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lundi, 29 août 2005

Esprit, es-tu là ?

Hier soir, dans la courette sise entre la rue et notre maison, A., mon fils, jouait.

Confortablement installé dans un fauteuil de jardin, je feuilletais – quoi ? un numéro récent de la revue Esprit. Puis j’entrepris de lire le premier article, par un certain Jacques Dewitte, et consacré à la question du mal dans le dernier livre publié par Coetzee, Elizabeth Costello. Le sujet m’intéresse à plusieurs titres: la littérature africaine est mon domaine d’étude principal, et j’ai, à ce titre, publié plusieurs articles sur certains écrivains sud-africains, Breyten Breytenbach notamment; j’ai lu la plupart des grands romans de Coetzee, pour qui j’ai une admiration modérée et dont j’essaie toujours de comprendre pourquoi, aux yeux de la quasi totalité de mes collègues, c’est un tel géant des lettres; j’ai lu Elizabeth Costello, dès sa sortie, et donc juste avant l’attribution du Prix Nobel de Littérature 2003 à Coetzee, et c’est un livre qui m’a fasciné et tourmenté nettement plus que les autres textes de cet auteur, à tel point que, sous le coup encore de cette lecture, je fus presque convaincu, début octobre, que Coetzee n’avait pas volé son Prix Nobel (alors qu’il s’agit en partie d’une usurpation ou d’un malentendu).

Ultime raison de m’intéresser à cet article, j’avais vu, en parcourant la revue, qu’il était essentiellement consacré à la sixième "conférence" de l’écrivain imaginaire éponyme. Or, à l’automne 2003, ce texte-là avait d’autant plus d’intérêt pour moi qu’il y était longuement question de Paul West, que j’avais découvert depuis plusieurs mois, que je lisais assidûment, et que je finis par rencontrer en octobre 2003, à l’occasion du colloque qui lui était consacré à l’Université François-Rabelais (colloque organisé par ma brillante collègue américaniste Anne-Laure Tissut). De quoi titiller particulièrement ma curiosité, donc.

Pour résumer le propos de cette sixième partie du livre de Coetzee, Elizabeth Costello, écrivain entièrement fictif sorti de l’imagination de Coetzee et personnage principal du livre, s’apprête à donner, au cours d’un colloque, une conférence plénière sur la relation entre le Mal et l’esthétique. Sa conférence repose entièrement sur une lecture qu’elle vient de faire, et qui l’a hantée et tourmentée: il s’agit d’un roman de Paul West intitulé The Very Rich Hours of Count von Stauffenberg dont le sujet est le nazisme, et le personnage éponyme un tortionnaire nazi. Elizabeth Costello décide de dénoncer l’écrivain qui, en représentant le Mal, y participe et aggrave encore les crimes des nazis. Point de vue moral et esthétique qu’elle éclaire longuement, dont il est difficile de dire à quel degré Coetzee lui-même, l’auteur, le partage. Bref, si cette question vous intéresse (et elle mérite votre intérêt, ainsi que le livre de Coetzee dans son entier), le mieux est de se reporter au texte (en anglais, ou en français, comme M. Dewitte, qui, semble-t-il, n’a pas travaillé à partir de l’original).

Voici maintenant où je voulais en venir. Je lus donc l’article de M. Jacques Dewitte, qui me sembla enfoncer quelques portes ouvertes, décrire plutôt qu’analyser, autant dire qu’il n’apportait rien de neuf, aucun éclairage particulièrement saisissant, mais que, faisant le tour de la question, il s’agissait d’un article plus érudit qu’incisif, bref, un article de critique honnête. J’insiste sur cet adjectif (honnête), car je ne m’attendais en rien au coup de théâtre qui m’a cueilli à froid, à l’avant-dernière page de ce texte qui en compte vingt-et-une. Figurez-vous qu’après avoir consacré toute sa recherche au discours critique d’Elisabeth Costello (écrivain fictif et héroïne de Coetzee) sur un roman de Paul West, écrivain américain connu, reconnu, prolifique, traduit en français… eh bien, M. Dewitte écrit ceci :

"Il peut se produire chez celui qui lit une décharge d’énergie irréductible à une simple "représentation". C’est ce dont a fait l’expérience Elizabeth Costello, personnage imaginaire de J.M. Coetzee, en lisant le livre imaginaire de Paul West, autre romancier imaginé par Coetzee : un choc bien réel, une rencontre effective avec le Mal qui n’est pas seulement décrit, représenté, mais transmis par ce canal comme un courant électrique..." (J. Dewitte. "La dupe de Satan. Une réflexion de J.M. Coetzee sur le Mal". In Esprit, juin 2004, n°6, pp.24-5, gras ajouté)

Insensé ! Pour le coup, le choc bien réel, c’est moi qui l’ai subi de plein fouet. Ainsi donc, ce chercheur n’a pas cherché plus loin que le bout de son nez, et, par l’omission de ce qui devait lui sembler un simple détail, fait s’effondrer tout son échafaudage tel un château de cartes balayé par une porte claquée! C’est du joli, comme on dit familièrement. Paul West appréciera de devenir seulement un personnage de Coetzee. Je crois savoir, déjà, qu’il n’a pas tellement apprécié le point de vue avancé au sujet de son roman, ni le portrait peu flatteur que le texte brosse de sa personne (car West, et c’est là l’une des astuces de la sixième "conférence", est présent lors du colloque).

Comment, mais comment un critique peut-il s’atteler à un sujet dont il ne connaît pas le premier mot! Toute la subtilité du texte de Coetzee vient justement du fait qu’il mêle la lecture d’un écrivain célèbre fictif et d’un roman qui existe réellement. Si on ne voit pas cela (par défaut d’érudition, de curiosité intellectuelle ou peut-être d’intelligence), on ne comprend rien à l’argumentaire équivoque de Coetzee, qui attribue justement le discours éthique sur la réalité de l’effet d’une œuvre d’art à un personnage, et non à une personne réelle; la double pirouette réside dans l’objet de la critique costellienne, le roman de Paul West, qui existe, et dont le lecteur réel peut prendre connaissance afin de mieux comprendre la distance possible entre ce que dit Elizabeth Costello (ce que Coetzee lui fait dire) et le point de vue de Coetzee, lui-même créateur.

Dans la courette de gravier, j’eus le souffle coupé. Il va de soi que ma désapprobation n’épargne pas la rédaction de la revue Esprit, que je tiens pourtant en haute estime mais qui, semble-t-il, ne procède pas toujours à toutes les vérifications. A tout moment, dans une telle situation, l’affaire Sokal peut se reproduire… Errare humanum est, certes, mais les humanités sont tombées assez bas, quand même.

samedi, 27 août 2005

Anonymat, pseudonymat

Vendredi, pendant la sieste d’A.

Je ne peux manquer de m’interroger en apprenant que deux des livres politiques qui vont marquer la rentrée sont écrits sous couvert d’anonymat et contre des figures politiques de droite (l’un contre Nicolas Sarkozy, l’autre contre Dominique de Villepin).

Que faut-il penser de ce lien? Les ennemis (rhétoriques) de Sarkozy et Villepin, respectivement, sont-ils nécessairement de gauche? S’ils sont de gauche, que doit-on penser d’adversaires politiques institutionnels qui n’avouent pas leur nom? Lâcheté ou peur de réelles représailles? Vivons-nous encore dans un pays où règne la liberté d’expression?

S’il s’agit d’une guerre au sein de l’U.M.P. (ou, plus généralement, à droite), c’est plus subtil encore, ou plus perfide. Gageons que le Landerneau parisien n’a pas fini de se perdre en conjectures ni de faire ses choux gras de ce pseudo-anonymat. Quoi qu’il en soit, et à moins d’imaginer que l’auteur d’un texte polémique contre un homme de pouvoir coure un réel danger, je suis choqué de cette manie du pseudonyme, de la dissimulation, du larvatus prodeo généralisé.

vendredi, 26 août 2005

Molto piano

"Piano Man", dont on nous a rebattu les oreilles, est une figure suffisamment énigmatique et dérisoire pour inspirer prochainement écrits plus ou moins distancés (comme L'Adversaire de Carrère pour l'affaire Romand) et téléfilms ineptes (attention aux redondances).

dimanche, 21 août 2005

Cheeky Japon

Un rondel féroce et surtout absurde, du 4 avril dernier...

Connaissez-vous Cheeky Japon,
Son gras joufflu bibendumesque,
Sa rousseur en tout barnumesque
Et monstrueusement burlesque?
---- Connaissez-vous Cheeky Japon?


Il en apprendrait aux Lapons
Sur la sueur intra-fourrure;
Et, de sa rouquine carrure,
Sur la puanteur des froidures,
Il en apprendrait aux Lapons!


Franchement, il a le pompon
Avec sa dégoûtante aisselle,
Ses flûtes à l'eau de vaisselle
Et son klaxon comme crécelle.
---- Franchement, il a le pompon!


Les 2 et 3 avril, nul trésor dans Outlook...

mercredi, 17 août 2005

Silence & emphase

Mon silence de ces deux derniers jours est lié à la panne informatique (qui s'avère être, apparemment, la mort de ma batterie bien-aimée, après trois ans de bons et loyaux services (une neuve est commandée auprès de Lespiauc Informatique, à HAgetmau), ce qui fait que je peux de nouveau, depuis ce matin, travailler, ayant enlevé la batterie et reliant directement l'appareil au secteur) et aux déplacements, avant-hier dans le Gers et hier à Saint-Pierre-du-Mont, chez mes grands-parents maternels, avant de rallier la "patrie douce et chère" de C.

Des dizaines de notes à écrire, sur des sujets qui me tiennent à coeur, et il a fallu, ce matin, que je réagisse à chaud au commentaire de Sylvain Cottin, qui (si c'est lui, toujours (je me méfie des plaisantins depuis les driouteries de juillet)) a pris la mouche sur mon piteux calembour à reconstruire, ne s'apercevant pas que ce n'est pas habituellement le genre de la maison et qu'il y avait donc un effet-miroir de sa propre médiocrité imbécile (de sorte que Roucas, oui, d'un certain point de vue, c'est surtout l'auteur de l'infâme article sur les curistes pendant les fêtes de Dax), mais qui ne se défend nullement des accusations de gérontophobie. S'il existe bel et bien un "péril jeune", c'est celui qui consiste à voir des vieux partout, et surtout à les mépriser. Pourtant, bien des grandeurs du monde sont venues d'hommes et de femmes qui avaient une certaine expérience de la vie.

Autre point que Cottin ne relève pas, sa totale mauvaise foi et sa célébration implicite des festayres, qui se rendent pourtant coupables, chaque année, d'abus et de méfaits. J'attends votre réponse, Monsieur...

La nullité est contagieuse

Sylvain Cottin (si c'est bien lui l'auteur du commentaire ci-joint) a raison: la nullité est contagieuse, et la seule lecture de son article a suffi à tenter le démon calembouresque et scatologique qui dormait en moi. Ne vous inquiétez pas. Ce malin génie s'est promptement rendormi, et M. Cottin (que j'aurais pu comparer à l'abbé du même nom, cible de Molière (mais je craignais que Sylvain ne comprenne pas, car Molière ça fait pas djeunns)) peut poursuivre l'écriture de ses torchons.

Je signale par ailleurs que j'ai transmis l'article criminel et incriminé à un médecin d'une région éloignée, qui recommande souvent des cures à Dax et qui va savoir, avec d'autres parmi ses collègues, ce que les Dacquois "locaux" pensent vraiment des curistes. Dax bientôt sixième ville thermale de France grâce à Sylvain Cottin? Il faudrait peut-être prévenir M. le Maire...

jeudi, 04 août 2005

4 août

Abolition des privilèges. Et 216 ans après? On nous annonce comme un triomphe national le retour de Zidane en équipe de France...

jeudi, 21 juillet 2005

Pollution à Pittsburgh

Cela dans le pays qui obstinément refuse de ratifier le protocole de Kyoto.

vendredi, 15 juillet 2005

Wannaddoo

"Wanadoo merde", se plaignait mon père en des termes choisis il y a trois jours. Eh bien, il est vrai que les connexions dans les Landes ne sont pas idéales, loin de là. Mon modem se déconnecte au bout de vingt minutes, puis refuse de numéroter. Il faut arrêter l'ordinateur en ayant débranché la fiche de connexion, puis le redémarrer et rebrancher la fiche téléphonique une fois que le bureau est visible. Voilà la parade. Cela ne m'arrive jamais à Tours, et m'est déjà arrivé par ici. Alors, qui faut-il accuser? les lignes landaises? Wanadoo, plus spécifiquement? Ou même imaginer qu'il s'agit d'une stratégie pour contraindre ceux qui ne l'ont pas à se soumettre à l'ADSL?