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vendredi, 06 juin 2025

06062025 : vingt ans après un débarquement

M’y voici donc : ceci est le 5.476e billet d’un blog né il y a tout juste vingt ans.

Cela fait plusieurs semaines que je me demande comment marquer le coup, et je n’ai pas tellement de meilleure idée que de tenter un très modeste bilan.

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Quand j’ai créé Touraine sereine, je venais d’avoir trente ans. J’en ai donc cinquante, et ce blog couvre une petite moitié de ma vie. En plus de cinq mille billets, je peux retrouver des traces de ma vie, c’est-à-dire aussi de moments d’expérimentation que j’ai laissés de côté depuis.

Quand j’ai créé Touraine sereine, l’idée superficielle était de tenter de rendre compte des lieux de Touraine que j’aimais visiter, où j’aimais me promener, et de mon travail dans cette région où nous nous étions installés depuis deux ans – d’où le nom du blog. L’idée, moins superficielle, était de m’inciter à écrire plus régulièrement en bénéficiant d’échanges avec des lecteurices (comme on n’écrivait pas alors, quand le règne du masculin pseudo-neutre n’était pas encore tellement mis à mal). En effet, j’ai toujours écrit, mais mal, irrégulièrement, sans me discipliner. Avec l’avènement des blogs, courant 2004, j’ai vu se dessiner une manière de me contraindre enfin à écrire : je savais que si mes textes étaient publiés immédiatement, donc lisibles et lus – les blogs étaient alors de véritables forums, for better and for worse – je m’y tiendrais. Et d’ailleurs, les premiers mois furent frénétiques, polygraphiques : chaque semaine je créais de nouvelles rubriques ; certains jours je publiais une demi-douzaine de billets, généralement courts, mais pas toujours.

En février 2006, huit mois plus tard seulement, suite à un raid de harceleurs d’extrême-droite (eh oui, déjà), je créai un second blog, dans lequel je décidai de pousser plus loin mes expériences d’écriture : ce blog, que j’appelle parfois par périphrase le blog anthracite, a connu un rythme de publication beaucoup plus irrégulier. Je le considère désormais comme une archive complémentaire de Touraine sereine, de sorte que, sans solution de continuité, il faudrait additionner ses 3.609 billets aux 5.476, soit un peu plus de neuf mille billets, qui ne sont pas tous des textes, ni des textes très élaborés : en tout cas, même avec les mois entiers où ces deux blogs sont restés, l’un ou l’autre, en jachère, cela revient à dire que j’ai écrit, en moyenne, plus d’un billet par jour au cours de ces vingt années.

 

Verre d’eau à moitié vide : ces carnets ont toujours eu tendance à partir dans tous les sens, et – notamment – à m’éloigner de mon travail de chercheur. Si je n’avais pas « perdu » ces milliers d’heures ici et là, j’aurais peut-être fini par me remettre à l’écriture d’articles et d’ouvrages au sein de mon domaine de recherche. Pour ce qui est des expérimentations d’écriture, malgré quelques projets conçus comme de vrais livres et qui pourraient – si j’étais moins feignant et, surtout, si je pensais que le bouquin intéressera quelqu’un – être soumis à un éditeur, je ne suis pas plus devenu un écrivain qu’au cours de la décennie précédente (1991-2005). Le blog est, depuis longtemps, devenu monologue. D’ailleurs, il n’y a presque plus jamais de commentaire (le dernier, qui date d’il y a cinq semaines, est une phrase insultante au sujet de mon physique).

Verre d’eau à moitié plein : pour « rebondir » sur la dernière remarque ci-dessus, j’ai réussi à ne jamais totalement lâcher l’affaire, malgré l’absence d’écho ou de discussion sur le blog, et malgré la concurrence des réseaux sociaux, qui n’ont jamais supplanté l’idée et la pratique même du blog. D’ailleurs, si je mourais demain, il y aurait ces deux sites dans lesquels les personnes qui veulent se souvenir de moi trouveraient à piocher, de façon nettement plus pratique et rapide que sur un compte Facebook par exemple : il suffit d’aller sur un jour ou sur un mois donné puis de modifier les chiffres au sein de l’URL pour se déplacer facilement dans la chronologie ; de même, les rubriques permettent de retrouver tout ce que j’ai pu écrire, au fil de la plume et des hasards, sur les littératures africaines par exemple, ou les sonnets (ici et ), ou les photographies, ou les bribes traductologiques etc.

(Au passage il faudrait que je « perde » quelques heures, un de ces jours, pour effectuer une sauvegarde de tout ce bazar.)

 

Ces milliers de pages constituent donc une archive, qui me permettent donc de me dire que, même si je n’ai pas fait grand-chose au plan professionnel, je n’ai pas rien fait non plus : l’archive est là. Si un jour mes traductions de poèmes allemands, par exemple, intéressent quelqu’un, elles sont déjà là (verre d’eau à moitié vide : on pourrait me les piquer et se les approprier sans que j’en sache rien).

Je compte donc continuer. Ces derniers temps, je parle beaucoup de mon travail, ou plutôt de mes travaux. C’est peut-être une phase. Après tout, qui peut deviner encore, dans l’avenir, quelles métamorphoses ?

 

10:19 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (4)

jeudi, 05 juin 2025

05062025

Je jette un œil au début d’une traduction d’un roman américain contemporain, pas très bien traduit il faut le dire. Dans le dialogue, un personnage cite une phrase du Conte d’hiver de Shakespeare (The Winter’s Tale selon le titre original de la pièce). La phrase, de Florizel, se trouve dans la scène IV de l’acte IV : “I cannot be Mine own, nor any thing to any, if I be not thine.”.

Un rapide tour des traductions permet de dresser l’inventaire suivant :

Guizot, 1863 : je ne puis être à moi, ni à personne, si je ne suis pas à toi

Montégut, 1867 : Si je ne suis pas à toi, je ne puis être à moi-même, ni être rien pour personne

F.-V. Hugo, 1868 : je ne puis plus être — à moi, ni à personne, si — je ne suis pas à toi

Koltès, 1988 : je ne puis être ni à moi ni à personne, si je ne suis pas à toi.

 

Or, la traductrice choisit probablement de ne pas user d’une des traductions libres de droit et traduit ainsi, pataudement (et avec un contresens de préposition) : « Je ne peux être moi-même, ni rien pour personne, si je ne suis pas pour toi. »

Mais… pourquoi… ?

 

mercredi, 04 juin 2025

04062025

Trop de choses m’intéressent, et je m’ajoute sans cesse de nouvelles activités – ou des bricoles, comme je dis. C’est un peu dans une telle frénésie qu’est né ce blog il y aura vingt ans après-demain, surtout dans les mois suivirent et me virent tenter tant de choses en parallèle, dans cette frénésie d’écriture qui avait enfin trouvé un point d’ancrage. Et d’ailleurs, aujourd’hui, vingt ans plus tard, la volonté de marquer cet anniversaire fait partie des bricoles qui me tournent dans la tête.

 

Ce n’est pas pour parler de cela que j’avais commencé ce texte ; là encore, typique.

D’ailleurs, le texte que je voulais écrire, c’était pour dire pourquoi je m’étais arraché à la chaise longue où je m’étais installé depuis moins d’une heure, sur la terrasse, avec Featherhood de Charlie Gilmour. Ce matin, j’avais plein de choses à faire, côté travail, et je n’en ai pas fini, mais après le déjeuner j’ai regardé in extenso le quart de finale stupéfiant de la jeune Française inconnue Loïs Boisson, sans regrets (j’ai l’impression d’être très fatigué et d’avoir besoin de ce genre de coupure), puis je me suis installé dehors pour lire car je dois avancer dans Featherhood.

Et donc voici ce qui est symptomatique : je lis Featherhood car je vais servir d’interprète – première fois que je ferai cela, qui est un vrai métier et ne s’improvise pas, j’ai vraiment les foies – pour son auteur, Charlie Gilmour, lors des tables rondes de la Vegan Place, le 28 juin. En effet, Charlie Gilmour se verra remettre le Prix Maya 2025 catégorie Récits pour la traduction française de ce livre (Premières plumes en français).

 

Je pourrais me contenter de ça : lire le livre en anglais pour être capable de comprendre de quoi il retourne. Oui, mais le livre est bien écrit ; il m’intéresse. Donc me voici notant plusieurs passages dans lesquels Gilmour procède, par le langage – c’est-à-dire au moyen de métaphorisations, presque de jeux de mots –, à établir une continuité entre l’oiseau l’animal humain. Et me demandant comment c’est traduit. Mais Claire n’a plus son exemplaire de Premières plumes, de sorte que je devrai vérifier plus tard.

Et je note d’autres choses encore.

Au point de sentir le besoin irrépressible de m’échapper de la chaise longue pour raconter cela ici : après tout, j’ai trois jours de retard dans ces carnets, n’est-ce pas ?

Je m’épuise, non pas au sens fort / sérieux – mais : ma propre personne est un sujet d’épuisement, quand j’y pense.

 

Alors je pense que ce n’est pas possible que le traducteur français, Anatole Pons-Reumaux, ait réussi à conserver toutes ces images, ces jeux de langage, cette métaphorisation des humains en oiseaux, qui revient si souvent. Et d’ailleurs ça dépasse le domaine ornithologique, ça s’étend à l’oisellerie (et donc à la prédation ou à l’asservissement des oiseaux par les humains – I start to feel like I’m being hoodwinked, p. 108) et à d’autres animaux, à d’autres situations qui relèvent de la faune maritime, et là encore de la prédation, toujours en relation avec la figure du père biologique, le fuyant Heathcote Williams : when I try to fish for more details, he clams up.

Bien sûr, on peut essayer de traduire cela. I start to feel like I’m being hoodwinked > J’ai l’impression qu’il me prend pour une buse… [?] (Je précise que le hoodwink, c’est, à l’origine, le capuchon dont on se servait pour aveugler les oiseaux de proie captifs utilisés en fauconnerie.) When I try to fish for more details, he clams up. Quand j’essaie d’aller à la pêche aux informations, il se referme comme une huître. ––– On peut essayer, mais je ne suis pas sûr que je n’aurais pas moi-même opté pour des traductions démétaphorisantes moins lourdes. Je verrais ce qu’en a fait le traducteur. Or, tout de même, ici Heathcote Williams, le père démissionnaire, le père absent, c’est celui qui mettrait un capuchon d’aveuglement sur la tête de son fils pour le rendre docile ; cette image, ce n’est pas rien.

 

Bref, je m’épuise.

 

mardi, 03 juin 2025

03062025 (anthologie de Sparks)

Comme plusieurs personnes que j'aime ne connaissent pas mon groupe favori, Sparks, j’ai décidé de procéder à une anthologie très restrictive, puisque je n’ai gardé qu’une seule chanson par album (que ce fut dur !).

Choix très subjectif, donc, mais qui a le mérite d’aller au-delà des deux ou trois morceaux.

J’ai numéroté dans le sens inverse, de l’album le plus récent au plus ancien. Piochez là-dedans, les ami-es ! Et rappelez-vous qu'il en manque des dizaines que j'adore, par la force des choses...

  1. Don’t Dog It !
  2. Not That Well-Defined
  3. Sympathy for the Abyss (BO. du film/opéra Annette)
  4. Lawnmower
  5. So Tell Me Mrs. Lincoln Aside from That How Was the Play?
  6. Collaborations Don’t Work (FFS)
  7. Garbo Sings
  8. I Can’t Believe That You Would Fall for All the Crap in This Song
  9. Perfume
  10. Ride ‘Em Cowboy
  11. It’s A KnockOff
  12. When Do I Get To Sing “My Way”
  13. When I Kiss You I Hear Charlie Parker Playing
  14. A Walk Down Memory Lane
  15. Shopping Mall of Love
  16. Pulling Rabbits Out of a Hat
  17. All You Ever Think About Is Sex
  18. Sherlock Holmes
  19. That’s Not Nastassia
  20. When I’m With You
  21. Beat the Clock
  22. Forever Young
  23. I Bought the Mississippi River
  24. Tits
  25. Thanks but No Thanks
  26. This Town Ain’t Big Enough for Both of Us
  27. Moon Over Kentucky
  28. Saccharin and the War

 

lundi, 02 juin 2025

02062025 (une journée avec Alexander Dickow)

Très agréable journée avec mon ami, l’écrivain et traducteur américain d’expression française et anglaise Alexander Dickow.

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Nous nous connaissons depuis sept ans, échangeons régulièrement, mais nous ne nous étions jamais rencontrés en chair et en os. J’ai lu tous ses livres et quelques-unes de ses traductions, et l’occasion – double – en était sa résidence à la Maison Julien Gracq et l’enregistrement de la quatorzième émission d’I Love Mes Cheveux. Ce qui fut fait cet après-midi.

Mais l’essentiel est ailleurs, toutefois ; nous avons marché dans Tours, discuté de tout et de rien, bu des bières, et pu constater que, oui, nous avions pu devenir amis sans nous être encore rencontrés.

J’ai noté des conseils de lecture à foison.

Pour ce qui est de parler ici de son œuvre, je conseille, dans l’immédiat, d’aller farfouiller dans mon vlog, et d’attendre la diffusion de l’émission, lundi prochain.

 

23:07 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 01 juin 2025

01062025

Il faut que je fasse amende honorable car je viens de m’apercevoir d’une erreur dans mon article pour En attendant Nadeau, et donc je vais devoir demander une rectification.

Il s’agit de la dernière phrase : « Avis aux maisons d’édition qui trouveraient qu’il n’y a pas assez à prospecter avec les textes inédits de Ngũgĩ wa Thiong’o : les deux romans de sa fille, Wanjikũ wa Ngũgĩ, et les romans policiers de son fils aîné, Mũkoma wa Ngũgĩ. »

Je viens de m’apercevoir que Nairobi Heat de Mũkoma wa Ngũgĩ était disponible en traduction française sous le titre de Black Star Nairobi (traduction Benoîte Dauvergne) aux éditions de l’Aube.

 

08:26 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

01062025

Il faut que je fasse amende honorable car je viens de m’apercevoir d’une erreur dans mon article pour En attendant Nadeau, et donc je vais devoir demander une rectification.

Il s’agit de la dernière phrase : « Avis aux maisons d’édition qui trouveraient qu’il n’y a pas assez à prospecter avec les textes inédits de Ngũgĩ wa Thiong’o : les deux romans de sa fille, Wanjikũ wa Ngũgĩ, et les romans policiers de son fils aîné, Mũkoma wa Ngũgĩ. »

Je viens de m’apercevoir que Nairobi Heat de Mũkoma wa Ngũgĩ était disponible en traduction française sous le titre de Black Star Nairobi (traduction Benoîte Dauvergne) aux éditions de l’Aube.

 

08:26 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)