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mercredi, 30 novembre 2016

Rondel 2

Ni le paprika ni le sel

Ne métamorphosent ces viandes

En des invites plus gourmandes

Comme la Sixtine au missel.

 

Jadis, au bas de Marissel,

— À Beauvais, tu me le demandes ? —

Ni le paprika ni le sel

N'ont métamorphosé ces viandes

 

En un frimas de carrousel.

On festoya (tourteaux, limandes

Et vin jaune de contrebandes)

Et ne pensa universel

Ni le paprika ni le sel.

 

06:18 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 29 novembre 2016

Ballade des drames du tens futur, de Françoys Fillon

Ballade des drames du tens futur

par Françoys Fillon, escholier françoys de souche (sarthoyse)

 

Dites-moy où, n’en quel pays,

On sucrera l'aide sociale

Aux smicards, ces sales nantis,

Leur préférant l'évasion fiscale ?

Peu me chaut en ça la cabale

Des démocrates et des perdans !

Où raflerai-je la timbale ?

C'est ès Frances, au prochainz printens.

 

Une fois gauchistes enfuis

On portera l'âge de retraite

À septante ou soixante-dix

Pour saigner la nation distraite.

Peu me chaudra l'anachorète

Qui va de la loi soulignant

Que du chomasge ça sécrète

En la France, au prochainz printens.

 

Préceptes chrétienz rétablis

On boutera hors du domaine

Mahométans & surtout laïcs

Qui n'ont foi qu'en la science humaine

Et jettera dessus la Seine

Services publics & savans.

Et invertis le mal les prenne,

Sans mariage au prochainz printens !

 

ENVOI

Françoys, la fable américaine

Ne vous distraise même un tens :

Mes sourcils de croquemitaine

Règnent France au prochainz printens.

 

lundi, 28 novembre 2016

Sur une série de 24 rondels découverts

Ces quelques rondels de Banville

Sont de genre à désemparer

L'esprit même le plus carré

Et la conscience la plus vile.

 

On les lit d'une âme tranquille ?

La noirceur vient vous égarer !

Ces quelques rondels de Banville

Sont de genre à désemparer.

 

Certes, la verve très habile

Portant tant d'habits chamarrés

Pousse sous nos yeux effarés

Comme des perles à la file

Ces quelques rondels de Banville.

 

14:43 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 27 novembre 2016

à mon tiers café...

Après un mois d'abstinence, à peu près, j'ai de nouveau écrit, ce matin, un sonnet alternant heptasyllabes et octosyllabes, sans doute sous l'influence de ma lecture du Sexe des rimes et de ma découverte des « vers baïfins » (“un nouveau vers de 15 syllabes bien comptées, césuré clairement (7/8)”, Chevrier, p. 64).

Ce sonnet est logiquement dédié à Valérie Scigala.

 

à mon tiers café je n'eus qu'à

prendre presto la tangente

imposer la rime indigente

piquante tel le yucca

 

c'est au jour de la saint Lucas

que le poème déjante

une diction décourageante

sous les volées des Stuka

 

comme coincé dans ta guimbarde

c'est le temps de s'envoyer

la lettre au travers du trimard

 

refuge chez Gallimard

la douce lueur du foyer

pendant que l'avion te bombarde

 

samedi, 26 novembre 2016

Mort d'un dictateur

Fidel Castro est mort.

En ce jour où on va nous bassiner, avec « l'héritage ambigu » ou « la grande figure historique », je rappellerai seulement les centaines de milliers de dissidents emprisonnés voire liquidés, le musèlement de tous les contre-pouvoirs, et, plus particulièrement, les écrivains José Lezama Lima, Virgilio Piñera et Reinaldo Arenas (dont je recommande chaudement Celestino avant l'aube, Avant la nuit et La Couleur de l'été).

En 1961, Virgilio Piñera fut arrêté par le régime castriste au cours de la « nuit des trois P », visant à liquider « prostituées, proxénètes et pédérastes » (prostitas, proxenetas et pajaros).

Voilà comment résumer l'info du jour : un dictateur sanguinaire et criminel est mort.

08:35 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 25 novembre 2016

Paysage vineux

Donc, reprendre cette route comme un long fil de haricot.

Fil arraché au haricot.

 

Les champs forment des éléphants empâtés, pourtant légers comme la poix, une lourde glèbe qui émerge du noyau de feu. Le sentier est une radicelle interminable partageant le monde en deux parties théâtrales, inégales, lustrales, astrales, sous le repli d'une minuscule maisonnette rouge décalque de motte castrale. Il y a les grattures qui en gerçant forment cadastre, le pourceau de profil soulève de loin, façon treuil, la voie lactée façon astre déchu.

Un ballon de baudruche survole l'écran où s'écrit la boue lourde, fait ombre fugitive et lourdement volante sur la fenêtre de tir.

 

Fenêtre qui s'ouvre aux maisons enfouies dans la glèbe — qui sont des champs — qui sont des pierres — qui sont des villas romaines — qui sont des ossements du crétacé — qui sont peu et tout.

 

La signature en haut, jaune, atténuée près de ces énormes tout petits nuages blanchâtres, écrase les figures déjà écrasées, hâves, noyées comme une fumée s'échappe de l'âtre, dans le chemin qui se poursuit, s'enfonce vers le bas (l'astre pris dans le cadastre) et vers le haut (l'étoile défenestrée dans la maison rouge), signe en fin de compte la vigne dont la liqueur repeint toute la lourde glèbe rouge enfouie.

jeudi, 24 novembre 2016

Punda le petit zèbre

Que nous nous délions

Au flot des eaux lustrales !

Le repas des lions 

Suit des lois ancestrales.

 

*

 

Que ma lyre est funèbre

À chanter les orages !

Gnous, gazelles et zèbres

Quêtent des pâturages.

 

*

 

Dans la nuit,

La lumière décède.

Chacun suit

La croupe qui précède.

 

*

 

Voudras-tu, mon gros quinquin,

Finir cette mortadelle ?

Les coliques des équins

Peuvent s'avérer mortelles.

 

*

 

Les petits biscuits Belin,

On en mange à Rouen, au Havre.

Le petit zèbre orphelin

Tète le lait du cadavre.

 

mercredi, 23 novembre 2016

Prénoms improbables de 2016

Cf ici pour l'article consacré

aux prénoms “insolites”

 

Un fier cuisinier, Alkapone,

Abhorre le mascarpone.

« C'est un mets pour les gueux

Et c'est über-dégueu,

Surtout pour le bilan carbone. »

 

Un vieux dégoûtant, Benjapaul,

Adore agiter son “popaul”

À la sortie des vestiaires.

Un maire plénipotentiaire

A même alerté Interpaul.

 

Brave femme, Jésunette,

Nettoie tout à la grattounette :

Les poêles, les carreaux,

Les enfants, les barreaux —

Même des gogues la lunette.

 

Il est bien gentil, Klimtice,

Mais à chaque fois kilpice

Il en met partout.

Qui donc se dévoue

Pour lui apprendre le maintien de l'appendice ?

 

Garçon ou fille, Kissmy*

Va entendre dès le berky

Maintes moqueries.

De telles bizarreries,

Me direz-vous, ne sont rien qu'un déty.

* prononcer “kiss-maï”

 

— Voulez-vous, Liesse de Tendresse,

Que contre vous je me presse ?

— Casse-toi, bolosse !

— Ah non, moi, c'est Boghoss :

Apprenez-le céans, bougresse !

 

La belle Lola-Poupoune

Est toujours vêtue de doudounes

Qui cachent ses appâts.

Si elle a chaud, après quelques tapas,

Tous de vouloir l'accompagner dans sa guitoune !

 

Dans mon village, Euthanasia

Est connue pour son beau frésia.

Vu son nom, ses parents

— Cela est transparent —

Ne font pas trop partie de l'intelligentsia.

 

Le film préféré d'Athena-Cherokee

N'est pas Rambo mais Rokee.

C'est en matant Stallone

Qu'elle a connu Alkapone,

Qui était occupé à faire des niokee.

 

mardi, 22 novembre 2016

Apologie des comptoirs coloniaux

Voici le courrier électronique que je viens d'envoyer à Gigamic, l'éditeur du jeu Mombasa :

 

Madame, Monsieur,

universitaire spécialisé dans les questions coloniales et post-coloniales, j'ai eu la grande surprise de "tomber" sur la présentation de votre jeu, Mombasa, que l'on peut résumer comme une glorification de l'époque des comptoirs commerciaux et de l'exploitation coloniale de terres confisquées à leurs véritables propriétaires.

La description du jeu vante l'absence de "morale" dans ce jeu. Assumez-vous entièrement la gravité d'une pareille apologie, sachant que des milliers d'Africains et d'Asiatiques sont morts dans la politique expansionniste des nations européennes, de la France en premier lieu ?

Salutations distinguées

G. Cingal

dimanche, 20 novembre 2016

Délitement d'hier

Hier, j'ai quand même été en-dessous de tout.

Sans doute est-ce parce que la journée avait bien démarré : levé à 6 h, j'avais fait quelques recherches dans la trilogie de Delbo pour vérifier certaines affirmations de sa biographe (en fait, comme je l'ai écrit hier, le livre de Dunant n'est absolument pas une biographie), puis lu Médée de Corneille (éblouissant, nerveux, roboratif), de sorte qu'à 8 h 30, quand le reste de la maisonnée a commencé à émerger, j'avais déjà assez bien rempli ma matinée.

Alors, après, délitement total de toute volonté, le coup classique chez moi : petites tâches ménagères, beaucoup de glandouillage sur le Web, un peu de lecture, quatre écoutes (je crois) du nouvel album d'Annegarn, matage de match de rugby avec Oméga le soir (& production de distiques ribéryens — encore inédits sur ce site, mais ils n'ont eu absolument aucun succès sur Facebook).

Du coup, aujourd'hui, les copies, le thème à préparer pour le cours de demain pour étudiants d'échange, pages à relire pour une amie...

Comportement de dé-bile. (Disons, Felipe dans Mafalda.)

samedi, 19 novembre 2016

Solutions finales

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Tout d'abord, le contexte de ce “dialogue” sur Facebook : un ami commun a posté la couverture de Valeurs actuelles, avec une photographie de Philippe de Villiers et la citation « Ma France sans l'islam ».

 

Il va sans dire — mais peut-être plus rien ne va-t-il sans le dire — que je honnis Villiers et son islamophobie, mais doit-on forcément, par un retour de balancier, prôner d'autres discriminations ? Que Philippe de Villiers énonce des propos scandaleux, j'y suis habitué. Qu'une universitaire apparemment spécialiste de sciences humaines puisse écrire sans sourciller, en commentaire d'un billet public sur un réseau social, qu'il faudrait exterminer une partie de l'humanité sur la base de sa couleur de peau et de son sexe, je n'y suis pas habitué. Il n'est pas rassurant de voir que, face à la montée des racismes et des communautarismes haineux, une collègue (sa page FB explique qu'elle travaille à l'Université Toulouse-Jean-Jaurès) est capable de prôner, comme solution des problèmes de la France (ou des États-Unis, on ne sait pas trop), l'élimination des hommes blancs.

mercredi, 16 novembre 2016

Distiques ribéryens culinaires (retrouvés)

16 novembre 2012

Je n'a pas comprendu comment que la salive

Dégoulinur bien dur si on mordur l'endive.

 

Hugo golri me faisit croire on dit 'endaïve"

Comme Parme Ritals qu'avons partu en live.

 

Bogoss trop Valencienne où nous dire "chicon"

Si que César aussi franchu le Rubicon.

 

Virginia que laïker distique remontant

Où ai-je dur de chantir pas Yves Montant.

 

On est ras-le-crampon de Guillaume Cingale

Et tripote internat qu'alors qu'on a la gale.

 

Connaissance des buuz

Moi (à mon épouse) — Alors, à l'épicerie mongole, j'ai pris aussi ça pour ce soir, ce sont des sortes de raviolis au bœuf avec du chou chinois. Des buuz.

Oméga — Ah oui, des buuz, c'est le repas traditionnel pour le Nouvel An mongol...

Moi, interloqué — Hé ? quoi ? comment tu sais ça ?

Oméga — C'est dans Geronimo Stilton. Ça s'écrit b, u, u, z...

 

dimanche, 13 novembre 2016

De Donald Trump, et des encyclopédies

Je viens de dénicher encore un très bon exemple pour mon cours de documentation sur les encyclopédies, dans lequel je démontre notamment que :

1. la Wikipedia, anglophone mais pas seulement, est un outil d'approfondissement et de connaissance souvent plus fiable que bien des sources “autorisées” *

2. les encyclopédies “classiques” doivent faire l'objet d'un regard aussi critique que ce qui se trouve sur le Web

 

L'exemple ?

Il s'agit de l'article “Donald Trump” de l'Universalis en ligne (accessible seulement aux abonnés, donc gratuite pour tous nos étudiants via leur ENT).

Cet article en français, dont l'auteur est pourtant un éminent américaniste (vice-président du jury d'agrégation, crois-je savoir), comporte plusieurs énoncés non neutres, plusieurs erreurs rédactionnelles, et surtout des faits non avérés, ou discutables. Par exemple, l'auteur reprend comme une évidence ce que plusieurs instituts de statistique ou politologiques contestent, à savoir que Trump a été élu en parvenant « à mobiliser largement les abstentionnistes de son socle électoral, majoritairement les Blancs non diplômés de l’enseignement supérieur ».

Sur WP, un tel article se verrait immédiatement apposer un ou plusieurs bandeaux d'avertissement : neutralité, nécessité de citer les sources etc. Sur l'Encyclopédie Universalis, le vénérable professeur d'histoire américaine est libre de signer son nom un article contenant plusieurs approximations, et, je le suppose, de dire — comme tant de collègues qui n'ont jamais regardé de près la Wikipedia et son fonctionnement — du mal de Wikipedia !

 

* Ce que j'essaie de montrer dans ce cours, en expliquant le fonctionnement des bandeaux, le système de recherche dans l'historique, le système de vote collectif pour améliorer ou supprimer des articles, c'est que le fait que tout le monde puisse être auteur ne se fait pas au détriment de la qualité. (Au contraire, même : la WP est actuellement l'outil encyclopédique le plus complet et le mieux écrit, en anglais notamment.)

La majorité de nos collègues en sont restés à l'époque des débuts, vers 2004, où on pouvait écrire n'importe quoi et où ça restait en ligne pendant des semaines. Cela est nettement moins vrai de nos collègues anglophones, qui, depuis très longtemps, participent activement aux portails des domaines dont ils sont spécialistes.

En France, quand apparaît un outil formidable mais bouleversant les codes, on préfère cracher dans la soupe plutôt que de participer à l'améliorer. L'exemple plus frappant, dans cette histoire des rapports de frilosité des élites intellectuelles françaises vis-à-vis du numérique, restera pour moi cette baderne de Fumaroli fustigeant le Projet Gutenberg et Google Books en vantant les mérites de Gallica, qui était, à l'époque, cent fois moins complet et surtout cent fois moins pratique que Gutenberg ou Wikisource. Depuis, d'ailleurs, Gallica s'est considérablement améliorée... en se gutenbergisant.

jeudi, 10 novembre 2016

Work with — Bernie Sanders “collabo” ?

Je me suis — difficilement — retenu d'archiver ici hier les différentes brèves de comptoir dont j'ai abreuvé mon mur Facebook sur l'élection — grave, prévisible, tragique — de Donald Trump à la présidence des États-Unis...

Aujourd'hui, j'interviens sur un point qui n'est pas de détail, mais qui relève au moins de mes compétences officielles, la langue anglaise.

 

Bernie Sanders, sénateur et candidat battu à la primaire démocrate, a publié ce matin le communiqué suivant :

 

Donald Trump tapped into the anger of a declining middle class that is sick and tired of establishment economics, establishment politics and the establishment media. People are tired of working longer hours for lower wages, of seeing decent paying jobs go to China and other low-wage countries, of billionaires not paying any federal income taxes and of not being able to afford a college education for their kids - all while the very rich become much richer.

To the degree that Mr. Trump is serious about pursuing policies that improve the lives of working families in this country, I and other progressives are prepared to work with him. To the degree that he pursues racist, sexist, xenophobic and anti-environment policies, we will vigorously oppose him.

 

Les médias français de reprendre cela, pour la majorité d'entre eux, sous des titres aussi vendeurs que partiels et faux : Bernie Sanders prêt à travailler avec Donald Trump.

“Work with” ne signifie ni collaborer, ni travailler pour. Dans 4 cas sur 5, pour ce qui relève des structures verbales en tout cas, il ne faut pas traduire with par avec de l'anglais au français. Ici, ça veut dire que Bernie Sanders, comme d'autres “progressistes”, est prêt à soutenir des décisions ou des projets politiques au coup à coup.

C'est un peu le genre de discours pragmatique qu'on connaît aux centristes français honnêtes (et j'espère ne pas commettre, en écrivant cela, un double oxymore).

Donc, le raccourci saisissant qui consiste à renvoyer dos à dos populistes xénophobes et “progressistes”, justement, ou — en France — la droite extrême (qui ne propose que des mesures visant à l'appauvrissement du plus grand nombre) et la gauche dite “radicale” n'est qu'un tour de passe-passe sémantique des plus dégueulasses, ainsi qu'une manipulation de l'ordre de celles qui consistaient à annoncer à l'avance la défaite du Brexit et la victoire de Hillary Clinton.

Pour ma part, n'aimant pas la politique du pire ni la stratégie de la terre brûlée (métaphore qui prend un sens encore plus fort face à un ”ticket” créationniste et climato-sceptique), je souhaite vivement que des gens comme Bernie Sanders parviennent à infléchir le cours de l'histoire en incitant Trump à appliquer surtout les points les moins dévastateurs de son programme de clown assassin.

mercredi, 09 novembre 2016

Retour aux fondamentaux

Oméga (découvrant les cartes Adrenalyn qu'il vient de s'acheter) — Ah tiens, papa, j'ai Benoît Pedretti, c'est une carte crack.
 
Son père (triant ses mails pro, ton blasé) — Non, mais Pedretti ce n'est pas un crack, il est nullissime.
 
Oméga (qui n'a jamais vu jouer Nancy) — C'est un crack, je te dis, c'est un des top joueurs de Nancy.
 
Son père (sottement lorrainophone, car il n'a guère vu jouer Nancy non plus) — Dis donc, si c'est ça leurs cracks, je ne veux pas voir la tronche des chèvres à Nancy.

mardi, 08 novembre 2016

Tell It Like It Is

L'article ci-après du Daily Mash, très drôle comme toujours et illustré d'une photographie hallucinante de Nigel Farage, pose, dans son titre et ses deux premières phrases, des difficultés de traduction particulières.

 

People who tell it like it is actually telling it like it isn’t

PEOPLE who express themselves in plain, simple terms are invariably wrong, it has emerged.

Researchers found those who are credited with ‘no-nonsense’ views are, in fact, espousing ‘yes-nonsense’ views.

 

Professor Henry Brubaker, from the Institute for Studies, said, “In East Yorkshire, for example, we found that an area claimed by ‘straight talkers’ to be overrun by immigrants turned out to be sparsely populated but with a vital cornershop owned by an Asian couple.”

The Institute also studied BBC schedules for signs of ‘rampant liberal bias’ but found it was mostly programmes about baking, dancing and John Craven standing in a field.

Meanwhile, a survey of so-called ‘pro-cycling fascists’ found no evidence of National Socialism or any plans for the mass oppression of non-cyclists.

Brubaker added: “Overall, we found those ‘telling it like it is’ were parroting something Nigel Farage said based on something Richard Littlejohn wrote for the Daily Mail based on something he heard from a bloke in a van.”

 

Les difficultés consistent surtout à traduire les effets de symétrie et d'antithèse du titre et de la deuxième phrase, laquelle invente en outre un néologisme absurde, yes-nonsense views.

Une traduction qui me semble pertinente pour traduire tell it like it is en français, dans la plupart des contextes, est « dire sans détours ». Toutefois, la nécessité de traduire la saillie drolatique tell it like it isn't interdit ce choix : dire avec détours ne constitue pas une bonne vanne, simplement une traduction plaquée. J'ai donc songé à partir d'un autre cliché de langue de bois, la vérité vraie, pour traduire le titre :

 

People who tell it like it is actually telling it like it isn’t. → En fait, ceux qui disent la vérité vraie assènent des vérités fausses.

 

On pourrait réfléchir à d'autres clichés, selon l'antienne qui paraît la plus horripilante : ceux qui disent “ne pas se cacher derrière leur petit doigt” se cachent derrière leur petit doigt, ceux qui répètent qu'“on ne va pas se mentir” passent en réalité leur temps à mentir. Etc.

Pour l'expression yes-nonsense views, il faut s'interroger sur la traduction de no-nonsense views : des opinions pleines de bon sens ? de sens commun ? des opinions limpides ? Quel que soit le choix, il faut se servir de l'expression de départ pour établir une symétrie et conserver l'effet humoristique :

des opinions pleines de bon sens → des opinions pleines de non-sens

des opinions qui s'appuient sur le sens commun → des opinions qui n'ont pas le sens commun

des opinions limpides → des opinions stupides

 

Pour renouer avec le robot

Le 21 décembre 2014, à 6 h 31 du matin, j'écrivais ceci sur Facebook, avant de me lancer dans de maigres — et très short-lived — publications de textes robotiques ici même, ce que vient de me rappeler, façon ping-pong, la rédaction du billet du jour dans Untung-untung :

On ne va pas se quitter sur des mots de robot, tout de même. Et puis le robot, il faut l'alimenter. (Les mots de robot, ce sont mes mots. Le robot compose des textes ou des blocs.)

Ce petit logiciel rigolo (mon fils aîné était plié de rire hier soir à un bon quart des textes bricolés par whatwouldisay) sert de structure générative (abstraite mais pas seulement), fait ressortir des bribes enfouies (appel à la mémoire des milliers de moments répertoriés ou créés sur Facebook), enfin enseigne ce que cela signifie d'avoir un robot à sa disposition et comment la possibilité technique, encore une fois, configure l'écriture.

Là, par exemple, suis obligé de faire bien abstraction, de me lancer phrase après phrase dans ma réflexion pour oublier que tous ces fragments de phrases, tel ou tel mot, se retrouveront plus tard, mêlés aléatoirement à d'autres, à une portée de clic.

Volonté de penser le réagencement, donc faire le partage entre blocs de texte tels quels et la possibilité de recoller, mettre ensemble. Par exemple, est-il possible de composer un sonnet régulier avec des bribes de textes robotiques sans les retoucher ? et, si oui, combien de fragments faut-il faire générer au logiciel avant d'avoir la matière du sonnet ? un tel sonnet prendra peut-être 50 fois plus de temps à composer qu'un sonnet normal.

Bref — pourquoi écris-je tout ça ici ? je me suis espalasé, ça irait mieux au blog.

lundi, 07 novembre 2016

Trois distiques de 2013, 2014, 2015.

On est le mal ventre à demandont trop du rab,

La mer de Trenet en anglais dans le kebab.

 

10169263_10203761432970184_2365830431516758743_n.jpgOn a dur d'être soif (es hat Schwer ich bin durst)

Le mec de Nabilla c'étut Conchita Wurst.

 

 

On a appétissant le rôti la poularde

Et miam le saumon frais en croûte de moutarde.

dimanche, 06 novembre 2016

Saints rares du 6 novembre

6.XI.2013

Un censeur ronchon, Callinique,

Trouve ma poésie inique.

— C'était compter sans Galle,

Qui défendit Cingalle

En lui disant : « Je ti nique ! »

 

Un sublime éphèbe, Efflam,

Trouve tout trop “swag et glam”.

Un jour, mis au défi

D'un très classieux selfi,

Il se fit, c'est bien tliste, éclaser pal le tlam.

 

Le tavernier du coin, Iltut,

Je ne vous dis pas comme il tute.

Dans son gosier, chaque semaine,

Il s'envoie, sans peur ni paine,

Plus de cubis que la cave de Labatut.

 

6.XI.2016

Un enfançon nommé Sever

Court plus vite qu'un rat crevé

Ou qu'un qu'on empoisonne.

(Mon poème se désarçonne

D'approximations soulevées.)

 

Un vieux péteux, Barlaam,

A chez lui les disques de Lâam

Et de Larusso.

Il aime l'osso

Bucco, avec de l'aspartaam.

 

Quoique encore jeune, Winnoc

Est complètement toc-toc.

Il se prend pour Donald

Trump, et Théobald,

Son voisin, le traite de schnoc.

 

Détresse des tresses

Ce matin, je me suis rendu compte que, dans la boulangerie où j'ai mes habitudes, la pâtisserie le plus souvent nommée tresse au chocolat (encore qu'elle connaisse quelques variations d'appellation) était baptisée (c'est le cas de le dire) « saint-christin ».

tresse.jpg

Une rapide recherche sur le Web a achevé de m'empêcher d'y voir goutte.

En effet, il semblerait que le saint-christin (ou sacristain ? quel est le bon terme ?) soit une tresse, mais aux amandes.

samedi, 05 novembre 2016

La belle équipe

Revu La belle équipe.

En 1991, quand je l'avais vu, FR3 avait diffusé les deux fins. Cette fois-ci, avec une copie remastérisée (et très belle), c'était la fin tragique, de sorte que je n'arrive pas à me rappeler comment s'achève « l'autre film » : le couple Jeannot/Charlot chasse-t-il derechef la tentatrice ?

Étonnant comme tout le portrait de l'homosexualité (qui n'est même pas un sous-texte, ça crève l'écran) m'avait échappé à 17 ans... peut-être parce qu'on [= je] n'attendait l'homosexualité que dans les œuvres explicitement et a priori désignées comme telles ?

23:19 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 04 novembre 2016

Valeurs

14940167_10208922037742078_5078297403783047747_o.jpgCela fait des mois que je songe, soit à reprendre cette rubrique nécessairement inachevée, soit à en retravailler les textes pour publication sous forme de livre.

Ce qu'il faudrait, c'est que je fasse ça, moi aussi, à la brute, à la brutale, à l'abruti.

 

La prose de Dubuffet est aussi forte que son œuvre de peintre ou de sculpteur. Pas de distinction. Ne distinguer pas de valeur, ni de place aux adverbes.

jeudi, 03 novembre 2016

Femmes d'affaires

mercredi, 02 novembre 2016

Le sperme de Lyautey dans la bouche du monde

« Mon aventure finale fut celle-ci : un jour je rencontrai près d’un égout collecteur deux femmes qui m’apprirent en riant comme des folles que j’avais, par mégarde, la veille, écrasé un certain nombre de tubes de verre sur lesquels elles avaient écrit « Vive l’armée » avec le sperme du maréchal Lyautey. »

(Dédé Sunbeam, 1925)

Mais qui était Dédé Sunbeam ? Raymond Queneau ?

mardi, 01 novembre 2016

Quatre millième billet

Ceci est mon quatre millième billet sur Touraine sereine.

On aurait pu déboucher le champagne, mais point trop n'en faut, pas de foin.

Un autre jour on glosera sur un vers de La Fontaine, ou sur une épaisse texture de Dubuffet.

Signalons seulement, dans l'absence d'inspiration qui appelle aux recyclages les plus oiseux, que je publiai il y a deux ans jour pour jour un billet relatif à une vidéo assez aboutie (dans l'esprit, veux-je dire).

21:59 Publié dans 10 ans | Lien permanent | Commentaires (0)