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lundi, 01 avril 2019

André Markowicz, le black face et le quant-à-soi de l'intelligentsia

Pour comprendre quelque chose à ce dont il va être question ici, il faut d'abord lire le billet d'André Markowicz.

Voici tout simplement mon premier commentaire, écrit en fin de matinée hier :

Bon, je suis très énervé de lire autant d'inexactitudes, et de voir que votre aura intellectuelle offre une caution à tant des commentateurs-rices qui, ci-dessus, parlent de censure et de communautarisme sans savoir de quoi il retourne.

Alors reprenons. Le problème n'est pas l'essentialisation de l'art dramatique ni le communautarisme. Le problème est que le metteur en scène a d'abord fait un choix raciste (grimage) puis que, face à la polémique, il s'est livré à une manipulation en changeant le maquillage en masques et en prétendant que les opposants étaient de pauvres incultes.

Je suis évidemment favorable à ce que n'importe quel rôle puisse être joué par n'importe quel acteur, peu importe l'âge ou la couleur. Mais pourquoi poser la question en ces termes ? ce n'est pas du tout de ça qu'il s'agit.

Il va de soi que les actrices appelées à jouer ces rôles peuvent tout à fait être blanches, blondes, que sais-je. On s'en moque. Les grimer en noires, en 2019, c'est du blackface qui ne peut même pas avoir l'excuse de l'ignorance (après les affaires Griezmann et Dunkerque...).

La Sorbonne et tout un tas d'intellectuels "de gauche" se sont engouffrés dans la manipulation tardive du metteur en scène en reprenant le thème des "masques" et en tenant des propos aggravant encore le côté raciste : en résumant à grands traits "ah la la, tous ces Noirs qui ne connaissent rien au théâtre antique". Sauf qu'au départ ce n'était pas des masques mais des maquillages, donc du black face.

Je trouve toute cette histoire très emblématique du mépris de classe dans lequel beaucoup d'intellectuels français "de gauche" tiennent le peuple, et notamment les opposants "noirs", forcément incultes. Ce qui me peine dans votre chronique, cher André Markowicz, c'est que justement vous en profitez pour faire un pas de côté, partir de cette histoire des Suppliantes et la relier à des choses beaucoup plus problématiques, et sur lesquelles je rejoins en grande partie votre embarras. Je ne suis favorable ni aux quotas ni à l'essentialisation de l'art. J'y suis même tout aussi opposé que vous.

Mais là, la mise en scène de Brunet utilisait un artefact raciste, lié (comme on ne peut l'ignorer en 2019) à un crime contre l'humanité, et pour moi le fait d'avoir supprimé ensuite les photos d'actrices grimées et de prétendre qu'il s'agissait de masques aggrave encore le cas du metteur en scène : d'abord, on fait un choix de mise en scène raciste, puis, face à la polémique, on modifie en douce et on accuse les détracteurs d'être incultes (ce qui est un racisme encore plus insupportable).

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Hier après-midi, devant l'avalanche de commentaires d'un racisme décomplexé sur le mur d'André Markowicz, j'ai écrit un billet en réponse, que je redonne ici :

 

DRAMES DE L'IMPENSÉ COLONIAL.

On n'enseigne pas, à l'école et à l'Université, ou pas assez, l'histoire des crimes coloniaux. Sétif ou la répression de l'insurrection malgache de 1947, qui connaît ? Et dans les médias, n'en parlons pas...

Le blackface ? des dizaines de gens, à qui j'explique depuis plusieurs jours qu'il s'agissait d'une pratique courante dans les spectacles populaires français — au même titre que les publicités représentant des petits Africains se blanchir la peau grâce au savon des gentils Européens —, me rétorquent : "bah, on n'est pas aux Etats-Unis..."

Bah oui, le racisme et la ségrégation, c'est Rosa Parks et Nelson Mandela. Ça n'a jamais existé chez nous.

Ainsi, la manipulation à laquelle s'est livrée le metteur en scène Philippe Brunet, qui a tenté in extremis de remplacer par des masques plus conformes à l'esthétique antique le grimage racialiste et raciste d'actrices blanches, aura surtout montré la profonde inculture de l'intelligentsia française. On se sait de gauche, on s'est convaincu pour toujours de ne pas être raciste, et donc, même si des spécialistes de la question viennent vous rappeler que le grimage en noir, sur une scène théâtrale française, est une pratique analogue au black face, on dira que ce n'est pas vrai, que c'est de la censure.

Notre pays n'a pas réglé sa dette vis-à-vis de son ancien Empire, ce qui permet notamment à la France de continuer à essorer ses anciennes colonies grâce au subterfuge scandaleux du franc CFA. C'est ce qui a permis à l'Etat français d'aider très efficacement au génocide rwandais en 1994. C'est ce qui permet aujourd'hui à tant d'universitaires et de gens de théâtre de s'asseoir sur l'histoire de la colonisation en taxant de "communautaristes" les opposants qui manifestent leur désapprobation quand un spectacle utilise une pratique indissociable d'un crime contre l'humanité.

Et voilà comment des intellectuels, sans doute de bonne foi, se retrouvent, durant toute une semaine, à justifier le racisme institutionnel, aux cotés des Le Gallou et Zemmour dont ils se prétendent les adversaires.

Cela me révolte et me révulse, mais cela n'a pas de quoi m'étonner : quoique je n'appartienne pas à une communauté racisée (ou que je ne fasse pas partie d'une minorité visible (aucune de ces formules ne me satisfait)), cela fait vingt-cinq ans que je travaille dans le domaine de la littérature africaine et que j'entends des collègues et des "intellectuels" tenir des propos d'un racisme souvent inconscient mais tout à fait audible. Il y a longtemps que des ami·es me demandent de raconter tout ce que j'ai entendu, mais ce serait le sujet d'une autre chronique.





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Ce matin, André Markowicz a récidivé, en quelque sorte, sur son mur, en écrivant un long texte dans lequel il me passe la brosse à reluire mais qui commence surtout par :


« Sur le "blackface" lui-même. Qu'il soit inacceptable de se moquer de l'apparence, de la couleur de la peau de quelqu'un, c'est évidence. Qu'il y ait beaucoup de gens qui le font, c'est une autre évidence (pas seulement contre les Noirs). Mais quelle est l'instance qui décide de l'intention a priori d'un artiste qui peindrait en noir un corps blanc ? N'y a-t-il pas là, finalement, une discussion qui ressemble à celles qu'on peut avoir sur la notion de blasphème ? Qui décide à quel moment on "insulte aux sentiments religieux", en Russie, en France ou n’importe où dans le monde ? Et qui décide à quel moment on « insulte aux sentiments des gens "racisés" » ? — Pourquoi ne laisseront-on pas les gens eux-mêmes décider s'ils sont choqués ou non ? — S'ils le sont, là encore, le recours aux tribunaux est légitime. »

 

À quoi j'ai répondu :


Cher André Markowicz

Je suis vraiment atterré. Si, après ce que quelques autres et moi même avons essayé d'expliquer hier, vous pensez encore (ou feignez de penser) que le problème est une "insulte aux sentiments des gens racisés" c'est que vous n'avez pas lu ou pas compris ou décidé de passer la vérité historique par pertes et profits. Je vois qu'après une première chronique pour le moins maladroite vous décidez d'en "remettre une couche" et que cela va encore légitimer le racisme inconscient car ignorant de centaines de vos lecteurs. Tant pis. Ceci sera mon seul commentaire. Sur le fond du problème (et du contresens que vous faites) j'ai écrit ce que j'avais à dire sur mon mur. J'ajoute seulement que je suis, comme vous, hostile au communautarisme, mais que comme hier la dénonciation du black face n'a AUCUN rapport avec ce sujet.

(Il va de soi, et je l'ai fait dans nos échanges privés, que je dénonce les militants qui parlent de génome et de culpabilité collective raciale.)

mardi, 15 janvier 2019

Grand débat, monde ancien

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Comment mieux représenter l'ancien monde masculiniste et la déconnexion entre les élus et le peuple ? "Débat" c'est du masculin n'est-ce pas ?

Cherchez la femme... non, les femmes : oui, il y en a deux. 

mardi, 08 janvier 2019

Surdité des gouvernants

La majorité des Français réclament plus de justice sociale, la lutte contre l'évasion fiscale, le rétablissement de l'ISF.
Deux millions de Français soutiennent l'action en justice des ONG contre l'absence de politique environnementale du gouvernement.

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Le Premier Ministre répond loi anti-casseurs.

 

(Valérie Scigala doit trouver ça très bien.)

dimanche, 02 décembre 2018

Furia médiatique & éditions spéciales

Si les médias et les politiques voulaient confirmer aux gilets jaunes et autres pauvres ploucs de province que, dans ce pays, on ne s'intéresse qu'à Paris et à ce qui s'y passe, ils ne s'y prendraient pas autrement.

jeudi, 29 novembre 2018

BADINTERNET

Ah la la, l'Élisabeth qui a encore raté une occasion de se taire.

Et d'une, elle dit qu'elle ne connaît les réseaux sociaux que très indirectement, de loin, mais ça l'autorise à entonner le vieux couplet "Internet = danger". (Ne ratez pas la dernière pique : les vraies correspondances sont manuscrites. Gâtisme puissance 10.)

Et de deux, bien pire à mon sens : contresens fondamental sur les intellectuels, qui doivent relever, selon elle, d'une élite protégée du "peuple". Le contresens, ici, repose sur son interprétation de la hiérarchisation des savoirs selon les Lumières. (Ah, les Lumières, on en rassemble, des approximations, sous ce bloc censément homogène...)

Décidément, les intellectuel·les adoubé·es par les institutions ont bien du mal avec les contre-pouvoirs...

 

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Elisabeth Badinter : « Je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet »

Propos recueillis par Jean Birnbaum
Les Passions intellectuelles, d’Elisabeth Badinter, Robert Laffont, « Bouquins », 1 216 p., 32 €.

Sous le titre Les Passions intellectuelles, les éditions Robert Laffont font paraître un volume de la collection « Bouquins » qui regroupe les trois beaux essais consacrés par Elisabeth Badinter à l’effervescence du XVIIIe siècle et des Lumières. C’est l’occasion d’interroger la philosophe sur la vie des idées et son évolution.

 

Voilà plus de quinze ans qu’est paru le premier tome de votre trilogie. Que vous inspire cette réédition dans le contexte actuel ?

Cela me fait plaisir car je pense, peut-être naïvement, que nous avons un besoin fou de rationalité. Le combat des philosophes du XVIIIe siècle, c’était quand même celui de la rationalité contre les superstitions. A une époque où l’irrationnel prend une place immense dans notre vie sociale et intellectuelle, revenir à ce combat me semble un geste opportun, peut-être beaucoup plus encore qu’au moment où j’ai publié ces textes pour la première fois.

« Les intellectuels ont changé de maître, mais pas d’esclavage », écriviez-vous à la fin du troisième tome des « Passions », pour expliquer que les clercs obéissaient de moins en moins au roi et de plus en plus à l’opinion. A qui obéissent les intellectuels aujourd’hui ?

Aux réseaux sociaux ! Tout le monde en a peur. Moi je n’y suis pas, je tiens à ma tranquillité et je crains de me prendre au jeu, mais j’entends ce qu’on dit et je lis ce qu’en raconte la presse. Il y a des sujets qu’on aborde à peine, sur la pointe des pieds. En ce qui concerne #metoo et #balancetonporc, j’ai été impressionnée par le silence de féministes historiques, parfois fondatrices du MLF, qui n’étaient pas d’accord avec la façon dont la parole se libérait, interdisant toute nuance, toute objection… mais qui avaient si peur qu’elles se sont tues. Les réseaux sociaux ont doublé le pouvoir d’une opinion publique qui est libre de dire ce qu’elle veut, mais qui est souvent peu nuancée, peu avertie et d’une violence inouïe. Jamais la presse ou les médias en général n’ont eu une telle puissance d’intimidation.

On peut critiquer autant qu’on veut la tribune parue dans Le Monde sur #metoo signée, notamment, par Catherine Deneuve . Il reste que ce qui s’est passé est incroyable : elle est devenue une cible mondiale. L’opinion publique du XVIIIe siècle, la doxa, respectait les savants, les philosophes, et elle était limitée. C’était déjà une menace indirecte pour la pensée, la critique, mais ce n’était rien du tout à côté de ce qui se passe aujourd’hui : personne n’a envie de se faire écraser sous les insultes de millions de gens. Ce pouvoir des réseaux sociaux, je le ressens paradoxalement comme une censure !

« On est bien seul : j’ai un tel besoin de “communauté” », écrivait Mauriac dans une lettre à Jacques Maritain. Les intellectuels ne sont-ils pas d’autant plus intimidés par les réseaux qu’ils sont travaillés, dans leur solitude, par un désir de « communauté » ?

Je crois qu’il faut distinguer entre les intellectuels reconnus par l’opinion publique et la jeune classe des intellectuels. Au départ, quand on est Diderot, Rousseau, d’Alembert, et qu’on déjeune chaque semaine à l’Hôtel du Panier fleuri, on forme une amicale communauté. Mais quand les mêmes émergent au regard de l’opinion publique, alors le groupe éclate, parce que les rivalités prennent le dessus. Et là on est seul. Chez les intellectuels, le sentiment communautaire ne dure pas. Ce chacun pour soi, je l’observe aujourd’hui, où l’on peut avoir les pires conflits avec des gens dont on était proche dix ans plus tôt. Et cela ne peut qu’être aggravé par les réseaux sociaux qui sont, pour les intellectuels, la communauté de la peur.

Sur Twitter, au fil des années, les choses se sont durcies, au point que chacun semble fuir la discussion loyale et désirer des ennemis plutôt que des contradicteurs. Assiste-t-on, en retour, à une « twitterisation » du débat intellectuel ?

Je n’ai pas l’impression que les relations entre intellectuels ont fondamentalement changé depuis vingt ans. Oui, il y a une sorte de distance que l’on met entre soi et les autres, mais je n’ai pas le sentiment qu’on les traite en ennemis. Peut-être même les intellectuels vont-ils retrouver un sentiment communautaire grâce à l’hostilité des réseaux sociaux ? Si nous faisons l’objet de la détestation générale, cela peut remettre un peu de vie entre nous ! Les intellectuels pourraient régresser de six ou sept siècles, et retrouver la vie des clercs qui s’expliquaient entre eux dans les couvents, sans que personne d’autre intervienne. On continuera de réfléchir, on échangera, on fera des colloques, on s’engueulera, mais on sera entre nous. Je reste donc relativement optimiste : la vie intellectuelle, c’est un choix, un plaisir, une douleur, mais c’est aussi un besoin, et même si cela doit redevenir l’expérience d’un microcosme coupé du monde extérieur, rien ne pourra la faire cesser.

Au XVIIIe siècle, le champ intellectuel était déjà un champ de bataille. Voltaire évoquait la « guerre des rats et des grenouilles », selon une formule qui parlera sans doute à quiconque fréquente les réseaux sociaux…

Mais le facteur important, c’est le nombre. Oui, à l’époque des philosophes, il y avait des clans politiques ennemis, on représentait Rousseau à quatre pattes en train de manger des salades, c’était violent, et Twitter représente sans doute la radicalisation de tout cela. Mais à l’époque cela concernait un microcosme. La quantité de haine personnifiée, cela change les choses. Si cette tendance twitteuse l’emportait aujourd’hui, ce serait la fin de la réflexion et de la connaissance hors des couvents ! En même temps, là encore, je reste assez optimiste : ce faux savoir, ces provocations, cette haine… on en a déjà assez, on va se lasser de tout ça, j’espère.

Les correspondances ont toujours été fondamentales pour la vie intellectuelle. Que deviennent-elles à l’ère numérique ?

C’est une source de savoir qui est aujourd’hui coupée, car on ne s’écrit plus de lettres. Les courriels, on les supprime, ou ils s’effacent, et puis ça va vite. Les lettres de philosophes que je cite dans mes livres pouvaient faire huit, quinze, vingt pages, assez pour exprimer un raisonnement. Si la correspondance est fondamentale pour la vie intellectuelle, c’est que, en général, la censure ne s’y exerce pas, on peut y exprimer toutes ses pensées. Et j’ai remarqué quelque chose : dans les correspondances du XVIIIe siècle, même les gens très collet monté, un scientifique comme Réaumur par exemple, finissent toujours par se lâcher, et donc par éclairer quelque chose de leur personnalité.

Aussi les correspondances régulières sont-elles la source d’une connaissance approfondie des destinataires, et de controverses fécondes. On n’est pas inquiet et même si on a tort parfois, on estime qu’on peut parler librement. Or je ne pense pas qu’on puisse parler librement sur Internet. Moi, je n’ai jamais participé à une polémique intellectuelle par courriel ! D’ailleurs, je n’entretiens aucune correspondance digne de ce nom par courriel. Quand j’écris une lettre, je suis plus confiante. Pas vous ?

jeudi, 15 novembre 2018

Le 17 novembre 2018 : beaufitude poujadiste ou sursaut populaire ?

Je n'en ai pas fait état ici, car c'est Facebook qui est devenu, depuis de nombreuses années, le lieu où débattre, mais j'ai, dès le début, été sceptique voire atterré face à la mobilisation grandissante autour des fameux gilets jaunes. Lancé par une foldingue manipulatrice ou manipulée, reprise illico par toute la fachosphère et un seul syndicat antirépublicain, ce mouvement sentait le poujadisme façon bonnets rouges, voire l'insurrection antidémocratique genre 6 février 1934... Bref, pas de quoi hésiter : y participer, non franc et massif.

J'ai lu ce matin un article du Monolecte (Agnès Maillard) qui est plutôt bien écrit (malgré des fautes de français) et qui m'a fait un peu changer d'avis, notamment après plusieurs jours à lire des internautes répéter inlassablement que le mouvement du 17 novembre visait aussi à défendre les services publics, les hôpitaux, le système de retraite... ce qui est faux, pour l'instant, mais après tout, ça peut changer...

Pour les feignasses qui n'ont pas le temps de lire cet article en entier et en laissant de côté ne serait-ce que deux minutes leurs préventions et préjugés, je donne ici les trois derniers paragraphes, qui montrent bien qu'Agnès Maillard refuse justement le renvoi dos à dos de deux catégories qui doivent au contraire se serrer les coudes :

Au final, à quoi ça sert de distribuer de bons ou de mauvais points entre les causes qui mériteraient d’être défendues et les colères qui seraient mal orientées ? À quoi ça sert de renvoyer dos à dos le bouseux enchainé à sa bagnole et son isolement grandissant et l’urbain qui doit pomper comme un Shadock sous amphé pour servir son SMIC mensuel de loyer au proprio ? À quel moment la relégation dans les limbes ou l’entassement dans les citées [sic] mortifères ont été des choix raisonnables et consentis par chacun d’entre nous ?

D'un côté comme l’autre, il y a de plus en plus de colère, de plus en plus de rejet d’une politique toujours plus élitiste et excluante, faite par et pour les 10 % les plus privilégiés contre tous les autres. Qu’importe si l’allumette qui se rapproche de la mèche n’est pas craquée dans les bonnes conditions, de la bonne manière ou pour les bonnes raisons.

Il n’y a plus qu’un peuple qui en a marre, qui est en colère et qu’on doit — moins que jamais — laisser seul aux mains des forces politiques qui font leur terreau de la haine des autres.

 

Ainsi, ma position, qui s'infléchissait au vu d'un certain nombre d'éléments, va être très attentiste.

Je ne participerai pas à la journée du 17 novembre, trop entachée de consumérisme et de poujadisme, mais je laisse aux manifestant·es (presque tou·tes de la 25e heure et qui n'ont pas intérêt à nous faire la leçon, à nous) la possibilité de nous montrer que de ce machin mal embarqué sort quelque chose de positif. En bref : est-ce que les slogans pour la défense des petites lignes ferroviaires et des hôpitaux de proximité l'emporteront, dans les pancartes et les prises de parole, sur la beaufitude crasse et les caricatures antisémites des gouvernants ?

Là est la question, et là sera, pour moi, la réponse.

 

mercredi, 14 novembre 2018

Mettre le bololo

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Amusé (si on veut) de voir que les appels à bloquer le pays samedi sont notamment relayés par des pages Facebook de type "Alerte Radars", donc par des gens qui ont des centaines de morts sur la conscience en contribuant à empêcher la lutte contre les chauffards.

dimanche, 28 octobre 2018

Les phrases de Bolsonaro

Pas mal d'ami·es se lamentent ce soir, à juste titre, de l'élection (ultra prévisible) de Bolsonaro. Je donne en lien, pour celles et ceux qui lisent l'anglais, ce qui me semble être le florilège le plus complet, le mieux traduit et surtout le mieux “sourcé”, de citations du nouveau président brésilien

Je précise, à l'attention de celles et ceux qui penseraient que cela ne les concerne pas, que Bolsonaro a notamment promis de permettre le saccage total des ressources naturelles au Brésil. Autant dire que l'objectif de limiter le réchauffement climatique planétaire à 1,5° vient de subir son plus terrible coup d'arrêt.

lundi, 22 octobre 2018

Des grimaces pour la galerie

44667459_10214440230573450_535052676249944064_n.jpgPhilippe Chalumeau, député LAREM, est tellement aveugle et sourd à tout ce qui se dit depuis des années sur la précarisation des femmes, et notamment des femmes racisées, qu'il ne voit absolument pas ce que cette photo a de profondément grave et dérangeant, sur le plan symbolique. Il répondra sans doute que c'était un moment de complicité, où on "se déboutonne" (pas de cravate, hein), que les gens de gauche comme moi politisent tout, etc.

Non : ce sont les gens qui veulent prétendre que tout est apolitique qui oppriment, regardent ailleurs, refusent de voir la réalité. Car la réalité est politique ; on ne peut pas la voir sans la regarder.

vendredi, 19 octobre 2018

Glottophobie

Les députés macronistes sont donc des gens qui s'accommodent du glyphosate et de tous les pesticides, qui préconisent d'interdire le VTT pendant la période de la chasse, qui préfèrent l'expansion des aéroports à la construction de tramways... mais qui en revanche déposent un projet de loi contre la glottophobie dans les 24 heures qui suivent la polémique sur Mélenchon et la journaliste à accent toulousain...

 

Au demeurant, comme je l'ai dit à mes étudiant·es, ça m'arrangerait, car je vais pouvoir intenter plusieurs procès chaque semaine à tous ces sympathiques Tourangeaux ou Berrichons, tous persuadés de « ne pas avoir d'accent » (lol), et qui ne trouvent rien d'anormal à se foutre de la tronche de quelqu'un qui parle différemment d'eux.

mardi, 18 septembre 2018

Ne pas mégoter

La grande collecte de déchets et de saloperies diverses à l'occasion du World Cleanup Day, samedi dernier ? J'y étais avec mon fils aîné.

Mais, plus important : si chacun.e ramassait dix mégots par jour afin de les jeter ostensiblement dans une poubelle à la face de tous ces gens qui ne réfléchissent à rien, ça serait plus efficace que tous les discours.

vendredi, 07 septembre 2018

7 septembre 2018 : pas d'accord

Après l'accent circonflexe (défendu à longueur de commentaires Facebook il y a 3 ans par des gens qui faisaient 6 fautes de conjugaison en 3 lignes), après la réforme du collège pourfendue « car sans latin on ne peut plus comprendre notre culture » (nota : quand j'étais collégien, au début des années 80, 80% des collégiens ne faisaient pas de latin, et la majorité de ceux qui en faisaient n'en tiraient à peu près aucun surplus culturel), l'intelligentsia franco-française s'est trouvée un nouveau combat d'arrière-garde, une nouvelle croisade pour gens figés sans compréhension de ce qu'est une langue, bref, une nouvelle guerre picrocholine de grand-boutiens et de petit-boutiens : l'accord du participe passé.

Sans moi, hein.

 

(Nota : une faute d'accord s'est glissée dans ce texte. Sauras-tu la débusquer ?)

 

lundi, 18 juin 2018

(pas les) Corrigés du bac philo

Grâce aux sujets de philosophie du baccalauréat (séries générales), j'apprends que Schopenhauer et J.S. Mill écrivaient en français...

Nos collègues de philosophie — et les relecteurs (?) du Ministère (?) — ont fait fort.

 

Suggestion de sujet pour la session 2019 :

Peut-on commenter un texte

quand on ignore ce qu'est un texte ?

vendredi, 25 mai 2018

Le foulard qui cache la forêt.



Décidément, le hijab joue bien, et régulièrement, son rôle de chiffon rouge médiatique, pour le plus grand plaisir des gouvernements successifs.

Gérard Collomb a fait ce qu'il fallait, avec ses déclarations insensées, pour relancer la machine... Celles et ceux qui passent leur temps, depuis 48 h, à tenter de démontrer, par exemple, que Riss a caricaturé Maryam Pougetoux en guenon (alors qu'il n'y a, dans ce dessin, absolument aucun trait simiesque (et rien de drôle non plus, d'ailleurs)) sont tombés dans le piège : on ne parle que de ça, et presque plus de la SNCF, du financement des universités ou de la santé publique mise en danger par les divers renoncements de Macron à son programme (sur le glyphosate notamment). 

Il y a les idiots utiles qui montent au créneau au nom de la laïcité dès qu'ils voient un foulard, et les idiots inutiles qui leur donnent la réplique en acceptant d'entrer dans la polémique.

mardi, 24 avril 2018

Un million d'euros de dégâts (?)

Frédérique Vidal veut-elle faire pleurer les contribuables alors que son gouvernement relâche la pression sur l'évasion fiscale ?

Même à croire le surchiffrage des dégâts par les présidents d'université, l'évasion fiscale représente annuellement 80.000 fois ce montant.

 

Ne parlons même pas des centaines de millions d'euros économisés annuellement en demandant aux chercheurs de financer leur outil de travail, et en employant massivement des vacataires et des contractuels tout en supprimant à tout-va des postes d'enseignants-chercheurs.

 

dimanche, 18 mars 2018

Printemps des pouêt-pouêt

17 mars 2018.

Ayant entendu mardi, à la radio, l'insupportable marchande de soupe qui dirige l'infect organisme dénommé Printemps des poètes vanter le succès de librairie des quatrains de François Cheng, je feuillette ce matin, à la gare de Tours, le dit volume.

Les quatrains en question sont ineptes, mal écrits, d'un spiritualisme à l'eau de rose dont je pensais que même les collégiens n'en inondaient plus leurs carnets personnels. On dirait des pubs pour de la lingerie vulgos ou pour des bagnoles. 

Et c'est donc cette merdasse qu'on nous vante comme preuve de la vigueur de la poésie en 2018, alors que c'est le plus sûr signe de sa mort ou de sa mise au rencard.

jeudi, 01 février 2018

« Sauvez l'Université du Sheitan » : un mouvement social gangréné par l'islamisme ?

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Voilà où on en est...

J'ai pris cette photo il y a quelques instants sur mon lieu de  travail, le site Tanneurs de l'Université François-Rabelais.

Mon avis personnel sur la réforme Vidal et sur la mise en place de la plate-forme ParcoursSup compte peu ici (je l'ai un peu détaillée au détour de commentaires sur Facebook) ; ce qui est choquant, et très grave, c'est qu'un mouvement social légitime se décrédibilise en usant du discours des islamistes.

Que nous dit cette affiche ? Elle nous dit que l'Université est menacée par le sheitan : le diable en arabe, donc. Et plus précisément : le diable selon l'Islam.

Qui est ce sheitan ? Les réformes du gouvernement, on suppose, à moins que ce ne soit le gouvernement lui-même ? On ne sait pas. Ce n'est pas grave. Le discours des fondamentalistes ne fait pas dans le détail : ce à quoi il s'oppose, c'est le mal, point barre.

Sauf qu'ici il y a comme un léger problème : l'Université française porte les valeurs de tolérance, de liberté, mais aussi et surtout d'esprit critique. L'esprit critique veut que, sur le terrain des idées, on n'use pas de concepts obscurantistes. Ainsi, face à ce genre d'affiche, je serai toujours du côté de ceux que l'on traite de sheitan.

Avec un tel discours de haine, un discours aussi rétrograde, les auteurs de cette affiche ont déjà perdu leur combat, si tant est que leur combat soit de rassembler contre les réformes du gouvernement. Si leur combat, comme je le soupçonne, est plutôt de démontrer que les islamistes ont déjà gagné en noyautant la gauche radicale de l'intérieur, alors peut-être ont-ils gagné.

samedi, 23 décembre 2017

« Je n’achèterais jamais rien sur amazon »

Billet ici pour pas rentrer dans le lard de quelqu'un que je ne connais pas et qui est sans doute un homme charmant, agréable, tout ce qu'il y a de mieux.

... mais j'en ai assez de lire ça sous la plume de gens qui, souvent, vous font la morale, à vous, les vendus-au-capitalisme, les inconscients-exploiteurs-exploités.

« Moi, je n’achèterai jamais rien sur Amazon. » (Je corrige les fautes de français, au passage.)

Ah, d'accord... mais je voudrais rappeler que, pour nombre d'entre nous, Amazon a permis, il y a quinze ou vingt ans, je ne saurais plus dire, d'accéder enfin à des milliers de livres et de disques qui étaient totalement inaccessibles, soit parce que les disquaires (même à Paris, d'ailleurs), ne connaissaient pas le circuit ou ne voulaient pas s'emmerder (je cite) à faire venir tel disque pour un seul exemplaire, soit parce que le “libraire indépendant” de centre ville n'avait pas les moyens (ou souvent, pas envie) de se diversifier dans les livres en langue étrangère, ou alors que tel éditeur de poésie était vraiment trop confidentiel (je cite toujours).

Je ne dirai pas jusqu'à dire que les libraires ou les disquaires ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis, car c'est faux : Amazon est un attila qui a tout cramé sur son passage... Mais en revanche nous-autres-qui-achetons-sur-Amazon ne sommes pas seulement des irresponsables ou des valets du capitalisme.

Il y en a tellement que je ne pourrais même pas faire la liste des écrivains ou artistes qui me seraient restés inaccessibles sans Amazon — tiens, un seul exemple, les livres de la série Humument de Tom Phillips.

De même pour les réseaux sociaux : sans Facebook ou YouTube, il y a des dizaines de livres d'auteurs africains, ou autres, dont je n'aurais même pas connu l'existence. Là encore, un seul exemple : Nnedi Okorafor. Je remercie Facebook — chaque jour que Nobodaddy ne fait pas — de m'avoir fait connaître Nnedi Okorafor.

Et, pour en revenir à Amazon, en écho à la dernière vidéo de François Bon, sans Amazon et le compte Kindle, je ne pourrais pas lire, dès ce matin, Manikanetish de Naomi Fontaine.

vendredi, 15 décembre 2017

Pour libérer Patrice Nganang...

... il est possible de signer la pétition du collectif d'écrivains, ou, si on est universitaire, la lettre ouverte des universitaires du monde entier en faveur de la libération de Patrice Nganang.


Cette lettre ouverte est à l'initiative de plusieurs collègues de Princeton. Eh oui, en 2017, quand un des plus grands écrivains de langue française est embastillé, ce n'est ni l'Académie française ni le Ministère de la Culture ni les grands organes intellectuels de France qui “se bougent”, mais l'Université de Princeton... À l'heure des hommages à D'Ormesson le colonialiste et des jérémiades de Finkielcroûte, l'intelligentsia française — ou qui se prétend telle — est aux abonnés absents...

Aux dernières nouvelles, Patrice Nganang est tenu au secret dans une prison de sécurité maximale, à Yaoundé, et sa prochaine audition devant la justice remise au 19 janvier.

Sûr, ce n'est pas un prisonnier politique de cette envergure qui empêchera Edwy Plenel ou Françoise Nyssen de réveillonner la conscience tranquille... On ne va pas se fâcher avec le dictateur Paul Biya pour si peu, quand ça fait vingt ans qu'on lui sert la soupe...

lundi, 20 novembre 2017

Surconsommation. Un modèle.

jeudi, 26 octobre 2017

Immortel·le·s au rebut

22814152_10155934686014165_5580082783103371668_n.jpgDeux néologismes douteux et deux fautes de ponctuation dont une pose un problème de syntaxe... Bravo les champion·ne·s de la langue française.

(On ne parlera même pas de la police sans sérif.)



Sinon, “les promesses de la francophonie”, on parle aussi de la Françafrique ou pas ? Du franc CFA qui enrichit mécaniquement la France en saignant l'Afrique de l'ouest ? Des centres culturels français à l'étranger qui servent aussi de base arrière d'opérations de défense peu ragoûtantes ?

Enfin, le néocolonialisme ne doit pas gêner des gens qui comptent Orsenna ou Carrère d'Encausse parmi les leurs... Pauvre Dany Laferrière, qu'allait-il faire dans cette galère...

lundi, 23 octobre 2017

Glyphosate

Make Our Planet Great Again ?

Oui, mais sauf dans les tomates —

Car Macron, tes p'tits copains

Nous gavent de glyphosate.

vendredi, 20 octobre 2017

Qui a peur du français ?

Quand on aime une œuvre, quand on sait qu'il s'agit d'un auteur (ou, en l'occurrence, d'une auteure) remarquable, on est forcément enthousiaste en découvrant qu'un de ses romans vient d'être traduit — enfin — en français.

Je veux parler, une fois encore, de Nnedi Okorafor.

Lagoon, hélas, son roman le plus admirable, n'est pas dans les tuyaux.

 

Il s'agit de Who Fears Death, qui vient d'être publié par les éditions ActuSF sous le titre de Qui a peur de la mort ?

La traduction est de Laurent PHILIBERT-CAILLAT, et on peut lire les deux premiers chapitres sur le site de l'éditeur. Hélas, la traduction, sans être absolument mauvaise, est, sur la quinzaine de pages ici disponible, d'une grande médiocrité : choix de temps discutable (passé simple !), erreurs de sens, calques bizarres (“J’étais pleine de colère.”), non-sens (“D’une façon ou d’une autre… je m’exécutai”).

Pourquoi confier ce roman (sous prétexte que c'est de la SF ????) si bien écrit à  quelqu'un d'aussi incompétent ? Comment l'éditeur ne s'est-il pas aperçu, en lisant le texte, que ça ne collait pas ?

Il faudra que je regarde plus en détail, mais le roman se nourrit de très nombreuses références à la mythologie igbo. Sans les comprendre dans le détail, il est impossible de traduire correctement certains chapitres. Au vu du niveau de français du traducteur, le pire est à craindre.

 

Quel gâchis...

jeudi, 21 septembre 2017

Français chiffonné

Le (la ? article non signé) journaliste de la NR invente un mot... par incompétence...

Alors, le jeu s'appelle “pierre feuille ciseaux” ou chi-fou-mi dans sa version de cour de récré... mais shiffoni ??? WTF...

samedi, 16 septembre 2017

Glyphosate...

Glyphosate Le Monde daté du 18 septembre 2017.PNG

vendredi, 01 septembre 2017

D'un radar rue Mirabeau

Imbécilité des décisions publiques. Depuis le mois dernier, a été installé dans la rue Mirabeau, à Tours, un de ces radars pédagogiques que je trouve, pour ma part, généralement tout à fait opportuns.

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Celui-ci, en revanche, est placé dans une rue où je n'ai jamais vu personne dépasser les 30 à l'heure, alors que la limite de vitesse est de 50. En effet, entre les chicanes, les nombreux feux rouges très rapprochés, et plus généralement le trafic, il n'est pas possible de faire le moindre excès de vitesse. Sur le boulevard Heurteloup, qui se trouve à quelques encablures de là, ce radar pédagogique aurait été parfaitement efficace. Alors, quoi ?