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jeudi, 30 juin 2005

Pluie comme la vie

Sept heures et demie du soir.

Finalement, j’ai pu, tout à l’heure, aller chercher A. à pied, et nous avons marché de concert, de la rue du Colombier à la rue Guillaume-Apollinaire, en passant par la rue François-Villon et la rue Ronsard, notre petit bonhomme de chemin habituel, devisant, gambadant. A peine quelques gouttes ont-elles salué la fin de notre promenade, avant qu’une averse salutaire ne s’abatte encore sur la ville.

Je me suis rarement senti aussi épuisé.

Ceci est certainement l’une des toutes dernières notes de ce mois de juin.

C. rentre à l’instant. A. à peine couché, j’étais installé à écrire dans le canapé du salon, with the laptop on my lap.

Fort comme la pluie

Pluie et fort vent. Il pleut. Je vais devoir, pour l'une des rares fois de l'année, aller chercher mon fils à l'école maternelle en prenant la voiture, ce qu'il déteste, car il préfère marcher, courir dans le souterrain qui passe sous l'avenue du Maréchal Juin, voir s'il ne traîne pas quelque chat par ci, ou quelque corneille par là.

Tout bien pesé, il aime encore moins se tremper, certes.

T***, mon collègue spécialiste de civilisation britannique, qui, dans une autre vie, fut spécialiste de Maupassant, m'a apporté ce matin, as a complimentary gift, un exemplaire de la monographie qu'il a consacrée, il y a quelques années, à Fort comme la mort, dont nous parlions avant-hier, puisque c'est le seul roman de Maupassant que j'ai lu, et même deux fois! Je connais assez bien les nouvelles de Maupassant, qui ne me transportent pas outre-mesure, ou plutôt, qui me semblent receler pas mal de textes mineurs, mais n'ai jamais lu ni Une vie, ni Bel-Ami. Honte à moi, je suppose.

Il se trouve aussi que Fort comme la mort est l'un des modèles narratifs et esthétiques de Ford Hermann Hueffer, b.k.a. Ford Madox Ford.

En écoute: l'acte premier de la Juditha triumphans. Il y avait lurette, et je suis toujours aussi impressionné par la douceur des mélodies, la pompe feutrée de la basse, les merveilles des parties chantées.

Penne

Retrouvé une carte postale représentant le Christ entre Saint-Jean et Saint-Matthieu, au tympan de l’abbatiale de Moissac. J’avais pris la plume.

Penne, le 4 août 1999.
Abolissons les privilèges !
Il fait très chaud, et C. me dicte car elle se sent molle, voire mollissime. Moissac fut éblouissant, et Montauban plus décevant, malgré la belle collection de Bourdelle exposée au Musée Ingres.
Rentrons samedi après passage par Villeneuve.


Il s’agit de Penne du Tarn et de Villeneuve-sur-Lot.

Propos de garçonnet, 4

Je connais un monsieur qui a un nom bizarre. Il s'appelle Carotte-Chips. Il vit en Chine et il fabrique des livres. De très gros livres. des livres aussi gros que Pluton.

mercredi, 29 juin 2005

Promesses

Je n’ai pas du tout publié les notes que j’avais promis d’écrire. C’est qu’elles ne sont pas écrites !

Une remarque sur la diffamation et le respect des personnes : il s’agit d’une préoccupation évidente, et tout auteur de blog doit veiller à s’abstenir de l’une et à assurer l’autre. Toutefois, si j’écris ici que j’avais acheté un lecteur DVD de marque ***, modèle °°°, qu’il est tombé en panne au bout de trois mois, et que la marque *** m’intente un procès pour atteinte à son image, nous ne sommes plus dans un système démocratique dans lequel la libre parole de tout un chacun est assurée.

C’est ce qui m’a frappé, moi aussi, dans le cas du bloggeur de Puteaux. Dans une société démocratique qui fonctionne convenablement, jamais la municipalité ne devrait pouvoir attaquer l’auteur incriminé.

Jeux de garçonnet, 1

Mercredi matin, dans le jardin. A. invente une série de jeux qui nécessitent trois bâtons et une assiette en aluminium (plus précisément, un plat à tourtière).

Le premier jeu s’appelle « pic de poil de pox » et consiste à frapper l’assiette posée au sol avec le premier bâton, puis avec le second ; avec le troisième bâton, il faut soulever l’assiette et l’envoyer vers la droite.

Le deuxième jeu s’appelle « poil d’akops de pox ». C’est une variante du précédent : avec le troisième bâton, on soulève l’assiette en l’envoyant vers la gauche.

Le troisième jeu s’appelle « pic de kip de pox ». Même chose que précédemment, mais on remplace l’assiette par une branche feuillue.

En écoute : « Biji » de Sonny Rollins (album +3, 1995)

Le Spleen de Joué-lès-Tours

Hier, à l'oral du baccalauréat de français, que ma compagne fait passer au lycée Jean-Monnet de Joué-lès-Tours, une candidate, interrogée sur l'une des Fleurs du mal et dont la liste de lecture précisait que les différentes formes poétiques du 19ème siècle avaient été étudiées dans un "groupement de textes", déclara, péremptoirement: "ah non, Baudelaire n'a jamais écrit de poèmes en prose! jamais!".

Comme si la question posée, d'ailleurs, cherchait à marquer le pauvre Charles du sceau de l'infâmie: ah non, Madame, que voudriez-vous me faire dire? Baudelaire, ça, c'était un poète, il ne se serait pas abaissé à écrire des poèmes en prose! Qu'il soit, peu ou prou, l'inventeur du genre, elle ne le savait pas. Soit. Mais, tout de même, aller affirmer quelque chose dont on ne sait rien...

Traquons les épitrochasmes

Suite au peu d'écho suscité par ma note, certes sibylline, sur la découverte de l'épitrochasme, j'ai décidé, comme on dit, d'intéresser la partie et de proposer, moi aussi, le grand jeu-concours de l'été :

TRAQUONS LES EPITROCHASMES

Tous les lecteurs de Touraine Sereine ont jusqu'au 31 août 2005, le cachet d'aspirine faisant foi, pour me suggérer, en utilisant la fonction "Ecrire un commentaire" ou en m'envoyant un courrier électronique, des exemples d'épitrochasmes trouvés dans la Littérature, la presse, la chansonnette, voire même par eux inventés.

Le jury au grand complet, composé, comme il se doit, de la Sainte Trinité Me, Myself and I, décidera du nom du vainqueur, qui se verra offrir un exemplaire dédicacé et unique de morceaux choisis de ce carnet de toile.

Alors, à vos épitrochasmes... et que ça saute!

Correspondance de Wilkie Collins

Coïncidences toujours...

Je lisais, avant-hier, une note de Jacques au sujet du prix élevé du tome 1 de la Correspondance de Verlaine.

Butinant sur la Toile, que découvris-je ce matin? La correspondance de Wilkie Collins, en quatre volumes, coûte 350 £ ou 540$. Je ne doute ni de l'intérêt ni de la qualité du travail des auteurs de l'édition critique. Mais tout de même...

Procédures

Ecrit le commentaire suivant, ce matin, en réponse à une très intéressante note sur les procès intentés par certaines collectivités ou entreprises à des bloggueurs les ayant critiquées: Je crois qu'il faut prendre des risques, écrire sans s'auto-censurer et advienne que pourra. Si les bloggueurs commencent à s'autocensurer, c'est la fin des haricots. Nous vivons dans une société tellement procédurière, et où la bien-pensance a triomphé. Que certains blogs jouent le rôle du petit grain de sable, tant mieux... Techniquement, n'est-il pas possible, si l'on n'est pas masochiste, de supprimer une page incriminée et de faire cesser les poursuites?

Affairé

Je dois concocter des sujets de thème et de version pour L***, une de mes étudiantes les plus assidues, qui vient d'obtenir sa licence et qui a suivi mes cours, pour la première fois, lors de son arrivée à l'université, il y a trois ans, donc. Je dois aussi corriger pas moins de neuf copies d'analyse littéraire, pour ma collègue I***, qui est vice-présidente du jury de CAPES, et ne peut, à Toulouse, assurer toutes ses obligations de service tourangelles. Les deux textes sont extraits de Mansfield Park de Jane Austen (peut-être mon préféré de cet auteur remarquable) et de The Case for the Defence de Graham Greene (roman que je ne connais pas). Malgré tout, je voulais noter ici que, de retour des courses au supermarché, j'ai songé à ma trouvaille du matin: Jacques Layani, dont je lis régulièrement le carnétoile (lien ci-contre, dans la liste des blogs amis), est l'auteur d'au moins deux ouvrages sur Léo Ferré. Or, je publie ces jours-ci de brèves notes rapportant certains discours assez particuliers de mon fils. Il se trouve que mon fils, depuis presque deux ans, préfère, de toutes les chansons de Ferré, et me réclame assidûment "Les psaumes sont écrits sur les magnétophones", à savoir Psaume 151, dont il connaissait les trois premiers couplets (et ne les connaît peut-être plus, car les écoutes se sont espacées).

OONA

Je suis en train d'écouter, pour la première fois depuis bien longtemps, un disque qui m'avait été offert à Noël 2000, à Hagetmau, Résistance poétique du Trio Christophe Marguet (Label bleu, 1996). C'est un disque qui m'a accompagné tout au long du premier semestre 2001, et en particulier dans certains moments difficiles, pendant que je finissais d'écrire ma thèse. La première composition, Oona prête à la rêverie. Ballade douce, entraînante, folâtre, elle célèbre Oona, c'est-à-dire, à mes oreilles maintenant, l'an OO, l'année du double O, du double oh, de la bouche ouverte en étonnement, de l'embrasement, de l'embrassade, de la fulgurance et de l'inquiétude passionnée, aux mélopées chaleureuses du sax. Composition érotique, pulpeuse, radieuse. De manière générale, je préfère, sur ce disque, les ballades, comme Recueillement ou Brume, aux compositions plus heurtées. Trio roi de l'envolée lyrique, fantômes du riot, de l'échauffourrée, que l'on s'imagine écouter sous les platanes près d'un cloître gothique, ou dans la chaleur touffue d'une salle enfumée.

Décrue

Bonjour à toutes et tous, deux jours de décrue, sinon des torridités (encore que la chaleur ne soit pas si inhabituelle qu'on veut bien le dire: la sécheresse est plus préoccupante), du moins de ce carnet de toile. Le nombre de visiteurs ne décroît pas, lui, à ma grande surprise. Je n'ai pas subi de foudres maternelles, pourtant, à l'inverse de Simon. Ni de foudres conjugales, quoique ma compagne regarde tout cela d'un air mi-amusé mi-agacé, comme si écrire un blog était le nouvel avatar de mes gamineries. Peut-être même a-t-elle raison, allez savoir. J'ai plusieurs projets de note, pourtant, que j'annonce ici avec solennité et qui seront certainement publiées dans la journée, si je trouve quelques instants pour les écrire: les deux déjeuners d'hier et avant-hier, et quelques conseils sur les deux modestes restaurants où ils se tinrent; mon collègue T*** et Maupassant; mes lectures récentes, Purple Hibiscus de Chimamanda Ngozie Adichie, The Breast de Philip Roth, plusieurs essais (retrouvés avec bonheur) de Montaigne, les derniers chapitres de Du lyrisme.

Situation d'un (autre) garçonnet

Florenz, Oktober 1947

In der Gasse, vor unserem Hotel, spielen zwei Kinder ; ein fünfjähriger Bub, rachitisch, und ein Mädchen mit Spielzeugpistole: sie spielen Händehoch, wobei der Kleine, eher mürrisch und unwillig, sich an die verpißte Mauer stellen muß – nur daß er dann umfallen soll, begreif er nicht; das Mädchen macht es ihm vor – aus der Erfahrung ihres siebenjährigen Lebens.

Max Frisch. Tagebuch (1950). Knaur, 1970, S. 144.

mardi, 28 juin 2005

Propos de garçonnet, 3

Un four, deux barbecues (un à deux roulettes, mais aussi un à quatre), un économisier, un ocolomisier, un tchatt, un lougtchatta (= un appareil pour gober), un rigang (= un mouton). Voilà tout l'attirail dont A. disposait, le 18 avril dernier, pour faire cuire les fourmis de Nanin.

"Je préfère faire le barbecue dans ma chambre parce que, dehors, il ne fait pas très beau. Cette pagaille de fourmis!"

lundi, 27 juin 2005

Dans les marges

Aujourd'hui, l'action a lieu dans les marges: dans les commentaires et mes réponses à iceux, mais aussi les commentaires que je laisse sur certains autres blogs. Vous pouvez aller de ce côté-ci, à moins que vous ne préfériez ces parages-là.

Propos de garçonnet, 2

"Tu arrêtes d'embêter mon petit!" dit le serpent volant en pinçant le serpent à noeud des conchetelles.

Le serpent volant, je ne sais même pas si ça existe. Il n'est pas en danger.

dimanche, 26 juin 2005

Epitrochasme

Après une dizaine d’années d’études largement consacrées à la poétique et à la sémiotique, j’ai rencontré hier, pour la première fois, la figure de style appelée épitrochasme, ou plutôt, son nom, car la figure, elle, m’était familière, comme à vous tous, chers lecteurs, qui, n’ayant jamais entendu ce mot barbare (ou plutôt : grec), faites partie de la grande communauté des Monsieur Jourdain qui font des épitrochasmes sans le savoir. Voilà un avis net, sec, bref, vif et mûr.

C'est bien, ça...

Voilà qu'au bout de vingt jours de blogging effréné, je finis par avertir mes parents de l'existence de cette mienne perversion, et de l'adresse y afférente, ce au prétexte que la dernière note publiée narre par le menu notre promenade du jour, et que cela peut les intéresser. Voici que je lis un petit commentaire bien négatif: "trop petit, pas les bonnes couleurs", que sais-je... Ah la la, ayez des parents, et vous voyez comment ils vous le rendent... (Papa, maman, si vous lisez cette note, je plaisante. Venez à la maison bientôt; j'ai fait les cuivres.)

Vallées du Lathan et de la Maulne

Aujourd’hui, en dépit d’un ciel qui hésitait à passer au beau fixe, nous avons enfin fait une petite promenade dominicale. Enfin, car le travail ou les obligations familiales nous en avaient privé depuis presque trois semaines. Le soleil est promptement revenu à son établi, et les coups de marteau n’ont pas tardé. Agréable chaleur pourtant, brise estivale, et je ne saurais assez souscrire au billet d’humeur lu avant-hier à propos de l’hystérie météorologique sur Les mots ont un sens.

Le premier objet de la virée était de se rendre à Savigné-sur-Lathan, joli village au nord-ouest de Tours, bordé de fortifications et de douves entièrement verdies, où se tenait, accessoirement, une brocante, ce dont A., notre fils, raffole. Sa déception, en s’apercevant qu’il ne s’y tenait aucune pêche aux canards (ou aux tortues, ou aux grenouilles), fut modérée par l’achat d’un petit orang-outan en plastique et d’un puzzle 9 pièces, pour vingt centimes chacun. De mon côté, pour la première fois depuis que nous allons occasionnellement dans les brocantes de Touraine, j’ai trouvé à acheter quelques livres, pour 1 euro chacun : une anthologie un brin foutraque, The Treasury of Humorous Quotations, où je puiserai peut-être quelques pépites pour l’U.E. libre sur l’humour britannique que j’ai proposé d’enseigner à la rentrée, mais qui, en jargon administratif, « n’ouvrira » peut-être pas ; un autre livre en anglais, Prospect of Highgate and Hampstead, texte orné de jolies photos en noir et blanc, & édition originale dédicacée par l’auteur ; enfin, Le Mauvais démiurge de Cioran, dans la collection NRF-Essais (réédition impeccable de 1992). Je n’aime pas beaucoup Cioran, dont je trouve la lecture vite lassante et la fréquentation assez stérile, mais enfin…

Le village de Savigné a un plan attrayant, autour d’une fausse placette triangulaire, où la mairie occupe une place privilégiée et affiche un tricolorisme maussade. J’y ai vu plusieurs belles bâtisses, mais qui souffrent un peu de l’incurie (ou l’impéritie) des occupants ; le plus alléchant, pour l’œil, ce sont sans doute les petits ponts au-dessus des douves, qui ont dû être rajoutés au 19ème siècle.

Ensuite, nous avons visité le château de Champchevrier. Belle allée en forêt, puis deux voitures (dont la nôtre) au parking des visiteurs. Jardin sobre et de plan exemplaire, entremêlement des bâtiments de style voisin et d’époques proches dans une unité préservée : la fuye du 15ème-16ème, la partie Henri-II (qui n’apparaît sur presque aucune photographie !), le corps et les communs de la fin du 17ème… Le majestueux noyer occupe le centre du parc, du côté des communs. Quel âge peut-il avoir ? Je me rendais à Champchevrier avec quelque réserve, car toute la publicité faite autour du château repose sur la vénerie, et suggère que, du côté de la beauté des bâtiments, et du mobilier, le château fera nécessairement très pâle figure à côté de ses plus illustres voisins ligériens. Pourtant, une collection de tapisseries remarquables (dont quatre de Beauvais, et une série de sept tapisseries d’Amiens à partir de cartons de Simon Vouet (Les Amours des Dieux, mais aussi la plus ancienne, splendide et remarquablement conservée, en provenance d’Audenarde, je crois) suffit à justifier la visite. Deux originaux de Rigaud et une très belle composition de Coypel, malheureusement trop haut en trémeau pour que l’on puisse l’apprécier pleinement, ne gâchent pas la visite non plus. A propos du carrosse de 1772 exposé dans la salle des trophées, une désobligeante, l’autre visiteur, peut-être un collègue historien, a rapporté une anecdote tirée du film d’Ettore Scola, La Nuit de Varennes ; nous n’avons pas vu le film, et le châtelain, qui nous guidait de par les pièces, non plus.

Par ailleurs, j’ai appris que les dents des sangliers s’appelaient des graies. Je ne suis pas certain de l’orthographe, car Littré ne connaît rien d’approchant, et si la recherche sur Google m’a appris de nombreuses choses sur les Alpes Graies ou sur le mythe de Persée, rien à voir, de près ou de loin, avec les sangliers. Ai-je bien entendu ?

Nous avons pique-niqué sur les bords du lac de Rillé, où A. s’est baignoté un petit quart d’heure durant avant de revenir à l’ombre, admirer le train historique, qui a longuement manœuvré avant de prendre le départ avec des touristes à son bord, heureux et ravis d’avaler de la fumée de charbon. J’ai remarqué que la locomotive portait la mention POLSKA. Est-ce le modèle, ou, véritablement, une locomotive de fabrication polonaise ? Mes connaissances en matière de technique ferroviaire sont, pour un petit-fils de cheminot, scandaleusement voisines de zéro.

A. s’est extrêmement bien tenu pendant la visite guidée de Champchevrier, cherchant à comprendre tout ce que racontait notre guide, et réclamant maintes explications à chaque point qui l’avait intrigué. Les tapisseries de Vouet aidant, nous voici à lui expliquer tel et tel mythe de l’Odyssée… Il aura bientôt quatre ans… Jupiter et Sémélé, la naissance de Bacchus issu de la cuisse paternelle, on fait plus simple…

Sur le chemin du retour, nous avons vu le château du Lathan, puis, par une route bordée de dizaines d’affreux hangars (je dois être gravement influencé par la lecture d’Outrepas, dans lequel la détérioration des paysages ruraux tient une grande place), rejoint Marcilly-sur-Maulne, où, faute de panneaux, nous n’avons pas vu le château. Il ne vous a pas sauté aux yeux, dirait ma mère. L’église de Lublé est jolie, et il faudrait, avec de plus longues journées, ou un enfant plus âgé, prendre le temps de voir plus en détail chaque village.

Toutefois, si les forêts entre Luynes et Rillé sont fort belles, et la campagne assez préservée, les campagnes au sud de Noyant et à l’ouest de Château-la-Vallière sont dans un état d’enlaidissement avancé. Il faudrait que les élus (locaux, nationaux, européens) veillent à ne pas laisser se dégrader pareillement le paysage. Qu’est-ce qu’un « contemporain » ? Quelqu’un qu’on aimerait tuer, sans trop savoir comment. (Cioran. Le Mauvais démiurge. « Pensées étranglées », Gallimard, p. 128) En écoute : rien, car nous avons un meeting aérien débile au-dessus de nos têtes. D’ailleurs, « meeting aérien débile » est un pléonasme. A bas les militaires et les pollueurs d’atmosphère. Honte à la Patrouille de France !

Lire ou écrire...?

« Mon problème est que je ne lis pas. Entre sept et vingt ans j’ai lu énormément. Mais ensuite j’ai consacré tout mon temps à l’“écriture” et à la baise – ou à la drague. La drague ni la baise ne m’occupent beaucoup aujourd’hui, mais je ne lis toujours pas, parce que écrire, au fond, me paraît toujours plus excitant. Ma manie est d’écrire, pas de lire. Je suis un graphomane, pas un bibliophage. Et ma plus grande excitation de lecture se traduit aussitôt par une envie d’écrire. C’est le comble de l’hommage littéraire, chez moi : fermer le livre que je lis et me précipiter vers mon bureau pour écrire. » (Renaud Camus. Outrepas, p. 423)

L’auteur de ce blog est un bibliophage qui ne parvient jamais à trouver un terrain d’entente entre son penchant pour la lecture et sa graphomanie, qui voudrait fendre l’armure. (Et qui parle de lui à la troisième personne, maintenant… !)

……………………….

En écoute : « 27 octobre 1926 », extrait du sixième volume des œuvres pour piano de Gurdjieff et De Hartmann (Rituel d’un ordre soufi, dans la version enregistrée par Alain Kremski (Naïve V 4889).

Propos de garçonnet, 1

Je vais faire une petite sieste, aussi grosse qu'une queue de renard. (25 juin 2005)

samedi, 25 juin 2005

Caméléon

« Stéphane a maintenant la passion des bizarres animaux de compagnie, il possède un caméléon, des grenouilles bleues, deux espèces de marmottes ou de je ne sais trop quoi, d’origine dûment exotique, qui sont très sympathiques et affectueuses, adorant être caressées. » (Renaud Camus. Outrepas, journal 2002, p. 542)

Posséder un caméléon, n’est-ce pas, à certains égards, chercher à s’approprier le secret de la mort ? De nombreux mythes africains rendent le caméléon responsable du fait que les hommes ont cessé d’être immortels. Selon certains versions, le caméléon, porteur du message de mort, serait parvenu aux hommes avant la tortue, porteuse du message de vie. Dans d’autres versions, ce sont les hommes qui envoient le caméléon dire aux dieux qu’ils souhaitent rester immortels, et le caméléon transforme, chemin faisant, le message, causant ainsi la chute de l’humanité dans la mortalité. Il y a bien d’autres variantes encore, mais toutes insistent sur la duplicité métamorphique du caméléon.

Le mot caméléon, en français, est tout à fait fascinant. les deux syllabes médianes se livrent à une semblable métamorphose : le [e] ouvert s’associe à deux consonnes différentes avant d’ouvrir sur l’ambiguïté terrestre de la diphtongue. Le chevalier d’Eon était un agent double et hybride. On, c’est tout le monde.

Posséder un caméléon, est-ce espérer qu’on le dupera, qu’on le hantera au point de détourner la mort de soi ?

Peut-on posséder un caméléon ?

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En écoute : le « Chant derviche » du sixième volume des œuvres pour piano de Gurdjieff et De Hartmann (Rituel d’un ordre soufi, dans la version enregistrée par Alain Kremski (Naïve V 4889).

Tours, Reverdy, Touraine, Jazz, etc.

Samedi, onze heures ; il pleuviote, juste assez pour nous forcer à quitter le jardin, et pour faire ressortir la chaleur accumulée dans l’humus et l’herbe desséchée. A. construit des fusées en Lego.

Hier soir, J.C. et C---, C., Ph. et C*, sont venus dîner. Le premier couple, en transit entre Paris et Nantes, a passé la nuit chez nous, dans la « chambre aux corbeaux ». Le second, plus habitué des lieux et tourangeau, nous a quittés vers une heure du matin. Leur fille, E., qui passe le baccalauréat en ce moment et a gardé plusieurs fois notre fils au cours de l’année scolaire qui s’achève, a été reçue à l’Ecole du Louvre.

Il a été question d’Yves Bonnefoy, et de la rue Traversière, à Tours, qui a donné son titre à l’un de ses ouvrages les plus connus. Je veux absolument refaire un tour aux expositions Bonnefoy avant qu’elles ne s’achèvent.

Il paraît qu’il existe un Monopoly de la ville de Tours, dans lequel la rue Traversière occuperait la place privilégiée de la rue de la Paix dans le Monopoly standard (ou national).

Hier après-midi, surveillant A. qui jouait à déterrer des os de dinosaure dans la cour (!), je me suis pris à relire Reverdy, dont je n’avais pas ouvert les Sources du vent depuis belle lurette.
C’est certainement l’un des poètes les plus difficiles, quoiqu’il ne soit pas hermétique.

Entre autres projets, j’aurais grande envie, si le temps ne me faisait pas aussi cruellement défaut, de donner à lire certains de mes poèmes préférés, et d’en proposer un petit commentaire informel.

J’ai aussi songé au genre topographique, et à la manière dont je pourrais y inscrire plus étroitement ce carnet de toile ; peut-être pourrais-je l’an prochain, sur les demi-journées d’école d’A. où je n’ai pas moi-même d’obligations professionnelles, sacrifier une demi-journée par semaine où j’irais faire un tour aux environs, visiter tel ou tel village, prendre quelques photos, écrire une note.

Mais il faudrait aussi parler de musique, de jazz ou de chanson française. (J’écoute beaucoup de musique classique ou contemporaine, mais, si forts soient mes goûts, mon expertise en la matière ne me permettrait pas, je pense, de tirer à la ligne sans me ridiculiser.)

Près de moi, A. dessine, à présent. J’ai décidé, pour être certain de ne pas laisser ce blog à l’abandon, de publier à l’avance, certaines fois, des propos tenus par lui, et dont j’ai la trace écrite. Il dessine des méduses bleues, des planètes roses ou vertes.

C. est au téléphone avec K., ami de la famille de C., qui nous annonce avoir obtenu sa mutation pour l’Aveyron, mais s’apprête, la cinquantaine approchant, à goûter les joies du statut de TZR (titulaire remplaçant) et à changer de poste tous les quinze jours, tous les deux mois, ou, au mieux, tous les ans.

Le temps que j’écrive cette note, le soleil est revenu, la pluie n’a nullement rafraîchi l’atmosphère.

vendredi, 24 juin 2005

Irritations majuscules

J’écris rarement sur des événements politiques, ou sur mes opinions. Toutefois, deux informations entendues aujourd’hui témoignent du sens de la politique de notre gouvernement depuis 2002, et du degré d’estime qu’il faut avoir pour elle.

Un rapport de l’INSEE montre que la réforme des 35 heures a bel et bien créé des emplois, et qu’elle n’a pas fait décroître la consommation, au contraire. Les arguments de la droite contre les 35 heures se voient opposer un cruel démenti.

Le Ministre des Finances annonce la suppression de 7 000 postes de fonctionnaires, ou, pour parler en jargon bien-pensant, le non-renouvellement des départs en retraite, ce qui revient au même. Les postes les plus touchés sont les Finances et l’Education nationale. Avez-vous remarqué comme la Défense et l’Intérieur ne sont jamais touchés par ces mesures ? La peur, les phobies, l’imbécillité militariste ont de beaux jours devant elles, et les autres andouilles n’ont pas fini de nous casser les oreilles aux commandes de leurs avions de chasse...

La recherche fondamentale, l’enseignement et la santé, ce sont les danseuses de la nation, à qui on refile un petit billet quand on n’a pas envie de recommander une caisse de champagne (ou de missiles).

Toujours plus de cadeaux aux grandes entreprises, à leurs dirigeants multi-millionnaires, aux grands actionnaires et aux marchands de mort. Jaurès, reviens ! (Parce que, s’il faut compter sur Hollande, Lang ou Buffet, nous sommes cuits…)

En écoute : la Sonate pour violon et piano de Zdenek Fibich, par Josef Suk et Josef Hala (Supraphon, 2000, SU 3473-2 131).

Papier recyclé, 3

Il n’y a pas, sur le site Tanneurs, où travaillent des centaines de secrétaires, de professeurs, et environ six mille étudiants, de benne pour le papier recyclé. Cela m’a toujours choqué, et, si l’administration est, en quelque sorte, excusable, c’est que cela ne choque guère la majorité des collègues, qui jettent des liasses entières dans la poubelle. C’est un geste que je suis incapable de faire, un acte qui me semble quasiment criminel. (Traitez-moi de chochotte si vous le désirez. Peu me chaut.)

Quand je dois me défaire d’une liasse de papier, je la ramène dans mon cartable pour la déposer dans la poubelle jaune du tri sélectif, chez moi.

J’ai réclamé plusieurs fois que les autorités se penchent sur la question. il semblerait qu’il y aura bientôt des conteneurs spéciaux. Nous sommes en 2005 ! Pas trop tôt !!!