaucoup pratiqué la randonnée dans les Pyrénées et nagé, jusqu’à un âge avancé, dans les flots peu commodes et les rouleaux de l’océan Atlantique, à Contis notamment —, mais c’était quelqu’un qui aimait les jardins, les fleurs, le vert que l’on a sous les yeux. J’ai choisi cette photo pour tout cela, et pour le regard un peu mélancolique mais surtout très vif, méditatif, prêt peut-être à ne pas être d’accord ; elle était aisément sceptique, et souvent un peu trop sûre d’avoir raison.

 

Je suis d’autant plus touché par la remarque de Monique Séverin que j’avais commencé, deux jours avant la mort de ma grand-mère, la lecture du roman de l’écrivaine réunionnaise La bâtarde du Rhin, et que les secrets de famille qui traversent ce roman font un peu écho à une partie de l’histoire de cette partie-là de ma famille : mon arrière-grand-mère, la mère de ma grand-mère que vous voyez ici assise dans l’herbe, était une enfant de l’Assistance publique, et avait souffert d’avoir été marquée toute son enfance et toute sa jeunesse du mot d’infamie, la bastarde en français légèrement gasconnisé. Cela n’avait rien d’un secret de famille, et j’ai souvent discuté avec mon arrière-grand-mère de son enfance, mais des secrets il y en a : ce n’est pas le lieu d’en parler là, aujourd’hui, et je ne saurais comment le faire, là aujourd’hui, mais je ne veux pas oublier que les secrets de famille ne m’ont jamais passionné en soi, que je pense – ce n’est pas faute pourtant d’avoir beaucoup lu ce que Nicolas Abraham et Maria Török ont écrit sur les cryptes – que ces secrets ont tendance à occulter, rétrospectivement et paradoxalement, tout ce qui n’est pas caché et qui compte bien davantage dans la vie et dans la mémoire des humain·es. Si je fais un film (pour moi) ce sera en évoquant les (faux) secrets, mais surtout pour qu'ils prennent place au milieu de tout ce qui n'a jamais été celé ni scellé.

 

10:05 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)

vendredi, 17 janvier 2025

17012025 (Lynch et l'archive)

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C’est de saison : tout le monde parle de se barrer de X anciennement Twitter et de Meta à cause des dernières déclarations de Zuckerberg libérant toutes les paroles fascistes et antidémocratiques au nom de la « liberté d’expression » (pour contrer cette idée fallacieuse et criminelle, se pencher sur le paradoxe de Popper).

 

Concernant Facebook, je me suis exprimé à ce sujet sur le réseau lui-même et je prévois de continuer à y écrire, publier et travailler ; la position d’Eva Doumbia m’a également convaincu. Concernant Twitter, dont le cas est différent car Musk se démène activement en faveur des partis fascistes partout en Europe, j’ai demandé une archive, qui est quasiment illisible/inutilisable, et surtout très partielle malgré ses deux gigaoctets : je vais sans doute supprimer mon compte en passant par pertes et profits tout ce qui s’y trouve et que je n’ai pas archivé au fur et à mesure (beaucoup de choses).

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En tout cas, ce n’est pas ce dont il était question quand j’ai écrit « c’est de saison » ; je voulais simplement expliquer pourquoi j’étais allé repêcher, dans mes archives Facebook, deux posts de juillet 2020, écrits juste après avoir revu Mulholland Drive. J’ai eu beau faire beaucoup de sauvegardes de Facebook ici et , il en manque…

 

jeudi, 16 janvier 2025

16012025

C’est le milieu du mois. Il fait toujours froid, moins dixit le thermomètre, mais ça ne paraît guère, vu que la grisaille est retombée sur le monde. Après un bon bout de matinée à régler des bricoles chronophages, je me suis enfin mis à mes copies de L3, dont j’ai éclusé une bonne moitié, mais en devant faire deux pauses pour m’aérer l’esprit : en fin de matinée pour aller acheter de nouveaux chaussons, et en milieu d’après-midi pour refaire le stock de boules de graisse pour les mangeoires. (Le jour de novembre où il a neigé, j’avais acheté un sac de 12 kilos de graines de tournesol, dont les oiseaux ne sont pas encore venus à bout.)

Enfin pris le temps, après l’heure du thé, de lire plus en détail le catalogue de l’exposition Tarsila do Amaral vue à l’automne. Malgré quelques timides tentatives, le fait que l’œuvre de la peintre révèle, ça et là, ses préjugés et la culture post-esclavagiste reste très sous-analysée. De même pour le concept d’anthropophagie, dont je sais – sans jamais avoir très bien compris, d’ailleurs – que Maryse Condé l’a reprise à son compte sous la formule du cannibalisme culturel, il y a tout un impensé culturel que les formules à l’emporte-pièce du Manifeste d’Oswald de Andrade en 1928 ne rendent pas moins dérangeant.

 

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Soir : on poursuit dans le cinéma coréen, avec Decision to leave de Park Chan-wook (2022). Il y a d’excellentes idées, mais toute la dernière partie traîne en longueur. Récompensé pour la mise en scène à Cannes, d’accord, mais alors, pas pour le montage… Dommage…

 

Juste avant le coucher, on apprenait la mort de David Lynch. Mon fil Facebook s'était couvert de bourgeonnants hommages, ou de titres de presse citant tous Twin Peaks (vraiment pas son meilleur) et Mulholland Drive (excellent, même si je préfère Lost Highway).

 

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mercredi, 15 janvier 2025

15012025 (ILMC & NdT)

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La première de mon émission de radio, I LOVE MES CHEVEUX, est donc enfin en ligne. Elle a été enregistrée en direct avant-hier, lundi. Pour la petite histoire, on entend mal la musique de générique au début, mais je compte améliorer cela la prochaine fois ; de même, il y a un blanc étrange vers 4'50" : j'étais perturbé de voir Mélissa modifier des réglages sur les manettes car on entendait mal le retour dans les casques, apparemment...

L’idée est d’en enregistrer deux ou trois par mois ; normalement, j’ai mon programme d’invité·es jusqu’en mars. Il est essentiel pour moi que cette émission ne se résume pas à inviter des traducteurices et à parler de leurs traductions : d’excellentes émissions et podcasts existent déjà avec cette ligne éditoriale. Mon souhait, depuis que j’ai conçu le projet, est de tout articuler autour du territoire, donc de l’université bien sûr (c’est Radio Campus Tours) et plus généralement de la métropole tourangelle. Je ne penserai avoir atteint mon but que lorsque des représentant·es de toutes les catégories de personnel et des étudiant·es de toutes les filières seront venu·es parler au micro.

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Une des questions presque marginales qui s’est posée, lors d’un échange avec Louison Millet autour de la traduction d’un mot coréen que je ne saurais ni restituer en hangeul ni donner en transcription, et dont elle disait qu’il n’était pas traduisible en français, en particulier en raison de ses connotations historiques, est celle des notes du traducteur ou de la traductrice. C’est un vaste sujet, et une question à laquelle, comme toute personne qui traduit ou qui lit des traductions, je réfléchis depuis longtemps.

Il est impossible de faire le tour de cette question dans un billet de blog, mais disons qu’il y a grosso modo deux écoles, et, au sein de ces écoles, cinquante nuances, bien sûr. D’une part, l’idée que la NdT est un aveu d’échec, une scorie à éviter à tout prix, et c’est souvent le cas des éditeurices, qui préfèrent, le cas échéant, ouvrir un espace à læ traducteurice, par exemple une postface permettant d’expliquer et de justifier certains choix ; cette idée a notamment une certaine pertinence pour la traduction de textes littéraires, dans la mesure où les idées (et donc les référents des mots) ne sont pas le seul, voire pas le principal objet/objectif du texte. D’autre part, il y a l’idée que la traduction est une opération intellectuelle et linguistique nécessaire, mais qu’elle est vouée en soi à ne pas permettre une nette et équivalente compréhension de tel mot ou de tel passage, contexte etc. : dans cette optique, la NdT se comprend comme un prolongement du texte traduit, qui donne un élément de compréhension primordial. Comme je le disais, ces deux positions admettent des nuances multiples : ainsi, Claire, avec qui j’en ai longuement parlé lundi soir, déplore que certaines traductions de textes issus de cultures non européennes finissent par anthropologiser le texte littéraire en le surchargeant de notes sans lesquelles le récit resterait en fait entièrement compréhensible en tant que récit, fût-ce au prix d’une certaine étrangeté/étrangèreté constitutive de sa lecture.

En quelque sorte, ces questionnements recoupent en partie le vieux débat (en partie stérile ou vicié) des « sourcistes » et des « ciblistes », ainsi que la question post-coloniale de l’inscription des mots ou phrases en langues non européennes dans des textes écrits en langues européennes (ce que Ngũgĩ wa Thiong’o nomme les littératures afro-européennes, cf Decolonising the Mind, pp. 26-7) : quel sens donner aux glossaires, aux équivalences intégrées, à ces différents dispositifs de mise à disposition du sens, et donc d’homogénéisation partielle ou total d’un texte hétérogène car profondément plurivocal (au sens bakhtinien) ? On touche là à mes obsessions de plusieurs années déjà, explorées dans plusieurs séminaires, et qui, au fond, trouvent à se réexprimer dans le gros projet de recherche dans lequel je m’embarque pour mon sabbatique.

Pour en revenir à la question des NdT, il faudra que je fouille un peu afin de voir si ça n’a pas été déjà fait, mais il y aurait certainement un colloque à organiser autour de ces questions, car, au-delà des questions essentielles de la transmission, de l’opacité, du « reste après traduction », ou des genres différents (la NdT est évidemment valorisée dans le cas des textes philosophiques, par ex.), la NdT, très entre autres, peut servir désormais de signal anti-IA, autrement dit la preuve qu’un·e traducteurice humain·e est à la manœuvre.

 

mardi, 14 janvier 2025

14012025 (Hiver à Sokcho)

Encore une belle journée ensoleillée et froide. Le thermomètre descend autour de -3° / - 4° la nuit et jusqu’au matin : il y a longtemps que ce n’était pas arrivé. Je ne me suis pas encore mis à mes copies de 3e année (récupérées mardi dernier – quel boulet je suis) et je n’ai rien écrit dans les carnets de recherche depuis pas loin d’une semaine également. Au retour des Deux-Lions, lundi, je suis tombé sur un collègue que je vois très rarement et qui va bientôt soutenir son HDR : je lui ai parlé de mon feuilleton avec Amma Darko, qui relève du roman policier. Ce même jour, j’avais eu un mail très sympa de James Woodhouse, qui a republié le premier roman de Darko l’an dernier dans le cadre de la reprise du catalogue des African Writers Series, et qui envisage de contacter la fille d’Ama Ata Aidoo, qui connaît beaucoup de monde dans le milieu littéraire au Ghana. — Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça ici.

 

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L’après-midi, après le déjeuner à Lion & Papillon, très bon petit restaurant libanais « queer et vegan » qui a ouvert il y a un peu moins d’un an, nous sommes allés voir Hiver à Sokcho, d’après le roman d’Elisa Shua Dusapin, que j’avais bien aimé et que je ne retrouve pas sur mes étagères. Comme le roman (dont je me suis aperçu que les détails de l’intrigue ne me sont guère restés en mémoire), c’est un film d’atmosphère. Le réalisateur franco-japonais Koya Kamura a choisi d’adapter le roman en filmant la ville de Sokcho de façon fragmentée, impressionniste, comme pour souligner le caractère subjectif des deux regards principaux, celui de Soo-ha (qui connaît « sa » ville par cœur) et celui de Yan, l’auteur français qui la découvre et dont on ne saura jamais vraiment ce qu’il y a vu. Il s’agit d’un film qui insiste assez nettement sur les injonctions faites aux femmes au sein d’une société conservatrice et patriarcale, et dont le sujet (Soo-ha ne connaît pas son père, Français de passage jamais revenu) fait écho au roman de Monique Séverin dont je viens de commencer la lecture (La bâtarde du Rhin [2006], rééd. éditions Edern, 2024).

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Au final, c’est un film contemplatif, comme j’ai le sentiment d’en avoir déjà vu pas mal, sur la rencontre entre deux personnages, un homme d’une cinquantaine d’années et une jeune femme, une rencontre grevée par les non-dits et le poids de leurs passés respectifs. Un des éléments originaux est l’insertion, ex abrupto, de brèves séquences animées, qui semblent parfois mièvres ; l’une d’entre elles, toutefois, celle qui se substitue à la scène d’amour entre Soo-ha et Jun-oh, est très habile, car elle permet de montrer, du point de vue de la jeune femme, que l’acte sexuel est, pour elle, un acte solitaire, et un geste d’adieu à son compagnon autant que de repossession de son corps. Le film est surtout « sauvé » par l’interprétation, notamment des deux actrices principales, la mère (Park Mi-Hyeon) et la fille (Bella Kim), mais aussi du vieux M. Park, propriétaire de l’hôtel et figure douce-amère. Roschdy Zem joue bien, ce que l’on voit dans les deux brèves scènes dans lesquelles il sort du rôle du mec taciturne et bourru dans lequel il est trop souvent cantonné. C’est notamment un acteur qui sait être très drôle, de façon très convaincante : « vous moquez pas, hein, cette moustache a fait des ravages à Dieppe en 1991 ». À bien y réfléchir, la réplique, une fois passé son effet comique immédiat, est à double détente : tout le film tourne autour du trauma des pères absents ou démissionnaires. Le père inconnu de Soo-ha, l’homme de Chateaudun, a lui aussi fait des ravages.

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Donc, blague récurrente, je ne retrouve pas mon exemplaire d’Hiver à Sokcho, que j’aurais volontiers reparcouru à la lumière du film. À qui l’ai-je prêté ? Mystère. En recherchant dans mon vlog, j’ai bien retrouvé la vidéo dans laquelle je parle (entre autres) du deuxième roman de Dusapin, Les billes du Pachinko ; j’y dis clairement que ma lecture de Hiver à Sokcho remonte à la période où je ne faisais pas de vidéos. C’est un rien pénible, mais sans gravité. Pour l’anecdote, au tout début du film, on voit Soo-ha arriver pour la première fois à la réception de l’hôtel dans lequel elle travaille, et elle salue une jeune voyageuse qui quitte le bâtiment : j’ai reconnu Elisa Shua Dusapin elle-même, qui fait donc un petit cameo assez amusant, moins un clin d’œil à Hitchcock qu’une façon de passer le relais au cinéaste (j’étais là, mais je te laisse la place).

 

lundi, 13 janvier 2025

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Aujourd’hui, belle journée ensoleillée, grand ciel bleu, grand froid. J’ai reçu enfin, cet après-midi, les deux étudiantes sud-africaines qui seront là ce semestre, et dont l’une me dit qu’elle n’avait pas prévu un climat aussi froid : elle avait juste un sweat-shirt à capuche, et même dans mon bureau (très peu chauffé, il faut dire), elle devait se cailler. Établir leur programme d’études va être coton, car il leur faut 30 ECTS pour pouvoir bénéficier de la bourse.

 

G. Cingal et sa première invitée, Louison Millet - studio de Radio Campus Tours, 13 janvier 2025, 10 h

Le matin, j’avais enregistré en direct la première de mon émission de radio, I LOVE MES CHEVEUX. Mélissa Wyckhuyse, la responsable d’antenne, était là pour m’aider à ne pas commettre de bourde technique, et a même posé quelques questions à l’invitée, avec une lucidité très supérieure à la mienne. C’est aussi à elle qu’on doit la photo ci-dessus.

Globalement, ça s’est plutôt bien passé : grâce au compte Instagram j’ai même pu évoquer à l’antenne des remarques/ questions des auditeurices. Par contre j’ai oublié de demander à Louison Millet de citer/recommander quelques-unes des bandes dessinées sur lesquelles elle travaille pour son mémoire de master. Je rattraperai cela quand l’administrateur du site aura créé une page pour l’émission et quand le podcast sera diffusé, mais il faut que je m’améliore… Bien sûr, l’audience est très limitée, mais peut-être que ça peut « prendre ». Nous verrons bien. Pour l’instant, j’ai mon programme prévu jusqu’en mars, à raison de deux ou trois émissions par mois.

 

Soirée : Pollock de et avec Ed Harris. Pas un mauvais film du tout, car le réalisateur/acteur a eu le souci du détail ; je pense que d’un point de vue technique le travail du peintre est correctement représenté, en particulier les scènes de danse/dripping. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’être toujours plus convaincu que le biopic est un genre tiède : il est très rare que les biopics soient de mauvais films, car leur sujet est intéressant, mais il est plus rare encore que ce soit de très bons films. La contrainte narrative implique que ce sont des films qui se laissent regarder voire qui donnent à réfléchir, instruisent etc. Mais des grands films ? presque jamais.

 

dimanche, 12 janvier 2025

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Matinée : tâches domestiques, deux corrigés de devoir (concours blanc d'agrégation interne).

Après-midi : après un tour à vélo sous le soleil (enfin !) avec O*, thé avec 5 crêpes et un nombre incalculable de dattes, de sorte que j'ai comaté devant un match de rugby, en proie à l'indigestion la plus crasse.

J'ai cinquante ans et je suis un abruti sans jugeote.

 

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samedi, 11 janvier 2025

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Comme j'ai des piles de livres à lire qui traînent un peu partout (trois sur et dans la table à chevet, une au salon, une dans le placard de la chambre et une enfin au bureau), j'essaie d'écluser un peu, et je me suis donc mis en train aujourd'hui de poursuivre/achever la lecture de quelques recueils de poèmes que je lisais par intermittence depuis l'été.

Cela va un peu gonfler la liste des ouvrages lus en 2025, mais très à la marge (et de toute façon je continue de les lire en 2025).

 

18:40 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 10 janvier 2025

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Matinée : lessive, mails, réunion Teams de l’équipe transnationale Neolaia.

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Après-midi : promenade en ville, le temps de déposer quelques provisions chez O* et de passer aux Temps sauvages, afin d’acheter trois livres qui viennent de paraître et de « caler » avec Nicolas, le libraire, le déroulement de la rencontre autour de Noires origines.

 

Soir : deux films, l’un presque navet (Time Trap) et l’autre, un film mauritanien, Lingui : les liens sacrés, qu’on aimerait aimer, pour son sujet, pour sa photographie, mais ruiné par la présence d’une seule vraie actrice, celle qui joue la mère, Amina. Les autres jouent vraiment trop mal.

 

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Hier, au cinéma, nous avons vu Bird d’Andrea Arnold, qui mêle très habilement les codes de la comédie dramatique sociale à la Ken Loach – il se trouve que j’ai emprunté Kes à la médiathèque pour le revoir prochainement – et du film fantastique avec une esthétique caméra au poing plus proche des frères Dardenne. Malgré quelques éléments scénaristiques un peu convenus, ce qu’on pourrait appeler des « passages obligés », le film traite de manière subtile de la porosité entre le monde des animaux non humains et celui des animaux humains. Un critique qui en parle comme de quelque chose de rebattu ne semble avoir remarqué ni la scène initiale avec le goéland, ni la scène finale avec le renard, ni l’importance des films tournés par Bailey avec son smartphone. Je n’ai pas une très bonne oreille – et c’est presque une litote – pour cela, mais il m’a semblé que la mosaïque d’accents relevait des aspects délibérément non réalistes du film, qui se passe dans le Kent.

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Apparemment, Andrea Arnold est une cinéaste reconnue. Tant de films non vus…

 

23:00 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)