vendredi, 17 janvier 2025
17012025 (Lynch et l'archive)
C’est de saison : tout le monde parle de se barrer de X anciennement Twitter et de Meta à cause des dernières déclarations de Zuckerberg libérant toutes les paroles fascistes et antidémocratiques au nom de la « liberté d’expression » (pour contrer cette idée fallacieuse et criminelle, se pencher sur le paradoxe de Popper).
Concernant Facebook, je me suis exprimé à ce sujet sur le réseau lui-même et je prévois de continuer à y écrire, publier et travailler ; la position d’Eva Doumbia m’a également convaincu. Concernant Twitter, dont le cas est différent car Musk se démène activement en faveur des partis fascistes partout en Europe, j’ai demandé une archive, qui est quasiment illisible/inutilisable, et surtout très partielle malgré ses deux gigaoctets : je vais sans doute supprimer mon compte en passant par pertes et profits tout ce qui s’y trouve et que je n’ai pas archivé au fur et à mesure (beaucoup de choses).
En tout cas, ce n’est pas ce dont il était question quand j’ai écrit « c’est de saison » ; je voulais simplement expliquer pourquoi j’étais allé repêcher, dans mes archives Facebook, deux posts de juillet 2020, écrits juste après avoir revu Mulholland Drive. J’ai eu beau faire beaucoup de sauvegardes de Facebook ici et là, il en manque…
06:20 Publié dans 2025, Flèche inversée vers les carnétoiles, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 janvier 2025
16012025
C’est le milieu du mois. Il fait toujours froid, moins dixit le thermomètre, mais ça ne paraît guère, vu que la grisaille est retombée sur le monde. Après un bon bout de matinée à régler des bricoles chronophages, je me suis enfin mis à mes copies de L3, dont j’ai éclusé une bonne moitié, mais en devant faire deux pauses pour m’aérer l’esprit : en fin de matinée pour aller acheter de nouveaux chaussons, et en milieu d’après-midi pour refaire le stock de boules de graisse pour les mangeoires. (Le jour de novembre où il a neigé, j’avais acheté un sac de 12 kilos de graines de tournesol, dont les oiseaux ne sont pas encore venus à bout.)
Enfin pris le temps, après l’heure du thé, de lire plus en détail le catalogue de l’exposition Tarsila do Amaral vue à l’automne. Malgré quelques timides tentatives, le fait que l’œuvre de la peintre révèle, ça et là, ses préjugés et la culture post-esclavagiste reste très sous-analysée. De même pour le concept d’anthropophagie, dont je sais – sans jamais avoir très bien compris, d’ailleurs – que Maryse Condé l’a reprise à son compte sous la formule du cannibalisme culturel, il y a tout un impensé culturel que les formules à l’emporte-pièce du Manifeste d’Oswald de Andrade en 1928 ne rendent pas moins dérangeant.
Soir : on poursuit dans le cinéma coréen, avec Decision to leave de Park Chan-wook (2022). Il y a d’excellentes idées, mais toute la dernière partie traîne en longueur. Récompensé pour la mise en scène à Cannes, d’accord, mais alors, pas pour le montage… Dommage…
Juste avant le coucher, on apprenait la mort de David Lynch. Mon fil Facebook s'était couvert de bourgeonnants hommages, ou de titres de presse citant tous Twin Peaks (vraiment pas son meilleur) et Mulholland Drive (excellent, même si je préfère Lost Highway).
21:30 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 janvier 2025
15012025 (ILMC & NdT)
La première de mon émission de radio, I LOVE MES CHEVEUX, est donc enfin en ligne. Elle a été enregistrée en direct avant-hier, lundi. Pour la petite histoire, on entend mal la musique de générique au début, mais je compte améliorer cela la prochaine fois ; de même, il y a un blanc étrange vers 4'50" : j'étais perturbé de voir Mélissa modifier des réglages sur les manettes car on entendait mal le retour dans les casques, apparemment...
L’idée est d’en enregistrer deux ou trois par mois ; normalement, j’ai mon programme d’invité·es jusqu’en mars. Il est essentiel pour moi que cette émission ne se résume pas à inviter des traducteurices et à parler de leurs traductions : d’excellentes émissions et podcasts existent déjà avec cette ligne éditoriale. Mon souhait, depuis que j’ai conçu le projet, est de tout articuler autour du territoire, donc de l’université bien sûr (c’est Radio Campus Tours) et plus généralement de la métropole tourangelle. Je ne penserai avoir atteint mon but que lorsque des représentant·es de toutes les catégories de personnel et des étudiant·es de toutes les filières seront venu·es parler au micro.
Une des questions presque marginales qui s’est posée, lors d’un échange avec Louison Millet autour de la traduction d’un mot coréen que je ne saurais ni restituer en hangeul ni donner en transcription, et dont elle disait qu’il n’était pas traduisible en français, en particulier en raison de ses connotations historiques, est celle des notes du traducteur ou de la traductrice. C’est un vaste sujet, et une question à laquelle, comme toute personne qui traduit ou qui lit des traductions, je réfléchis depuis longtemps.
Il est impossible de faire le tour de cette question dans un billet de blog, mais disons qu’il y a grosso modo deux écoles, et, au sein de ces écoles, cinquante nuances, bien sûr. D’une part, l’idée que la NdT est un aveu d’échec, une scorie à éviter à tout prix, et c’est souvent le cas des éditeurices, qui préfèrent, le cas échéant, ouvrir un espace à læ traducteurice, par exemple une postface permettant d’expliquer et de justifier certains choix ; cette idée a notamment une certaine pertinence pour la traduction de textes littéraires, dans la mesure où les idées (et donc les référents des mots) ne sont pas le seul, voire pas le principal objet/objectif du texte. D’autre part, il y a l’idée que la traduction est une opération intellectuelle et linguistique nécessaire, mais qu’elle est vouée en soi à ne pas permettre une nette et équivalente compréhension de tel mot ou de tel passage, contexte etc. : dans cette optique, la NdT se comprend comme un prolongement du texte traduit, qui donne un élément de compréhension primordial. Comme je le disais, ces deux positions admettent des nuances multiples : ainsi, Claire, avec qui j’en ai longuement parlé lundi soir, déplore que certaines traductions de textes issus de cultures non européennes finissent par anthropologiser le texte littéraire en le surchargeant de notes sans lesquelles le récit resterait en fait entièrement compréhensible en tant que récit, fût-ce au prix d’une certaine étrangeté/étrangèreté constitutive de sa lecture.
En quelque sorte, ces questionnements recoupent en partie le vieux débat (en partie stérile ou vicié) des « sourcistes » et des « ciblistes », ainsi que la question post-coloniale de l’inscription des mots ou phrases en langues non européennes dans des textes écrits en langues européennes (ce que Ngũgĩ wa Thiong’o nomme les littératures afro-européennes, cf Decolonising the Mind, pp. 26-7) : quel sens donner aux glossaires, aux équivalences intégrées, à ces différents dispositifs de mise à disposition du sens, et donc d’homogénéisation partielle ou total d’un texte hétérogène car profondément plurivocal (au sens bakhtinien) ? On touche là à mes obsessions de plusieurs années déjà, explorées dans plusieurs séminaires, et qui, au fond, trouvent à se réexprimer dans le gros projet de recherche dans lequel je m’embarque pour mon sabbatique.
Pour en revenir à la question des NdT, il faudra que je fouille un peu afin de voir si ça n’a pas été déjà fait, mais il y aurait certainement un colloque à organiser autour de ces questions, car, au-delà des questions essentielles de la transmission, de l’opacité, du « reste après traduction », ou des genres différents (la NdT est évidemment valorisée dans le cas des textes philosophiques, par ex.), la NdT, très entre autres, peut servir désormais de signal anti-IA, autrement dit la preuve qu’un·e traducteurice humain·e est à la manœuvre.
18:32 Publié dans 2025, ILMC, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 14 janvier 2025
14012025 (Hiver à Sokcho)
Encore une belle journée ensoleillée et froide. Le thermomètre descend autour de -3° / - 4° la nuit et jusqu’au matin : il y a longtemps que ce n’était pas arrivé. Je ne me suis pas encore mis à mes copies de 3e année (récupérées mardi dernier – quel boulet je suis) et je n’ai rien écrit dans les carnets de recherche depuis pas loin d’une semaine également. Au retour des Deux-Lions, lundi, je suis tombé sur un collègue que je vois très rarement et qui va bientôt soutenir son HDR : je lui ai parlé de mon feuilleton avec Amma Darko, qui relève du roman policier. Ce même jour, j’avais eu un mail très sympa de James Woodhouse, qui a republié le premier roman de Darko l’an dernier dans le cadre de la reprise du catalogue des African Writers Series, et qui envisage de contacter la fille d’Ama Ata Aidoo, qui connaît beaucoup de monde dans le milieu littéraire au Ghana. — Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça ici.
L’après-midi, après le déjeuner à Lion & Papillon, très bon petit restaurant libanais « queer et vegan » qui a ouvert il y a un peu moins d’un an, nous sommes allés voir Hiver à Sokcho, d’après le roman d’Elisa Shua Dusapin, que j’avais bien aimé et que je ne retrouve pas sur mes étagères. Comme le roman (dont je me suis aperçu que les détails de l’intrigue ne me sont guère restés en mémoire), c’est un film d’atmosphère. Le réalisateur franco-japonais Koya Kamura a choisi d’adapter le roman en filmant la ville de Sokcho de façon fragmentée, impressionniste, comme pour souligner le caractère subjectif des deux regards principaux, celui de Soo-ha (qui connaît « sa » ville par cœur) et celui de Yan, l’auteur français qui la découvre et dont on ne saura jamais vraiment ce qu’il y a vu. Il s’agit d’un film qui insiste assez nettement sur les injonctions faites aux femmes au sein d’une société conservatrice et patriarcale, et dont le sujet (Soo-ha ne connaît pas son père, Français de passage jamais revenu) fait écho au roman de Monique Séverin dont je viens de commencer la lecture (La bâtarde du Rhin [2006], rééd. éditions Edern, 2024).
Au final, c’est un film contemplatif, comme j’ai le sentiment d’en avoir déjà vu pas mal, sur la rencontre entre deux personnages, un homme d’une cinquantaine d’années et une jeune femme, une rencontre grevée par les non-dits et le poids de leurs passés respectifs. Un des éléments originaux est l’insertion, ex abrupto, de brèves séquences animées, qui semblent parfois mièvres ; l’une d’entre elles, toutefois, celle qui se substitue à la scène d’amour entre Soo-ha et Jun-oh, est très habile, car elle permet de montrer, du point de vue de la jeune femme, que l’acte sexuel est, pour elle, un acte solitaire, et un geste d’adieu à son compagnon autant que de repossession de son corps. Le film est surtout « sauvé » par l’interprétation, notamment des deux actrices principales, la mère (Park Mi-Hyeon) et la fille (Bella Kim), mais aussi du vieux M. Park, propriétaire de l’hôtel et figure douce-amère. Roschdy Zem joue bien, ce que l’on voit dans les deux brèves scènes dans lesquelles il sort du rôle du mec taciturne et bourru dans lequel il est trop souvent cantonné. C’est notamment un acteur qui sait être très drôle, de façon très convaincante : « vous moquez pas, hein, cette moustache a fait des ravages à Dieppe en 1991 ». À bien y réfléchir, la réplique, une fois passé son effet comique immédiat, est à double détente : tout le film tourne autour du trauma des pères absents ou démissionnaires. Le père inconnu de Soo-ha, l’homme de Chateaudun, a lui aussi fait des ravages.
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Donc, blague récurrente, je ne retrouve pas mon exemplaire d’Hiver à Sokcho, que j’aurais volontiers reparcouru à la lumière du film. À qui l’ai-je prêté ? Mystère. En recherchant dans mon vlog, j’ai bien retrouvé la vidéo dans laquelle je parle (entre autres) du deuxième roman de Dusapin, Les billes du Pachinko ; j’y dis clairement que ma lecture de Hiver à Sokcho remonte à la période où je ne faisais pas de vidéos. C’est un rien pénible, mais sans gravité. Pour l’anecdote, au tout début du film, on voit Soo-ha arriver pour la première fois à la réception de l’hôtel dans lequel elle travaille, et elle salue une jeune voyageuse qui quitte le bâtiment : j’ai reconnu Elisa Shua Dusapin elle-même, qui fait donc un petit cameo assez amusant, moins un clin d’œil à Hitchcock qu’une façon de passer le relais au cinéaste (j’étais là, mais je te laisse la place).
18:50 Publié dans 2025, Moments de Tours, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 janvier 2025
13012025
Aujourd’hui, belle journée ensoleillée, grand ciel bleu, grand froid. J’ai reçu enfin, cet après-midi, les deux étudiantes sud-africaines qui seront là ce semestre, et dont l’une me dit qu’elle n’avait pas prévu un climat aussi froid : elle avait juste un sweat-shirt à capuche, et même dans mon bureau (très peu chauffé, il faut dire), elle devait se cailler. Établir leur programme d’études va être coton, car il leur faut 30 ECTS pour pouvoir bénéficier de la bourse.
Le matin, j’avais enregistré en direct la première de mon émission de radio, I LOVE MES CHEVEUX. Mélissa Wyckhuyse, la responsable d’antenne, était là pour m’aider à ne pas commettre de bourde technique, et a même posé quelques questions à l’invitée, avec une lucidité très supérieure à la mienne. C’est aussi à elle qu’on doit la photo ci-dessus.
Globalement, ça s’est plutôt bien passé : grâce au compte Instagram j’ai même pu évoquer à l’antenne des remarques/ questions des auditeurices. Par contre j’ai oublié de demander à Louison Millet de citer/recommander quelques-unes des bandes dessinées sur lesquelles elle travaille pour son mémoire de master. Je rattraperai cela quand l’administrateur du site aura créé une page pour l’émission et quand le podcast sera diffusé, mais il faut que je m’améliore… Bien sûr, l’audience est très limitée, mais peut-être que ça peut « prendre ». Nous verrons bien. Pour l’instant, j’ai mon programme prévu jusqu’en mars, à raison de deux ou trois émissions par mois.
Soirée : Pollock de et avec Ed Harris. Pas un mauvais film du tout, car le réalisateur/acteur a eu le souci du détail ; je pense que d’un point de vue technique le travail du peintre est correctement représenté, en particulier les scènes de danse/dripping. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’être toujours plus convaincu que le biopic est un genre tiède : il est très rare que les biopics soient de mauvais films, car leur sujet est intéressant, mais il est plus rare encore que ce soit de très bons films. La contrainte narrative implique que ce sont des films qui se laissent regarder voire qui donnent à réfléchir, instruisent etc. Mais des grands films ? presque jamais.
21:19 Publié dans 2025, Flèche inversée vers les carnétoiles, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 janvier 2025
12012025
Matinée : tâches domestiques, deux corrigés de devoir (concours blanc d'agrégation interne).
Après-midi : après un tour à vélo sous le soleil (enfin !) avec O*, thé avec 5 crêpes et un nombre incalculable de dattes, de sorte que j'ai comaté devant un match de rugby, en proie à l'indigestion la plus crasse.
J'ai cinquante ans et je suis un abruti sans jugeote.
18:40 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 janvier 2025
11012025
Comme j'ai des piles de livres à lire qui traînent un peu partout (trois sur et dans la table à chevet, une au salon, une dans le placard de la chambre et une enfin au bureau), j'essaie d'écluser un peu, et je me suis donc mis en train aujourd'hui de poursuivre/achever la lecture de quelques recueils de poèmes que je lisais par intermittence depuis l'été.
Cela va un peu gonfler la liste des ouvrages lus en 2025, mais très à la marge (et de toute façon je continue de les lire en 2025).
18:40 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 janvier 2025
10012025
Matinée : lessive, mails, réunion Teams de l’équipe transnationale Neolaia.
Après-midi : promenade en ville, le temps de déposer quelques provisions chez O* et de passer aux Temps sauvages, afin d’acheter trois livres qui viennent de paraître et de « caler » avec Nicolas, le libraire, le déroulement de la rencontre autour de Noires origines.
Soir : deux films, l’un presque navet (Time Trap) et l’autre, un film mauritanien, Lingui : les liens sacrés, qu’on aimerait aimer, pour son sujet, pour sa photographie, mais ruiné par la présence d’une seule vraie actrice, celle qui joue la mère, Amina. Les autres jouent vraiment trop mal.
Hier, au cinéma, nous avons vu Bird d’Andrea Arnold, qui mêle très habilement les codes de la comédie dramatique sociale à la Ken Loach – il se trouve que j’ai emprunté Kes à la médiathèque pour le revoir prochainement – et du film fantastique avec une esthétique caméra au poing plus proche des frères Dardenne. Malgré quelques éléments scénaristiques un peu convenus, ce qu’on pourrait appeler des « passages obligés », le film traite de manière subtile de la porosité entre le monde des animaux non humains et celui des animaux humains. Un critique qui en parle comme de quelque chose de rebattu ne semble avoir remarqué ni la scène initiale avec le goéland, ni la scène finale avec le renard, ni l’importance des films tournés par Bailey avec son smartphone. Je n’ai pas une très bonne oreille – et c’est presque une litote – pour cela, mais il m’a semblé que la mosaïque d’accents relevait des aspects délibérément non réalistes du film, qui se passe dans le Kent.
Apparemment, Andrea Arnold est une cinéaste reconnue. Tant de films non vus…
23:00 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 janvier 2025
09012025
Il y a trois jours, déjà, j’avais enregistré une vidéo d’une cinquantaine de minutes, dont la fin – pas grand-chose, deux ou trois minutes – avait été coupée faute d’espace de stockage. C’est un problème récurrent car les vidéos du smartphone sont très lourdes, même en modifiant les paramètres. Je vais tenter, prochainement, de reprendre l’enregistrement avec le vieux camescope (oui, celui de 2007), histoire de voir si le son n’est pas trop mauvais.
Ce matin, j’ai enregistré une nouvelle vidéo, tout d’abord pour finir de parler de l’essai de Vanessa Kisuule que m’a offert ma sœur pour mes 50 ans (j’y vois un parallèle avec le livre de Claire Dederer traduit par Carine Chichereau et dont a parlé Azélie Fayolle), puis pour parler un peu en détail de trois livres lus récemment et qui vont me marquer : le tome 1 du PO/CA/HON/TAS de Klaus Theweleit traduit par Christophe Lucchese chez L’Arche ; la sublime œuvre, quasiment inclassable, de Charlotte Salomon au Tripode ; enfin, le premier des grands poèmes animalistes de Heathcote Williams, Whale Nation, car je ne les connaissais que par ouï-lire ou via téléchargements illégaux, et ce Noël ma mère m’en a dégotté un exemplaire. J’ai aussi lu un extrait du roman du franco-irakien Abbas Fahdel Ce que le temps fait à la pierre (Abstractions, 2024) et un extrait, une fois encore, de l’essai de ma collègue Maboula Soumahoro.
14:18 Publié dans 2025, Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 janvier 2025
08012025
En fait, j’ai un boulot monstre cette semaine, et surtout plein de choses très différentes : copies de L3, préparation du dernier cours d’agrégation interne avec correction du concours blanc, faire la liste des notes pour le Mobil des étudiants de L2/L3, continuer mon chantier de recherche Nganang / Darko, et préparer la première de mon émission de radio.
Pour le chantier de recherche, j’ai écrit ce matin sur Facebook trois paragraphes pour accompagner le partage du dernier billet de Patrice Nganang, avant de copier-coller tout cela dans le document Word intitulé Chantier CRCT, qui, de carnet de bord, devient quasiment un dépotoir. Je me suis avisé que deux néologismes de ma brève publication, tritralogie et anthrop(aut)obiographie, pourraient requérir chacun un chapitre du très éventuel livre. Pour l’émission de radio, c’est amusant, car le document Word dans lequel je suis allé rechercher le visuel et l’argumentaire afin de créer le compte Instagram dédié (et y rédiger la première publication) s’intitule Proposition d’émission RCT : ainsi, deux sigles sans aucun rapport finissent par rythmer mon début d’année – d’une part, le Congé pour Recherche et Conversion Thématique (le talent de l’administration pour bricoler des intitulés absolument opaques n’a pas de limite), et d’autre part Radio Campus Tours (là, c’est transparent).
Bon, il faut que je me mette aux copies ou au bilan des notes, ou au corrigé du concours blanc, afin de pouvoir dire ce soir que j’ai aussi avancé sur la partie enseignement de mon activité (c’est la queue de comète du premier semestre).
09:12 Publié dans 2025, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 janvier 2025
07012025 (avec Ernest Cole)
Côté météo, on est passé d’une assez belle journée d’hiver, fraîche mais avec un ciel presque dégagé, à la même bouillie grisâtre et trempée. Côté politique, le dixième anniversaire de la tuerie de Charlie Hebdo a coïncidé avec la mort de l’affreux tortionnaire raciste et fasciste Le Pen, qui n’aura jamais été jugé pour ses crimes et qui laisse une imposante descendance, hélas, biologique ou non. Les fanatiques religieux et l’extrême-droite sont des analogues et alliés de circonstance contre les libertés ; sur ce point, je n’ai pas bougé d’un iota.
Au cinéma : Ernest Cole : Lost & Found de Raoul Peck. Le film retrace assez en détail le parcours de ce grand photographe oublié, en cherchant aussi à comprendre comment ses 60.000 et quelques négatifs retrouvés dans un coffre-fort en Suède avaient pu s’y retrouver. Le film est indispensable, ne serait-ce que parce qu’il donne à voir, par son montage, plusieurs centaines de photos de Cole ; peut-être aussi des films super 8, car on n’arrive pas du tout à comprendre si les films en super 8 de New York dans les années 70 sont aussi de lui. Que Cole ait tourné des films, on le suppose, car on voit bien qu’il y a des bobines 8mm dans les boîtes que Leslie Matlaisane (son neveu et exécuteur testamentaire) ouvre lors de la restitution en Suède ; on le comprend aussi car Leslie Matlaisane déclare peu avant dans le documentaire : « his photographs, his pictures rather, went largely forgotten ». En anglais, la nuance sémantique serait qu’il y aussi des images animées (pictures).
On ne sait pas toujours ce qu’on voit. C’est une des réserves : la narration, par laquelle un Cole imaginaire reconstitué raconte et guide le spectateur, est trop allusive, un peu mélodramatique, grandiloquente, voire chichiteuse (et en plus, chose incompréhensible, il s’agissait de la VF – je ne pensais même pas que le cinéma Studio diffusait des films autrement qu’en VO). De même, tout en prétendant s’en garder, le film fait de la vie de Cole une sorte d’allégorie de l’Afrique du Sud sous l’apartheid.
17:49 Publié dans 2025, Tographe, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 janvier 2025
06012025 (de Walcott à Darko)
Aujourd’hui, c’est la rentrée et l’Épiphanie. O* a deux examens aujourd’hui et demain pour boucler son semestre.
Quasiment fini (enfin !) la monographie de Bruce King sur Walcott, qu’il faudrait que j’extraie (j’ai marqué de nombreuses pages) ; il faut dire aussi qu’elle ouvre de nombreuses pistes de lectures, en poésie comme – plus généralement – en littérature des Caraïbes. Il parle peu de Kincaid ; d’elle, j’ai beau avoir mis le premier livre au programme de mon cours de L2 Double Licence depuis trois ans, je sais que j’ai à peine effleuré son œuvre. Les deux chapitres sur Omeros et le prix Nobel sont passionnants ; il y a notamment 4 pages sur Omeros qui offrent une introduction parfaite à ce livre qui a été, pour moi, il y a bientôt trente ans, un véritable choc esthétique. C.L.R. James, dont j’ai relu – pour traduire Born in Blackness – les Black Jacobins, a écrit des livres semble-t-il fondamentaux pour comprendre Walcott et d’autres, dont un (Beyond Boundaries, je crois – j’écris ceci sans le pavé de King sous les yeux) propose une sorte de sociologie post-coloniale du cricket aux Antilles. Et tout cela, si je poussais l’affaire, me détournerait d’autant plus du chantier qui doit m’occuper presque exclusivement ces prochains mois, à savoir mon chantier de recherche pour lequel j’ai obtenu un congé sabbatique de février à juillet. Voici d’ailleurs ce que je viens d’écrire dans le fichier Word intitulé Chantier CRCT :
Au tout début des vacances, j’avais poursuivi ma lecture de Spinnweben, jusqu’au milieu du chapitre 11, puis Noël est survenu, avec des lectures nouvelles terriblement happantes ; puis excursions à Pau, à Bayonne, à Paris même — autant dire l’entraînement vers autre chose. Comme il était prévisible, le chantier n’a pas avancé depuis le 24.
Il faut que j’écrive un mail type pour écrire à toutes les personnes avec qui j’ai échangé autour d’Amma Darko, sous prétexte des vœux, et afin de leur signaler que je suis totalement au point mort. Autre idée, écrire un mail à Amma Darko et tenter de l’envoyer – malgré ce que m’a dit Regina Bouillon – à un certain nombre d’adresses mail hypothétiques. Après tout, cela va me prendre une heure ou deux d’imaginer des mails possibles (gmail, yahoo, opérateurs allemands…), mais j’ai déjà donné des coups d’épée dans l’eau pendant beaucoup plus longtemps que cela.
Il faudrait que je réponde désormais aux personnes qui me disent « ah, mais ton sabbatique, c’est pour une HDR » quelque chose comme : « Non, j’ai quinze ans de retard sur les publications, je ne vais pas boucler une HDR en six mois. » Ma seule réticence serait que mes interlocuteurices croient que j’ai quinze ans de retard pour la recherche, ce qui n’est pas vrai du tout : en effet, depuis quinze ans, j’ai beaucoup lu en traduction / traductologie (en 2010, j’enseignais le cours de L3 depuis trois ans seulement et je n’avais pas encore repris celui d’agrégation interne), j’ai découvert et approfondi – comme presque tout le monde en France – les concepts de décolonialité et de décolonial, les axes intersectionnels, je me suis conscientisé sur l’importance de recentrer mes recherches autour d’écrivaines ; j’ai communiqué, participé à des séminaires, lu des essais et des œuvres en très grand nombre en réorientant sans cesse mon regard de chercheur.
En tout cas, il faut qu’en janvier – malgré les copies qui vont tomber, malgré l’émission de radio, malgré les deux traductions à reprendre, malgré l’inertie des jours qui se suivent – j’achève les deux romans « allemands », je prenne des notes et extraie des essais théoriques sur la traduction, je prépare mon séjour d’études chez P. N. (qui vient de perdre son père et publie chaque jour sur Facebook des billets qui pourraient constituer sa version – nettement plus profonde – des Notes on Grief d’Adichie).
08:04 Publié dans 2025, Affres extatiques, Lect(o)ures, Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 05 janvier 2025
05012025
Dimanche. Réveillé un peu avant 8 h, je dirais, ce qui tendrait à confirmer que je me réveille tous les matins depuis la mi-décembre autour de 5 h à cause d’un·e voisin·e qui part au travail. Avec de nouveaux horaires, donc. Et sans que jamais j’entende consciemment ce qui me réveille. Étrange.
Le temps s’est beaucoup radouci, avec une pluie fine mais ininterrompue ; depuis octobre, ça ne s’arrête guère, de sorte que je ne comprends pas pourquoi la Loire n’a pas encore débordé, et massivement. Étrange.
Hier, j’ai lu le texte de Cendrars, J’ai vu mourir Fernand Léger, dans le tome 15 et dernier de l’édition Denoël. J’avais vu ce livre, sous un autre format, à la librairie du musée Maillol, et, de fait, Claire, la plus cendrarsienne de nous deux, l’a bien retrouvé dans notre édition. Apparemment, ce serait Nadia Léger qui aurait empêché la publication de ce texte, paru sous une forme tronquée même après sa mort à elle. Étrange. Et je ne sais si je dois – mais je vais le faire, je crois – répertorier ce texte d’une trentaine de pages dans les livres lus.
Hier, Claude Allègre est mort. Voici ce que j’ai écrit sur Facebook : « On ne dit pas du mal des morts mais on ne va quand même pas pleurer Claude Allègre, ce fumier climatonégationniste, ce tribun qui a tant fait de mal avec ses fake news sur les profs... » Visiblement, personne, pas même les personnes avec qui j’ai habituellement des désaccords, n’a trouvé que j’exagérais.
Avant-hier, David Lodge est mort. Pour le coup, je me suis gardé de tout commentaire sur les réseaux sociaux, car je suis nettement moins sûr de mon avis (et surtout, j'étais certain de perdre des plombes à m'échiner dans des discussions sans intérêt). Pour autant, je peux l’écrire ici, où personne ne me lit : ayant toujours trouvé fade et superficielle, et pour tout dire rasoir au possible, l’œuvre de Lodge (je n’ai réussi à finir aucun des 3 livres de lui que j’ai tenté de lire), j’ai tendance à penser que ses thuriféraires, celles et ceux qui vont disant qu’il passera à la postérité comme l’un des plus importants écrivains de la seconde moitié blablabla, font surtout l’aveu qu’ils/elles lisent peu, et n’ont pas lu grand-chose. Comment est-il possible de penser que Lodge est autre chose qu’un petit écrivain distrayant quand on voit les dizaines et les centaines d’immenses écrivain·es que produit notre époque, en toutes langues, sur les cinq continents ?
09:55 Publié dans 2025, Indignations, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 04 janvier 2025
04012025
Encore réveillé vers 5 h, levé à 5 h 20 ; seul avantage, j’ai pu lancer une lessive, qui sera donc étendue tôt le matin, quand le chauffage se relance. Cela dit, il fait -2°, apparemment, donc le chauffage va beaucoup tourner aujourd’hui.
Il y a, sur la droite de mon bureau, une grosse pile de livres, et ce depuis avant les vacances, de sorte qu’il faudrait que j’enregistre une vidéo pour le vlog, mais cela fait un moment que je le dis, et que je ne le fais pas.
Hier, Claire et moi étions à Paris, où il faisait très beau (froid, ensoleillé) : expositions Nadia Léger au musée Maillol et Olga de Amaral à la Fondation Cartier. J’étais un peu sceptique au début face aux (au milieu des) œuvres textiles (tissées, composées de lainage ou de fils) d’Olga de Amaral, que je trouvais froides, mais j’ai fini par être très enthousiaste de certaines pièces ; je pense que cette exposition me restera en mémoire plus longtemps que d’autres. Pour les séries, pas très convaincu par les Estelas (peut-être faudrait-il voir la série complète, 70 et quelques, et non ces 13), bien davantage par les Brumas. Claire ayant beaucoup lu sur les tissages amérindiens et notamment sur les khipu* des Incas**, elle avait une sacrée longueur de regard sur moi.
Pour Nadia Léger (il faudrait dire Nadia Petrova Khodiossevitch Léger, car la plupart des toiles ne sont pas signées du nom qu’elle prit à son deuxième époux), son invisibilisation est à nuancer : tout d’abord, elle est en partie le fait de l’artiste elle-même, assistante de Léger (qu’elle n’avait pas épousé encore) dans les années 30-40, puis acharnée à en perpétuer la mémoire et l’œuvre après 1955 ; par ailleurs, tout le versant communiste/propagandiste de son travail est vraiment de seconde zone, à l’exception des portraits de résistance, d’un tableau tardif représentant Gagarine au milieu de formes suprématistes, et – peut-être – des portraits de grands dirigeants communistes en mosaïque (on ne voit, dans l’exposition, que leur version en taille réduite et sur toile, tout guère convaincant).
Il semble que Nadia Petrova Khodiossevitch Léger s’est placée dans le sillage, sinon dans l’ombre, de divers maîtres (Malevitch, Ozenfant, et Léger surtout), et qu’elle n’a jamais été totalement oblitérée non plus. Dans le documentaire diffusé, il est dit qu’elle a donné, lors du legs à l’État du Musée Fernand Léger de Biot, quelque chose comme 300 ou 350 œuvres, sans qu’on sache si ce sont toutes des œuvres de Léger, ou s’il y en a d’elle dans le lot. Il y a donc des toiles très belles, émouvantes même, mais l’exposition donne de cette œuvre un portrait bigarré, voire en demi-teinte (ce qui n’était pas le genre de la peintre elle-même, plutôt radicale et aux choix picturaux très marqués).
Rentrés plus tôt que prévu, suite à la suppression pure et simple, annoncée par SMS deux heures avant, de notre Corail*** dont le départ était prévu à 18 h 30 en gare d’Austerlitz ; ayant seulement prévu de baguenauder une heure de plus, nous avons donc pris un train partant plus tôt de Montparnasse, et plus rapide (et plus cher). Ces suppressions de trains, imputables à la façon dont la SNCF a décidé de tout rentabiliser en supprimant des postes à tour de bras depuis plusieurs années (ici, il manquait un conducteur ou un chef de bord), ne sont possibles que grâce au système de SMS/mails associés aux réservations de billets : on savait que ça supprimerait des guichets en pagaille, mais ça permet même d’annuler tout bonnement des trains.
* Orthographe quechua, préférable au plus habituel quipu.
** Les khipu sont notamment présents dans Les Mystérieuses Cités d’Or, série que je n’ai pas regardée enfant et pas non plus vue avec les garçons quand ils étaient plus jeunes, et dans les Lettres d’une Péruvienne de Françoise de Graffigny (pas lu).
*** Je sais, c’était un Ouigo, mais déjà que je ne me suis jamais habitué aux Aqualys… De même, il m’arrive encore de dire que je vais faire les courses « à ATAC » alors que ça a changé deux fois de nom depuis 2008.
06:33 Publié dans 2025, BoozArtz, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 03 janvier 2025
03012025
Encore réveillé autour de 5 h, peut-être avant. Avant les vacances, on s’était dit qu’il y avait peut-être quelque chose (sur le rond-point ?) qui faisait du bruit à cette heure-là : un voisin (celui du 4 ?) qui part travailler ? Mais pourquoi si soudain ?
Journée avec les Cessonnais·es hier ; j’ai pu donner à ma sœur « son » exemplaire de Noires origines. C’est drôlement gentil d’avoir fait la route : environ 5 h aller-retour pour passer à peine plus en notre compagnie. L’après-midi, trois parties de Saboteur et une de The Game, avant un bref tour à pied en passant entre les averses. Temps toujours gris, humide, trempé, comme depuis trois mois.
Au supermarché, le matin, tout le monde se souhaitait la bonne année ; c’est assez ridicule.
2025 : vu toutes les possibilités qu’offre ce nombre, il faudrait tenter quelque chose d’un poil oulipien, mais je n’ai pas le temps. Françoise Guichard se lance dans un sonnet par jour ; je risque le simple neuvain de vers libres (pas folle, la guêpe).
06:20 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 02 janvier 2025
02012025
Levé à 5 h. Pluie, et vent assez fort.
Fini de lire la réédition française de 2024 de Leben ? oder Theater ? de Charlotte Salomon (Vie ? ou Théâtre ? traduction Anne-Hélène Hoog et Michel Roubinet, Le Tripode [2015], 2024). Il s’agit d’une œuvre (livre et bien davantage que cela) absolument capitale, majeure, comme on en lit quelques dizaines au cours d’une vie. Il me semble qu’il doit être difficile d’apprécier parfaitement cela en français, car les textes, leur placement sur les feuillets peints (par calque ou directement sur la gouache) est très souvent signifiant. Que le geste pictural de Salomon s’inscrive dans l’histoire de l’expressionnisme, c’est évident, et cela participe beaucoup de la grande beauté des gouaches, mais ce n’est presque qu’un épiphénomène, car le génie est ailleurs : dans le projet, dans sa réalisation, dans la structure même de cette « opérette » tragique, dans la complexité générique, dans la reprise des mêmes événements sous deux ou trois points de vue différents, dans le récit du trauma… Il faudrait relire ce volume colossal, et lire autour. Ce qui m’a frappé, c’est la filiation/parenté entre les gouaches consacrées à l’œuvre et aux discours de Daberlohn et, d’une part Dostoïevski, d’autre part Hans Henny Jahnn : Salomon a-t-elle pu lire Perrudja ? ou y a-t-il, comme avec Musil, une communauté de création propre à l’époque ?
En faisant de rapides recherches, j’ai vu que le modèle d’Amadeus Daberlohn était Alfred Wolfsohn, dont je n’avais jamais entendu parler. Même si la fameuse lettre donnée en annexe et plusieurs gouaches même témoignent du fait qu’amoureuse de Wolfsohn, Charlotte Salomon en avait fait une sorte de modèle existentiel et même esthétique, Vie ? ou Théâtre ? raconte également la façon dont Amadeus Daberlohn abuse de la naïveté de la jeune Charlotte : c’est aussi un récit d’emprise, et les diverses manigances de Daberlohn font de lui un personnage complexe, avec une face toxique. Cela n’est pas même évoqué/envisagé dans la plupart des articles ou notices que j’ai parcourues, comme celle du colloque de 2007 organisé au centre Roy-Hart en 2007 à Malérargues.
Cela n’est qu’un des nombreux points qui font de cette œuvre capitale un ensemble d’une si grande richesse et d’une telle profondeur. Il faut lire Vie ? ou Théâtre ?
Afin d’éviter tout risque d’abandon ou d’effilochement du projet visant à consigner tout ce que j’aurai lu/vu (cf l’échec de Livres 2024 et plus encore de Musiques 2024), j’ai décidé de m’en tenir, pour l’année qui commence, à trois répertoires simples (tous (anti)datés du 1er janvier) : un pour les livres, un pour les films et séries, un pour les disques et œuvres musicales.
Hier soir, une voisine qui s’occupe des courses de notre voisine d’en face (et qui vit au 3 de l’impasse) est venue nous donner des nouvelles : à la clinique, Mme P* n’avait pas encore passé de scanner, était consciente mais incapable de parler. (Pourtant, hier, quand elle était encore étendue par terre, elle a répondu « nulle part » quand je lui ai demandé si elle avait mal.) La télé allumée avec le son à fond, les mules abandonnées en vrac dans le couloir, tout cela donne à penser – en dépit des apparences – qu’elle n’est pas tombée en se levant de son lit : aurait-elle fait un malaise ou un AVC dans sa chambre après s’y être rendue car elle se sentait mal ? Difficile d’envisager des hypothèses pour quelqu’un qui vit dans une telle confusion, et un tel bazar : à titre d’exemple de sa confusion, son lit est aux deux-tiers recouvert de numéros de la NR… La voisine du 3 de l’impasse nous a dit (mais d’où a-t-elle tiré cela ? j’étais là tout le temps de l’intervention des pompiers) que le capitaine des pompiers avait indiqué « logement insalubre » sur la fiche de prise en charge et que, même sans parvenir à contacter des proches, l’hôpital ne la renverrait plus chez elle. En tout cas, j’atteste que « logement insalubre » est un euphémisme.
07:50 Publié dans 2025, BoozArtz, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 01 janvier 2025
Répertoire des films / séries vu·es en 2025
Documentaires
[5] Ernest Cole: Lost & Found / Raoul Peck / 2024 *** [chroniqué ici]
Fiction
[1] Onoda, 10 000 nuits dans la jungle / 万夜を越えて / Arthur Hariri / 2021 ****
[2] Un éléphant, ça trompe énormément / Yves Robert / 1976 ***
[4] Oppenheimer / Christopher Nolan / 2023 ***
[6] Dieu existe, son nom est Petrunya / Господ постои, името ѝ е Петрунија / Teona Strugar Mitevska / 2019 ***
[7] Bird / Andrea Arnold / 2024 **** [brève chronique ici]
[8] Time Trap / Mark Dennis & Ben Foster / 2023 *
[9] Lingui, les liens sacrés / Mahamat Saleh-Haroun / 2021 **
[10] Pollock / Ed Harris / 2000 **
[11] Hiver à Sokcho / Koya Kamura / 2025 *** [chroniqué ici]
[12] Decision to Leave / 헤어질 결심 / Park Chan-wook / 2022 ***
Séries
[3] All the Light We Cannot See / S. Knight & Shawn Levy / 2023 ** [* pour le dernier épisode, vraiment mauvais et mélo]
Légende des astérisques
Films et séries notées de * à *****
Bleu : vu au cinéma
Orange : jamais vu auparavant
Noir : revu
23:50 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
Répertoire des livres lus en 2025
Essais
[6] King, Bruce. Derek Walcott. A Caribbean Life. O.U.P., 2000. ***
Poésie
[2] Caro, Yves. Singe. Louise Bottu, 2025. **
[5] Molet, Valéry. L'extrême limite de la nuit. Sans escale, 2024. *
[4] Williams, Heathcote. Whale Nation. Harmony Books, 1988. ****
[8] L'araignée pendue à un cil. 33 femmes surréalistes. éd. Marie-Paule Berranger. NRF Poésie, 2024. ****
[10] Yakymtchouk, Luba. Les abricots du Donbas. Trad. Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin. Des femmes, 2023. ****
[11] Whitman, Walt. Enfants d'Adam / Calamus. Traduction et postface Éric Athenot. Corti, 2024. ****
Récits, romans
[3] Cendrars, Blaise. J'ai vu mourir Fernand Léger [1957]. In Blaise Cendrars vous parle, Denoël, 2006. ***
[7] Kang, Han. Impossibles adieux. Traduction Kyungran Choi et Pierre Bisiou. Grasset, 2023. ****
[9] Commengé, Béatrice. Ne jamais arriver. Verdier, 2024. **
[12] Ibeh, Chukwuebuka. Blessings. Viking, 2024. **
Textes & images
[1] Salomon, Charlotte. Vie ? ou Théâtre ? traduction Anne-Hélène Hoog et Michel Roubinet, Le Tripode, [2015], 2024. *****
Légende des astérisques
Noir : livres lus en format numérique
Orange : livres reçus
Rouge : livres que nous possédons
Violet : livres empruntés
23:45 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
01012025
Réveillé à neuf heures, vraie grasse matinée… mais nous nous étions couchés à 3 h du matin, retour de Fondettes. Soirée du Nouvel An très sympa, avec la phrase sur les noodle al dente en point d’orgue.
Ce matin, après une grosse heure à flemmarder au plumard en poursuivant ma lecture poussive de la biographie de Walcott par Bruce King, et après douche et toilette, j’ai fini par aller tenter de faire répondre la voisine d’en face en sonnant à son portillon : pas vue hier, volets de la façade avant en même position depuis au moins 24 h… étrange… Pas de réponse, et la boîte à lettres débordant d’exemplaires de la NR (alors que c’est une de ses marottes pluriquotidiennes de relever son courrier)… Je suis donc allé déranger le voisin du 5, plus âgé mais plus en forme et qui est le seul à avoir la clé ; outre le capharnaüm indescriptible et la télé à plein volume, nous avons fini par la retrouver près de son lit, étendue par terre, nue, pantelante, mais à moitié consciente. Le voisin l’a couverte avec une couverture, lui a parlé pendant que j’appelais les pompiers : l’appel a duré 5 minutes, mais le camion est arrivé 2 minutes après. Je n’ai pas réussi à faire répondre sa sœur, dont j’ai appris qu’apparemment elle avait désormais déménagé en Bretagne ; nous n’avons aucun contact pour son autre sœur, qui vivait à Saint-Pierre mais est désormais en EHPAD. Le voisin devait emmener une amie à la gare donc je suis resté seul en attendant que les pompiers finissent par la retourner et la mettre sur le brancard avant de l’emmener à la clinique. J’ai gardé provisoirement les clés et mis la maison à aérer (vaine tentative). Cela fait trois ans que notre voisine, veuve depuis 2018, refuse obstinément toute aide (portage des repas, aide à domicile, système d'alarme individuel pour prévenir les secours en cas de chute etc.) et qu'elle vit dans une maison où s'accumulent factures, enveloppes, vieux journaux, crasse et déchets... cela m'a rappelé, terriblement, le premier tome de l'autobiographie de Knausgaard.
Et sinon, meilleurs vœux chez vous !
12:59 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)